Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Philip Roth

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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyJeu 24 Fév 2011 - 13:23

kenavo a écrit:
Epi a écrit:
Il sera au portail de mars Wink
à moins que j'oublie de mettre son fil sur le portail diablotin
Tu aimes vivre dangeureusement Kena, tu risques d'avoir 32% des votants, soit 10 personnes, qui vont te tomber dessus, ça va faire mal rire
Et en plus, tu serais privée de desserts aux framboises.

Tu choisis dentsblanches
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kenavo
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyJeu 24 Fév 2011 - 13:24

je choisis.. le dessert aux framboises Razz
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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyJeu 24 Fév 2011 - 13:29

kenavo a écrit:
je choisis.. le dessert aux framboises Razz
cheers Je savais que tu pouvais être raisonnable Laughing
(Ca a été trop facile quand même mdr2 )
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kenavo
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyJeu 24 Fév 2011 - 13:33

dommage que le nouveau portail ne sera pas pour le 1er avril.. il y aurait eu un fil Philip Roth au portail.. avec quelques messages d'images de framboises laugh

(tu sais qu'on est en train de flooder un fil sérieux?? Cool )
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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyJeu 24 Fév 2011 - 13:42

kenavo a écrit:
dommage que le nouveau portail ne sera pas pour le 1er avril.. il y aurait eu un fil Philip Roth au portail.. avec quelques messages d'images de framboises laugh
mdr2 mais :3 Il l'a échappé belle, le pauvre rire Surtout que je dirais qu'il est plus fraise que framboise Wink

kenavo a écrit:
(tu sais qu'on est en train de flooder un fil sérieux?? Cool )
honte
En même temps, je crois que c'est à peu près le seul fil qui restait sans flood, ça devenait gênant.


Allez, on arrête, ok !
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shanidar
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyMar 1 Mar 2011 - 9:25

Un homme

Définitivement P. Roth n'est pas pour moi... Je m'ennuie en le lisant, je n'ai éprouvé aucun intérêt pour l'histoire de cet homme juif et malade, vieux et mourant, cherchant paresseusement à donner des raisons à sa vie. Une vie banale, avec ses trahisons, ses faiblesses, ses bonheurs, emballée dans une prose sans relief. Bref d'un ennui... mortel...
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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyMar 1 Mar 2011 - 10:13

shanidar a écrit:
Un homme

Bref d'un ennui... mortel...
Waouh ! Voilà un commentaire bref et... assassin rire

Je n'ai pas encore lu ce livre mais il est dans ma PAL et tu m'intrigues beaucoup.
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FrançoisG
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyDim 3 Avr 2011 - 14:21

Philippe Roth est souvent présenté comme l'un des quatre meilleurs écrivains américains avec Thomas Pynchon, Don Delillo et Cormac McCarthy.

J'ai lu "La tâche" et j'ai été bluffé par le niveau d'écriture : un joyau.

Je comprends néanmoins que certains puissent être déroutés à la lecture de ses livres.

Comme tant d'autres vrais auteurs, Roth a su construire son univers.

Et il est parfois difficile d'y pénétrer.

Aujourd'hui, je commence "Pastorale Américaine".
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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyDim 3 Avr 2011 - 14:35

FrançoisG a écrit:
Aujourd'hui, je commence "Pastorale Américaine".
aime Un livre qui figure dans mon top five !
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Marie
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyMar 10 Mai 2011 - 1:55

Indignation
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Claire Pasquier
Gallimard

Topocl et Traversay en ont déjà très bien parlé, je vais être brève! D'abord, c'est une -bonne- surprise, même si j'ai également aimé les derniers romans de Roth, de le voir passer des tourments de la vieillesse et de la mort à l'indignation d'un jeune homme. Car ce " récit" à la première personne semble vraiment , grâce à son talent littéraire , être celui d'un très jeune homme qui se heurte en permanence à l'enfermement , à un statut, à une appartenance communautaire , qui tente de fuir ( en cela, le doyen de son université n'a pas tort) , fuir quoi, au juste? Et bien peut être le destin que redoute pour lui son père, la mort en Corée. Tout est planifié, il lui faut réussir , et grâce à sa réussite, ne pas devenir de la chair à canon. C'est son père qui le lui a appris, en le faisant accomplir à la boucherie familiale des tâches peu ragoutantes, ce qui doit être fait doit être bien fait. Et ce qu'il fait, notre pauvre Marcus, c'est du sauve qui peut..
Sauf que.. à 19 ans, on ne peut rien contre le désir sexuel, et que sa rebellion , bouillonnante à force d'accumulations de contraintes, de frustrations et de blessures, va exploser. Enfin, exploser.. Même pas, il va juste se lâcher un peu! Mais trop pour l'époque et surtout trop pour son manque de chance, car, ne dévoilons rien, mais on le découvre très tôt:

