Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Jean Paul Goux

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coline
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyLun 16 Avr 2012 - 18:08

LA MAISON FORTE

Le temps et l’héritage sont une nouvelle fois au cœur de ce roman de Jean Paul Goux.

L’importance de la maison, lorsqu’elle est beaucoup plus qu’un toit.
L’influence qu’elle peut avoir sur une vie, sur un être…Comment elle communique avec lui et le met en communication avec le passé, surtout si ses murs sont très anciens…Comment elle attache le maître des lieux et peut même lui dicter sa vie, pour qu’elle soit mêlée intimement à la sienne…Comment elle engage parfois l’avenir de ses enfants et définit la nature de ses relations avec eux……
J’adore ce discours sur l’empire que peuvent prendre sur nous les maisons. Je sais, je connais, je l’ai éprouvé. Et aujourd’hui c’est pour moi un manque.

« Le sentiment très particulier du bonheur que peut engendrer une maison. »

« Car la beauté des maisons, ce qui les rend pour nous vivantes, ce n’est pas la perfection de leurs qualités, c’est la fragilité de leurs défauts, ce qui en elles nous laisse inassouvi, ce qui leur manque, que nos projets pour elles rêvent de combler, mais que nous savons bien que nous ne pourrons jamais combler. »

« Les maisons nous rendent fous quand nous sommes seuls avec elles, parce qu’elles sont des despotes qui font de nous exactement ce qui est nécessaire à leur pérennité, qu’elles se moquent bien de ce que nous sommes en exigeant de nous que nous nous occupions d’elles, se moquant absolument que nous les aimions mais sachant perversement se faire aimer de nous pour que nous ne perdions jamais le souci de nous occuper d’elles. »


Chauvel, la maison forte, a tout simplement écrit l’histoire de Maren et de son père !

Maren, vingt ans plus tôt, a dû quitter Chauvel, la maison familiale, chassée par son père, veuf, qui s’y est isolé pendant tout ce temps.
L’exploitation de Chauvel, domaine agricole, s’était transmise de génération en génération. Mais le père de Maren, lui, avait rompu la chaîne et fait un autre choix. Il était devenu un magnat des nitrates. Terres et bêtes avaient été vendues lorsqu’il avait choisi cette voie.
Plus tard, lorsqu’il rompt avec son métier et reprend possession de Chauvel, il décide d’y vivre seul, vraiment tout seul, ce qui a laissé Maren dans une souffrance et une incompréhension totale. Elle qui aimait tant la maison forte !

Pourquoi ?
Un indice, une phrase glissée soudainement dans le cours dense du récit...L'élément sans doute qui provoque le bascul qui devait sans doute s'opérer...
« la faute essentielle, qu’elle n’avait pourtant pas commise, dont elle n’était pas responsable mais dont son père la jugeait coupable, la faute d’être vivante, avec ce visage si parfaitement semblable à celui qu’il avait perdu. »

Maren est devenue architecte, « la fréquentation dès l’enfance de la maison forte ayant fait naître chez elle le goût et l’intérêt pour la chose bâtie. »

Et voilà que son père maintenant lui demande de revenir ! Il veut parler avec elle !
Les souvenirs et les questions, l’espoir aussi, assaillent Maren.

« Je revenais à Chauvel, j’allais revoir mon père, et je ne savais rien de ce qui m’attendait, de ce qu’était devenu le Clos, de ce qu’était devenu mon père, de l’état dans lequel j’allais les retrouver. »

« Nécessairement, l’idée dut me traverser l’esprit que mon père vieillissait, qu’il avait sans doute d’une manière ou d’une autre, besoin de moi, ou qu’il souhaitait me revoir, simplement, maintenant qu’il entamait ce qui ne pouvait être que ses dernières années. Et nécessairement, de la même façon, j’ai dû penser que les temps approchaient ou la maison forte serait à moi, où je pourrais en disposer à ma guise, y revenir à ma convenance, et à cette pensée, je me sentais le cœur bondir. »


Qu’est devenue la maison forte ? Comment son père y a-t-il vécu ? Auront-ils encore quelque chose à se dire ? Pourquoi veut-il la rencontrer maintenant ?

