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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Sofia Coppola Ven 28 Jan 2011 - 18:40
aeriale a écrit:
Lost in translation avait cette magie là, nous faire ressentir le mal être des personnages sur un regard, un soupçon de rien, juste une phrase et on entrait en empathie.
En ce qui me concerne je préfère nettement Somewhere à Lost in Translation. Je trouve même que c'est son meilleur film, le moins maniéré, le plus personnel dans l'univers qu'elle cherche à construire. Mais on est encore loin du Nirvana!
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Re: Sofia Coppola Mar 27 Déc 2011 - 20:50
Lost in translation rend visite ce soir à Arte, et je me pose des questions... Autant Virgin suicides puis Marie-Antoinette jaillissent comme un feu d'artifice dans mon ciel-ciné, autant Lost in translation puis Somewhere encombrent mon écran (lenteur, ambiguïté inutile et pesante -masturbation, manque de sens, ennui). Y a-t-il deux Sofia Coppola? Et pourquoi?
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Sofia Coppola Mer 28 Déc 2011 - 13:16
Babelle a écrit:
Lost in translation puis Somewhere encombrent mon écran (lenteur, ambiguïté inutile et pesante -masturbation, manque de sens, ennui).
J'ai regardé pour une troisième fois hier Lost in translation et je ne ressens aucun ennui...Je ressens ce que ressentent les deux personnages principaux, ils me touchent...Les deux acteurs sont remarquables et subtilement dirigés.
Meme réaction que Coline. Je voyais le film pour la première fois et j' avoue que j' ai été aussi angoissé que les deux protagonistes du film au début.
Tokyo, tel qu' ils le voient en tant que voyageurs naufragés, leur apparait comme un décor déshumanisé où s' agitent des humanoides en représentation, pantins, robots... L' ennui et la solitude qu' ils ressentent séparément les confontent à leur propre vie et les rapprochent et les aimantent irrésistiblment.
J' ai vu dans ce film l' intensité affective des brèves rencontres, avec leur poids de frustrations, de remises en question, mais aussi d' instants uniques de cristallisation instantanée, de confiance et finalement de passion.
Sans lendemain ? Sans doute ! Mais on n' oublie jamais ces instants là.
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Re: Sofia Coppola Mer 28 Déc 2011 - 21:01
Lost in translation second visionnage : il s’est passé quelque chose.
Je pose donc une question qui remet en cause mon esprit critique : comment puis-je passer du "j’aime pas" à "c’est incontournable, évidemment".
Je sais ce que vous vous dites : c’est pareil pour les romans : parfois on n’est pas prêt à aborder les meilleures lectures, tout simplement. Adolescents, La Princesse de Clèves nous donnait à nous aussi des boutons (il faut bien l’avouer). Et passée la trentaine nous la redécouvrons, engagés dans une lecture-marathon, en clamant des extraits sur la place publique. Air du temps, phénomène de mode, réponse républicaine et engagée? -Non. C’est autre chose. Quelque chose de très personnel, une vision finalement très individuelle et un sursaut qui sauveront à la fois madame de La Fayette et la fille du réalisateur qui adapta le vrai Dracula -celui de Bram Stoker. Bref, des valeurs qu'il faut enseigner, des trucs à faire passer parce que ça fonde l'humanité.
Cette chose relative à nos humeurs (ce passage du "j'aime pas ça" (les épinards) au "c'est sublime" (la purée mousline), Bob Harris et Charlotte n’en sont-ils pas, finalement, l’incarnation ? Ne sont-ils pas l’incarnation de cette même problématique, à savoir comment et quand, à quel moment, sous quel fuseau horaire et dans quel hôtel de passage appréhender sa propre vérité -sa vérité vraie? -Quitte à revoir, peut-être, l’architecture de l’existence qu’on s’était construite jusque là? Et revoir en même temps, forcément, une œuvre sous un angle tout neuf? La photo est sublime. Le temps cessant dans un ascenseur, la vérité s'éclipsant dans un clin d’œil au bar.
