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| Les poètes russes | |
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+4tom léo Orientale bix229 Constance 8 participants | |
Auteur | Message |
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Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Les poètes russes Jeu 6 Mai 2010 - 12:07 | |
| - Citation :
| LERMONTOV Michel (1814-1841) |
Biographie :
Michel Lermontov naît en 1814. Suite au décès de sa mère en 1817, sa grand-mère maternelle, issue de la haute noblesse, s’oppose à ce que son père, modeste capitaine d'infanterie issue d’une longue lignée écossaise alors désargentée, élève le jeune Michel et décide d’en assurer l’éducation. Dès lors, ce dernier ne vit qu’à de rares occasions son père qui meurt peu après ses 16 ans.
A partir de 1828, il rentre au collège où il se passionne déjà pour Byron et Pouchkine. En 1830, il s’inscrit à l’Université de Moscou pour y suivre des cours de philologie. Elève sombre, taciturne et sarcastique, il est fuit par les uns et détestés par les autres : peu sociable, en proie à de sombres états d’âme, sa personnalité le vouera toute sa vie à l’isolement et jamais il ne trouva l’âme sœur pourtant si ardemment désirée.
Après avoir été chassé en 1832 de l’université pour impertinence envers un professeur, il entre à l’école des junkers où il devient rapidement officier. Mais ses origines modestes et son caractère instable lui valent d’être rejeté par les milieux littéraires qu’il cherche à fréquenter. Lermontov se livre alors à une vie de débauche, d’esclandres, donnant plus le change qu’exprimant se véritable nature incomprise.
Ebranlé par la mort de Pouchkine, il rédige alors un poème accusant la cour de la mort du poète. Ses vers lui valent d’être affecté au Caucase où il ne restera que peu de temps grâce à l’intervention de son influente grand-mère. Il regagne Moscou où il publie son œuvre majeure, Un héros de notre temps, dont le héros, Pétchorine apparaît à bien des égards passablement autobiographique : « tous lisaient sur mon visage les signes de mauvais instincts qu’en réalité je ne possédais pas. J’étais disposé à aimer le monde entier, mais personne de me comprit et j’appris à le haïr. »
Mais pour s’être battu en duel, il est à nouveau affecté en 1840 dans le Caucase. Là, il fait de Martynov, un officier de la garde, son souffre douleur. Celui-ci, excédé, le provoque en duel. Si Lermontov tire en l’air, son adversaire, lui, vise en plein cœur et tue son adversaire alors âgé seulement de 27 ans.
Lermontov est sans doute le seul véritable romantique de la littérature russe, tant ses écrits exprimeront les tourments du cœur et de l'âme de ce poète passionné et mélancolique. Moins éclatant que Pouchkine, Lermontov possède la profondeur de la pensée qui pouvait manquer au premier. Sentiment dominant toute la poésie de Lermontov, la révolte contre la société s’exprime pleinement dans son œuvre Un héros de notre temps. Cet écrit exprime toute la lassitude du héros face à une existence absurde (au fond, proche de celle de son auteur avide d’action), où les capacités et l’envie ne trouvent pas d’emploi dans une société briseuse d’élans et empêtrée dans ses préjugés et ses traditions désuètes. Si Byron influença le poète dans son mépris des hommes et son dégoût précoce de la vie, il s’agissait surtout d’un dégoût pour cette vie muselée, lui qui aspirait à l’action, au mouvement. |
Oh ! non, ce n'est pas toi que j'aime avec ardeur, L'éclat de ta beauté ne m'éblouit plus guère, Mais je chéris en toi mon ancienne douleur, Ma jeunesse perdue et qui me reste chère. Si je plonge parfois mon regard dans le tien, Et si sur toi mes yeux viennent errer sans cesse, Si je m'absorbe ainsi dans de longs entretiens, Non, ce n'est pas à toi que mon âme s'adresse. Mais je parle à l'amie émouvante d'antan, Je cherche en ton visage une image secrète, Le feu des yeux éteints dans ton regard vivant, Sur ta bouche, une bouche à tout jamais muette ... (Anthologie de la poésie russe, NRF gallimard) Toile "Interior al aire libre" de Ramon Casas y Carbo | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Les poètes russes Sam 8 Mai 2010 - 11:00 | |
| Voici le poème en hommage à Pouchkine, qui déplut à la cour et lui valut son exil caucasien : La mort du poète
Le poète est tombé, prisonnier de l'honneur ; Tombé calomnié par l'ignoble rumeur, Du plomb dans la poitrine, assoiffé de vengeance; Sa tête est retombée en un mortel silence. Hélas ! sous le poids des offenses, L'aède élu s'est affaissé, Comme avant, contre l'arrogance Des préjugés, il s'est dressé. Le choeur des louanges confuses Est vain comme sont vains les pleurs Et les pitoyables excuses. Le sort a voulu ce malheur ... Or, c'est vous qui, dès ses débuts, Persécutiez son pur génie, Pour en rire, attisant sans but La flamme où couvait l'incendie. Il n'endura pas le dernier Cruel outrage à sa personne. Son flambeau, hélas ! s'éteignait, Flétrie son auguste couronne ... Son meurtrier a froidement Braqué sur lui l'arme fatale. Un coeur vide bat calmement, N'a pas tremblé la main brutale. Quoi d'étonnant ? Venu d'ailleurs, Il trouvait chez nous un refuge Pour capter titres et bonheur. Comme d'autres nombreux transfuges Il raillait, en les méprisant, La voix, l'esprit de notre terre; Sa gloire, il ne la prisait guère, Et dans ce funeste moment, Ni lui, ni d'autres ne savaient Sur qui sa main s'était levée ...
