Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Charles Bukowski

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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyMar 9 Juil 2013 - 13:02

Version soft et brève de la poésie de Buk :

Charles Bukowski, Journal, souvenirs et poèmes, 2007, Grasset, p. 1384. a écrit:
«fatigué après la tombée de la nuit»

fumant une cigarette et remarquant un moustique
écrasé contre le mur et
mort
cependant que de la musique d'orgue de siècles passés se
déverse
de ma radio noire
cependant qu'en bas ma femme regarde un film sur le
magnétoscope.

c'est l'espace entre les espaces, c'est quand la
guerre éternelle marque une courte pause, c'est quand
on considère les années inconsidérées :
le combat a été épuisant... mais, parfois,
intéressant, comme quand on
se repose tranquillement à la
tombée de la nuit et que le bruit des siècles
traverse mon corps...
ce
vieux bonhomme
qui se repose à l'ombre
paisible
mais vigilant.


Tiré de : Le ragoût du septuagénaire
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyMar 9 Juil 2013 - 20:49

bukowski - Charles Bukowski - Page 4 Bukows10

Journal d'un vieux dégueulasse

Les gens ont parfois besoin qu’on leur mette une grande claque dans la trogne et faut reconnaître que le grand Buko excelle en la matière.
D’entrée de jeu, rien qu’avec le titre, il nous met dans l’ambiance. Ici pas de chichis, Bukowski a des choses à dire et à raconter et il n’y va pas par quatre chemins. Il donne dans le brut de décoffrage, dans le cru et le vulgaire. Amis des Bisounours, circulez, y a rien à voir !
Connaissant cette réputation, on peut hésiter à se lancer dans l’œuvre de Bukowski et ça a été mon cas. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que Bukowski, ce n’est pas que des histoires de fesses, de beuveries et de courses de chevaux.

Journal d’un vieux dégueulasse est un recueil au style varié de très courtes nouvelles ou chroniques parues à l’origine dans un journal et incluant parfois des pages dédiées à quelques aphorismes ou encore des pages entières de dialogue non marqué.
On y croise le célèbre Neal Cassady mais aussi Jack Kerouac ainsi que d’autres personnages réputés, à l’image de Buko lui-même, pour leur anti-conformisme.
Bukowski y mêle la fiction et l’autobiographie mais y glisse aussi ses propres réflexions, son propre regard sur la société qui nous entoure mais aussi sur l’humanité dans son ensemble. Un regard dur et acéré mais tellement lucide. Il touche à tous les sujets, politique, religion, comportement humain, Bukowski est un anthropologue à sa façon.

Parmi donc quelques nouvelles fictionnelles, tantôt donnant dans le roman noir, tantôt dans le fantastique loufoque ( vous avez déjà vu un ange jouer au base-ball ?), et d’autres nouvelles inspirées de sa propre vie ou de celle de ses amis, Bukowski nous offre des passages d’une grande force, faisant éclater la vérité telle qu’elle est. Est-ce qu’il exagère ? Oui un peu et délibérément. Dans l’émission Apostrophe où il avait fait un passage remarqué, il explique clairement que la façon dont les philosophes et autres intellectuels s’adressent au public est tellement ennuyeuse qu’ils ont beau dire des vérités, personne ne les écoute. Bukowski, lui, garnit bien son hameçon avant de le lancer à l’eau. Et ça marche ! En tout cas, moi j’ai mordu.

J’ai découvert un auteur qui, au-delà de sa réputation sulfureuse et de ses penchants pour l’alcool et le sexe, est un homme doté d’une certaine sensibilité. Dans certaines des nouvelles, il dévoile une partie de son enfance, de ses mauvaises expériences dans la vie active ou avec les femmes. Il y exprime une certaine forme de rage mais aussi d’impuissance, un sentiment  de fatalité et de renoncement qui s’illustre concrètement par ce qu’il appelle la position de l’homme frigorifié.

