Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Philip Roth

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colimasson
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyDim 14 Oct 2012 - 22:40

Oui, je vais le lire. Je voulais juste savoir si tu m'attendais pour que je te l'envoie ou non Wink
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Marie
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyLun 5 Nov 2012 - 4:44

Némésis
traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Marie Claire Pasquier
Gallimard

Dans l'entretien accordé aux Inrocks ( lien fourni par eXPie ci-dessus), Philip Roth se défend d'écrire des romans " philosophiques". Qu'est ce alors que ce Némésis? Une tragédie grecque..Némésis est une messagère de justice qui sanctionne la démesure par un châtiment approprié. Et le châtiment sera rude.

Parfois on a de la chance, et parfois on n'en a pas. Toute biographie tient du hasard et, dès le début de la vie, tout relève du hasard, de la tyrannie de la contingence. Le hasard , je crois que c'est ce que Mr Cantor voulait dire quand il accusait ce qu'il appelait Dieu.

Ce Bucky Cantor est encore très jeune, sa mère est morte en le mettant au monde et son père, un voleur, a disparu . Il a été élevé par des grands parents aimants , le grand père lui inculquant très fortement le sens des responsabilités. Trop, sans doute, car cette impossibilité d'accepter l'inexplicable , cette constante volonté de trouver un responsable aux malheurs qui frappent les autres , ou une explication alors qu'il n'y en a pas, cette quasi pathologie très enfantine du "pourquoi " ressassé , va aboutir exactement au contraire de ce qu'il aurait tant souhaité. Et mérité.. Car Philip Roth est vraiment dur avec son héros, qui n'est coupable (?) que de son incapacité à accepter l'absurdité souvent totale de la vie.

Encore une fois un beau et très sombre roman. Le dernier, vraiment?


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colimasson
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptySam 17 Nov 2012 - 18:41

Le Grand roman Américain (1980)


Philip Roth - Page 21 Le-gra10


Alors, fiction ou délire complet ? Un peu des deux, peut-être ? Pour Philip Roth, pas de doute qui tienne : son Grand Roman Américain décrit avec rigueur la véritable histoire des Etats-Unis au cours de la deuxième partie du 20e siècle. Mais Philip Roth est un gouailleur à l’esprit enjoué ; lequel de ses lecteurs ne le saurait pas ? Difficile de savoir quelle part de sincérité il investit dans ses propos lorsqu’il jure avoir retracé dans son livre les évènements qui ont fait des Etats-Unis ce qu’ils sont aujourd’hui. Les existences qu’il décrit à travers ses joueurs de base-ball et les autres individus qui participent de près ou de loin au maintien de cette sphère paraissent toutes crédibles, bien qu’elles frôlent souvent les limites du vraisemblable. Mais lorsque Philip Roth nous présente, à la fin de son roman, les conséquences générées au niveau international de l’entrecoupement de ces différentes existences, on ne peut que rester sceptique…Mais reprenons depuis le début.


Le Grand roman Américain dresse une fresque de quelques années décisives vécues par une équipe professionnelle de base-ball au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Philip Roth s’acharne comme jamais dans le détail, qu’il s’agisse soit de décrire une partie de base-ball, soit de revenir sur l’existence de chaque membre de l’équipe. Si vous maîtrisez déjà les règles du jeu de ce sport typiquement américain, peut-être apprécierez-vous les descriptions (trop) nombreuses que Philip Roth semble avoir pris grand plaisir à décrire… Sinon, vous lirez ces passages comme des archives de comptabilité : sans rien y comprendre, mais sans que cela ne nuise à la compréhension du reste. La description des membres de l’équipe est tout aussi rigoureuse et passe à travers une mécanique qui a dû sembler indispensable à Philip Roth : l’énumération, joueur par joueur, de leurs caractéristiques accompagnées d’une biographie succincte. De quoi nous donner un bref aperçu des idées démentes qui peuvent surgir de l’esprit de Philip Roth, mais pas davantage. C’est ici que la faiblesse du Grand Roman Américain se fait le plus ressentir : son format n’est pas adapté à la fulgurance habituelle de l’auteur qui, davantage que dans la représentation de grandes fresques, se manifeste le mieux lorsqu’il s’attache à décrire les détails les plus intimes d’une existence individuelle. Ici, on passe sans cesse d’un personnage à un autre sans se laisser le temps de l’attention et de l’attachement. On rit de certains passages saugrenus, des répliques de dialogues bien trouvées, mais il est difficile de ne pas rester éloigné des évènements décrits. Si, dans les premières pages, on s’accordait le droit de sauter les passages incompréhensibles des descriptions de partie de base-ball, la lecture avançant, il sera de plus en plus difficile de ne pas appliquer ce même comportement au reste du livre. Malheureux à dire, mais l’impression se confirme au fil des pages : le plaisir n’est pas là.