« Je n’avais été qu’une petite sotte si je m’étais figuré que je ne reverrais jamais Chauvel ou que Chauvel cesserait d’exister pour moi par la simple raison qu’il avait souhaité y vivre seul, parce qu’il y avait beau temps qu’on ne déshéritait plus ses enfants, fussent-elles des filles, et parce que les maisons, si nous sommes dignes de les aimer, sont trop profondément liées à nous pour cesser d’exister aussitôt qu’on ne les fréquente plus. »

Maren est à la fois dans le désir, dans le plaisir, dans l’impatience et dans la peur d’avoir les réponses à ses questions.
Mais son père meurt sans qu’ils puissent se parler.
Er devant ce qu’elle considère comme un « désastre », elle demande à un ami, Wilhem, de la rejoindre à Chauvel.
Mais le désastre n’est pas celui qu’on imagine…Les ruines sont celles d’un amour père-fille et d’une fortune…
Le père a œuvré pour Chauvel durant toutes ces années, d’une « méthode méticuleuse, maniaque et désespérée. ».
« Folle ».

« Quand il passait sa vie dans les villes lointaines, n’avait-il jamais eu d’autre projet que d’accumuler cette fortune de magnat du nitrate qui lui permettrait enfin de revenir à Chauvel et de s’occuper de sa maison, de s’en occuper amoureusement, selon les méthodes folles de sa passion impérieuse. »

Maren est devant l’héritage que lui lègue son père :
« Je ne l’ai jamais aimé, mais j’aime ce qu’il a aimé et qu’il me laisse pour que quelqu’un continue de l’aimer. »

Une fois encore je soulignerai la beauté de l’écriture et la sensibilité, et la profondeur, et l’intelligence de cet écrivain qui se fait souvent poète.
Je dirai, encore une fois, qu’il existe aujourd’hui une « littérature française », que l’œuvre de Jean Paul Goux en fait partie, mais que trop peu de lecteurs le savent !
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMar 8 Mai 2012 - 14:33

Ouahhh ! je viens de remonter ce fil, il faut absolument que je lise Les hautes falaises !!

Merci à Nathria et à Coline qui m'ont grandement donné envie de lire ce livre, merci en particulier pour toutes ces citations ! bisous
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMar 8 Mai 2012 - 15:23

coline a écrit:
Une fois encore je soulignerai la beauté de l’écriture et la sensibilité, et la profondeur, et l’intelligence de cet écrivain qui se fait souvent poète.
Je dirai, encore une fois, qu’il existe aujourd’hui une « littérature française », que l’œuvre de Jean Paul Goux en fait partie, mais que trop peu de lecteurs le savent !

Il serait heureux de te lire! Et je m'y mettrai bientôt.
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMar 8 Mai 2012 - 19:28

Marko a écrit:
coline a écrit:
Une fois encore je soulignerai la beauté de l’écriture et la sensibilité, et la profondeur, et l’intelligence de cet écrivain qui se fait souvent poète.
Je dirai, encore une fois, qu’il existe aujourd’hui une « littérature française », que l’œuvre de Jean Paul Goux en fait partie, mais que trop peu de lecteurs le savent !

Il serait heureux de te lire! Et je m'y mettrai bientôt.

Sur ce coup-là, tu es très en retard!... rire
Il y a du Gracq, du Proust et du Bosco chez Jean Paul Goux!
Je n'exagère pas, c'est vraiment magnifique...Je suis "sonnée" par Les jardins de Morgante, je n'arrive même pas à rédiger mon commentaire...(surtout que j'ai passé deux heures dessus il y a quelques jours et que j'ai oublié d'enregistrer avant de fermer Word! Crying or Very sad )

Le chemin de Chenecé est plus court et plus accessible, pour commencer...



Ce n'est pas de moi mais de Annie Clément-Perrier (à propos des Jardins de Morgante):

"Si certains livres doivent attendre leur heure pour être aimés, d’autres vous requièrent immédiatement, totalement, irrémédiablement. Je fais désormais partie de ceux que Jean-Paul Goux aimante au bout de sa plume. J’ignorais tout de son oeuvre. La lecture de ce roman me laissa interdite.".