A côté de ça, c’est vrai que pour le lire, il vaut mieux ranger sa pudeur et son romantisme au placard. Les scènes de sexe abondent et sont décrites crûment sans artifices, inutile d’embellir ce qui ne l’est pas. Bukowski va même loin dans le scabreux : nécrophilie, scatophilie, faut avoir les tripes bien attachées !

Bukowski m’aura donc profondément marquée par son côté provocateur, son style percutant, son refus des conventions ( au point d’en volontairement ignorer les majuscules en début de phrase) et par son discours plein de bon sens et de perspicacité mais aussi surprise par son côté touchant et parfois plein d’humour.
J’ai découvert un très grand écrivain, je suis plus qu’emballée et j’ai bien l’intention de me jeter sur ses autres écrits.


Dernière édition par Aaliz le Mer 10 Juil 2013 - 12:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyMer 10 Juil 2013 - 11:34

Aaliz a écrit:
Journal d’un vieux dégueulasse est un recueil au style varié de très courtes nouvelles ou chroniques parues à l’origine dans un journal et incluant parfois des pages dédiées à quelques aphorismes ou encore des pages entières de dialogue non marqué.
On y croise le célèbre Neal Cassidy mais aussi Jack Kerouac ainsi que d’autres personnages réputés, à l’image de Buko lui-même, pour leur anti-conformisme.

Je vais maintenant vous citer l'appréciation que Bukowski avait pour Neal Cassady. Je vais tronquer la nouvelle, je vous avertis, question de donner un «teaser» :

Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse, 2005 (1996), Le livre de poche, p. 34. a écrit:
il joggait littéralement sur place, ne faisant que sautiller et cligner de l'oeil. dans son t-shirt blanc, il avait tout du chanteur capable de s'adapter, tel un coucou, à n'importe quelle musique

Ibid., p. 34-35. a écrit:
- tu veux une bière? lui ai-je demandé.
Neal a arraché une bouteille du pack, l'a lancée en l'air, l'a rattrapée, puis l'a décapsulée et vidée de moitié en deux coups de glotte.
- une autre?
- pas de refus.
[...]
- idem pour moi. très bon, l'épisode où tu te casses par la fenêtre de la salle de bains et que tu te planques, nu comme un ver, dans les buissons.

Ibid., p. 35. a écrit:
si bien qu'on l'aimait d'instinct, malgré Kerouac qui l'avait transformé en matamore borné, ce dont Neal ne s'était ni formalisé, ni fâché. pour lui, tout était logique, et d'ailleurs on peut inverser l'ordre des facteurs : Jack Kerouac n'a fait que son métier d'écrivain, ce n'est pas lui qui a enfanté Neal, mais la mère de celui-ci. quoique, pour avoir fait son métier, Kerouac l'a démoli, qu'il l'ait ou non cherché.

Ibid., p. 36. a écrit:
le long de ces avenues glissantes. comme par un fait exprès, Neal ne se décidait à tourner à droite comme à gauche que lorsqu'il se trouvait déjà engagé en plein carrefour. doublant alors à un poil de la ligne continue. c'est l'image qui convient : un poil de plus, et on finissait à la morgue.

Ibid., p. 37. a écrit:
normalement, Neal aurait pu ralentir et suivre le mouvement, mais son rythme s'en serait ressenti. aussi, Neal s'y est refusé. il a rétrogradé, puis accéléré et s'est déporté vers la gauche pour doubler.

Ibid., p. 37. a écrit:
le choc était inévitable. mais - vitesse réduite du coupé ou léger coup de volant de Neal? -, c'est passé pile poil. une fois de plus. enfin, Neal s'est garé devant chez Bryan, et Joan nous a servis à dîner.