Rendons grâce tout de même au Prologue et à l’Epilogue du Grand Roman Américain. Ici, Philip Roth s’exprime en son nom. On le retrouve enfin, tel qu’il nous avait habitués à le connaître dans la plupart de ses autres romans. Dans ses propos iconoclastes, illogiques, imaginatifs, imbus, immenses, imprévisibles, incohérents, inimitables, irrationnels –le plaisir des allitérations n’est plus à trouver- on s’écrierait presque de joie : « Enfin ! Te revoilà ! »


Philip Roth a voulu s’essayer à un processus d’écriture qui lui ressemble peu, en prenant du recul et en décrivant une situation globale plutôt qu’en prenant appui dans la conscience d’un seul personnage. Il a eu raison de prendre le risque de se lancer ce défi, mais qu’il prenne mesure du résultat : décevant. Là où son humour noir et son esprit critique s’emparent habituellement des moindres détails, Le Grand Roman se fait avare, traversé parfois de quelques truculences, mais bien maigres par rapport à ce dont Philip Roth peut être capable.


Il n’empêche… Vrai ou faux ? Caricature ou réalité ? Même s’il ne parvient pas à subjuguer, Philip Roth détient toutefois assez de talent pour mettre en doute son lecteur. La conclusion à laquelle il parvient est hénaurme, mais après nous avoir infligé une démonstration implacable de l’imbriquement du base-ball avec la vie de n’importe quel américain lambda, elle ne semble pas si invraisemblable que ça…


Si la raison est séduite par Le Grand Roman Américain, le cœur l’est, malheureusement, beaucoup moins…


Dans le prologue, un développement sublime sur l'engouement simple et innocent des enfants pour le pet :
Citation :

« Les gosses adorent les pets, n’est-ce pas ? Même aujourd’hui, avec toute cette drogue, ce sexe et cette violence dont parle la télé, ils s’amusent encore, comme nous autrefois, d’un pet. Peut-être bien que le monde n’a pas tellement changé après tout. Ce serait bien de penser qu’il existe encore quelques vérités éternelles. »


Dans le livre, une explication convaincante de la pertinence du choix du base-ball comme représentatif des moeurs des habitants des Etats-Unis :

Citation :
« Qu’est-ce qui soude cette nation, Roland ? La bannière étoilée ? Est-ce d’elle que parlent les hommes en buvant une bière, de leur amour pour leur glorieux drapeau ? Dans les trams, dans les trains, dans les bus, que dit un Américain à un autre Américain pour lier conversation ? « O say can you see by the dawn’s early light ? » Non ! Il dit : “Hé, comment ont été les Tycoons aujourd’hui ?” Ou encore : “Hé, Mazda s’est-il offert un nouveau home run?” Maintenant, Roland, comprends-tu ce qui lie comme des frères des millions et des millions d’Américains, qui rapproche des rivaux, qui fait d’étrangers des voisins, qui rend amis les ennemis, ne serait-ce que pendant la durée d’un match ? Le base-ball ! »

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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyLun 26 Nov 2012 - 16:23

Marie a écrit:
Némésis
traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Marie Claire Pasquier
Gallimard

Dans l'entretien accordé aux Inrocks ( lien fourni par eXPie ci-dessus), Philip Roth se défend d'écrire des romans " philosophiques". Qu'est ce alors que ce Némésis? Une tragédie grecque..Némésis est une messagère de justice qui sanctionne la démesure par un châtiment approprié. Et le châtiment sera rude.

