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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Sujet: Re: Les poètes russes Sam 15 Mai 2010 - 10:30
Définition de la poésie
C’est un bruit de glaçons écrasés, c’est un cri, Sa strideur qui s’accroît et qui monte, C’est la feuille où frémit le frisson de la nuit, Ce sont deux rossignols qui s’affrontent, C’est la suave touffeur d’une rame de pois, L’univers larmoyant dans ses cosses, Le jardin potager où Figaro s’abat En grêlons du pupitre et des flûtes. C’est cela qu’à tout prix retenir veut la nuit Dans les fonds ténébreux des baignades Pour porter une étoile au vivier dans les plis De ses paumes mouillées, frissonnantes. On étouffe, plus plat que les planches sur l’eau, Et le ciel est enfoui sous une aune. Il siérait aux étoiles de rire aux éclats, Mais quel trou retiré que ce monde !
(In Ma sœur la vie, 1922)
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Dim 16 Mai 2010 - 19:09
Alexandre Blok (1880-1921), poète russe né et décédé à Saint-Pétersbourg.
Citation :
Petit-fils d'André Békétov, botaniste et recteur de l'Université de Saint-Pétersbourg, Alexandre Blok est né à dans une famille aisée de la même ville. Il a pour père un professeur de droit à Varsovie, excellent musicien et fin styliste, qu'il ne connaît guère. Après la séparation de ses parents peu après sa naissance, il fréquente le monde aristocratique dans le manoir de Shakhmatovo, près de Moscou, où il découvre la philosophie de son oncle Vladimir Soloviev ainsi que les poètes du XIXe siècle tels que Fiodor Tiouttchev et Afanassi Fet (1820-1892), poète précurseur de l'impressionnisme russe. Passionné de théâtre, Blok participe à de nombreux spectacles d'amateur dans la maison d'une jeune femme, Liouba Mendeleïeva (fille de l'illustre chimiste). Il y puise son inspiration et son influence pour sa première pièce. Il commence en 1898 des études de droit, mais la découverte de la poésie et de la philosophie moderne l'oriente vers les lettres. Il tombe amoureux de Liouba Mendeleïeva qu’il épouse en 1903. Cette relation est progressivement mise à mal pour diverses raisons. Dès lors il mène une vie privée tumultueuse, fréquentant souvent des prostituées et les quartiers tziganes. Il est diplômé des Lettres en 1906. Trois voyages en Italie et en France, tous les six ans un séjour à Bad Nauheim auquel il prête une signification mystique particulière, semblent épuiser la biographie extérieure. Sa biographie intime se trouve tout entière dans son œuvre lyrique que se partagent trois volumes. Le premier volume, fruit de l'influence de Vladimir Soloviev et d'une expérience mystique personnelle, chante les rencontres avec La Belle Dame et leurs illuminations éteintes. Le second marque la retombée, le retour sur terre, vers les hommes, l'abandon aux passions : ironie et dissonances y prédominent. Enfin, le troisième volume, synthèse des deux premiers, évoque le châtiment, le « monde terrible », les destinées tragiques de la Russie : l'art de Blok atteint alors son plein épanouissement.
La suite dans le spoiler :
Spoiler:
Il tombe amoureux de Liouba Mendeleïeva qu’il épouse en 1903. Cette relation est progressivement mise à mal pour diverses raisons. Dès lors il mène une vie privée tumultueuse, fréquentant souvent des prostituées et les quartiers tziganes. Il est diplômé des Lettres en 1906. Trois voyages en Italie et en France, tous les six ans un séjour à Bad Nauheim auquel il prête une signification mystique particulière, semblent épuiser la biographie extérieure. Sa biographie intime se trouve tout entière dans son œuvre lyrique que se partagent trois volumes. Le premier volume, fruit de l'influence de Vladimir Soloviev et d'une expérience mystique personnelle, chante les rencontres avec La Belle Dame et leurs illuminations éteintes. Le second marque la retombée, le retour sur terre, vers les hommes, l'abandon aux passions : ironie et dissonances y prédominent. Enfin, le troisième volume, synthèse des deux premiers, évoque le châtiment, le « monde terrible », les destinées tragiques de la Russie : l'art de Blok atteint alors son plein épanouissement. Dans le dédale de sa vie affective, il noircit nombre de pages teintées de symbolisme, ce qui en fait un des chefs de file du mouvement symboliste en Russie. Vers la fin de sa vie, il s'intéresse candidement à la politique, fréquentant les bolchéviques, mais son manque d'engagement ternit sa réputation et il sombre dans la dépression pour mourir, dit-on, de la famine causée par la guerre civile (cette thèse est parfois controversée). Blok le voyant, immense musicien du Verbe, demeure un poète visionnaire, il est très connu pour son poème à L'Inconnue (Neznakomka), traduit dans toutes les langues. Il ouvrit la porte à toute la modernité poétique russe. Le poète Vladimir Maïakovski fut l'un des premiers à le reconnaître comme un moderne.(Wiki)
L’inconnue
Au-dessus des restaurants, le soir, L’air est épais, sauvage et lourd, Et règne sur les cris d’ivrognes Un souffle de printemps malsain.