Ibid., p. 38. a écrit:
j'aurais dû m'en aller, mais je ne m'y décidais pas, j'ai préféré biberonner et discutailler avec Neal.

l'homosexuel [pas Neal] avait un faible pour Hemingway, auquel il n'a pas cessé de me comparer jusqu'au moment où je lui ai conseillé de la boucler.

Ibid., p. 38. a écrit:
quelques jours plus tard, Bryan m'a téléphoné :
- Neal est mort. il s'est tué.
- non! oh! merde!

[...]

toutes ces virées, toutes ces pages de Kerouac, tous ces séjours en prison, pour finir seul, immensément seul, sous la lueur glaciale d'une lune mexicaine, voilà à quoi vous feriez bien de réfléchir.

[...]

j'ai donc terminé.
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyMer 10 Juil 2013 - 16:26

bukowski - Charles Bukowski - Page 4 Buko_210

Souvenirs d'un pas grand-chose

Encore Bukowski ? Eh oui, il faut croire que j’ai eu un coup de foudre littéraire.
Je poursuis donc ma découverte de cet incroyable auteur avec Souvenirs d’un pas grand-chose, roman autobiographique retraçant l’enfance et l’adolescence de Charles Bukowski alias Henry Chinaski.
Ce que j’avais soupçonné dans Journal d’un vieux dégueulasse se confirme donc ici. C’est un récit très touchant que nous confie Bukowski, beaucoup plus soft, les âmes sensibles peuvent se rassurer : point d’attentat aux bonnes mœurs cette fois-ci (ou alors juste un peu). Ce roman explique et donne sens à quelques-unes des nouvelles du Journal d’un vieux dégueulasse qui n’en prennent qu’une dimension encore plus forte.

Récit touchant donc et même bouleversant, on y comprend comment l’auteur s’est forgé sa personnalité et son caractère.
Il nous dévoile sa découverte de l’alcool et du sexe, initiée par des défis de gamin et des interrogations de petit garçon tout à fait classiques et porte un regard critique sur la société, d’abord restreinte à sa famille et son environnement scolaire puis élargie de façon progressive et plus globale lorsqu’il entre dans l’adolescence puis la vie active.

L’apprentissage de la dureté de la vie, le petit Henry l’a commencé très tôt. Et il se rend bien compte que l’injustice fait partie régnante de cette société dans laquelle il vit. Ne recevant rien d’autrui, il n’accepte plus qu’on exige quoique ce soit de lui. Il trouve peu à peu dans l’alcool réconfort et oubli de cette existence qui le déçoit tant. Existence quasiment toute tracée pour tout le monde, le même schéma classique famille-travail dont la plus horrible des représentations est incarnée par son père, modèle à ne pas suivre.
On assiste aussi à la genèse d’un écrivain : ses premiers contacts avec l’écriture et la lecture, les ouvrages qui l’ont marqué ( et que je vais m’empresser de lire à mon tour)…

Bref, Souvenirs d’un pas grand-chose est un texte très émouvant, parfois dur et parfois bourré d’humour. Certains passages sont à mourir de rire ( comme lorsqu’un camarade lui explique comment se font les bébés ou encore lorsque sa grand-mère tente de le soigner de son acné), d’autres suscitent la colère ou encore la tristesse. Parmi les meilleurs sont ceux où Bukowski parle vrai, nous jette au visage ce qu’il pense vraiment du système, un système absurde que tout le monde semble suivre aveuglément et dont il cherche à s’échapper.
C’est le roman d’une demi-vie ( car la suite est narrée dans Factotum) désabusée avec tout ce que cela peut comporter. On voit Bukowski sous un autre jour et il n’en devient que plus attachant encore.

