Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Hubert Selby Junior

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Aeriale
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 31 Juil 2013 - 19:18

Marko a écrit:
Un très bon documentaire de 1999 rediffusé sur Arte le mercredi 7 à 23h45: Hubert Selby Jr, deux ou trois choses...
Grand merci Marko, pour l'info, je ne vais surtout pas le rater! C'est si rare de voir Hubert Selby filmé...cheers
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tom léo
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MessageSujet: Le saule   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 2 Oct 2013 - 7:40

Le saule

The Willow Tree (Original, 1998)

Très reconnaissant d'avoir découvert cet auteur par la lecture de « Le saule ». Et comme Aériale et Marko en ont si bien parlé, je vais juste encore ajouter quelques petites remarques:

Je fus attiré aussi grâce à une petite remarque – de Bix, je pense, quelque part – que le livre rappelle en quelque sorte l'histoire de Missa sine nomine de Wiechert. Bon, peut-être c'est un peu bizarre de comparer, mais il est juste que dans un certain sens il s'agit d'histoires de « guérison » (ou pas?) après avoir subi une violence extrême. Ce qui est chez Wiechert avant tout la nature et une contemplation dans la solitude et le silence, c'est chez Selby, ici, cette amitié grandissant entre Moishe et Bobby. Ce qui était la guerre chez l'un comme déclencheur, c'est la violence urbaine chez l'autre, réalité très vraie, pas de tout exagéré à en croire un ami des Bronx...

Ce qui m'a touché aussi dans ce roman, c'est la juxtaposition, ou le parallèlisme entre une histoire très violente, des périodes marquées par une grande violence, une langue au moins rude et plein d'argot de Bobby (langue, écriture « parlée ») ET, de l'autre coté, une espèce de douceur dans l'être, les propos de Moishe, un homme apaisé après ses traumatismes à lui. Cette coexistence est forte et peut-être très intéressante : la réalité de la violence dans nos vies ET, au même moment, l'invitation, l'expérience à autre chose. C'est un auteur touchant à sa propre fin, et ayant vécu lui-même des choses dures, qui écrit, et cet ensemble donne une grande crédibilité à l'oeuvre. Et ce malgré le fait que dans un certain fil conducteur on pourrait à juste titre aussi ressentir un certain « pathos », je dirais même : typiquemment américain. On s'embrasse, on « toppe », on s'appelle, « mon vieux »... - ici et ailleurs on est dans certaines répétitions qui m'ont un peu amusées ou même semblées un peu trop répétitives. Ainsi je trouve quand même que par exemple le deuxième tiers du roman est tout simplement trop longue. Un peu de coupures n'aurait pas fait du mal. Mais on est dans une espèce d'écriture qui tourne, revient à certains sujets, qui exprime les lentes évolutions intérieures.

En ce qui est du "pardon" ou pas, accordé par Bobby, juste une petite reflexion: aussi dans "Crime et chatiment" on a pensé trop rapidemment qu'à la fin du livre tout est fait, comme si le protagoniste "est guéri". Mais - même si le sujet est différent - je voudrais dire que Bobby à la fin agit pas dans un souveraine décision et victoire intérieure sur lui-même, mais plutôt est surpris comment il arrive à une impossibilité dont il a presque honte. Donc, le processus de guérison n'est pas fini, mais l'inévitable évité, et un chemin ouvert...

Soit dit en passant que malgré le singulier, il y a bien DEUX saules: celui de l'Allemagne, n'est-ce pas, et celui de NY. Mais il se récoupe dans un même symbole de paix et de vie, référence à une vie possible, à une mémoire purifiée...

La tension du roman reste intacte, monte même encore quasimment jusqu'à la dernière page, et les deux, trois dernières pages touchent par leur grâce au sublime (ne pas anticiper la lecture, mes chers!!!).