Au-dessus des rues poussiéreuses, De l’ennui des villégiatures, Luit le bretzel du boulanger, Un enfant pleure quelque part.
Et aux barrières, chaque soir, Le melon collé sur l’oreille, Les hâbleurs patentés promènent Des dames dans les fossés.
Les tolets grincent sur l’étang, Une femme glapit au loin, Et, dans le ciel, on voit le disque, Blasé, stupide, grimacer.
Et chaque soir, mon seul ami Vient se refléter dans mon verre, Comme moi il est étourdi Par le liquide âpre et étrange.
Tandis que les laquais somnolent Plantés près des tables voisines, Des ivrognes aux yeux de lapin Proclament : " In vino veritas ! "
Et chaque soir, à l’heure dite (Ou est-ce un songe qui me vient ?), Une taille svelte, serrée de soie, Paraît dans la vitre embrumée.
Et, passant entre les ivrognes, Toujours seule, d’un pas lent, Sentant le parfum et la brume, Elle s’assoit près de la fenêtre.
Et les légendes d’autrefois Imprègnent la soie élastique, Les plumes noires de son chapeau Et les bagues à la main étroite.
Charmé par l’étrange présence, Au-delà de ce voile noir, Je vois un rivage enchanté, Je vois un lointain enchanteur.
J’ai la garde d’obscurs mystères, Je dois veiller sur un soleil, Et l’âpre vin a pénétré Tous les méandres de mon âme.
Et les plumes d’autruche penchent, Se balancent dans mon esprit, Et ces yeux bleus, ces yeux sans fond Sur le rivage, au loin fleurissent.
Mon âme recèle un trésor, La clef m’en a été confiée ! Tu as raison, ivrogne, je sais : "La vérité est dans le vin. "
(La Ville, in Le Monde terrible)
Toile "Femme au chapeau", de Gustav Klimt
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Lun 17 Mai 2010 - 11:56
Je t’ai rencontrée au crépuscule; ta rame fendait l’eau du golfe. J’aimais ta robe blanche; j’étais las des rêves subtils. Etranges rencontres de silence; devant nous, sur la langue de sable, S’allumaient les lumières du soir. Quelqu’un songeait à une beauté pâle. Approches, frôlements, brûlures, que n’accepte pas l’azur calme. Rencontres dans les brumes du soir. Rivages, risées, roseaux. Tristesse, amour, offense, tout a pâli, a passé, est parti ... Silhouette blanche, voix d’une messe des morts. Et cette rame d’or dans ta main.
Les brumes te cachaient; ta voix restait faible. Je me rappelle ces erreurs; humble esclave, je me rappelle. L’aube te prêtait une couronne fantasque. Je revois les marches du trône, la rigueur de ta première sentence. Vêtements pâles ! Calme étrange ! Des lys à peine brassés, et ton regard d’absente … Où était-ce ? Qui le sait ? L’Etoile, où est-elle tombée ? Quelles paroles as-tu dites ? Quelles paroles, à ce moment-là ? Pouvais-je ne pas reconnaître La fleur blanche du ruisseau, Et ces vêtements pâles, et l’étrange emblème blanc ?
Alexandre Blok
(Cantiques de la Belle Dame)
Toile "Rêverie" de Juan Brull Y Vyonoles
Dernière édition par Constance le Jeu 20 Mai 2010 - 8:05, édité 1 fois
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Jeu 20 Mai 2010 - 8:04
Elle a grandi par-delà les montagnes, Née dans la solitude des vallées. Aucun de nous n’a pu jeter sur elle Un regard de désir. Elle était seule. L’astre immortel regardait chaque jour Resplendir son aurore pure. Elle montait vers lui comme une fleur, Gardait en elle une trace secrète. Dans le désir et l’angoisse elle est morte; Aucun de nous n’a contemplé sa cendre… Elle a fleuri soudain parmi l’azur, Triomphante, dans un ailleurs, sur d’autres cimes. Elle vit maintenant parmi la neige. Insensés! Qui de vous as visité son temple? Elle a fleuri par-delà les montagnes, Elle a rejoint le choeur des autres astres.