Citation :
« C'était dur à croire. La récré une fois finie, j'allai m'asseoir en classe et je réfléchis à tout ça. Ainsi donc, ma mère, elle avait un trou et mon père une bite qui crachait du jus. Mais comment pouvaient-ils avoir des trucs pareils et continuer à se balader comme si tout était normal ? On parle de choses et d'autres, on fait ça et on n'en dit rien à personne ? J'eus vraiment envie de dégueuler lorsque je songeai que c'était le jus de mon père qui m'avait fait démarrer. »

Citation :
« La route que j'avais devant moi, j'aurais presque pu la voir. J'étais pauvre et j'allais le rester. L'argent, je n'en avais pas particulièrement envie. Je ne savais pas ce que je voulais. Si, je le savais. Je voulais trouver un endroit où me cacher, un endroit où il n'était pas obligatoire de faire quoi que ce soit. L'idée d'être quelque chose m'atterrait. Pire, elle me donnait envie de vomir. Devenir avocat, conseiller, ingénieur ou quelque chose d'approchant me semblait impossible. Se marier, avoir des enfants, se faire coincer dans une structure familiale, aller au boulot tous les jours et en revenir, non. Tout cela était impossible. Faire des trucs, des trucs simples, prendre part à un pique-nique en famille, être là pour la Noël, pour la Fête nationale, pour la Fête des Mères, pour... les gens ne naissaient-ils donc que pour supporter ce genre de choses et puis mourir ?»




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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyJeu 11 Juil 2013 - 11:00

Aaliz a écrit:
Journal d'un vieux dégueulasse
Dans la LAL !

Joli commentaire Aaliz.


Aaliz a écrit:
Bukowski m’aura donc profondément marquée par son côté provocateur, son style percutant, son refus des conventions ( au point d’en volontairement ignorer les majuscules en début de phrase)
Bizarrement avec toutes les mises en garde que tu as intégré à ton commentaire, moi, c'est l'absence de majuscules qui me fait peur ! rire
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptySam 13 Juil 2013 - 20:12

Heyoka a écrit:
Aaliz a écrit:
Journal d'un vieux dégueulasse
Dans la LAL !

Joli commentaire Aaliz.

Merci miss !


Heyoka a écrit:
Aaliz a écrit:
Bukowski m’aura donc profondément marquée par son côté provocateur, son style percutant, son refus des conventions ( au point d’en volontairement ignorer les majuscules en début de phrase)
Bizarrement avec toutes les mises en garde que tu as intégré à ton commentaire, moi, c'est l'absence de majuscules qui me fait peur ! rire

Au début, c'est vrai qu'on est un peu perdu et on doit faire plus attention aux points. Mais on finit par s'habituer rapidement.

Sinon, j'ai terminé Pulp, c'était bien déjanté. Je posterai mon avis bientôt.
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyLun 22 Juil 2013 - 16:16

bukowski - Charles Bukowski - Page 4 Pulp10

Pulp

Louis-Ferdinand Céline n’est pas mort, il fréquente assidument une librairie de Los Angeles et semble ne pas avoir vieilli d’un pouce. Pour réparer ce couac du destin, la Grande Faucheuse en personne engage Nick Belane le détective le plus looser de tous les temps. Là dessus, un homme le charge également de retrouver le Moineau Ecarlate. Vous n’avez aucune idée de ce que c’est ? Nick Belane non plus. En parallèle, le voilà également recruté par un mari jaloux afin de prendre sa femme en flagrant délit d’adultère. Mais Nick Belane est le meilleur, il réussira à débarquer en plein milieu des ébats de l’épouse volage avec … son mari… Vous trouvez que ça fait beaucoup ? Eh bien ce n’est pas fini. Ajoutez à ça une inquiétante histoire de monstres venus de l’espace pour prendre possession de notre si belle planète.

Déjanté, loufoque, complètement barré, voilà ce qu’est Pulp, dernier roman du grand Buck. Mais attention, ne vous attendez pas à de la grande aventure. Le résumé est alléchant mais ça reste du Bukowski. Et comme il le dit lui-même, Pulp n’est qu’une parodie de roman policier qu’il dédie à la littérature de gare. C’est tout dire. En conséquence, les péripéties de notre détective en or ne sont pas le plus intéressant.
Ecrit alors qu’il était très malade et se savait condamné, Pulp reflète l’état d’esprit dans lequel se trouvait Bukowski à cette époque de sa vie. L’ombre de la mort si proche plane sur tout le roman et Buck porte un regard d’ensemble acéré sur le sens de la vie. En résultent de nombreux passages assez pessimistes mais pourtant plein de lucidité.