Et le voici tombé, descendu sous la terre, Tel l'aède inconnu, mais cependant chéri, Si merveilleusement dans son oeuvre décrit, Qui, dans un mouvement de jalousie amère, Par une main cruelle, ainsi que lui, périt. Pourquoi délaissa-t-il pour ce monde coupable Trop étroit pour l'élan de son âme ineffable, L'amitié dévouée et ses douceurs aimables ? Crut-il aux faux-semblants de ces vils flagorneurs, Lui, si jeune pourtant, ayant compris les hommes ? Arrachant sa couronne à ce génie altier, Ils mirent sur son front la couronne fantôme, Où l'épine acérée est unie au laurier, Et qui blessait sa tête à des pointes d'acier; Et ces derniers instants, ils les empoisonnèrent De murmures moqueurs, ô railleurs ignorants ! Il mourut assoiffé de vengeance exemplaire Et cachant le dépit d'un espoir décevant.
Ses chants mélodieux se turent, Ainsi que se rompt le roseau, Sa demeure étroite est obscure, Sa bouche est close par un sceau.
Ô vous, ô descendants des ancêtres fameux, Fameux par leur bassesse et leur infâmie, Vous foulez à vos pieds les restes des familles Que la chance offensa dans ses choix et ses jeux. Le trône est entouré de votre cercle avide, bourreaux des libertés, du génie,ô perfides, Vous qui vous abritez à l'ombre de la loi, Devant vous tout se tait, la justice et le droit; Il est un tribunal, ô favoris du vice, Vous n'échapperez pas à l'ultime justice ! La médisance et l'or, cette fois, seront vains, Dieu connaît la pensée et les pas des humains, Et tout votre sang vil ne pourrait effacer Le sang pur du poète, injustement versé.
(Illustration : Portrait de Pouchkine par Jean Cocteau avec texte et dédicace à Serge Lifar) | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Les poètes russes Dim 9 Mai 2010 - 18:37 | |
| ... Et elle est bonne cette anthologie mondiale, Constance ? | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Les poètes russes Dim 9 Mai 2010 - 18:45 | |
| - bix229 a écrit:
- ... Et elle est bonne cette anthologie mondiale, Constance ?