C’est une fois détaché de tout (mari, épouse et enfants) que la superficialité exacerbée du lieu, parallèlement à la superficialité de l’existence qu’ils se sont chacun construite, apparaît. Ça a l’air lent et lourd, mais l’épaisseur du moment éclate au fond de chacun comme un tsunami qu’on tenterait encore d’ignorer alors que le feu a déjà balayé ce qu’a été la vie jusque là -et qui ne tenait peut-être qu’à un fil de construction (de tricotage). Un tricotage qui n’était pas le bon.
Choisir la couleur de la moquette au téléphone ou arracher-ne pas arracher ses collants à la masseuse chinoise? (Sa)voir son mec courir avec une vulgaire salope ou s’abriter sous un large parapluie dans l'attente qu’un quidam impulse un choix de vie pour un autre lendemain?
Peu importe, puisque c’est ici que ces deux-là, que rien ne rassemble à priori, soudent une émotion nouvelle qui a à voir avec la compréhension mutuelle.
Charlotte :
Citation :
-Je ne sais simplement pas ce que je suis censée être.
Bob :
Citation :
-Vous le saurez un jour. Plus vous savez ce que vous êtes, et ce que vous voulez et moins vous permettez aux choses de vous déranger.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Sofia Coppola Mer 28 Déc 2011 - 23:01
Babelle a écrit:
Lost in translation second visionnage : il s’est passé quelque chose.
C’est une fois détaché de tout (mari, épouse et enfants) que la superficialité exacerbée du lieu, parallèlement à la superficialité de l’existence qu’ils se sont chacun construite, apparaît. Ça a l’air lent et lourd, mais l’épaisseur du moment éclate au fond de chacun comme un tsunami qu’on tenterait encore d’ignorer alors que le feu a déjà balayé ce qu’a été la vie jusque là -et qui ne tenait peut-être qu’à un fil de construction (de tricotage). Un tricotage qui n’était pas le bon.
[...] Peu importe, puisque c’est ici que ces deux-là, que rien ne rassemble à priori, soudent une émotion nouvelle qui a à voir avec la compréhension mutuelle.
Charlotte :
Citation :
-Je ne sais simplement pas ce que je suis censée être.
Bob :
Citation :
-Vous le saurez un jour. Plus vous savez ce que vous êtes, et ce que vous voulez et moins vous permettez aux choses de vous déranger.
Babelle, j'aime bien ce commentaire...Et je suis heureuse que tu aies davantage apprécié le film cette fois-ci...
Cet échange que tu cites m'a frappée hier...Je ne pense pas que je l'avais autant remarqué lors de mes précédents visionnages...
Hope Posteur en quête
Messages : 67 Inscription le : 29/09/2010 Age : 40
Sujet: Re: Sofia Coppola Jeu 29 Déc 2011 - 15:06
Réjouissons-nous de cette réalisatrice qui offre toujours quelque chose de beau à regarder...
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Sofia Coppola Sam 7 Jan 2012 - 9:00
Ça veut dire qu'il faut que je ré-essaye... Ou j'attends encore quelques années ? Babelle, tu me mets le doute.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Sofia Coppola Lun 20 Fév 2012 - 12:23
Somewhere (2011)
Au Château Marmont, on ne s’éclate pas tous les jours. Johnny Marko le sait bien, qui voit s’étaler devant lui de longues journées qu’il tente désespérément de meubler en faisant des tours de Ferrari, en buvant comme un trou ou en conviant de jolies blondes à danser devant lui dans sa chambre. Mais pas une de ces distractions n’arrive à lui décrocher un sourire. Bien sûr, on pourrait se dire qu’il y a plus grave comme situation, mais celle de Johnny mérite tout de même que l’on s’y attarde pour cette interrogation qu’elle pose en filigrane : comment donner une orientation à sa vie ? Manifestement, Johnny n’a pas trouvé de réponse à cette question. Son ambivalence se manifeste d’une manière éclatante en ce qu’il semble exécrer son existence actuelle mais qu’il ne fait rien pour la transformer.
