Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Olga Tokarczuk [Pologne]

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Arabella
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MessageSujet: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMar 9 Déc 2008 - 22:01

Olga Tokarczuk (1962- )


Olga Tokarczuk [Pologne] 220px-10



Elle est de formation psychologue, diplômée de l’Université de Varsovie, elle a travaillé comme thérapeute, avant de se consacrer complètement à la littérature suite aux succès de ses premières publications. Elle a écrit des poèmes pendant son adolescence, puis en 1979 a publié son premier récit dans la revue « Na Przełaj », suivi de plusieurs autres. Son premier roman, Podróż ludzi księgi est publié en 1993. Dès ses premières publications, elle a rencontré un très grand succès aussi bien auprès du public qu’auprès des critiques. Son dernier roman, Bieguni, a obtenu en 2008 le prix Nike, qui est le plus important prix littéraire polonais, ainsi que le prix du public. Beaucoup la considèrent comme la romancière polonaise la plus importante de sa génération.


Bibliographie

Citation :
Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)

1998 Dieu, le temps, les hommes et les anges, Éditions Robert Laffont,
2001 Maison de jour, maison de nuit, Éditions Robert Laffont, Page 1
2007 Récits ultimes, Éditions Noir sur Blanc, Page 4
2010 Les Pérégrins, Éditions Noir sur Blanc, Page 1
2012 Sur les ossements des morts, Éditions Noir sur Blanc, Page 3

Citation :
mise à jour le 15/12/2012, page 4
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Arabella
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMar 9 Déc 2008 - 22:02

Dom dzienny, dom nocny (Maison de jour, maison de nuit)



Il est impossible de résumer ce livre, qui malgré son titre de roman ne contient pas de récit structuré, il s’agit de fragments, de morceaux, d’histoires de personnes ou de lieux, mélangés à une sorte de journal de la narratrice, narratrice dont ne nous savons presque rien, et qui paraît pourtant ressembler à l’auteur elle-même. Elle nous y décrit une vie très quotidienne, banale et sans éclats, de cuisine ou de visite à une voisine, et pourtant le merveilleux, le magique, et l’extraordinaire se cache dans les gestes apparemment sans importance de tous les jours. Et puis d’autres personnages, vivant ou disparus depuis longtemps surgissent au fil des pages, au grès de l’inspiration de l’auteur, ils ont des liens plus ou moins lâches avec la narratrice, comme cette femme qui entend une voix, qu’elle essaie de retrouver, et qui vit une étrange expérience, et dont la silhouette croise la narratrice. C’est donc un mélange de voix, de bouts d’histoires, de recettes de cuisine improbables et pleines de poésies, nous entrevoyons des vies, dont le point commun semble être la solitude et l’impossibilité de partager son expérience avec les autres. Une tapisserie aux couleurs un peu passés, pleine de détails qui constituent à chaque fois un monde en soi.

C’est par moments extraordinaire, certaines petites histoires sont des petits moments d’anthologie, que l’on a envie de lire et de relire pour les savourer. Le style est limpide et dépouillé, tout en possédant une grand force d’évocation. Mais je trouve la construction à la longue un peu frustrante, cette narratrice dont on ne sait rien, qui ne se livre pas, devient lassante, et la juxtaposition de morceaux sans lien apparent, tout au moins pour moi, commence à moins bien fonctionner au bout d’un moment à mon sens . C’est néanmoins une lecture troublante et qui laisse des traces, et je poursuivrai l’exploration de l’auteur.
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMar 9 Déc 2008 - 22:12

Tentant et déroutant...
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMar 9 Déc 2008 - 22:34

Je voudrais retenir ce nom... pour un séjour, l'année prochaine, en Pologne cela sera une belle préparation littéraire!!!

Merci donc pour la présentation!
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMer 10 Déc 2008 - 1:19

tom léo a écrit:
Je voudrais retenir ce nom... pour un séjour, l'année prochaine, en Pologne cela sera une belle préparation littéraire!!!

Merci donc pour la présentation!

Arabella est la reine pour nous trouver des auteurs aux noms très "exotiques" Very Happy
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMer 10 Déc 2008 - 8:28

Marko a écrit:
tom léo a écrit:
Je voudrais retenir ce nom... pour un séjour, l'année prochaine, en Pologne cela sera une belle préparation littéraire!!!

Arabella est la reine pour nous trouver des auteurs aux noms très "exotiques" Very Happy

Tom Léo, je crois vraiment que c'est le nom à retenir, elle est très présente et très lue.