Citation :
« L’homme est né pour mourir. Impossible de nier l’évidence. On se rattache à tout ce qui passe et on attend. On attend le dernier métro. On attend une paire de gros nibards dans une chambre d’hôtel, une nuit d’août à Las Vegas. On attend que les poules aient des dents. On attend que le soleil baise la lune. Et en attendant, on se raccroche à n’importe quoi. »

Citation :
« Quelle invention diabolique que les dents ! On s'en sert pour manger. Manger et remanger. Nous sommes vraiment des êtres répugnants, programmés pour nous épuiser, notre vie durant, à accomplir de sordides petites tâches. Se remplir le ventre et lâcher des pets, nous gratter l'échine et nous souhaiter de joyeuses fêtes avec le sourire de circonstance. »

Citation :
«Depuis le seuil, je jetai un œil sur le club-house. Juste une belle brochette de vieux friqués. Comment avaient-ils fait ? Et de combien d’ailleurs avons-nous besoin ? Car, finalement, toute cette thune, on en fait quoi ? Tous, nous allons casser notre pipe, et néanmoins la plupart d’entre nous s’esquintent la santé à grappiller deux, trois biffetons de plus. Un jeu de débiles. Pouvoir encore enfiler ses chaussures chaque matin que Dieu fait, n’est-ce pas la plus grande des victoires ? »

Bref, on y retrouve bien la patte Bukowski et les éléments qui ont fait son univers, alcool, femmes, mais aussi la littérature avec quelques clins d’œil à ses auteurs préférés comme Fante et bien sûr Céline.
Voilà, 3ème roman que je lis de cet auteur et il m’a encore surprise et conquise.
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyMar 13 Aoû 2013 - 12:23

Contes de la folie ordinaire (1976)


bukowski - Charles Bukowski - Page 4 Contes10

« Harvey a débouché un nouveau litre. On a parlé de Kafka, Dosto, Tourguéniev, Gogol. Tous les emmerdeurs. »


C’est-à-dire que Charles Bukowski n’est pas un emmerdeur, lui. C’est-à-dire qu’il parle de bière, de whisky, de putes et de bastons. Mais en fait, là n’est pas le point nodal - la thématique abordée. La question à se poser à propos de ces passionnants objets d’étude est plutôt la suivante : comment bien en parler ? Même si Kafka, Dosto, Tourgéniev et Gogol racontaient leurs beuveries et leurs partouzes, Bukowski les trouverait sans doute toujours aussi chiants. Quant à lui, il parvient au miracle de ne pas l’être malgré le radotage de thématiques sexuelles et alcooliques qui finissent pourtant rapidement par tourner en rond.


Comment rigoler avec Bukowski ? On peut commencer en ouvrant l’index et en feuilletant au hasard des titres de ses Contes de la folie ordinaire. On aura peut-être envie de connaître la « vie dans un bordel au Texas », de découvrir une étonnante « machine à baiser », de comprendre pourquoi « la politique est l’art d’enculer les mouches » ou de pleurer un peu à l’évocation de l’histoire des « douze singes volants qui ne sont jamais arrivés à baiser ». Ouais mais enfin, tous ces titres n’évoquent pourtant pas le principal objet de mécontentement, de fascination et d’admiration mêlés de Bukowski : les femmes. C’est en cherchant à mettre le plus grand nombre d’entre elles dans leur pieu que les personnages de ces contes s’instruisent le mieux. Ils découvrent des mentalités dérangées –qui se taillade par excès de vanité, qui transforme son homme en gode vivant- et des univers loin de toutes les expériences qu’ils n’avaient encore jamais pu imaginer –ici un zoo lâché en pleine demeure, là le cabinet d’un savant fou qui n’a pas tiré son coup depuis longtemps et qui invente une femmoïde dernier cri. Des femmes partout à en vomir.