La vacuité mise en scène par Sofia Coppola est très convaincante. Johnny n’a pas besoin de parler pour qu’on comprenne son désespoir. D’ailleurs, s’il parlait, le charme serait rompu. Mieux vaut le condamner au strict minimum verbal. Sa recherche de distraction se solde toujours par un échec, qu’il s’endorme entre les cuisses d’une proie capturée lors d’un cocktail mondain ou qu’il assiste passivement à la danse sensuelle de deux jumelles parmi d’autres archétypes de demoiselles affriolantes. Le message n’est pas très original, et si on aurait pu comprendre tout seuls que le monde fantasmé des vedettes de cinéma n’est pas toujours le paradis que l’on imagine, Sofia Coppola a tout du moins le mérite de traduire avec puissance le sentiment de vacuité de son personnage.
La solution à sa condition désespérée ? Elle va tomber du ciel, incarnée en la personne de Cleo, sa fille de 11 ans. Sa mère la confie à Johnny sans explications, disparaissant dans les limbes pour un nombre de jours indéfini. Manière de traduire encore une fois la déshumanisation des rapports entre membres du gratin ? Ou façon d’éluder un détail ? Devant l’innocence et la spontanéité de sa fille, Johnny semble peu à peu se ranimer. Les premiers instants où un sourire sincère transparaît sur son visage sont ceux qu’il partage avec Cleo. Si la rencontre entre les deux personnages, qui visiblement ne se connaissent que de vue, est un peu froide, très rapidement, leurs liens se renforcent sans résistance. Ainsi, Cleo semble accepter très gentiment le désintérêt que son père avait montré pour elle jusqu’à présent, et elle ne désapprouve ses frasques sexuelles que par quelques froncements de sourcils peu éloquents destinés, évidemment, aux partenaires en question. Mais puisque cela marche comme ça, réjouissons-nous pour le père et la fille. Johnny avait grandi trop vite. En adulte, il avait cru devoir se plier aux rites de l’alcool, de la sexualité et de la conduite motorisée, alors qu’il n’aimait rien d’autre, en réalité, que manger des glaces dans son lit et jouer aux jeux vidéo. Et puis, surtout, il se sentait seul et avait besoin de se sentir utile. Il a pris sous son aile sa fille tombée du ciel, mais il semblerait que n’importe qui (n’importe quoi ?) aurait pu la remplacer…
La solution proposée par Sofia Coppola est éludée de manière peu crédible, mais tant pis. Elle répond parfaitement à l’absurdité qui suinte à travers chaque scène de son film –absurdité présentée d’une manière si convaincante qu’elle en devient la qualité principale. Sans doute Sofia Coppola connaissait-elle suffisamment bien ce sentiment pour avoir su le traduire avec autant de brio…
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Sofia Coppola Mer 23 Jan 2013 - 23:06
Vu Somewhere. J'hésite : est-ce simplement très, très mauvais, ou bien carrément nul ?
Ça joue au ping-pong, ça joue à des jeux vidéos, ça s'emmerde (et nous aussi), il n'y a rien, c'est consternant. Pas de scénario (on peut être riche et se faire chier, tu parles d'un scoop), les acteurs font ce qu'on leur demande de faire : généralement, pas grand chose.
La morale, c'est quand même qu'il vaut mieux être riche et se faire chier (s'emmerder dans une piscine de luxe...) que se faire chier devant la vacuité de ce film.
Pas de doute, quoi que je vois après, même la plus grosse bouse cosmique, ça sera quand même mieux que ce navet. Quelque chose m'avait dit de ne pas aller le voir au cinéma. J'ai bien fait.