J'ai envie de poursuivre avec cet auteur ! Merci de me l'avoir découvert !
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Marko
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 2 Oct 2013 - 7:49

Ah oui! Quelle fin !
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 11 Déc 2013 - 11:13

Le démon.

Je n'ai pas été emballée comme je l'aurais cru. Ayant vraiment aimé Last Exit to Brooklyn et Chanson de la neige silencieuse.

Pour le résumé rapide (vous en trouverez des mieux, plus développés, le long du fil) : un type parfait : femme jolie et gentille, boulot prenant, palpitant et gratifiant de cadre sup, magnifique appart ou baraque (selon les périodes). Cool la vie.
Seulement, Harry, il a quelque chose de noir en lui. Des pulsions qui lui creusent le bide et lui créent des bouffées d'angoisse, il les assouvit, mais s'il part de "simplement" tromper sa femme, il ira de plus en plus loin dans la noirceur.
Il n'arrive pas à se contrôler, il maintient les apparences tant qu'il le peut.
C'est la descente infernal de ce qui aurait pu être un brave type.


Bon.
Ce qui m'a plu : les scènes de famille, de quotidien, de parents, de trajets en métro, de petites combines sympathiques (ou pas) de travail : Selby décrit merveilleusement ces moments. Avec ce qu'il faut de tendresse, de vérité, de petites failles.
Les parents qu'on chérie mais qu'on néglige, qui vivent leur petite vie en espérant discrètement que leur fils unique réussisse.
La femme que l'on rencontre, qui est différente des autres, un petit plus. Son rire qui fait des pétillements dans le ventre.
La foule du métro qui colle, se serre, pue, grince, sue. Les yeux qui zieutent les décolletés, la cambrure du dos, le journal du voisin.

Selby parvient aussi vraiment très bien à rendre le rythme de son livre tendu et nerveux - lors des descentes dans l'ombre de Harry. Les palpitations, l'adrénaline, les mains moites, la chemise qui colle à la peau, l’œil aux aguets, les sens en éveil, l'excitation sexuelle.

Après...
Selby reste tout de même bien collé dans une espèce de linéarité ronflante qui m'a légèrement ennuyée par moment. Ça monte, lentement, mais sûrement, c'est assez prévisible, et en plus on perd brutalement des tas de choses sur lesquels Selby réussissait à rendre très vivant et palpable l'existence de ce Harry.
L'importance des parents qui disparaissent soudainement...
Les patrons qui lui collaient aux basques et qui semblent ne plus être dans la même boîte.
Le livre fait un focus sur Harry, tous les autres personnages sont perdus, et, si ça peut avoir un sens (mais pas tant que ça, parce que le réalisme forcené de ce livre fait qu'ils auraient dû rester présents), ça met un grain d'incohérence gênant, et surtout ça perd en richesse, et en complexité.

Arrivée aux 3/4 du bouquin, je n'arrivais plus à me motiver pour lire, je n'étais plus happée. L'impression qu'il s'agissait d'une démonstration plus qu'une volonté de raconter quelque chose.

Mais la démonstration est de haute qualité, tout de même. Toute la fin, lorsqu'Harry se "décide" à l'acte ultime, est d'une tension et d'une écriture qui prend aux tripes. On est dans la tête de Harry en permanence dans ce livre, et Selby décortique les sensations de la destruction intérieure avec une acuité impressionnante.

En gros, je pourrais balancer des tas d'extraits comme de petites perles précieuses, mais sur la globalité du livre, je trouve qu'il y a quelque chose de pas respecter dans le contrat, un côté esbroufe. Et un côté répétitif et ronflant qui fait somnoler, aussi.


(je me demande encore si ça ne vient pas de mon état personnelle lors de ma lecture, si à un autre moment ça n'aurait pas Terriblement fonctionné)
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 11 Déc 2013 - 11:23

ça me donne quand même envie, c'est grave docteur ?  clown 

Mais je pensais commencer par Last Exit to Brooklyn et tu me confortes dans cette idée.
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 11 Déc 2013 - 11:30

Heyoka a écrit:
ça me donne quand même envie, c'est grave docteur ?  clown 

Mais je pensais commencer par Last Exit to Brooklyn et tu me confortes dans cette idée.