Aucune idée ... ... car elle date de 1922, et je ne la possède malheureusement pas ... ... mais j'ai placé la référence bibliographique par courtoisie, ou au cas où un (une) bienfaitrice voudrait me l'offrir ... | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Les poètes russes Lun 10 Mai 2010 - 9:53 | |
| Théodore Ivanovitch Tutchev ( né le 5 décembre 1803 à Ovstoug près de Briansk d'une famille noble de la région de Briansk et mort le 27 juillet 1873 à Tsarskoïe Selo) est un des plus grands poètes russes, diplomate de carrière, censeur. Appartenant à une très ancienne famille aristocratique, Tutchev a fait ses études à la faculté des lettres de l’Université de Moscou, puis il a servi comme diplomate pendant plus de vingt ans à Munich, où il est entré en rapport avec Schelling et Heine, et à Turin. En 1844 Tiouttchev retourne en Russie où il commence son service comme censeur. Sa fille, Maria Fiodorovna Tutchev épousa l'amiral Nikolaï Alexeïevitch Birilev, l'un des héros de la défense de Sébastopol. Tutchev fut inhumé au cimetière Novodievitchi à Saint-Pétersbourg, il repose auprès de son gendre l'amiral Nikolaï Alexeïevitch Birilev.(Wiki) Silentium Dissimule dans le silence Tes sentiments, tes espérances; qu'ils montent et plongent sans bruit, Etoiles brillant dans la nuit; Que ton âme, dans son mystère, Les admire et sache se taire ! Ton coeur, tu ne peux l'exprimer, Et qui te comprendrait jamais ? Pour d'autres que sont-ils, tes songes ? La pensée dite est un mensonge. Ne trouble pas, en les creusant, Les sources ... Bois en te taisant ! Apprends à vivre dans toi-même, En ton coeur tu caches des gemmes; Plein de chansons et de lueurs Qu'étouffent les bruits, les lumières ... Vois, écoute et sache te taire ! (1830) Toile "Poltrona grigia", de Zoran Music | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Les poètes russes Mar 11 Mai 2010 - 9:58 | |
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Je me souviens ... je me rappelle Ces temps, ces lieux chers à mon coeur ... Le jour baissait ... J'étais près d'elle Au bord du Danube en rumeur. Sur la hauteur, majestueuses, Les ruines d'un noble nid ... Appuyée à leur dur granit, Tu semblais une fée heureuse. Et ton pied d'enfant effleurait, Léger, la pierre séculaire; Le soleil quittait à regret Ta silhouette jeune et claire. Très doucement jouait le vent Avec ta robe, à son passage Sur tes épaules répandant Quelques fleurs d'un pommier sauvage. Tu voyais s'assombrir au ciel De nuages multicolores; Le fleuve en ses bords irréels Chantait d'une voix plus sombre. Insouciant, battait ton coeur; L'ombre de la vie éphémère, Parmi ces dernières lueurs, Passait sur nous, tendre et légère.
Théodore Tutchev
Toile "Sur la Volga" de Boris Kustodiev | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Les poètes russes Mer 12 Mai 2010 - 8:58 | |
| Boris Pasternak (Né à Moscou le 10 février 1890, décédé à Peredelkino le 31 mai 1960) Fils d'artistes - son père était professeur de peinture et sa mère pianiste - Boris Pasternak grandit dans un univers intellectuel fécond. D'illustres personnages, à l'image de Rilke ou de Tolstoï, rendent régulièrement visite à ses parents et le sensibilisent à l'art et aux lettres. Après quelques années d'études à l'université de Saint-Pétersbourg, il publie en 1914 et 1917 deux recueils de poèmes qui ne connaîtront pas la notoriété méritée. Teintés de musicalité, ils sortent dans l'indifférence générale. En revanche, son livre de poèmes 'Ma soeur, la vie', écrit en 1917 et imprimé en 1922, le consacre auprès du grand public russe. Durant la première guerre mondiale, il enseigne et travaille dans une usine chimique de l'Oural. Cette expérience lui permet de constituer le terreau de sa fameuse saga 'Docteur Jivago', quelques années plus tard. En 1958, le roman est récompensé par le prix Nobel de littérature. En dépit d'une renommée internationale, l'URSS refuse de publier l'ouvrage. Pire encore, Pasternak subit la critique acide de l'union des écrivains soviétiques. Il décide de ne pas accepter le prix. Boris Pasternak meurt en 1960, laissant derrière lui une série de poèmes, d'oeuvres en prose et de traductions variées de poètes géorgiens ou même de Shakespeare.(Evene) Rendez-vous
La neige vient d'envahir Les routes commes les toits Je sors pour me dégourdir : Devant la porte, c'est toi ...
Toi, dans ton manteau d'automne, Et sans chapeau par ce temps; La neige que tu machonnes, Contre toi-même luttant.
Les arbres et les clôtures S'effacent dans le lointain; seule, sur la neige pure, Tu restes sur le chemin.
Jusque dans ton encolure L'eau coule du fichu blanc; Mêlés à ta chevelure Scintillent des diamants. Ta mèche blonde défaite comme un rayon d'or et d'eau, Eclaire ta silhouette, Ton visage et ton manteau.
Tes yeux tristes sont immenses Sous de longs cils saupoudrés; et toute ton apparence Se dessine d'un seul trait ...
Comme d'une lame dure D'acier trempé dans les pleurs, C'est d'une vive rainure Que tu m'entailles le coeur.
Mais au sein du blanc mystère Se dédouble cette nuit, Et tracer une frontière Entre nous, je ne le puis.
Que sommes-nous donc, ô chère ? Vivons-nous encor sur terre ? Du temps passé, de ses heurts, Reste à peine une rumeur.