"J’ai aimé ce livre avant de me demander pourquoi. Puis, je sais que je l’ai aimé pour cette charge poétique, pour ce pouvoir d’enchantement qu’il diffuse chaque fois que je l’ouvre au hasard de ses pages. Peu de romans permettent à la prose de "s’élever haut dans le ciel, non d’un seul trait, mais en volutes et en cercles" comme le souhaitait Virginia Woolf imaginant le roman du futur, peu nous font sentir que "chaque instant est le centre et le lieu de rencontre d’un nombre extraordinaire de perceptions encore jamais exprimées" . Mes premières émotions de lecture sont faites de sensations colorées, de lumières fugitives ou de brouillards palpables, du mouvement des pluies et des vents, de la fuite des nuages, des glissements de lumières et d’ombres sur la ville et sur les jardins, de bruits légers, ou de bruits effrayants donnant la sensation d’accéder au grand mystère de choses de la nature ("l’énorme chuintement ininterrompu" du vent dans les branches ou les "sonores et effroyables craquements de l’écartèlement" des arbres sous la neige dans l’impressionnante nuit d’orage). Une atmosphère inquiétante émanait de ce paysage, de ces jardins, de cette maison..."

"Ce roman étrange agissait comme un charme, mais un charme rendu à ses puissances premières : il était entièrement porté par les voix des personnages disloquant la linéarité du temps et celle du récit, des voix relayées cherchant à faire entendre une voix manquante, perdue, celle de Chaunes le jardinier."

"Et il y avait la dimension folle, démesurée, baroque oui, superbement baroque, de la forme prosodique, la fascination puissante exercée sur le lecteur par cette houle verbale, pour peu qu’il accepte, ce lecteur, d’en suivre les méandres et le ressac, d’en éprouver le tempo si particulier, de se laisser porter par son rythme, par le déploiement infini des longues périodes déferlantes dont le texte même donnait à lire l’équivalent imagé dans la "nappe somptueuse et ondulante", la nappe "tissée d’oiseaux" laissant "flotter ses amples volutes sous le vent" ou encore dans la "charge d’énormes rouleaux" de nuages "arrivant comme une marée du lointain horizon", que Chaunes tente de fixer sur sa toile."

"Il me fallait relire. "Peu d’écrivains deviennent plus importants, plus extraordinaires à la deuxième lecture", dit Thomas Bernhard par la voix de son narrateur dans Extinction. Ce qui fait d’un roman un grand roman, ce que l’on attend de lui, n’est-ce pas qu’il ne nous livre pas tous ses secrets et que toujours nous puissions recommencer nos lectures dans la ferveur ? Je le voyais bien, la puissante fascination qu’exerçait ce roman ne perdrait jamais rien de sa force d’emprise, parce qu’au-delà de la "marche" du récit, au-delà de ce que l’on apprend, de ce que l’on découvre en tournant les pages, de ce qui nous est donné à voir, à sentir, à entendre, il reste une énigme dont le noyau secret est enfoui dans ses pages, une énigme que le temps et les lectures successives ne résoudront jamais, parce que tout (le caractère imprévisible des événements météorologiques, le caractère étrange des lieux, la quête sans fin des personnages parcourant sans fin les allées des jardins, leurs voix impuissantes à raconter ce qui s’est, passé le soir dans le petit salon, les découvertes énigmatiques auxquelles ils sont confrontés), tout renvoie à l’insoluble énigme qui nous fonde, et à la pulsion vitale, irrépressible qui nous pousse à continuer sans relâche notre enquête sur le monde."

source remue.net
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMar 8 Mai 2012 - 21:34

Je viens de trouver un commentaire sur Jean-Paul Goux sur le net, peut-être intéressera-t-il certains...

ici
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMar 8 Mai 2012 - 23:53

shéhérazade a écrit:
Je viens de trouver un commentaire sur Jean-Paul Goux sur le net, peut-être intéressera-t-il certains...

ici

Merci de cette contribution Shehérazade... Wink
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMer 9 Mai 2012 - 10:05

J'ai commandé Les Jardins de Morgante
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMer 9 Mai 2012 - 11:29

Marko a écrit:
J'ai commandé Les Jardins de Morgante

cheers
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyLun 28 Mai 2012 - 15:47