J'pense que c'est mieux, d'ailleurs un peu plus Aériale a cité ce bout d'article qui va dans mon sens :

Citation :
Le Démon traite des sujets de prédilection de Selby, mais par contre, sa structure tranche avec ses précédents ouvrages parce que nettement plus conventionnelle et plus fluide par rapport à ce que Selby a pu écrire auparavant. C’est ce changement de forme qui est pointé du doigt par les critiques littéraires lors de la sortie du livre, en 1976, car cela est vu comme une faiblesse. En effet, il est dit que le résultat est bancal d’une certaine manière, que le style brut et mitraillé de Selby ne correspond pas à la structure classique du roman. De plus, la fin est considérée comme trop elliptique pour être convaincante.
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 11 Déc 2013 - 12:52

on a l'air presque d'accord ?

changement de structures et ambitions à la hausse (question pour ceux qui en ont lu d'autres) ?
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 11 Déc 2013 - 19:08


C'est sûr que Le démon a été écrit par un Selby tourmenté, cela se sent, cela se vit je dirais même, et l'intensité peut paraître excessive. Il n'empêche que j'ai adoré ça, cette focalisation sur le personnage central, aux dépens des autres, n'est que le reflet de ses obsessions, impossible pour Harry de voir les autres. On est vraiment dans son psychisme. Complètement. Et ça c'est très fort, à mon avis.
 
Queenie et Animal, essayez donc La saule, c'est un livre plus apaisé, forcément plus humain vu le sujet, même si je n'ai pas ressenti de ferveur et cette folie qu'il décrypte diablement bien, m'a finalement plus impressionnée dans Le démon.
 
Je retiens ceci de ton commentaire Quenie:
 
Queenie a écrit:
Mais la démonstration est de haute qualité, tout de même. Toute la fin, lorsqu'Harry se "décide" à l'acte ultime, est d'une tension et d'une écriture qui prend aux tripes. On est dans la tête de Harry en permanence dans ce livre, et Selby décortique les sensations de la destruction intérieure avec une acuité impressionnante.
 
Heyoka, il est pour toi, tente!

.
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyMer 11 Déc 2013 - 19:55

Aeriale a écrit:
Heyoka, il est pour toi, tente!

Oui ! Mais tu sais, je l'avais déjà noté quand tu me l'avais conseillé à mes débuts sur le forum (je n'ai pas oublié, c'était suite à ma lecture d'American Psycho même je crois). Mais mettez vous d'accord, je commence par Le Démon ou par Last Exit to Brooklyn !?
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyJeu 12 Déc 2013 - 10:29

Aeriale a écrit:

C'est sûr que Le démon a été écrit par un Selby tourmenté, cela se sent, cela se vit je dirais même, et l'intensité peut paraître excessive.

Peut-être bien que ça vient de ça.
Y'a un déséquilibre, en tout cas, c'est certain, qui peut vraiment desservir le livre une fois qu'on a buté dessus - comme un caillou dans le pied.

L'auteur perdait lui-même les pédales (je suis nulle en bio) ?



Pour moi, sans nul doute, Heyoka, tu dois commencer par LETB.


Animal, oui, on a l'air d'accord sur celui-ci.
Faudrait que je re-zieute les deux autres que j'ai lu, enfin surtout LETB, qui se rapprocherait plus, mais dans mon souvenir je n'avais pas eu cette impression frappante de bouleversement dans la structure mal maîtrisée, et qui, oui, fait penser à un exercice de style.
Ce livre, c'est comme s'il y avait deux livres (peut-être même trois).