("Vers de Iouri Jivago", chapitre final du roman "Le Docteur Jivago", composé de 25 poèmes, dont "Rendez-vous")
Toile "Snégourotchka", de Victor Vasnetsov | |
| | | Orientale Agilité postale
Messages : 903 Inscription le : 13/09/2009 Age : 71 Localisation : Syldavie
| Sujet: Re: Les poètes russes Mer 12 Mai 2010 - 9:39 | |
| Eugène Evtouchenko - il represente aujourd'hui une generation de classiques vivants Né le 18 juillet 1933 à Zima, oblast d'Irkoutsk, Russie) est un poète russe, qui se distingua également comme acteur et réalisateur de cinéma. Représentant emblématique de la génération du dégel intellectuel après la mort de Staline, il fut l'une des premières voix humanistes à s'élever en Union soviétique pour défendre la liberté individuelle. Il est remarqué pour son ton indépendant, dénonçant les atrocités nazies de Babi Yar dans un poème du même nom, aussi bien que les persécutions du régime soviétique, ou plus récemment les exactions du régime russe en Tchétchénie : selon l'un de ses vers, « Un poète est plus qu'un poète ». --- Quand ton visage s’est levé Au-dessus de ma vie gâchée, J'ai tout d'abord compris Que ce que je possède n'est rien. Mais les bosquets, les fleuves et les mers, Tu les as éclairés de ta propre lumière. Aux couleurs de ce monde tu m’as initié Moi qui n'étais initié à rien. J'ai si peur, j ai si peur Que cette aurore inattendue finisse Et que finissent découvertes, larmes et enthousiasme Mais cette peur, je ne la combats pas. Car cette peur, je l'ai compris, C'est l'amour. Et je la chéris, Bien que je ne sache pas chérir, Gardien frivole de mon amour. Cette peur m'est une prison. Ces moments, je le sais, sont courts. Toute couleur disparaîtra Quand ton visage se couchera. Eugène Evtouchenko, poème extrait (p. 81) de la cité du oui à la cité du non, traduit du russe par Élisabeth Soulimov. Éd. Grasset 1970. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Les poètes russes Mer 12 Mai 2010 - 17:49 | |
| Des poèmes de Evtouchenko, dont celui dont tu parles, ont constitué la symphonie N°13 de Dmitri Chostakovich:
La symphonie présente des poèmes de Evgueni Evtouchenko sur le massacre de Babi Yar ainsi que d'autres textes. La symphonie fut composée alors que régnait la censure en Union soviétique et Nikita Khrouchtchev menaça de stopper l'exécution de l'œuvre. La création eut bien lieu mais Evtouchenko fut contraint d'ajouter une strophe à son poème pour proclamer que des Russes et des Ukrainiens non juifs avaient péri aux côtés des juifs à Babi Yar. La partition avec le texte original a été à nouveau publiée en 1970. (de wikipedie)
Quand j'entend, encore aujourd'hui, ces pièces, je suis pris d'une grande émotion, surtout par la première pièce. Les textes étonnent par leur libeté de ton!
I. Babi Var Au-dessus de Babi Yar, il n'y a pas de monument : l'escarpement est comme une grosse pierre tombale. J'ai peur, aujourd'hui je me sens aussi ancien que le peuple juif. Je me sens comme si... : me voilà Juif. Me voilà errant dans l'Egypte ancienne. Et me voilà pendu sur la croix, mourant, et je porte encore la marque des clous. Me voilà...: Dreyfus, c'est moi. La canaille bourgeoise me dénonce et méjuge ! Js suis derrière les grilles, je suis encerclé, persécuté, conspué, calomnié. Et les belles dames, avec leurs fanfreluches. gloussant, m'enfoncent leurs ombrelles dans la face. Je me sens... : me voilà, petit garçon à Bielostok. Le sang coule, maculant le plancher. Les meneurs dans la taverne passent aux actes. Leurs haleines puent la vodka et l'oignon. Un coup de botte me jette par terre ; prostré, en vain je demande grâce aux pogromistes. Ils s'esclaffent : "Mort aux youpin's! Vive la Russie!" Un marchand de grain bat ma mère. 0, mon peuple russe, je sais qu'au fond du cœur tu es internationaliste. mais souvent, ceux-là dont les mains sont sales ont souillé ta bonne renommée. Je sais que mon pays est bon. Quelle infamie que, sans la moindre honte, les antisémites se soient proclamés "L'Union du Peuple Russe". Me voilà... : je suis Anne Frank. translucide, telle une jeune pousse en avril, et j'aime et j'ai besoin non pas de mots, mais que nous nous regardions l'un l'autre. Nous avons si peu à voir, à sentir ! Les feuilles et le ciel ne sont plus pour nous, mais nous pouvons encore beaucoup - nous embrasser tendrement dans cette sombre chambre ! "Quelqu'un vient !" "N'aie pas peur. Ce ne sont que les murmures du printemps qui arrive. Viens à moi, donne-moi tes lèvres, vite !" "Ils cassent la porte!" "Non ! C'est la glace qui rompt !" Au-dessus de Babi Var bruit l'herbe sauvage, les arbres menaçants ressemblent à des juges. Ici, en silence, tout hurle, et, me découvrant, je sens mes cheveux blanchir lentement. Et je deviens un long cri silencieux au-dessus des milliers et milliers d'ensevelis : je suis chaque vieillard ici fusillé, je suis chaque enfant ici fusillé. Rien en moi. jamais, ne pourra l'oublier. Que L"Internationale" retentisse quand pour toujours on aura enterré le dentier antisémite de la terre. Il n'y a pas de sang juif dans mon sang. mais sur moi pèse la hideuse haine de tons tes antisémites comme si j'étais un Juif: Et voila pourquoi je suis un vrai russe !