Sofia Coppola pourra-t-elle remonter la pente ? A-t-elle vraiment quelque chose à dire ? On le saura peut-être en allant voir (ou pas) The Bling Ring (avec Emma Watson), sortie prévue en juin (Inspired by actual events, a group of fame-obsessed teenagers use the Internet to track celebrities' whereabouts in order to rob their homes", nous dit imdb). Je compte sur Traversay (ou d'autres) pour partir en éclaireur. Courageux, mais pas téméraire.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Sofia Coppola Mer 13 Mar 2013 - 19:35
"Teaser" du prochain Sofia Coppola, The Bling Ring.
Saura-t-elle sortir du vide sidéral de Nowhere, pardon, Somewhere ?
Mordicus Troll de Pastèque
Messages : 3262 Inscription le : 21/01/2008 Localisation : Blottie
Sujet: Re: Sofia Coppola Jeu 13 Juin 2013 - 11:46
The Bling Ring
]
C'est chou. C'est cucul. C'est naïf. C'est improbable (mais basé sur une histoire vraie). Les filles sont superbes. L'argent coule à flot. Tout est facile, superficiel, drôle, clinquant. C'est d'une vacuité sans fond, sans fin. Y'a pas de morale (pourrait-il y en avoir une... ?) Rien n'est grave. C'est cool.
Marc débarque dans son nouveau collège. Il devient vite ami avec Rebecca. Un soir d'ennui, ils décident d'aller squatter la maison d'un ami de Marc. Juste comme ça. Ils piquent 2-3 trucs. La porte n'était même pas fermée !
Et c'est parti. Ils vont voler des people, en petite bande (de pouffs) organisée : Paris Hilton, Megan Fox. On vole du Chanel, du Louboutin, des Rolex. Facile. En va en boîte. on poste nos duck face sur Facebook. Sur fond de collines Hoolywoodiennes.
Ça ne restera pas un souvenir impérissable de film. Mais des fois, je suis aussi CucuLaPraline, et c'était juste "chouette" et doux.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Sofia Coppola Jeu 13 Juin 2013 - 17:38
Moi qui croyais qu'ils s'en prendraient plein la tronche...
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Sofia Coppola Lun 17 Juin 2013 - 22:24
The Bling Ring
Anatomie du vide : suite (et sans doute pas fin). Sofia Coppola est dans son élément avec la vacuité existentielle des jeunes oisifs de The Bling Ring mais contrairement au sinistre Somewhere, elle remplit cette fois son réservoir de faits et gestes qui, pour être vains, n'en ont pas moins une signification dans le Hollywood du début du XXIe siècle. Et puis il y a regard de la cinéaste, une ironie tendre pour ces délinquants branchés qui lui permet d'épingler au passage, sans méchanceté parce que ce n'est pas le genre de la maison, une société fascinée pour la vie sans intérêt, artificielle et clinquante des "People". Le rythme est pop et nonchalant, le climat hédoniste et superficiel. Le spectacle est agréable parce que futile et très légèrement teinté d'amertume. Ce n'est certes pas la Sofia Coppola de Virgin Suicides mais on y retrouve une cinéaste qui capte comme un parfum d'air du temps. Quelques effluves seulement mais c'est suffisant pour y prendre un petit plaisir coupable et sans conséquences.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Sofia Coppola Mar 18 Juin 2013 - 20:14
The Bling Ring
Un film efficace, moins complaisant que Somewhere à mon goût dans la description d'une artificialité, même si sa portée est limitée. La mise en scène branchée et électrique, au plus près des personnages, introduit une dimension presque irréelle dans son inconscience : les cambriolages sont le produit d'une naïveté et d'un transfert, reflet d'une vie par procuration qui marque par son impasse. La fascination des marques, l'euphorie d'une apparence sont les dénominateurs communs à ces jeunes qui ne dévoilent aucun affect. Au prix d'une amertume qui n'est cependant qu'esquissée.