Harry, j'ai pensé souvent qu'il souffrait de schizophrénie (faudrait l'avis d'un Marko pour confirmer).
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyJeu 12 Déc 2013 - 15:07

Il faudra que je le lise celui-là (Le démon)... Et je suis d'accord avec Aeriale, je suis sûr que tu pourrais apprécier Le Saule, Queenie... Un bon équilibre entre violence et émotion. On arrive à y respirer un peu malgré l'horreur contrairement à la Geôle qui était un cauchemar absolu. Le personnage de La Geôle semble aussi en plein délire psychotique mais je pense que Selby envisage ses récits davantage comme des fables existentielles que comme des cas cliniques. Il y exorcise ses propres terreurs comme Lautréamont vomissait les créatures les plus effrayantes ou Kafka faisait se transformer son héros en cafard. Mais je ne suis pas certain qu'il faille être nécessairement tourmenté pour engendrer des oeuvres pareilles. Cette violence et ces visions d'horreur sont en chacun de nous et ils se contentent de leur donner une forme. Lynch, qui est assez zen dans son genre, est aussi capable des visions les plus dérangeantes.

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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyJeu 12 Déc 2013 - 18:33

Je ne voulais pas dire qu'il fallait être cinglé pour écrire une telle histoire, mais que cette différence de structure dans le style même de l'auteur pourrait s'expliquer par soit : il a voulu faire de gros effets littéraires (et peut-être un peu trop à mon goût), ou il a traversé des phases personnelles qui ont influencé sa façon d'écrire. Ou autre chose.


J'étais sûre que tu avais lu Le Démon, Marko !

Faudra que je regarde du côté des autres quand même (ce n'est pas du tout un auteur que je condamne aux fond de tiroir !)
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyJeu 12 Déc 2013 - 18:53

Queenie a écrit:
Je ne voulais pas dire qu'il fallait être cinglé pour écrire une telle histoire, mais que cette différence de structure dans le style même de l'auteur pourrait s'expliquer par soit : il a voulu faire de gros effets littéraires (et peut-être un peu trop à mon goût), ou il a traversé des phases personnelles qui ont influencé sa façon d'écrire. Ou autre chose.
Je faisais allusion au post d'Aeriale sur le fait que Selby devait être très perturbé quand il a écrit Le Démon et je me disais que pas forcément mais je connais mal la vie de cet auteur.
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyVen 13 Déc 2013 - 13:05

Queenie a écrit:

J'pense que c'est mieux, d'ailleurs un peu plus Aériale a cité ce bout d'article qui va dans mon sens :

Citation :
Le Démon traite des sujets de prédilection de Selby, mais par contre, sa structure tranche avec ses précédents ouvrages parce que nettement plus conventionnelle et plus fluide par rapport à ce que Selby a pu écrire auparavant. C’est ce changement de forme qui est pointé du doigt par les critiques littéraires lors de la sortie du livre, en 1976, car cela est vu comme une faiblesse. En effet, il est dit que le résultat est bancal d’une certaine manière, que le style brut et mitraillé de Selby ne correspond pas à la structure classique du roman. De plus, la fin est considérée comme trop elliptique pour être convaincante.

L'aspect conventionnel... c'est déjà une caractéristique vers laquelle on lorgnait avec LETB par exemple... sans le dire... à force de vouloir s'en éloigner à tout prix, justement...
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MessageSujet: Re: Hubert Selby Junior   Hubert Selby Junior - Page 8 EmptyLun 10 Fév 2014 - 12:30

Waiting Period de Hubert Selby Junior.
Traduit de l'américain par Claro.
Flammarion "domaine étranger"


L'histoire.
Acculé par son tempérament suicidaire, l'auteur passe en revue les possibilités offertes au commun des mortels pour mettre un terme à son existence. Une arme de poing s'avère être le meilleur compromis. Pourtant, sa lâcheté, sa peur, l'aiguillent vers une alternative renvoyant à plus tard son passage à l'acte. Naissance d'un objectif donnant sens à sa survie : trouver un cobaye suffisamment coupable par l'accumulation de faits atroces. Fort de sa puissance à l'allure de grand justicier devant l'éternel, il choisit une victime qui permettrait à son avis, de réparer les actes odieux dont il l'a jugé coupable en son âme et conscience et lui infliger la peine de mort.