Les Jardins de Morgante

« Si certains livres doivent attendre leur heure pour être aimés, d’autres vous requièrent immédiatement, totalement, irrémédiablement. Je fais désormais partie de ceux que Jean-Paul Goux aimante au bout de sa plume. J’ignorais tout de son oeuvre. La lecture de ce roman me laissa interdite. Je ne pouvais le comparer à aucun autre. »
Annie Clément-Perrier (dans une étude de l’oeuvre de Jean-Paul Goux , à partir des Jardins de Morgante)




Hors le fait que je n’ai pas abordé l’œuvre de Jean Paul Goux par Les jardins de Morgante, je partage ce sentiment d’ Annie Clément-Perrier de sentir que « Je fais désormais partie de ceux que Jean Paul Goux aimante au bout de sa plume. » content

Après Les Haute falaises, après La maison forte, après Le séjour à Chenecé et La voix sans repos, je suis arrivée aux Jardins de Morgante qui ne sera pas pour moi la dernière étape de mon chemin dans l’œuvre de l’écrivain.
Déjà, j’ai la chance inouïe d’avoir son tout premier roman (désormais introuvable), Le montreur d’ombres, qui m’attend dans une très belle édition de 1973 (Editions Ipomée).


Mais aujourd’hui, c’est des Jardins de Morgante qu’il s’agit !

Morgante… jardinier, philosophe,poète, architecte… s’est vu offrir par le prince Bassan, au XVIème siècle, une propriété, un cadeau qui aurait pu être empoisonné…
Jaloux de son talent et de sa notoriété, le Prince livrait Morgante à ces lieux, comme à un exil, dans l’espoir qu’il s’y retire totalement, dans l’espoir qu’ils l’occupent tout entier jusqu’à y sacrifier son art.

Quatre siècles plus tard, le domaine entouré de ses murs, et voué à l’abandon depuis des décennies, va être abattu par les bulldozers.
Mais avant, une mission est confiée à quatre spécialistes : un jardinier, une architecte, un écrivain et un photographe...
Pendant une année entière, reclus dans le domaine immense et labyrinthique de Morgante, ils vont procéder, chacun dans leur spécialité, à des investigations poussées pour retrouver ce qui peut encore l’être, et comprendre l’histoire de ce lieu. Les jardins, la maison, l’immense bibliothèque complétée de nombreux tableaux…

Le roman est tout à la fois le récit fascinant de leurs observations, de leurs découvertes, de leurs questionnements, de leurs discussions, accords et désaccords, et l’histoire toute humaine des relations qui se nouent et se dénouent dans ce huis clos entre eux. Notamment entre Wilhem, l’écrivain philosophe, et Chaunes le jardinier qui se connaissent depuis longtemps.


Vous allez me penser folle, ou tout au moins excessive, si je vous dis que je l’ai lu trois fois en boucle…C’est pourtant vrai!…
La première lecture fut celle de la lectrice pressée, happée par le récit, gourmande de découvertes, et entraînée irrésistiblement par la phrase très longue mais parfaitement maîtrisée de l’écrivain… De ces phrases qui peuvent vous emmener (comme chez Proust) du haut au bas d’une page…
La seconde lecture fut celle où je pris le temps de goûter mieux à la construction du récit, au style, à la poésie…
La troisième fut un enchantement où je pouvais profiter de tout, et plus encore que précédemment, de chaque image évoquée, de sa beauté sublimée par le talent de Jean Paul Goux.
Dans "le grand silence des jardins" , ses mots sensibles et précis nous font frémir au moindre « "fluide invisible", au moindre "froissement lointain tout proche", au « chuintement ininterrompu » du vent …
Ils nous donnent à percevoir l’atmosphère changeante, comme le ciel et les couleurs… les bruits, le passage de chaque instant de la journée, de l’aube à la nuit, et celui des saisons…la force des arbres, la présence des oiseaux. Et la puissance de l'histoire de ce domaine de Morgante si extraordinaire!