Spoiler:

A savoir la façon terrible, incompréhensible dont nos décisions les plus banales, fortuites, voire comiques, ont les conséquences les plus totalement disproportionnées, le destin, la chance et l'incompréhension clairement analysée devant des destinées individuelles, c'est un thème important dans les romans de Philip Roth que l'on retrouve encore une fois ici poussé presque à l'extrême dans une démonstration assez magistrale.
A noter en plus, vous l'avez déjà dit, son don pour parler de métiers divers, ici un boucher kascher, dont il décrit les pratiques avec minutie, comme celles du gantier dans Pastorale américaine.
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Epi
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyDim 10 Juil 2011 - 16:39

J'ai épousé un communiste

Comme dans Pastorale américaine, Nathan Zuckerman revisite son enfance et met en scène un des personnages qui a marqué sa jeunesse, Ira Ringold, le frère de son professeur d’anglais Murray.
Pendant une semaine, Murray va raconter Ira, et Nathan, qui fut un temps très proche d’Ira y ajoutera ses propres souvenirs.

Petit juif orphelin de mère, fuyant une enfance pauvre et malheureuse, un passé pas très net, Ira trouve un réconfort et surtout un but dans sa vie, dans le communisme. C’est Johnny O’Day, qu’il a connu pendant la guerre, qui lui donne une instruction marxiste et les quelques préceptes qui vont le guider toute sa vie. Il s’engage à fond dans la lutte des classes et porte la bonne parole où il peut.

Citation :
Je ne connaissais rien à la politique, rien à l’action politique, disait Ira. Je n’aurais pas su distinguer une philosophie politique ou une philosophie sociale d’une autre. Mais ce type m’a beaucoup parlé. Il parlait du travailleur, de ce qui se passait en général aux Etats-Unis, du tort que notre gouvernement faisait aux travailleurs.

Ira, c’est un peu la brute épaisse qui agit avant de penser, qui cogne si les mots n’arrivent pas à convaincre alors forcément, l’enseignement que lui procure O’Day le séduit. Après avoir exercé des métiers divers en usine, sur les docks, il va devenir acteur, incarnant Lincoln à la perfection. Vedette à la radio, Ira devient Iron Rinn et épouse Eve Frame, ex-star du cinéma muet, déjà mariée trois fois et mère d’une fille, Sylphid.

Malgré la sincérité de son combat, il ne se refuse pas la vie bourgeoise que lui procurent son statut d’acteur et sa femme Eve.

Citation :
c’était un communiste passionné, mais surtout pas fait pour vivre dans l’enclave fermée du Parti ; et c’était ce qui l’avait détourné de sa voie, et détruit. Il n’était pas parfait du point de vue du communisme – Dieu merci. Il ne savait pas renoncer à la vie personnelle. Les considérations personnelles ne cessaient de faire irruption chez lui, tout militant et déterminé qu’il essayait d’être. C’est une chose de faire allégeance à son Parti, c’en est une autre d’être qui l’on est, et de ne pas savoir se restreindre.

Sa vie ne ressemble en rien à ce qu’il prêche, mais peu importe, il est au-dessus de ces considérations, ce qui compte, c’est le combat et il est touchant dans sa poursuite de l’impossible rêve, la justice sociale, la dignité dans le travail.

Idéaliste dans l’âme, il y croit à son discours. Il y croit tellement qu’il n’en change jamais, répétant inlassablement les mêmes idées, sans nuances, sans remise en question. Mais voilà, l’Amérique fait la chasse aux rouges, les dénonciations font rage, tout le monde trahit tout le monde. Et même si Ira n’a jamais avoué à quiconque son appartenance au Parti et que son mariage avec Eve lui offre une sécurité sociale, il est en danger.

Roth fait un portrait tout en émotions de Ira Ringold, un homme à l’attitude ambiguë, pas par calcul mais par naïveté, par ce besoin qu’il a d’être rassuré, d’avoir une vie de famille. Son frère Murray explique cette attitude par son enfance chaotique et son manque d’amour évident. Toute cette violence retenue, cette fougue qui l’habite, Ira tente de les contenir par l’engagement politique. Ce qui marque sans doute le plus, c’est qu’il est profondément convaincu et qu’il se croit investi d’une mission sociale qui pourtant va ruiner sa vie.