Hubert Selby Junior pose le problème du droit de choisir la manière de mourir, lorsque la vie ressemble à une torture, soit physique, soit psychologique.
Waiting period, c'est déprimant à souhait. Il passe en revue la religion, la société, les femmes, les hommes, cherchant à décortiquer les causes responsables de cet état de déprime avancée.
« Être ou ne pas être", cette décision repose entre ses mains. Il veut rester maître de sa survie, car à ce niveau de dépression c'est bien de survie dont il est question. Tout est remis en cause, le rythme quotidien, la nécessite de s'alimenter, de se laver, de vivre en société.

De l'enfermement de la solitude, ne peuvent germer que ce besoin d'en finir au plus vite.
Certains sont dotés de la rage de vivre, lui cultive celle de mourir.

La déprime provoque grande souffrance ayant comme ultime porte de sortie le suicide.
C'est malheureusement une issue tragique dont il ne faut pas nier la force de conviction qu'elle peut engendrer auprès des personnes fragiles et surtout abandonnées à leur propre sort. L'humain possède le droit de vie et de mort envers tout être vivant sur terre aussi bien qu'envers lui-même.

Le style.
L'utilisation de phrases courtes, ultra courtes composées parfois de deux ou trois mots, voire un seul, accélère la cadence de lecture, rend plus sèche l'émotion qui pourrait suinter d'entre les petits points de ponctuation. Cela n'engendre toutefois qu'une absence d'émotion et provoque, à mon niveau, un insupportable hachurage.
Des rondelles de mots alignées sur une planche à découper à la manière de rondelles de charcuterie trop sèches pour être appétissantes.
Cette suite d'idées à la fois intuitives et désordonnées ressemble aux centaines de pages ouvertes sur le web interactives jusqu'au blocage final du moteur de recherche que possède mon pauvre petit cerveau.
Déroutantes, ces successions d'images transcrites atterrissent à tour de rôle telles des mouches non invitées dans le potage de l'auteur, à moins que cela ne traduise les circonvolutions des synapses de son cerveau au service du roman, un peu à la manière des surréalistes pratiquant l'écriture automatique, mais en moins performant.

Le héros de l'histoire, épithète permettant de le distinguer du commun des mortels, surfe sur l’internet passant d’une page à l’autre, mais rend l'exercice fade, laborieux, inintéressant.

J'ai le sentiment d'être exclu de son long monologue dans lequel il introduit quelques rares personnages sortis de ses obsessions dont j'ai du mal à croire qu'elles fussent un jour l'objet d'un quelconque combat légitime. Elles traduiraient à mon sens, la dénonciation de faits anciens pour lesquels il garde rancœur et amertume.
Au début, j'aurai aimé croire que la technique employée par l'auteur permettrait d'entrer à l'intérieur du personnage. Au bout du compte, cette figure de style le revêt d'une superficialité qui autorise tout juste à en ébaucher une esquisse à la manière d'un auteur de bandes dessinées hachurant une silhouette par petits coups de crayons hâtifs et incisifs, jusqu'à ce que le lecteur découvre qu'il s'agit d'un individu immobile avec le canon de son arme de poing enfoncé dans sa bouche.

Si la notoriété d'un auteur l'autorise à produire toutes sortes d'écrits, cela n'empêche pas les lecteurs de rejeter ou pas ses œuvres.
À mon humble avis, l'expérience Waiting Period aurait pu rester dans un tiroir, sans pour autant nuire au travail reconnu et incontestable d'Hubert Selby Junior.
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