Alexandre Blok Toile "Le châtiment des luxurieux", de Giovanni Segantini
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Mar 1 Juin 2010 - 16:52
Un ange déchu, un démon plein de chagrin, volait au-dessus de notre terre pécheresse. Les souvenirs de jours meilleurs se pressaient en foule devant lui, de ces jours où, pur chérubin, il brillait au séjour de la lumière ; où les comètes errantes aimaient à échanger avec lui de bienveillants et gracieux sourires ; où, au milieu des ténèbres éternelles, avide de savoir, il suivait, à travers les espaces, les caravanes nomades des astres abandonnés ; où enfin , heureux premier-né de la création, il croyait et aimait ; il ne connaissait alors ni le mal ni le doute ; et une monotone et longue série, de siècles inféconds n'avaient point encore troublé sa raison... Et encore, encore il se souvenait !... Mais il n'était plus assez puissant pour se souvenir de tout.
La suite sur ce lien
Spoiler:
ce que je ne parviens pas à placer sur la page, à la place ad hoc
S'inspirant de "Le démon", le compositeur russe Mily Balakirev a écrit un poème symphonique intitulé "Tamara",à partir duquel Serge Diaghilev montera un ballet.
Orientale Agilité postale
Messages : 903 Inscription le : 13/09/2009 Age : 71 Localisation : Syldavie
Sujet: Re: Les poètes russes Mer 9 Juin 2010 - 11:42
Bella Akhmadoulina
Biographie:
Spoiler:
Fille unique d'un haut fonctionnaire des douanes tatar, Akhat Valéievich Akhmadouline et d'une mère d'origine italienne, Nadejda Macarovna Lazareva qui était major au KGB , elle a, après des études secondaires, travaillé un an dans un journal à grand tirage Le Constructeur du métro. En 1954, elle épouse le poète Evgueni Evtouchenko. En 1955, elle entre à l'Institut Littéraire Gorki où tout en poursuivant ses études elle fait publier des poèmes et des articles dans différents journaux. Sanctionnée en 1959 pour s'être opposée à la persécution de Boris Pasternak, elle a néanmoins pu terminer ses études en 1960. La même année elle divorce et épouse le conteur Iouri Navigine. C'est l'époque où elle est membre du mouvement "Nouvelle vague littéraire" un groupe d'écrivains qui embrasse l'idéologie occidentale. Ses premiers vers avaient été publiés alors qu'elle n'avait que 18 ans dans la revue officielle Octobre et son premier recueil, La chaîne sorti en 1962 a un succès retentissant mais est critiqué par le gouvernement ce qui va lui causer des problèmes d'édition. À la même époque elle participe au Mouvement des tribunes, dont le principe était dire des poèmes devant des milliers de personnes au stade Loujniki, à l'Université Lomonossov à Moscou, au Musée Polytechnique et ailleurs aux côtés d' Evgueni Evtouchenko, d' Andreï Voznessenski, de Boulat Okoudjava et de Robert Rojdestvenski. Après 1964, après la période de dégel et le remplacement de Nikita Khrouchtchev par Leonid Brejnev, elle a été critiquée dans son pays pour son style et quand elle n'a pas pu s'exprimer dans la presse et les médias soviétiques elle a pu le faire dans la presse des autres pays, le New York Times par exemple et les radios étrangères comme Radio Liberty ou Voice of America. Dans cette mouvance elle a fait partie des signataires de lettres de soutien aux opposants du régime soviétique comme Andreï Sakharov, Lev Kopelev, Georgy Vladimov, Vladimir Voinovich et d'autres. En 1968 elle divorce à nouveau et en 1974 épouse l'artiste Boris Messerer dont elle aura deux filles, Elisabeth et Anna. En 1979, dans l'almanach Metropole, 12 exemplaires dactylographiés, elle critique le régime avec beaucoup d'autres écrivains. En 1984, elle a été honorée de l'ordre de l' Amitié des Peuples. Le recueil Histoire de pluie et autres poèmes traduit en français par Christine Zeytounian Beloüs rassemble des poèmes écrits de 1956 à 2006. Bella Akhmadoulina a fait des traductions en russe de poètes géorgiens, arméniens, kazakhs, tchouvaches, français, italiens, tchétchènes, polonais, hongrois, bulgares... et a été traduite en plus du français, en allemand à Francfort et en anglais aux Etats-Unis en 1969, en japonais, en italien, en arabe, en polonais, en tchèque, en danois, en arménien, en géorgien, en letton, en kurde, en roumain...En outre elle a écrit des essais, des scénarios et a été comédienne à l'écran. Après avoir été interdite de publication et exclue de l'Union des Écrivains elle en a été secrétaire. De plus elle est membre honoraire de l' Académie américaine des Arts et Lettres et vit actuellement à Moscou avec Boris Messerer et ses deux filles.
