Nuri Bilge Ceylan

Nuri Bilge Ceylan1, né en 1959 à İstanbul, est un réalisateur turc de cinéma.
Il est diplômé de l'université du Bosphore en ingénierie électrique et a ensuite poursuivi des études de cinéma à l'université Mimar Sinan.

Son film Uzak (Lointain en français) a obtenu le Grand Prix du jury et un double Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 2003. Les Trois Singes lui a ensuite valu le Prix de la mise en scène en 2008 et Once Upon a Time in Anatolia lui a apporté un nouveau Grand Prix cannois en 2011. Ceylan est souvent considéré comme la figure de proue du cinéma turc : Les Cahiers du cinéma le présentent comme le réalisateur le plus représentatif et le plus connu de son pays2. (wikipedia)

Citation :

Filmographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)

1995 : Koza
1998 : Kasaba
1999 : Nuages de mai (Mayıs sıkıntısı, mot à mot « ennui de mai »)
2002 : Uzak  Page 1
2006 : Les Climats (Iklimler)  Page 1, 2
2008 : Les Trois Singes (Üç Maymun)  Page 1, 2, 4
2011 : Il était une fois en Anatolie (Bir Zamanlar Anadolu'da)  Page 3, 4, 5
2014 : Winter sleep pages 5 , 6

Citation :

Arrêté à la page 6 le 24/08/2014

- Réalisé par Nuri Bilge Ceylan (Nuages de mai et Uzak : Grand Prix à Cannes)

- Avec Ebru Ceylan et Nuri Bilge Ceylan lui-même.

"Si j'ai souhaité faire l'acteur, ce n'est pas parce que le film raconte ma propre vie, et d'ailleurs il n'est pas du tout autobiographique C'est juste que j'avais envie de m'essayer à cet exercice" tenait cependant à préciser le réalisateur. "J'ajoute que parfois, il y a des choses qu'on ressent, mais qu'on ne peut pas vraiment expliquer aux autres acteurs. »

La plupart des spectateurs qui assistaient à la séance en même temps que moi ont quitté la salle mécontents et ennuyés par ce film contemplatif qui laisse toute la place aux silences et à des plans sublimes mais s’étirant en longueur.
Moi j’ai adoré ce film introspectif où tout est dit par les regards !...

Le film se déroule en trois temps :
-Dans le premier, Isa et Bahar passent leurs dernières vacances ensemble dans le sud de la Turquie. Tous les deux n’ont plus rien à se dire et les regards sont les seules choses qu’ils peuvent encore échanger. Dans la première scène du film, Bahar, cachée derrière une colonne d'un temple en ruine observe Isa occupé à photographier afin d’illustrer sa thèse et ses cours d’archéologie. Bahar fait signe en souriant mais laisse échapper ses larmes. Ce plan qui dure donne d’emblée le ton du film.
Le couple peu après se sépare.

-Deuxième partie :
Isa passe l’automne pluvieux seul à Istanbul et renoue avec sa maîtresse pour des rapports sexuels assez brutaux.

Troisième partie :
Isa entreprend d’aller retrouver Bahar qui est en tournage pour une série télévisée, dans la montagne. C’est l’hiver. Va-t-il la reconquérir ?

Les Climats sont ceux qui servent de cadre à ce drame sentimental. Ils sont aussi les variations que traversent les cœurs d’Isa et Bahar.

L’intérêt du film réside essentiellement dans la justesse de l’étude psychologique des personnages et dans leur interprétation. S’y ajoute à part égale, l’incroyable beauté des images et du son.

Les dialogues, quant à eux, sont réduits car ce qui s'exprime tient souvent de l'indicible.

Du grand cinéma d'auteur...pour contemplatifs comme moi peut-être... :)

coline a écrit:

La plupart des spectateurs qui assistaient à la séance en même temps que moi ont quitté la salle mécontents et ennuyés par ce film contemplatif qui laisse toute la place aux silences et à des plans sublimes mais s’étirant en longueur.

Pendant 1/4 de seconde j'ai cru que coline allait nous parler d'un film qu'elle n'avait pas trop aimé (allant à l'encontre de sa "règle" de ne parler que de ce qui la touche). Mais ouf, Queenie retrouve ses repères

Citation :

Moi j’ai adoré ce film introspectif où tout est dit par les regards !...

Queenie a écrit:

coline a écrit:

La plupart des spectateurs qui assistaient à la séance en même temps que moi ont quitté la salle mécontents et ennuyés par ce film contemplatif qui laisse toute la place aux silences et à des plans sublimes mais s’étirant en longueur.

Pendant 1/4 de seconde j'ai cru que coline allait nous parler d'un film qu'elle n'avait pas trop aimé (allant à l'encontre de sa "règle" de ne parler que de ce qui la touche). Mais ouf, Queenie retrouve ses repères

Citation :

Moi j’ai adoré ce film introspectif où tout est dit par les regards !...

Je lui aurais consacré deux lignes si cela n'avait pas été le cas. :)

je dois avouer que la bande annonce m'a plus que déplu, aussi ne suis-je pas allée voir ce film qui me semblait un peu flippant.
Peut-être ai-je eu tort...