« Tous ces noms, toutes ces femmes qui boivent, qui chient, ont des règles, baisent des mecs, se font boucler dans des lit-placards, ça me dépasse. »


Alors, pour décompresser, les personnages de Bukowski s’alignent du pinard, écrivent des journaux underground, se bastonnent ou zigouillent des gens qui l’ont bien mérité. Le tout avec très peu de sentiments parce qu’il s’agit de toute façon des dernières activités qui demeurent un tant soit peu intéressantes pour des hommes blasés et revenus de tout le reste. La lucidité n’a pas disparu mais la volonté s’est tarie depuis belle lurette et porte à la résignation. Une résignation sans sentiments, bien sûr.


« J’étais magasinier chez un concessionnaire automobile et j’avais du mal à joindre les deux bouts. Mes seules joies étaient la bouffe, la bière et l’amour avec Sarah. C’est pas ce qu’on appelle une vie bien remplie mais il faut faire avec ce qu’on a. »


Ainsi se succèdent les passages de grand ennui, de baise et de bastons, dans l’égalité la plus indifférente. Charles Bukowski veut se donner l’apparence d’un mauvais garçon stupide et dégénéré, mais sa sincérité ne peut s’empêcher de transparaître dans le moindre dialogue anodin. Il faut savoir lire entre les lignes. On imagine le comptoir d’un bar auprès duquel seraient alignés quelques vieux à la vie décousue, misérable, loin de leurs idéaux, avalant bière sur bière dans le silence ou –pire encore- dans une monotonie agitée de discours à bâtons rompus. Une beigne de temps en temps. Un coup de baise en rentrant. Et c’est reparti pour un tour.


« Maintenant, oubliez-moi, chers lecteurs, je retourne aux putes, aux bourrins et au scotch, pendant qu’il est encore temps. Si j’y risque autant ma peau, il me paraît moins grave de causer sa propre mort que celle des autres, qu’on nous sert enrobée de baratin sur la Liberté, la Démocratie et l’Humanité, et tout un tas de merdes. »


Il n’empêche, qu’il le veuille ou non, Charles Bukowski ne peut s’empêcher d’évoquer les grandes thématiques des emmerdeurs. Il le fait en douce en appuyant bien sur leur absence. Si la liberté, la démocratie et l’humanité disparaissent, ces petits contes de la folie ordinaire deviendront bientôt de plus en plus fréquents. N’est-ce pas un puissant plaidoyer en leur faveur ? A moins que ce ne soit en fait qu’une révélation de leur inutilité. Dans les deux cas, les emmerdeurs n’ont plus de raison d’être.


bukowski - Charles Bukowski - Page 4 Everyo10

Qu’est-ce que tu penses de la Lune ?
- Merde.
- Ouais, dit l’Indien, le mec qui est con sur terre il reste con sur la Lune. Pas de raison que ça change.
- Il paraît, dis-je, qu’il n’y a pas de vie sur Mars.
- Et alors ? demande Tony.
- Et merde, file-nous deux bières.