Parfois on a de la chance, et parfois on n'en a pas. Toute biographie tient du hasard et, dès le début de la vie, tout relève du hasard, de la tyrannie de la contingence. Le hasard , je crois que c'est ce que Mr Cantor voulait dire quand il accusait ce qu'il appelait Dieu.

Ce Bucky Cantor est encore très jeune, sa mère est morte en le mettant au monde et son père, un voleur, a disparu . Il a été élevé par des grands parents aimants , le grand père lui inculquant très fortement le sens des responsabilités. Trop, sans doute, car cette impossibilité d'accepter l'inexplicable , cette constante volonté de trouver un responsable aux malheurs qui frappent les autres , ou une explication alors qu'il n'y en a pas, cette quasi pathologie très enfantine du "pourquoi " ressassé , va aboutir exactement au contraire de ce qu'il aurait tant souhaité. Et mérité.. Car Philip Roth est vraiment dur avec son héros, qui n'est coupable (?) que de son incapacité à accepter l'absurdité souvent totale de la vie.

Encore une fois un beau et très sombre roman. Le dernier, vraiment?

Philip Roth - Page 21 97820716

Magnifique. Némésis, le dernier roman de Philip Roth, est tout simplement magnifique. Pour des tas de raisons et en premier lieu la capacité de l'écrivain à créer une atmosphère : celle de Newark, à l'été 44, ville où les enfants de la ville, juifs pour le plus grand nombre, sont frappés par une épidémie de poliomyélite comme s'il s'agissait d'un châtiment de Dieu. Le récit évoque l'inquiétude, la colère et enfin la panique avec une puissance infinie dans un style débarrassé de toutes fioritures. Au milieu de cette géhenne, un homme se dresse. Bucky Cantor, réformé de l'armée pour cause de mauvaise vue, et dont l'impuissance va se doubler d'un sentiment de culpabilité que rien ne pourra atténuer. Dans le portrait psychologique de ce garçon de 23 ans, Roth fait preuve d'un incroyable talent pour nous faire ressentir la honte et surtout la souffrance de celui qui va se punir au-delà du supportable en renonçant purement et simplement à son droit au bonheur pour le restant de ses jours. Némésis est un grand livre, d'une fluidité parfaite, dont le dernier chapitre foudroie par son intensité émotionnelle. Oui, magnifique.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyLun 26 Nov 2012 - 16:26

traversay a écrit:
Oui, magnifique.
Dans ma PAL depuis un bon moment, entre ton com et celui de Marie, j'ai envie de m'y mettre tout de suite.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyMar 27 Nov 2012 - 22:25

C'est vrai qu'il a l'air bon ce Nemesis... Lu un extrait aussi dans le dernier Lire.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptySam 8 Déc 2012 - 20:06

Il y a déjà eu de nombreux avis approfondis de ce livre plus haut sur le fil...
Le mien ne va pas apporter grand chose de neuf... Qu'importe !

Philip Roth - Page 21 Roth-t10
La Tache, en équilibre à la Piscine de Roubaix, le 25/11/2012.

La Tache (The Human Stain, 2000). Traduit de l'américain par Josée Jamoun en 2002. Folio. 480 pages. Prix Médicis Etranger 2002.

Citation :
"A l'été 1998, mon voisin, Coleman Silk, retraité depuis deux ans, après une carrière à l'université d'Athena où il avait enseigné les lettres classiques pendant une vingtaine d'années puis occupé le poste de doyen les seize années suivantes, m'a confié qu'à l'âge de soixante et onze ans il vivait une liaison avec une femme de ménage de l'université qui n'en avait que trente-quatre." (page 11).