Voir aussi: http://www.eauderose.net/Ma_discotheque/489.aspx | |
| | | Orientale Agilité postale
Messages : 903 Inscription le : 13/09/2009 Age : 71 Localisation : Syldavie
| Sujet: Re: Les poètes russes Mer 12 Mai 2010 - 22:22 | |
| Tom Leo, c'est si emouvant ce que tu a ecrit. Il y a tant d'histoire des juifs sur la symphonie N 13 de Chostakovitch. Si quelqu'un aimerait ecouter: clic | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Les poètes russes Mer 12 Mai 2010 - 22:36 | |
| Ce fil est très intéressant! Merci à vous qui l'alimentez. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Les poètes russes Jeu 13 Mai 2010 - 8:43 | |
| Je voudrais parvenir au cœur Des choses, en toutes : Dans l'œuvre, les remous du cœur, Cherchant ma route. À l'essence des jours passés, Leur origine, Jusqu'à la moëlle, jusqu'au pied, À la racine. Des faits, des êtres sans arrêt Saisir le fil, Vivre, penser, sentir, aimer Et découvrir. Ô, le pourrais-je, je ferais, Fût-ce en fraction, Huit vers pour peindre les grands traits De la passion : Ses injustices, ses péchés, Fugues, poursuites, Coudes et paumes, imprévus À la va-vite. Et je déduirais ses raisons Et sa formule, Je répéterais de son nom Les majuscules. En vers tracés comme un jardin Vibrant des veines Des tilleuls fleuris un à un En file indienne. J'y mettrais la senteur des roses Et de la menthe, Les prés, la fenaison, l'orage Au loin qui gronde. Tel des fermes, bois et jardins Et sépultures Le miracle enclos par Chopin Dans ses études. Le jeu du triomphe accompli Et son tourment, C'est la corde qui se raidit Quand l'arc se tend.
Boris Pasternak
(Poèmes)
Toile "Waterfall", de Hei Feng | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Les poètes russes Jeu 13 Mai 2010 - 8:59 | |
| merci pour ces poëmes qui animent notre corps ! | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Les poètes russes Ven 14 Mai 2010 - 8:56 | |
| Le dedans d'un bois
Sur le pré la nausée d'un lourd feu de lilas, Une pénombre de basilique œuvrant son ombre dans le bois. Restait-il chose au monde pour les baisers de ces deux-là ? Tout ce monde était leur chose, leur cire molle sous leurs doigts. Et le songe était ce songe: on ne sommeille pas, on songe Seulement qu'on est soif de songe, qu'un homme sombre Dans le sommeil et que, sautant des yeux, deux sombres Soleils ardent ses cils au long du songe.
Onde, tout rayon ! Onde, les fuyantes rondes, Des lucioles ! sur les pommettes la canetille des libellules Croisait son onde. Et le bois, redondant de diligentes Lueurs, avait semblance d'horlogerie sous les brucelles. Et la semblance était : sous le tictac d'un cadran un bois sombrant Dans le songe; et, le temps de ce somme, sur un pic dans l'amer Ambre on met à l'heure selon le temps Qu'il fait la plus exacte horloge de l'éther.
L'horloge, on la mue; on tortille les aiguilles; Il y a semaille d'ombre, jour qu'on débilite, vrilles Forant pour que l'ombre, mât agressif, puisse Dominer le cadran bleu quand le jour s'épuise. La semblance était : l'antique monde boisé en joie est bois dormant; La semblance était : bois enclos d'un couchant de songes. Mais ceux-là qui sont la joie ne regardent aucun cadran Et ces deux-là, leur semblance est : seulement sommeil et songes !
( In Poèmes, de Boris Pasternak)
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