Chatperlipopette a écrit:

je dois avouer que la bande annonce m'a plus que déplu, aussi ne suis-je pas allée voir ce film qui me semblait un peu flippant.
Peut-être ai-je eu tort...

Je ne saurais que te répondre...parce que j'ai vu tellement de spectateurs déçus...
Bien sûr, le sujet n'est pas réjouissant, c'est une rupture...Et puis il y a ces silences et cette lenteur qui peuvent être insupportables...
Moi, j'ai vraiment aimé...Mais il est vrai que je suis une inconditionnelles des films d'Ingmar Bergman, de Tarkovski...La lenteur, les silences, les regards, les films psychologiques (quand ils sont réussis) ont tout pour me plaire...
Aujourd'hui, j'ai regardé "Tony Takitani" d'après une nouvelle de Murakami...C'était aussi très lent, j'adore!

J'ai re-regardé UZAK ce soir...La faute à ...qui déjà?...Ah oui!...Veterini !...Veterini qui n'aime pas les films lents...
UZAK c'est délicieusement lent et beau...(mais je préfère Les climats)
Il se fait tard, j'en parlerai demain...

UZAK (2004)

Réalisé par Nuri Bilge Ceylan (réalisateur turc qui assume tout à la fois les rôles d'auteur du scénario, derélisateur, de producteur, de directeur de la photographie et de caméraman!)

avec: Muzaffer Özdemir, Mehmet Emin Toprak, Ebru Ceylan...

Grand Prix du Festival de Cannes 2003 et Prix d'Interprétation masculine ex aequo pour les deux comédiens.

En décemlbre 2002, l'un desdeux interprètes, Mehmet Emin Toprak, est décédé à l'âgede 28 ans dans un accident de voiture. Il revenait d'Ankara où il avait reçu un Prix d'interprétation pour Uzak. Il a joué dans tous les filmsde Nuri Bilge Ceylan (son cousin)


Ebru Ceylan, la propre femme du réalisateur, s'est occupéedesdécorsdu film. elle joue aussi le rôle d'une jeune fille. Et c'est elleque l'on retrouvera dans Les climats)

Nuri Bilge Ceylan a été photographe avant de devenir cinéaste. Son cinémaest inspiré par celui de Tarkoski (c'est évident et il n'en fait pas mystère, lui rendant hommage au détour d'une conversation dans le film ou encore sur l'écran d'une télévision où apparaissent les images de Stalker.

C'est donc un cinéma contemplatif (j'ai pensé aussi à Kiarostami) avec de longs plans-séquences. En particulier sur les acteurs où il traque l'infime qui peut se déceler dans un geste ou un regard. Un cinéma du silence et de l'immobilité.

Uzak raconte la cohabitation difficile (impossible?) entre deux hommes (deux cousins) que tout oppose. Mais leur affrontement est quasi muet.

L'aîné, le propriétaire de l'appartement, Mahmut, solitaire, ténébreux, vit depuis longtemps et confortablement à Istambul. Lorsd'une discussion avec ses amis, on comprend qu'il a abandonné ses idéaux artistiques pour des raisons matérialistes.

" Mahmut avait pour idéaux de faire des films et de la photographie d'art", explique le réalisateur. "Mais en commençant à faire de la photographie de publicité, il gagne de l'argent, sa vie devient confortable et il se montre paresseux. Je pense qu'autour de moi, beaucoup de gens sont dans la même situation. Le fossé entre leurs idéaux et leur vraie vie s'agrandit de plus en plus. A la fin, ils en viennent même à renoncer à tout effort en direction d'un idéal. C'est une façon de se protéger. Mahmut organise ses pensées de manière à ce qu'elles lui procurent du confort."


Mahmut se voit obligé d'accueillir un jeune cousin, Yussuf, qui a quitté son village pour trouver du travail. Son rêve:s'engager sur un bateau et voyager.

L'arrivée de Yussuf va perturber le train-train de Mahmut. Et dès son arrivée, ce dernier n'aura qu'une idée en tête: savoir combien de temps le cousin restera chez lui!

Yussuf déchante vite...A Istambul, il n'y a pour lui que chômage et solitude. Après la recherche d'un emploi, son errancedans la ville a pour but de croiser seulement un regard, un sourire...


Ce film mélancolique à la beauté contemplative parlede solitude intérieure, de difficulté à vivre ensemble et à communiquer, d'amour qui s'effiloche...


Et pourtant, je ne saurais mieux le dire , et avec plusde justesse, que le critique de Télérama qui a un jour écrit: "C'est un film triste qui rend heureux, une oeuvre au désespoir radieux..."

Bande annonce:
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Je ne connais pas ce réalisateur mais sur cette BO, de beaux plans! Et la musique... (on en parle pas sur la fiche technique d'allociné, dommage). Je note!