Le narrateur est Jonathan Zuckerman, l'alter ego de Philip Roth. La Tache raconte principalement la vie de cet homme, Coleman Silk, qui est venu demander à Zuckerman (ils habitent non loin l'un de l'autre) d'écrire un livre sur lui... ce que Zuckerman fera, mais plus tard, à la suite d'événements inattendus. Il n'est donc pas besoin d'avoir lu les romans précédents du cycle.

Citation :
"Ce fut à peu près au milieu du second semestre où il avait recommencé d'enseigner à plein-temps que Coleman prononça le mot scélérat qui devait le pousser à rompre lui-même tout lien avec l'université - ce seul mot scélérat parmi des millions prononcés à voix haute pendant les années où il avait enseigné et administré, ce mot qui, selon lui, était la cause directe de la mort de sa femme.
La classe comptait quatorze étudiants, il avait fait l'appel pour retenir leurs noms. Comme au bout de cinq semaines il y avait encore deux noms qui demeuraient sans écho, Coleman avait ouvert le cours de la sixième en demandant : « Est-ce que quelqu'un connaît ces gens ? Ils existent vraiment, ou bien ce sont des zombies ? »" (page 18)
Une note de la traductrice précise : "L'équivoque n'est pas parfaitement traduisible, le mot « spook » signifiant « spectre » mais aussi, en argot d'il y a une cinquantaine d'années, l'équivalent de « bougnoule » ou « bamboula »"
Tous les étudiants présents étaient blancs... mais ce que Coleman ne pouvait pas savoir, c'est que les étudiants absents, qu'il n'avait jamais vus, étaient Noirs. Du coup, son mot est mal interprété, il va être accusé de racisme... Il lui devient impossible de se justifier, ses adversaires en profitent.

Citation :
"Ces gens instruits, ces gens qui avaient écrit des thèses, et qu'il avait engagés lui-même parce qu'il les croyait capables d'une pensée rationnelle et indépendante, n'avaient finalement manifesté aucun désir de soupeser les charges obscures contre lui et d'en tirer les conclusions qui s'imposaient. Il était raciste, et tout à coup, à l'université d'Athena, c'était l'épithète la plus chargée d'affect qu'on pouvait vous appliquer. Et au sein de la faculté, chacun s'était laissé gagner par ce pathos, par peur de porter préjudice à son dossier et à sa promotion ultérieure. « Raciste », il avait suffi de prononcer le mot avec une autorité officielle pour que ses alliés prennent leurs jambes à leur cou jusqu'au dernier." (pages 120-121)

Comment des gens intelligents peuvent-ils être pris d'une sorte de folie collective, d'une annihilation même temporaire du jugement (car il n'y a pas que des cyniques et des lâches parmi eux) ?
Citation :
"Assis là parmi eux, on s'étonnait tout de même que des gens si instruits, si policés, aient pu céder si volontiers à la tentation ancestrale de voir un homme incarner le mal à lui tout seul. Pourtant ce besoin existe, il est profond, il a la vie dure." (page 410).

Un parallèle est effectué entre le déchaînement médiatique contre Clinton, et celui - bien sûr plus local - qui a lieu contre Coleman.
Cela donne quelques passages très drôles. À un moment, des hommes - un "choeur universitaire" - discutent dans un parc. L'affaire Monica Lewinski bat son plein, tout le monde parle de Bill Clinton (alors qu'il y a tellement de sujets plus pressants).
Citation :
"[...] Il allait pas voir les putes ni rien, lui.
- C'est Kennedy qui fréquentait des putes.
- Ah oui. Ça rigolait pas. Tandis que Clinton, c'est un enfant de choeur.
- Je crois pas que c'était un enfant de choeur, dans l'Arkansas.
- Non, il avait l'échelle juste, là-bas. Ici, il était largué. Et ça devait le rendre dingue. Président des Etats-Unis, il avait accès à tout et il fallait qu'il touche à rien. L'enfer, quoi. Surtout avec sa sainte-nitouche de femme.
- Tu crois que c'est une sainte-nitouche ?
- Et comment !
- Alors elle et Vincent Foster ?
- Elle tombait amoureuse, mais elle aurait jamais fait de folies parce qu'il était marié. Même l'adultère, elle le rendait ennuyeux. C'est un remède contre la transgression, cette femme-là." (pages 206-207)