Pour le lecteur, la découverte des lieux si mystérieux se fait page après page …Les jardins... mais aussi les escaliers, intérieurs, extérieurs... et les pièces de la grande maison...une tour... une maison de verre…
La surprise est ménagée jusqu’au bout…Une révélation sujette à interprétations diverses et à discorde passionnée !…


…………..
« Je l’ai aimé pour cette charge poétique, pour ce pouvoir d’enchantement qu’il diffuse chaque fois que je l’ouvre au hasard de ses pages. Peu de romans permettent à la prose de "s’élever haut dans le ciel, non d’un seul trait, mais en volutes et en cercles" comme le souhaitait Virginia Woolf imaginant le roman du futur, peu nous font sentir que "chaque instant est le centre et le lieu de rencontre d’un nombre extraordinaire de perceptions encore jamais exprimées."

« On sait que le "roman d’aujourd’hui s’affronte à l’immaîtrisable, au débordement, à l’innombrable, au multiple mobile" , et que depuis Proust et Faulkner, il emprunte à l’art musical ses principes de composition complexes et ramifiés dans sa tentative d’apporter une forme à l’informe du monde et à la complexité de l’existence.
Le jardin qui était aux yeux de Chaunes le jardinier, une chose "essentielle, une de ces choses dont il était par trop flagrant que plus personne aujourd’hui n’avait la moindre idée", n’était-il pas, comme le roman et comme la musique, "un art au fondement même duquel se trouvaient le sens de la durée et les jeux du temps" ? »
Annie Clément-Perrier (dans une étude de l’oeuvre de Jean-Paul Goux , à partir des Jardins de Morgante)


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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyLun 28 Mai 2012 - 17:04

c'était mon premier livre de cet auteur.. jamais fait de commentaire puisque je ne me sentais pas à la hauteur... mais il me reste ce très bon souvenir d'une lecture à part...
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyLun 28 Mai 2012 - 18:20

kenavo a écrit:
c'était mon premier livre de cet auteur.. jamais fait de commentaire puisque je ne me sentais pas à la hauteur... mais il me reste ce très bon souvenir d'une lecture à part...

A part...Oui, c'est cela...
As-tu lu Kenavo, Le séjour à Chenecé?...
Jean Paul Goux va vers plus d'épure et se fait très accessible tout en écrivant toujours merveilleusement.
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyLun 28 Mai 2012 - 22:04

Merci Coline pour ce commentaire tout en sensibilité et en finesse à ton habitude. content
Cela me dit une fois de plus que Jean-Paul Goux est un auteur pour moi, qu'il ne peut que me plaire. Je viens de commencer Les hautes falaises et pour l'instant, je me heurte un peu au style qui me demande un "effort" pour y entrer, mais je poursuis car tes commentaires me font dire que je suis sûre que ce livre va me plaire !! lire
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyLun 28 Mai 2012 - 23:05

shéhérazade a écrit:
Merci Coline pour ce commentaire tout en sensibilité et en finesse à ton habitude. content
Cela me dit une fois de plus que Jean-Paul Goux est un auteur pour moi, qu'il ne peut que me plaire. Je viens de commencer Les hautes falaises et pour l'instant, je me heurte un peu au style qui me demande un "effort" pour y entrer, mais je poursuis car tes commentaires me font dire que je suis sûre que ce livre va me plaire !! lire

Merci shéhérazade...
Le style est un peu exigeant, surtout au début, vas-y à faible dose, peu à peu, en des moments de calme et de disponibilité...Et j'espère que tu refermeras à la fin le roman avec le bonheur d'avoir rencontré cet écrivain... content
(as-tu lu aussi le commentaire qu'a fait Nathria sur Les hautes falaises?)
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMar 29 Mai 2012 - 8:10

coline a écrit:
As-tu lu Kenavo, Le séjour à Chenecé?...
pas encore terminé.. cela ne devrait pas tarder.. j'aime beaucoup.. comme toutes les autres lectures que j'ai fait de cet auteur..
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MessageSujet: Re: Jean Paul Goux   Jean Paul Goux - Page 4 EmptyMar 29 Mai 2012 - 11:46

kenavo a écrit:
coline a écrit:
As-tu lu Kenavo, Le séjour à Chenecé?...
pas encore terminé.. cela ne devrait pas tarder.. j'aime beaucoup.. comme toutes les autres lectures que j'ai fait de cet auteur..

Je guetterai ton commentaire...car tu vas bien en faire un cette fois-ci? Very Happy

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