Quand aux noms exotiques Marko, c'est sans doute parce moi-même j'en porte un, et qu'il ne sont pas si exotiques pour moi Wink
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMer 10 Déc 2008 - 10:19

Merci pour ce fil, Arabella
En allemand il y en a pas mal de livres traduits d'elle - j'en ai fait la commande pour le livre que tu nous présente ici Wink
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMer 10 Déc 2008 - 18:12

kenavo a écrit:

En allemand il y en a pas mal de livres traduits d'elle - j'en ai fait la commande pour le livre que tu nous présente ici Wink

Si la traduction est à la hauteur, je pense que tu aimeras cette écriture et cet univers.
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMer 10 Déc 2008 - 18:18

Arabella a écrit:
Si la traduction est à la hauteur, je pense que tu aimeras cette écriture et cet univers.
Le journal allemand Die Zeit -en quelque sorte LA voix concernant bonne littérature- était très élogieux Wink
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMer 10 Déc 2008 - 18:22

Dans les pays anglo-saxons aussi elle semble avoir eu de très bonnes critiques, je crois que c'est surtout en France qu'elle très peu connue.
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyVen 19 Nov 2010 - 14:15

Olga Tokarczuk, globe-trotter

Le Monde des Livres | 18.11.10 |
Catherine Simon


Il n'y a pas (encore) de tableaux aux murs dans l'appartement de Wroclaw (ex-Breslau) où Olga Tokarczuk vient d'emménager. Mais la porte du réfrigérateur est constellée de post-it. A chaque carré de papier correspondent une lettre et sa prononciation phonétique. L'auteur des Pérégrins en est à la première étape du travail qui précède, chez elle, la mise en écriture : le temps de l'enquête et de l'étude. Voilà pourquoi elle apprend l'hébreu. Parce que son prochain livre (le douzième ; quatre seulement ont été traduits en français) parlera de la Podolie, cet ancien territoire à l'est de l'actuelle Pologne, "où vécut, au XVIIIe siècle, la communauté juive la plus importante du monde".

A chaque fois, c'est la même histoire : il y a d'abord, explique-t-elle, "un travail de documentation, d'archives". De cette collecte, qui lui prend plusieurs mois, le livre ne régurgitera qu'une "petite parcelle". C'est le cas des Pérégrins, qui aura demandé à Olga Tokarczuk, mais aussi, mezzo voce, à sa traductrice, Grazyna Erhard, de se pencher, rapporte cette dernière dans Le Matricule des anges (septembre), "sur la littérature de la Grèce antique, sur le cartésianisme ou sur la technique de la plastination des corps humains". Pourquoi ce prélude laborieux, ce long "travail de doctorant" ? Parce que les connaissances scientifiques, ou l'idée qu'on s'en fait, forment un "langage commun" et demeurent, assure-t-elle, "le seul paradigme dans lequel les gens ont confiance" ?

Qu'elle parle de la mort qui approche, thème central de Récits ultimes (Noir sur Blanc, 2007), qu'elle s'interroge sur les maisons et les appartenances assignées, comme dans Maison de jour, maison de nuit (Robert Laffont, 2001) ou qu'elle confronte, comme dans Les Pérégrins, les voyages de touristes aux aventures scientifiques et/ou spirituelles des XVIIIe et XIXe siècles, partout s'égrène la même bouleversante certitude : "Le monde est vivant, vibrant. Il n'existe pour lui aucun point zéro susceptible d'être mémorisé et compris (...). Il n'y a pas plus grande illusion qu'un paysage, puisque la fixité n'y existe pas", constate la narratrice de Maison de jour, maison de nuit.

Dans ces trois romans, on trouve une construction en puzzle, sorte de feuilleton faussement chaotique que traversent un ou plusieurs fils rouges. D'un livre à l'autre surgit "un univers à chaque fois différent, dans lequel Olga elle-même s'implique", commente Vera Michalski, cofondatrice des éditions Wydawnictwo Literakie (à Cracovie) et patronne des éditions Noir sur Blanc (à Genève). "Plus ouverte au monde que la plupart des écrivains polonais", estime l'éditrice, Olga Tokarczuk possède une "voix singulière", connue et reconnue en Pologne. Formidable nouvelliste, elle est à l'origine du festival du récit et de la nouvelle, créé il y a huit ans à Wroclaw. Ses livres sont traduits en une quinzaine de langues - dont le chinois et l'hébreu, sans oublier l'allemand, l'italien, l'espagnol et (un peu) le français. Son dernier roman, paru en 2009, est un polar écologiste qui devrait être prochainement traduit chez Noir sur Blanc.

Eclectique, capable de plaider la cause des bisons menacés du parc de Bialowieski avant d'expliquer comment un coiffeur jamaïcain lui a tressé ses premières dreadlocks à l'aéroport de Bangkok, la globe-trotter de la rue Wiezienna n'a pas toujours passé sa vie dans les trains et les avions. Elle a d'abord voyagé dans les livres. Ceux de la bibliothèque dont son père s'occupait. "J'ai appris à lire toute seule, à l'insu des adultes", se souvient-elle.

C'est à Pouchkine et à La Fille du capitaine qu'Olga Tokarczuk doit son prénom, sa soeur cadette recevant celui de Tatiana. Les parents, enseignants, travaillent alors à l'Université du peuple, la Klenica Uniwersytet Ludowy, installée au fin fond de la campagne, dans un "vieux château, coupé du monde", dit-elle. Un îlot de lumière, à la marge du brouillard communiste.