LES CLIMATS:
pour voir les bande-annonce et extraits de ce film que j'ai commenté plus haut:
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Nuri Bilge Ceylan est l'acteur principal de ce film. Sa femme, l'actrice principale (Ebru Ceylan)

Nuri Bilge Ceylan


Titulaire d'un diplôme d'ingénieur à l'université du Bosphore, Nuri Bilge Ceylan étudie ensuite la mise en scène à Istanbul, sa ville natale. Dès son premier court métrage, Koza, il est sélectionné au Festival de Cannes. Il tourne en 1998 son premier long métrage, Kasaba, qui obtient le Prix Spécial du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers.

C'est avec son deuxième film Nuages de mai, sélectionné à Berlin, qu'il accède à la reconnaissance internationale. La critique salue ce film contemplatif réalisé par un admirateur d'Ozu et Bergman. Auteur à part entière, Ceylan participe à toutes les étapes de la création de l'oeuvre (scénario, réalisation, montage, production) et s'entoure de proches, parents et amis, pour l'équipe technique et le casting, tout en faisant souvent appel à des comédiens non-professionnels.

J'aimerais vraiment voir Nuages de mai
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Je viens de regarder Uzak. Pas de coup de foudre. Cependant, contente de connaître enfin Nuri Bilge Ceylan. Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse d'un cinéma à image contemplative. Il y a des lenteurs qui m'émeuvent autrement que celles évoquant ce contact difficile entre les deux protagonistes, enfin, des lenteurs et des silences autres. Tout m'a semblé imprégné du sentiment de vide ressenti par le photographe à ce carrefour de sa vie, tristesse, inhibition, venant se rallier aux paysages assez désolés, aux difficultés économiques du pays, chômage...
Poignant, le portrait de Yussuf, enfantin et touchant lorsqu'il téléphone au village pour prendre des nouvelles de sa mère (les mères sont présentes par le cordon ombilical que semble maintenir le téléphone). Au loin, autant que dans la grande ville, l'ombre du licenciement massif.
Je suis sensible, tout de même, au minimalisme des paroles échangées qui nous plonge dans la pensée intime des protagonistes. Chaque geste devient révélateur. On aimerait qu'ils finissent par se côtoyer vraiment malgré leurs différences.

Je guette avec impatience la sortie de chaque film de Nuri Bilge Ceylan depuis Nuages de mai. Il me reste à voir les 2 premiers Koza et Kasaba.




Les trois singes


Prix de la mise en scène à Cannes 2008

Pour celui qui voudrait entrer dans son univers, Les trois singes est son film le plus accessible mais aussi l'un des plus beaux (plastiquement et pour sa mise en scène). Plus accessible parce qu'on peut suivre un semblant de trame, une sorte de suspens psychologique même si le plus important se situe au-delà des mots et de l'anecdote.

Soit donc le chauffeur d'un politicien qui accepte, moyennant rétribution, de passer 9 mois en prison pour éviter à son patron de voir anéanties ses ambitions politiques après avoir écrasé un piéton par accident (séquence d'ouverture très mystérieuse dans une quasi obscurité). Le politicien entreprendra pendant ce temps de séduire l'épouse du chauffeur. Cette dernière a besoin de se sentir désirée et d'obtenir de l'argent de cet homme. Son fils sera le témoin de l'adultère. Puis le père rentre...

Un prix de la mise en scène à Cannes largement mérité tellement la direction d'acteurs et le travail sur le son et l'image sont fabuleux. Une photographie magnifique parfois retravaillée à la palette graphique dans des tonalités de gris, d'or, de brun, d'argent... Des gros plans extraordinaires sur les visages, les corps, les gestes. Une bande son qui capte les bruits naturels et participe de la tension et de la pesanteur des situations. Il y a un train qui passe régulièrement, des bruits de la rue, du vent, de la pluie.

Nuri Bilge Ceylan observe les protagonistes de cette famille sans les juger. La lumière capte des moments, des hésitations, des regards. Chaque personnage est complexe, touchant, lâche ou ambigu. Pas de morale, pas de manichéisme. La nature humaine avec toutes ses contradictions et le cinéma comme seul langage apte à en saisir toutes les infinies nuances. C'est parfois cruel, dérangeant, déroutant. Il y a un certain pessimisme. Le climat rappelle évidemment beaucoup Antonioni par l'intensité donnée à l'instant, à l'inaction, à l'ennui et à la solitude , à l'incommunicabilité.

La composition des plans est celle d'un photographe et d'un poète comme chez Abbas Kiarostami. On ne peut pas s'ennuyer une seconde tellement ce qu'on voit sur l'écran est intense et beau.

Et il y a ce plan final de cet homme sur la terrasse de la maison sous un ciel de plomb et d'un orage qui gronde. On entend un bruit de tonnerre et l'image disparait. Sublime!

Comme ces images sont belles!...et le commentaire me donne vraiment envie de voir le film...
Pour une fois, j'ai de la chance, il me faudra patienter un peu (jusqu'à fin avril!) mais je vais avoir l'opportunité de le voir...

Je suis toujours contente que notre cinéma consacre aussi des salles pour des 'petits' films - mais là je ne saurais pas prédire s'ils vont le montrer.. je vais croiser les doigts, ton commentaire est vraiment très tentant

coline a écrit:

Comme ces images sont belles!...

Nuri Bilge Ceylan photographe: