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| | LC Samuel Beckett | |
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+8shanidar Sullien Heyoka jack-hubert bukowski kenavo unmotbleu colimasson bix229 12 participants | |
Auteur | Message |
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unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 64 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Jeu 6 Juin 2013 - 19:37 | |
| @ Colimasson ça me fait bougrement plaisir ce que tu dis là! je ne suis pas étonnée étant donnée tes posts relatifs à l'absurde sur le fil de Ionesco. c'est sûrement parce que j'ai une vie absurde que j'aime l'humour de ces auteurs. @ Bix mille excuses, j'ai cru citer colimasson. cependant, je suis ravie que tu postes sur ce fil. tu connais beaucoup de choses sur Beckett. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Jeu 6 Juin 2013 - 20:03 | |
| Ceux qui estiment que l' humour est essentiel chez Beckett ont raison. Mais ont raison aussi ceux qui disent que l' humour est difficile à saisir selon le moment ou l' individu... En tout cas, de mon point de vue, cette "touche de désespoir" qui caractérise une certaine forme d' humour, existe dans Malone meurt.
Je pense qu 'il faut se laisser porter par le texte et se faire léger. Et aussi tomber sur le texte qui convient lors d' une première lecture.
J' essayerai d' en donner quelques exemples de cet d' humour, meme s' il est difficile de citer Beckett hors contexte. Ses personnages ne parlent pas forcément en son nom... Quoi que...
Dernière édition par bix229 le Jeu 13 Juin 2013 - 1:59, édité 1 fois | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Ven 7 Juin 2013 - 0:28 | |
| - colimasson a écrit:
Pour cette LC, j'ai choisi Eleutheria, un peu au pif, et il s'avère que c'est la seule pièce dont Beckett n'a jamais autorisé la publication -la moins bonne donc. C'est vrai qu'elle n'est pas terrible... mais même comme ça, elle me parle énormément.
C'est sinistre mais drôle, et surtout totalement désabusé :
- Citation :
- « M. KRAP. – Je serai franc avec vous. J’étais écrivain.
MME MECK. – Il est membre de l’Institut ! M. KRAP. – Vous voyez. DR PIOUK. – Quel genre ? M. KRAP. – Je saisis mal. DR PIOUK. – Je parle de vos écrits. A quel genre allaient vos préférences ? M. KRAP. – Au genre merde. » On lui donnerait raison pour moins que ça ? (Jean-Marie Bigard prix nobel de littérature ?) - unmotbleu a écrit:
Je relève ce qui t'agace, je lis tes arguments pertinents et pourtant j'aime. Comme quoi le malheur des uns... SOURIRE Je salue ton commentaire pour sa justesse. Et puis voilà, je me dis: pourquoi Watt ne pourrait pas être un poivrot au bout du rouleau? Pourquoi le dandysme soigneusement décadent ne pourrait pas être plaisant sous sa forme littéraire? Pourquoi le triste constat d'aboutir à du pas grand chose ne pourrait pas nous intéresser ou nous intriguer? Pourquoi les tentatives de décontraction avec le sordide ne seraient pas de l'humour? L'arrivée de Watt dans la maison me plaît énormément à moi. C'est étrange ce monde qui dérange. je ne sais pas trop quoi dire à part qu'il me semble qu'il y a incompréhension entre nous.... poivrot : j'ai cru dire que c'était ce que j'y voyais, bien que le poivrot puisse dépasser sa condition pour être double de l'auteur ou du lecteur dandysme décadent : c'était utilisé de façon péjorative, disons excuse pour écrire n'importe quoi ou comme ça vient, pour meubler mais avec un semblant de posture, artificielle (ça ne veut pas dire absurde) ça m'intéresse ça (au moins) s'amuser du sordide demande un talent qui n'est pas de tous les instants à moi plus que la discussion sur le banc c'est un monde qui pour l'instant de dérange pas grand chose et le début de son travail un peu moins mais c'est plutôt plus intéressant. et je retourne m'endormir dessus ! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Ven 7 Juin 2013 - 0:36 | |
| C' est curieux. J' ai l' impression - ou l' intution - que vous etes faits pour vous entendre Sam et toi !Essaie Malone meurt pour voir. Ou peut etre un autre texte. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Ven 7 Juin 2013 - 6:58 | |
| je dois ajouter ce matin que les quelques pages lues ce matin (le développement sur Watt qui suit la visite des accordeurs de pianos), si je suis tenté de laisser un petit parallèle avec la citation sur le train qui se déplace, m'ont beaucoup plu, avec de la belle phrase dedans, sont d'une simplicité confondante. (et ont tendance à me conforter dans ma lecture de celles qui précèdent).
citation/extrait plus tard. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Ven 7 Juin 2013 - 18:21 | |
| "Je me suis endormi. Or je ne tiens pas à dormir. Il n' y a plus de place pour le sommeil dans mon emploi du temps. Je ne tiens pas - mais je n' ai pas d' explications à donner. Le coma est bon pour les vivants."
Malone meurt. P. 31
"Vivre et inventer. J' ai essayé. J' ai du essayer. Inventer. Ce n' est pas le mot. Vivre non plus. ça ne fait rien. J' aiessayé."
P. 40
"Mon corps ne se décide pas encore. Mais je crois qu' il pèse sur le sommier, s' étale et s' aplatit. Mon souffle quand je le retrouve, remplit la chambre de son bruit, sans que ma poitrine remue plus que celle de l' enfant qui dort. J' ouvre les yeux et regarde et regarde longuement, sans ciller, comme petit, tout petit, j' interrogeais les nouveautés, et ensuite les antiquités, le ciel nocturne. Entre lui et moi la vitre embuée, marbrée de la souillure des années. Je soufflerai volontiers dessus mais elle est trop loin. Ce n' est pas vrai. Peu importe, mon souffle ne la ternirait pas.
C' est une nuit comme les aimait Kaspar David Friedrich, tempestueuse et claire. Ce nom me revient et ces prénoms. Les nuages chassent, haillonneux, hachés par le vent, sur un fond limpide. Si je patientais je verrais la lune. Mais je ne patienterai pas. Maintenant que j' ai vu j' entends le vent. Je ferme les yeux et il se confond avec mon souffle. Mots et images tourbillonnent dans ma tete, surgissent inépusables et se poursuivent et se fondent, se déchirent. Mais au delà de ce tumulte le calme est grand et l' indifférence. Plus jamais rien n' y mordra vraiment."
PP. 39-40 | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Ven 7 Juin 2013 - 22:31 | |
| extrait : - Citation :
- Cette fragilité de la signification immédiate ne lui valait rien, à Watt, car elle l'obligeait à en chercher une autre, une signification quelconque à ce qui s'était passé, à partir d'une suite d'images.
La plus mince, la moins plausible, aurait contenté Watt, qui n'avait pas vu un symbole, ni opéré une interprétation, depuis l'âge de quatorze ou quinze ans, et qui avait vécu, misérablement certes, sa vie d'adulte tout entière au milieu d'apparences impénétrables, tout au moins pour lui. Qui voit la chair avant les os, et qui voit les os avant la chair, et qui ne voit jamais que la chair, et qui ne voit jamais que les os, jamais jamais que les os. Mais quoi que vît Watt, du premier coup d'œil, cela était suffisant pour Watt, avait toujours été suffisant pour Watt, plus que suffisant pour Watt. Et il n'avait littéralement rien vécu, depuis l'âge de quatorze ou quinze ans, dont rétrospectivement il ne se contentât de dire. Voilà ce qui c'est passé alors. (...) | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 42
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Sam 8 Juin 2013 - 10:51 | |
| Je viens de boucler Fin de partie. J'ai terminé la lecture de cette pièce de théâtre en trois quarts d'heure. Tout au long de cette pièce, nous assistons au dialogue entre Hamm et Clov. Ces deux comparses relancent les échanges au fil des péripéties. Il y est question d'un chien en cours de route et nombre de sujets sont évoqués. L'esprit de répartie est une force chez Samuel Beckett. | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Sam 8 Juin 2013 - 12:34 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- Je viens de boucler Fin de partie. J'ai terminé la lecture de cette pièce de théâtre en trois quarts d'heure. Tout au long de cette pièce, nous assistons au dialogue entre Hamm et Clov. Ces deux comparses relancent les échanges au fil des péripéties. Il y est question d'un chien en cours de route et nombre de sujets sont évoqués. L'esprit de répartie est une force chez Samuel Beckett.
Quelle merveille, cette pièce ! Tant de mots transpirent dans les silences... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Sam 8 Juin 2013 - 20:18 | |
| - animal a écrit:
- colimasson a écrit:
Pour cette LC, j'ai choisi Eleutheria, un peu au pif, et il s'avère que c'est la seule pièce dont Beckett n'a jamais autorisé la publication -la moins bonne donc. C'est vrai qu'elle n'est pas terrible... mais même comme ça, elle me parle énormément.
C'est sinistre mais drôle, et surtout totalement désabusé :
- Citation :
- « M. KRAP. – Je serai franc avec vous. J’étais écrivain.