Citation :
Commentaire de Christine Zeytounian-Beloüs qui choisi et traduit du russe les textes et poèmes présentés dans un petit recueil intitulé « Histoire de Pluie et autres poèmes » édité chez Buchet & Chastel : « Les poèmes de Bella Akhmadoulina sont rimés de manière classique, ce qui n’est plus guère de mise en français, la rime syllabique aplatissant d’ailleurs – souvent mortellement – la richesse et l’harmonie du jeu des accents russes. Mes choix de traduction sont en grande partie intuitifs, fondés sur le rythme et les assonances, l’attachement à l’esprit sans bafouer la lettre ».
LES PETITS AVIONS
Comme si trop peu de soucis surchargeaient mon front, je vois sans cesse en rêve, va savoir pourquoi, des petits avions.
Peu leur importe de quelle façon hanter (mon sommeil : sur ma paume tels des oisillons ils picorent des graines. Dans ma maison, pareils à des grillons, ils peuplent les murs.
Leurs nez naïfs m’effleurent, ainsi tourne en rond un poisson autour des jambes d’un enfant, le chatouillant pour faire rire ses pieds menus.
Parfois ils encerclent mon feu, ils se pressent, aveuglés, et m’empêchent de lire, le balbutiement de leurs ailes m’effleure.
Autre trouvaille : ils viennent sous forme de bambins en larmes, à peine descendus de mes genoux, ils réclament : prends-nous dans tes bras
Parfois, j’ouvre les yeux : en rangs, tous les petits avions, pareils à des petits Salomon, sont assis en cercle et savent tout.
Je les chasse, mais les revoilà dans l’obscurité, dans l’éclat du cirage, le blanc de l’œil luisant : on dirait des teckels, leurs longs corps naviguent
Me seraient-il donné pour toujours, ce rêve gentil et moderne, avec au fond du rêve, apprivoisé, un petit avion mal proportionné ?
Cependant, dessoûlée de mon songe, je me rends à l’aérodrome pour observer ces énormes tonnerres qui sonorisent les temps présents.
Quand, à l’orée des hauteurs, l’hélice omnipotente agit, je me dis, as-tu tout contrôlé, mon petit ? Tu n’as pas grandi.
De ton vaste éclat argenté, ici, tu trompes le monde. En fait tu es un enfant minuscule, à peine visible sur fond de bleu.
Et nous scintillons, toi et moi, à deux pôles de l’espace. Sans doute crains-tu de me quitter, moi qui suis si grande ?
Où ton ascension s’effectue, dans l’obscurité des signaux, que mon doux rêve étrange te garde, petit avion !
(1962)
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Ven 22 Avr 2011 - 10:59
Je traîne, je traîne ma vie, ma vie insensée et sourde Aujourd'hui, sereinement, je souris, Demain, je pleure et je chante. Mais, si imminente est ma fin. Si derrière mon dos, immobile, se tient Celui qui de son immense main Recouvre, tout entier, le miroir. Alors, la glace jette comme un feu, Et, plein d'horreur, fermant les yeux, Je recule dans ce domaine de la nuit, D'où jamais on ne revient plus.
Alexandre Blok
(Traducteur inconnu, source Esprits nomades)
Illustration : Vieille femme avec masques (1889) de James Ensor
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Mar 24 Mai 2011 - 9:24
Il est des instants où s’apaise Le funeste orage de la vie. C’est quelqu’un qui vous touche l’épaule, Ou qui pose un regard radieux ...
Et alors le quotidien s’effondre Dans un sombre gouffre sans fond ... Et lentement, au dessus du gouffre L’arc-en-ciel du silence se lève ...
Et la mélodie naissante et sourde, Dans le silence qui retient son souffle, Frôle les cordes, engourdies par la vie De l’âme tendue comme une harpe.