Cette triste période de l’histoire américaine où tant de gens ont été traqués, où leur réputation a été mise à mal, qui souvent ont perdu leur travail, parfois même leur vie est décrite brillamment par Roth qui décidément excelle dans ces portraits contrastés, profondément humains. Il ne nous épargne ni les défauts ni les fautes de ses personnages, mais il ne les charge pas gratuitement, il sait pointer du doigt les influences complexes qui régissent chaque être humain et comment le système peut à la fois faire et défaire une vie. Ira n’échappe pas à cette règle. Un homme ennuyeux, obtus, violent, mais qui a aussi un cœur d’or, un réel souci de l’autre, et qui croit profondément en la justice sociale que le communisme promet.

Parallèlement à l’histoire « publique » d’Ira, Roth s’intéresse aussi à son histoire privée, sa vie de famille désastreuse. Une épouse antisémite (pourtant juive elle-même, ce qui aggrave quelque peu son cas), une belle-fille décidée à détruire son mariage, un enfant qu’Ira souhaite de tout cœur mais qu’il n’aura jamais, les désillusions, les mensonges, les tromperies…

Son frère Murray occupe une bonne place dans cette histoire. Il est l’opposé d’Ira, l’homme qui réfléchit plus qu’il n’agit, celui qui aura essayé toute sa vie de sauver son frère, de lui-même d’abord et de l’impitoyable machine maccarthyste ensuite, dont il aura souffert lui-même, mais d’une manière moins spectaculaire peut-être.

Ajoutons à cela les magnifiques personnages d’Eve Frame, l’épouse d’Ira et celui de Sylphid sa belle-fille. Les deux femmes jouent un rôle important dans la chute d’Ira. Eve surtout, manipulée ou manipulatrice ? Un peu des deux ? Et la fille, l’horrible fille qui hait Ira, qui menace sa mère et l’influence, quel portrait douloureux il en fait !

Livre sur la trahison, la passion, le tableau d’une Amérique à un moment pas très glorieux de son histoire, de beaux passages sur la littérature aussi et le métier de romancier. Des thèmes forts pour un roman qui encore une fois, retourne les tripes. Roth écrit selon mon cœur et j’en suis à chaque fois toute remuée.

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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyDim 10 Juil 2011 - 16:43

Marie a écrit:
Indignation
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Claire Pasquier
Gallimard

A savoir la façon terrible, incompréhensible dont nos décisions les plus banales, fortuites, voire comiques, ont les conséquences les plus totalement disproportionnées, le destin, la chance et l'incompréhension clairement analysée devant des destinées individuelles, c'est un thème important dans les romans de Philip Roth que l'on retrouve encore une fois ici poussé presque à l'extrême dans une démonstration assez magistrale.
Oh oui ! Je n'ai pas encore lu Indignation (mon prochain sans doute) mais c'est vrai qu'on retrouve ce thème dans ses autres livres. Et c'est drôlement bien.
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Aeriale
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyDim 10 Juil 2011 - 18:43

Encore une fois Philipe Roth t'aura inspirée Epi!

Chouette commentaire qui donne bien envie de le lire à nouveau...Cela fait longtemps et cela commence à me manquer. Merci de nous donner envie Very Happy
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyDim 10 Juil 2011 - 19:33

Merci Aériale. Plus je le lis, plus je l'aime, il ne faut jamais arrêter Very Happy
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 12 EmptyDim 14 Aoû 2011 - 10:32

Epi a écrit:
J'ai épousé un communiste

Comme dans Pastorale américaine, Nathan Zuckerman revisite son enfance et met en scène un des personnages qui a marqué sa jeunesse, Ira Ringold, le frère de son professeur d’anglais Murray.
Pendant une semaine, Murray va raconter Ira, et Nathan, qui fut un temps très proche d’Ira y ajoutera ses propres souvenirs.

Petit juif orphelin de mère, fuyant une enfance pauvre et malheureuse, un passé pas très net, Ira trouve un réconfort et surtout un but dans sa vie, dans le communisme. C’est Johnny O’Day, qu’il a connu pendant la guerre, qui lui donne une instruction marxiste et les quelques préceptes qui vont le guider toute sa vie. Il s’engage à fond dans la lutte des classes et porte la bonne parole où il peut.

Citation :
Je ne connaissais rien à la politique, rien à l’action politique, disait Ira. Je n’aurais pas su distinguer une philosophie politique ou une philosophie sociale d’une autre. Mais ce type m’a beaucoup parlé. Il parlait du travailleur, de ce qui se passait en général aux Etats-Unis, du tort que notre gouvernement faisait aux travailleurs.

Ira, c’est un peu la brute épaisse qui agit avant de penser, qui cogne si les mots n’arrivent pas à convaincre alors forcément, l’enseignement que lui procure O’Day le séduit. Après avoir exercé des métiers divers en usine, sur les docks, il va devenir acteur, incarnant Lincoln à la perfection. Vedette à la radio, Ira devient Iron Rinn et épouse Eve Frame, ex-star du cinéma muet, déjà mariée trois fois et mère d’une fille, Sylphid.