MME MECK. – Il est membre de l’Institut ! M. KRAP. – Vous voyez. DR PIOUK. – Quel genre ? M. KRAP. – Je saisis mal. DR PIOUK. – Je parle de vos écrits. A quel genre allaient vos préférences ? M. KRAP. – Au genre merde. » On lui donnerait raison pour moins que ça ?
(Jean-Marie Bigard prix nobel de littérature ?)
Contrairement à Jean-Marie Bigard, Beckett ne constitue pas son oeuvre sur la seule répétition des mots "merde", "bite" ou "couille", c'est peut-être ce qui fait la différence. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Sam 8 Juin 2013 - 21:01 | |
| ouaip enfin l'extrait n'est pas fantastique. et ce que je voulais exprimer était un "heureusement qu'on y trouve autre chose", ce sur quoi nous serions d'accord. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Dim 9 Juin 2013 - 21:32 | |
| Watt s'installant, déjà installé, presque parti dans ses fonctions au rez de chaussée déroule la problématique de la nourriture de Monsieur Knott et surtout des restes. ce qui implique un ou plusieurs chiens et finalement la famille Lynch, ambiance film d'horreur en plus décontracté. En fait chaque sujet gonfle, se multiplie puis se dégonfle, s'épuise dans un état de vérité aléatoire mais relativement sereine. comme qui dirait un état vivable de connaissance des choses. horrible comme les pages du début mais plus décontracté et cet état de vérité emmêlée démêlée, c'est assez plombant mais tout de même satisfaisant. on y trouverait une belle cohérence qu'on y serait pas forcément mieux !
Car, chose étrange mais vraie apparemment, ceux qui parlent parlent plutôt pour le plaisir de parler contre que pour le plaisir de parler avec. Et la raison de cela est peut-être ceci, qu'il est difficile dans l'accord de crier tout à fait aussi fort que dans le désaccord.
Et Watt il parle tout seul, sans vraiment pour et sans vraiment contre ou pas autrement que pour peser des formes de possibles qui n'ont pas vraiment de valeur. ça pourrait être, pour ça, étrangement reposant. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Lun 10 Juin 2013 - 22:15 | |
| on se détend, on se détend mais le temps semble compté et l'étau se resserre sur Watt ? - Citation :
Il va sans dire que Watt ne se posa pas toutes ces questions au moment même, mais seulement les unes au moment même, et les autres par la suite. Mais celles qu'il se posa au moment même, il se les reposa par la suite, en même temps que celles qu'il ne se posa pas au moment même, infatigablement. Et bien d'autres questions aussi, à ce même sujet toujours, dont les unes au moment même, et les autres par la suite, Watt se les posa et reposa par la suite, inlassablement. - Citation :
Oui, rien ne changeait, dans la maison de Monsieur Knott, parce que rien n'y restait, et rien ne venait ni ne s'en allait, parce que tout n'y était qu'allée et venue. Watt semblait enchanté de cet aphorisme de dixième ordre. Il est vrai que dans sa bouche, débité à l'envers, il avait une certaine gueule. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 42
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Mar 11 Juin 2013 - 11:45 | |
| En attendant Godot s'est échoué sous mes yeux. Magnifiquement construite, cette pièce de théâtre absurde consacre les errements de ce qui appréhende la venue prochaine de Godot, qui ne vient jamais. L'un est confondu comme étant Godot, l'autre annonce sa venue pour le lendemain et de même, le surlendemain. Dans le parcours, les échanges entre Vladimir et Estragon sont truculents. Ils s'activent à qui mieux mieux donner vie à leurs sursauts d'humeur. Ils rencontrent Pozzo qu'ils découvriront aveugle le lendemain. Personne ne se souvient de rien, Godot n'en finit pas de réapparaître dans les esprits, omniprésent de par son omniscience. Beckett a sans doute voulu faire hommage à ce qui reste tu. Pour ma part, ses pièces de théâtre se citent difficilement. À l'instar d'un Jack Kerouac qui se prête mal aux citations, vaut mieux parler des pièces de Beckett par ce qu'elles évoquent et proposent de péripéties. J'y vois surtout une philosophie de vie et un éternel jeu. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: LC Samuel Beckett Mer 12 Juin 2013 - 20:10 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- J'y vois surtout une philosophie de vie et un éternel jeu.
Je suis d'accord avec toi, et j'aime bien cette philosophie de vie justement... si bien rongé par l'absurde qu'il a fini par s'en foutre complètement et par s'amuser de la vie elle-même. C'est-y pas beau ? | |
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