On trouve également les problèmes de la vieillesse, du sexe (c'est classique chez Roth, bien sûr).
Citation :
"Grâce au Viagra, je viens de comprendre les transformations amoureuses de Zeus. C'est comme ça qu'on aurait dû appeler le Viagra, du Zeus." (page 53).


Dernière édition par eXPie le Sam 8 Déc 2012 - 21:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptySam 8 Déc 2012 - 20:06

Mais un des thèmes principaux du livre semble être l'impossibilité de juger vraiment autrui, parce que l'on ne connaît jamais vraiment les gens, même si l'on croit les connaître.
Citation :
"Elle n'avait pas le goût de juger autrui, elle en avait trop vu dans sa vie pour tomber dans cette imposture." (page 454)
Le cas sans doute le plus extrême dans le roman est celui de Delphine Roux, une universitaire française pas très sympathique, qui ne se connaît pas bien elle-même : elle prend des décisions importantes sans vraiment s'en rendre compte, sur des impulsions, et il lui faudra du temps pour parvenir à comprendre ses propres motivations.
Alors, si l'on ne se comprend pas soi-même, comment comprendre les autres ?

Roth-Zuckerman règle aussi ses comptes avec la médiocrité de la société, la discrimination raciale (autre grand thème du roman), la dégradation de l'éducation (on me dira que, dans l'optique des gens, surtout à la fin de leur vie, l'éducation était toujours mieux avant... mais quand même) :
Citation :
"Du temps de mes parents, et encore du mien et du vôtre, les ratages étaient mis sur le compte de l'individu. Maintenant, on remet la matière en cause. C'est trop difficile d'étudier les auteurs de l'Antiquité, donc c'est la faute de ces auteurs. Aujourd'hui, l'étudiant se prévaut de son incompétence comme d'un privilège. Je n'y arrive pas, donc c'est que la matière pèche. C'est surtout que pèche ce mauvais professeur qui s'obstine à l'enseigner. Il n'y a plus de critères, monsieur Zuckerman, il n'y a plus que des opinions." (page 441).

Citation :
"Je suis la fille de mon père [...], la fille d'un père pointilleux sur le chapitre des mots ; or, au fil des jours, les mots que j'entends employer me paraissent de moins en moins décrire la réalité. [...] Faut-il vraiment avoir si peur des mots que l'on emploie ?" (page 438).
Les mots employés ont plus d'importance que l'intention évidente qu'on leur prête.


Le lecteur français (moi) apprendra qu'il existe, aux Etats-Unis, le mois de l'histoire des Noirs (page 439). On connaît (ou pas) l'explorateur Robert Peary ; on découvre l'existence de Matthew Henson ; et l'on apprend, ou bien on se remémore, l'histoire de Charles Drew.
Citation :
"Le docteur Charles Drew, m'a-t-elle expliqué, a découvert comment empêcher le sang de coaguler, ce qui a permis de le stocker. Puis il a été blessé dans un accident de voiture, et comme l'hôpital le plus proche ne prenait pas les gens de couleur, il est mort en se vidant de son sang." (pages 444-445).
Sauf que... d'après Wikipedia, ce ne serait qu'une rumeur dénuée de tout fondement.

Cette histoire est racontée à Nathan Zuckerman, qui nous la retranscrit... Et, nous, on la croit. Mais elle n'est apparemment pas vraie.
Et, alors, on se dit que c'est très fort. Est-ce encore une façon de nous dire de ne pas croire tout ce qu'on lit ?