*peinture de Karl Hubbuch - Everyone Shows What He Has (Bruno and His Women), 1930
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyMar 13 Aoû 2013 - 12:41

Je ne connaissais pas encore la poésie très particulière de Bukowski... 'va me plonger dedans dès l'occasion !
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyMar 13 Aoû 2013 - 17:04

Chouette commentaire Coli ... mais as-tu aimé ?
Comptes-tu y revenir ?
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptySam 17 Aoû 2013 - 12:32

Bien sûr que j'ai aimé ! Very Happy
Et je compte y revenir...
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyLun 2 Sep 2013 - 20:15

Pour tous ceux qui lisent en anglais:

Citation :
Le site internet bukowski.net met en ligne de nombreux manuscrits et tapuscrits de Charles Bukowski : des poèmes, des correspondances, des lettres et cartes postales. Les archives ouvrent aussi au public des photos et un dossier du FBI plutôt inattendu

source
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyJeu 26 Sep 2013 - 9:18

Hank a écrit:
Shakespeare Never Did This, à ma connaissance le dernier livre de Bukowski (hors poésie) encore non traduit en français devrait enfin être édité en France en 2012, par les éditions 13e Note.

La couverture originale :

bukowski - Charles Bukowski - Page 4 51FWM4BJTAL._SL500_AA300_
Maintenant, je vous montre la couverture officielle du roman :

bukowski - Charles Bukowski - Page 4 Shakes10

Je vous dis, ça vaut la peine de lire les bouts de texte qui parlent sur et les photos de Michael Montfort. Ça me fait prendre conscience que la photo est une composante importante de l'identité d'écrivain de Bukowski. Tout comme Dany Laferrière l'est aujourd'hui, Charles Bukowski nourrissait la bête médiatique. Il n'est pas sans faire penser à Louis-Ferdinand Céline.

Je vous dis, déjà, cette seule couverture de livre vaut la peine qu'on se procure l'ouvrage. La collection de cette maison d'édition vaut le détour et la librairie Port de tête semble l'encenser largement. Ce livre n'est pas tout à fait Buk et les Beats (Jean-François Duval), mais il semble comporter un détour intéressant dans l'oeuvre assez composite de Bukowski.

Un écrivain doit savoir se raconter et faire parler de lui. Buk est un orfèvre du genre.
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyJeu 26 Sep 2013 - 9:43

Tant pis si j'en fais rigoler plusieurs par ici... :)

Charles Bukowski, Shakespeare n'a jamais fait ça, 2012, Paris : 13e Note, p. 242-243. a écrit:
«Poème à la grosse tête»

je lève les yeux maintenant, je suis ivre dans une pièce remplie
d'Allemands. maintenant les Français commencent
à débarquer et je peux vous dire
que les Français sont eux aussi de gros buveurs.
si les Allemands boivent de manière automatique
et boivent plus que les Français,
les Français sont plus émotifs, ils râlent
pour tout : une trahison, ce
salaud-ci et ce salaud-là, etc.
ils sont plus proches des buveurs américains.

seulement ça fait déjà un bail que tous les Américains
ont déguerpi, j'ai picolé jusqu'à ce qu'il n'en reste aucun.
les Allemands et les Frenchies ressemblent à des extra-
terrestres, ils parlent souvent dans leur propre
langue, ce qui m'évite de les trouver
chiants. mais eux aussi commencent à me lasser.
l'autre jour, j'ai envoyé balader trois Allemands. ce sera
bientôt le tour des Français.

les Américains, avec leur Coors en packs de 6
et leurs cigarettes Marlboro, je n'en ai plus
rien à cirer. j'attends les Espagnols,
les Japonais, les Italiens, les Suédois...

tout ce dont j'ai besoin, c'est que cette machine à écrire continue
à charger sur la piste
en dégommant les favoris
un à un
et à dépasser les pur-sang promis au prix
Pulitzer, que je fasse péter la ligne d'arrivée
pour me retrouver, via Moscou, en Inde...

Hollywood Est n'a jamais été le coin idéal pour une tornade
blanche comme Chinaski.
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Tête de Peluche
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 EmptyJeu 26 Sep 2013 - 12:59

ça arrache un sourire (huhu) mais je ne m'imaginerais pas en lire un livre entier ?
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MessageSujet: Re: Charles Bukowski   bukowski - Charles Bukowski - Page 4 Empty

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Charles Bukowski
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