Malgré la sincérité de son combat, il ne se refuse pas la vie bourgeoise que lui procurent son statut d’acteur et sa femme Eve.

Citation :
c’était un communiste passionné, mais surtout pas fait pour vivre dans l’enclave fermée du Parti ; et c’était ce qui l’avait détourné de sa voie, et détruit. Il n’était pas parfait du point de vue du communisme – Dieu merci. Il ne savait pas renoncer à la vie personnelle. Les considérations personnelles ne cessaient de faire irruption chez lui, tout militant et déterminé qu’il essayait d’être. C’est une chose de faire allégeance à son Parti, c’en est une autre d’être qui l’on est, et de ne pas savoir se restreindre.

Sa vie ne ressemble en rien à ce qu’il prêche, mais peu importe, il est au-dessus de ces considérations, ce qui compte, c’est le combat et il est touchant dans sa poursuite de l’impossible rêve, la justice sociale, la dignité dans le travail.

Idéaliste dans l’âme, il y croit à son discours. Il y croit tellement qu’il n’en change jamais, répétant inlassablement les mêmes idées, sans nuances, sans remise en question. Mais voilà, l’Amérique fait la chasse aux rouges, les dénonciations font rage, tout le monde trahit tout le monde. Et même si Ira n’a jamais avoué à quiconque son appartenance au Parti et que son mariage avec Eve lui offre une sécurité sociale, il est en danger.

Roth fait un portrait tout en émotions de Ira Ringold, un homme à l’attitude ambiguë, pas par calcul mais par naïveté, par ce besoin qu’il a d’être rassuré, d’avoir une vie de famille. Son frère Murray explique cette attitude par son enfance chaotique et son manque d’amour évident. Toute cette violence retenue, cette fougue qui l’habite, Ira tente de les contenir par l’engagement politique. Ce qui marque sans doute le plus, c’est qu’il est profondément convaincu et qu’il se croit investi d’une mission sociale qui pourtant va ruiner sa vie.

Cette triste période de l’histoire américaine où tant de gens ont été traqués, où leur réputation a été mise à mal, qui souvent ont perdu leur travail, parfois même leur vie est décrite brillamment par Roth qui décidément excelle dans ces portraits contrastés, profondément humains. Il ne nous épargne ni les défauts ni les fautes de ses personnages, mais il ne les charge pas gratuitement, il sait pointer du doigt les influences complexes qui régissent chaque être humain et comment le système peut à la fois faire et défaire une vie. Ira n’échappe pas à cette règle. Un homme ennuyeux, obtus, violent, mais qui a aussi un cœur d’or, un réel souci de l’autre, et qui croit profondément en la justice sociale que le communisme promet.

Parallèlement à l’histoire « publique » d’Ira, Roth s’intéresse aussi à son histoire privée, sa vie de famille désastreuse. Une épouse antisémite (pourtant juive elle-même, ce qui aggrave quelque peu son cas), une belle-fille décidée à détruire son mariage, un enfant qu’Ira souhaite de tout cœur mais qu’il n’aura jamais, les désillusions, les mensonges, les tromperies…

Son frère Murray occupe une bonne place dans cette histoire. Il est l’opposé d’Ira, l’homme qui réfléchit plus qu’il n’agit, celui qui aura essayé toute sa vie de sauver son frère, de lui-même d’abord et de l’impitoyable machine maccarthyste ensuite, dont il aura souffert lui-même, mais d’une manière moins spectaculaire peut-être.

Ajoutons à cela les magnifiques personnages d’Eve Frame, l’épouse d’Ira et celui de Sylphid sa belle-fille. Les deux femmes jouent un rôle important dans la chute d’Ira. Eve surtout, manipulée ou manipulatrice ? Un peu des deux ? Et la fille, l’horrible fille qui hait Ira, qui menace sa mère et l’influence, quel portrait douloureux il en fait !

Livre sur la trahison, la passion, le tableau d’une Amérique à un moment pas très glorieux de son histoire, de beaux passages sur la littérature aussi et le métier de romancier. Des thèmes forts pour un roman qui encore une fois, retourne les tripes. Roth écrit selon mon cœur et j’en suis à chaque fois toute remuée.


J'ai surtout noté la fin, extrêment forte avec les réflexions d'un homme vieillissant sur la destinée humaine qui s'achève par la grande "aplanisseuse" qu'est la mort. Elle ouvre sur un autre monde où plus rien ne compte, ni le bien ni le mal ni rien du tout, chaque défunt s'incarnant en l'une des étoiles que nous pouvons observer au firmament. Belle envolée poétique.
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