Alexandre Blok
(Eté 1912)
(Harpes et violons, In Le monde terrible/ Trad. Pierre Léon /NRF poésie Gallimard)
Illustration : "Le printemps" de Jean-François Millet
Dernière édition par Constance le Mer 25 Mai 2011 - 16:00, édité 1 fois
Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
Sujet: Re: Les poètes russes Mar 24 Mai 2011 - 12:45
C'est beau...
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Les poètes russes Mar 24 Mai 2011 - 22:31
Il suffit de peu de phrases pour entendre et voir.
merci Constance
Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
Sujet: Re: Les poètes russes Mer 1 Juin 2011 - 16:23
O maison vide, où la peur vit,
où les portes crient comme bêtes tristes,
où la table seule de sa douleur pleure,
les cachettes d'ombre, y sont pleines d'ogres...
O vide maison, vide à double-fond,
terrain-vague-chambre, ce qui fut la hante:
mots d'amour, rires, jeux, lumières, cris...
Blancheur des grands murs! Ombres disparues
de nous deux jadis... où se cachent les rires,
cris de peine, pleurs? Tout ne fut que leurre?
O la maison vide ni âme qui vive,
vide la maison personne, sinon
des mots enragés, des regards figés nous...deux étrangers.
Sémion Kirsanov (1962) [traduit par Elsa Triolet]
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Mar 1 Oct 2013 - 12:12
Constantin Dmitrievitch Balmont (né le 3 juin 1867 près de Vladimir, mort le 24 décembre 1942 à Noisy-le-Grand en France) est un poète symboliste russe du début du xxe siècle, qui s'est également consacré à la traduction d'auteurs, entre autres, Percy Bysshe Shelley, Henrik Ibsen, Edgar Allan Poe, Pedro Calderón de la Barca, Walt Whitman, Juliusz Slowacki. En 1921, il effectue avec son ami Serge Prokofiev un séjour dans la station balnéaire de Saint-Brévin-les-Pins, où le compositeur écrit la musique pour Cinq poèmes de Balmont. En 1942, il meurt indigent et oublié. (Wikipedia)
Les roseaux
Lorsqu'arrive minuit dans les marais déserts Les roseaux doucement soupirent dans les airs, Que disent les roseaux, pourquoi donc ces murmures ? Pourquoi des feux follets brûlent dans leur verdure ? Ces errantes clartés sur le miroir des eaux Se rallument ou bien s'éteignent de nouveau. Les roseaux de minuit s'inclinent et bruissent, Ils cachent des crapauds, de longs serpents y glissent. Le visage penché d'un livide croissant Se mire dans les eaux, tremblant, évanescent. Oh ! l'odeur de la vase, étrangement sauvage, Il aspire, il étreint, l'attirant marécage... "Qui donc est-ce ... Pourquoi ? demandent les roseaux. Pourquoi brûlent ainsi des flammes sur nos eaux ?" Mais le croissant se tait tristement qui l'ignore, Et penche son profil plus bas, plus bas encore ... Les roseaux chuchotant dans la nuit de saphir, D'une âme disparue évoquent les soupirs.
(In Anthologie de la poésie russe/ Edition de Katia Granoff/ NRF/Poésie/ Gallimard)
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Ven 29 Nov 2013 - 8:28
.
J'ignore la sagesse, utile pour les masses, Et ne met dans mes vers que ce qui fuit et passe, Car l'instant passager, pour moi, contient un monde Empli de jeux changeants et d'opalines ondes.
Ne me maudissez pas, vous qui vous croyez sages, Je porte en moi la flamme et ne suis qu'un nuage ... Et comme le nuage orageux mais si tendre, Je parle aux seuls rêveurs qui seuls peuvent m'entendre.
Constantin Balmont
(In Anthologie de la poésie russe/ Edition de Katia Granoff/ NRF/Poésie/ Gallimard)
Dernière édition par Constance le Ven 29 Nov 2013 - 10:14, édité 2 fois
jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
Sujet: Re: Les poètes russes Ven 29 Nov 2013 - 10:03
J'aime bien cette poésie-là. Mais bon, entre un côté tannant et sage, faut tout de même se faire une raison sur cet extrait...
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Les poètes russes Ven 29 Nov 2013 - 10:29
jack-hubert bukowski a écrit:
J'aime bien cette poésie-là. Mais bon, entre un côté tannant et sage, faut tout de même se faire une raison sur cet extrait...
Sans ton intervention, je n'aurais pas vu que j'avais omis de mentionner le nom du poète, JHB. Sinon, il est parfois utile que le poète rappelle son droit inaliénable à la liberté de rêver paresseusement, son droit à l'anticonformisme.