On en arrive à l'une des grandes forces du roman : sa construction.
Le livre donne une impression énorme de maîtrise ; on sent la présence très forte de l'écrivain... lui, ou plutôt son double Nathan Zuckerman, qui a écrit le roman "La Tache"... celui que l'on est en train de lire. Mais il sait et raconte des détails qu'il ne peut matériellement pas connaître. Donc : les invente-t-il, extrapole-t-il... ? Où est la vérité ?
De plus, il cache pendant quelque temps au lecteur un élément qui jette une ironie grave sur toute l'histoire, et qui est à l'origine du vrai drame du livre, une histoire incroyable, mais dont on nous dit qu'elle n'a pas été si rare que cela.
Et comme Zuckerman est un acteur de l'histoire, il lui arrive d'apprendre des choses que nous, lecteurs, savions avant lui... parce que Zuckerman l'écrivain l'avait écrit.

Citation :
"Ecrire à la première personne, c'est révéler et cacher à la fois [...]" (page 459).

Multiplicité des personnages, variés et approfondis, multiplicité des thèmes (racisme, hypocrisie, lâcheté, les sacrifices que l'on est prêt à faire pour vivre sa vie, etc.) : le tout donne un roman excellent, puissant.


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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptySam 8 Déc 2012 - 20:13

ton commentaire n'est pas inutile ! c'est vraiment ce que j'ai pensé du livre sans savoir le dire.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptySam 8 Déc 2012 - 20:15

chrisdusud a écrit:
ton commentaire n'est pas inutile ! c'est vraiment ce que j'ai pensé du livre sans savoir le dire.
C'est gentil, Chris ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptySam 8 Déc 2012 - 23:06


ton commentaire me rappelle combien j'ai aimé ce livre

et de plus me donne l'envie de lire encore Roth !
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyDim 9 Déc 2012 - 9:52

le thème du double et de l’imposture, on les retrouve magistralement traités, avec un humour qui atteint des sommets, dans Opération Shylock, une confession (encore un livre qu'il faudrait que je relise dentsblanches )
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyDim 9 Déc 2012 - 12:28

eXPie, tu me donnes furieusement envie de relire ce livre que j'avais commencé par ne pas trop aimer pour finalement le trouver génial. J'y repense souvent d'ailleurs, il y a des livres comme ça que l'on garde en soi pour toujours.
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyVen 21 Déc 2012 - 18:32

Némésis

Citation :
Wikipédia
Dans la mythologie grecque, Némésis est la déesse de la juste colère des dieux, parfois assimilée à la vengeance. Elle est aussi interprétée comme étant un messager de mort envoyé par les dieux comme punition.

Destin d’un homme, destin du monde, le dernier Philip Roth abandonne toute légèreté. C’est le constat amer d’un homme au seuil de sa vie, un écrivain dont on a l’impression qu’il a plutôt été gâté par les dieux, mais qui s’interroge : qu’est ce qui fait la valeur d’un homme, qu’est ce que le hasard, qu’est ce que la fatalité ? quel est notre responsabilité face au déroulement implacable de nos vies incertaines ?

Bucky Cantor a cru naïvement qu’on pouvait prendre sa revanche sur le destin à la force des poignets, que travail, honneur et moralité suffisaient à écarter l’adversité et à nous offrir le bonheur sur un plateau. Cruelle déconvenue, histoire tragique d’un homme qui croit porter la responsabilité du monde sur ses épaules, alors que celui-ci se joue de lui, le ballote, l’égratigne, le rattrape, comme un chat avec sa souris.

Et puis la grande fluidité d’écriture de Philip Roth, les habituelles scènes de sport, l’éclatement lumineux de la nature, des petites filles qui jouent à la corde au bord d’un square en chantant, très loin au loin les bruits d’une chanson sur un phono alors que Bucky s’épanouit dans les bras de Marcia. Quel talent d’écrivain !
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 EmptyVen 21 Déc 2012 - 23:03

@ topocl, tu me donnerais (presque) envie de lire Roth ! bonjour
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MessageSujet: Re: Philip Roth   Philip Roth - Page 21 Empty

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