Née en 1962, Olga Tokarczuk passe son enfance dans ce phalanstère étonnant, une école libérale-libertaire, inspirée des idées du pédagogue danois Nikolaï Grundtvig (1783-1872) et financée par l'Etat (communiste) polonais. "Une quinzaine ou plus" de ces écoles existent à l'époque, forgées sur le même modèle progressiste. A la Klenica Uniwersytet Ludowy, on enseigne "les mathématiques et le savoir-vivre, les sciences humaines, le théâtre et... les règles du permis de conduire", raconte Tokarczuk. Une dizaine d'enseignants et une centaine d'enfants vivent ensemble, ces derniers appelant indifféremment les adultes "oncles" ou "tantes". La petite Olga est âgée de 10 ans quand le pouvoir communiste décide de fermer les Universités du peuple. Au grand dam d'Olga, qui en parle comme de "l'expulsion du paradis".

La famille retrouve une vie "normale" : les parents continuent d'enseigner, mais dans des établissements ordinaires. Leur fille s'inscrit à l'université de Varsovie en psychologie. L'oeuvre de Freud n'est pas au programme, mais on la trouve en librairie. La jeune étudiante dévore Au-delà du principe du plaisir : une "illumination", dit-elle. Une de ses nouvelles (non traduite), intitulée Che Guevara, décrit la relation entre un psy et son patient, le premier finissant "mangé" par l'univers mental du second. L'intérieur des gens (de leur psychisme, comme de leur corps) est l'une de ses obsessions. La mobilité en est une autre. Née à la campagne, installée à Wroclaw - "la seule ville de Pologne où je peux vivre", dit-elle -, Olga Tokarczuk se définit par le fleuve : "Je suis de l'Oder, c'est ma "Heimat"" (patrie). En deçà ou au-delà de la Pologne ? "C'est dur d'être polonais, ça sent la poisse, le mauvais karma !, soupire-t-elle. A cause d'Auschwitz, bien sûr. Mais pas seulement. C'est une histoire longue, douloureuse, un combat continuel contre ses complexes d'infériorité. Et parfois de supériorité." Une histoire d'Europe, en somme, enfouie quelque part en Pologne. Ou en Podolie.



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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyDim 7 Aoû 2011 - 17:28

Olga Tokarczuk [Pologne] Les_pa10 traduit du polonais par Grazyna Erhard



Génial !

Instructif !

Original !

Malicieux !

Les Pérégrins est un livre composé de plusieurs textes (certains longs de quelques lignes, d'autres pouvant atteindre la forme de nouvelles d'une trentaine de pages), textes rédigés à plusieurs voix (une narratrice et beaucoup de personnages). On pourrait craindre un mailliage un peu lâche, une cohérence difficile, une succession sans suite et sans logique de récits de voyages, mais il n'en est rien. Le texte est au contraire étonnament bien construit, basé sur une structure en filigrane qui ne prend jamais le pas sur le récit mais permet d'obtenir un livre hybride, recueil de pensées, de nouvelles, de passages à la fois historiques, érudits et parfois ludiques par la pertinence des reflexions.

O. Tokarczuk ne s'intéresse pas tant aux voyages qu'aux voyageurs, aux destinations qu'aux lieux de transit (aéroport, chambre d'hôtel, salle d'attente...), le mouvement n'est qu'un prétexte pour avancer vers l'obsession de la narratrice, une obsession du monstrueux, de l'étrange, de l'organique lorsqu'il devient tentaculaire ou débile, proliférant ou sous-développé, obsession qui nous offre une description fascinée et méticuleuse de la science anatomique. Des premiers essais de conservation du corps à la plastination, O. Tokarczuk nous fait pénétrer dans un univers de chairs et d'os qu'elle ne cesse de subsumer dans une incessante reflexion sur l'humain : les meilleurs anatomistes permettent aux hommes de découvrir l'intérieur de leur corps, mais donner à voir n'est pas offrir le savoir, voir n'explique pas comment la machine fonctionne, l'anatomie achoppe à donner une image et même une idée de l'âme. L'erreur n'est-elle pas d'ailleurs de dissocier les deux sachant par exemple qu'un homme amputé continue à souffrir de son membre perdu ? D'ailleurs d'où vient la souffrance ? En mettant en jeu les mécanismes perpétuels du corps et de l'esprit, en relatant la vie de personnages dont l'imaginaire envahit le corps ou dont le physique meuble le mental, en affrontant les thèmes de la vieillesse, de l'amenuisement, de la folie, du dérèglement, Tokarczuk invite le lecteur à un formidable voyage intérieur.

" (...) avoir une obsession, c'est pressentir qu'il existe une langue à part, une langue personnelle, unique, susceptible de nous dévoiler la vérité, si nous en faisons usage avec courage".

Il n'est pas inutile de souligner que la langue de Tokarczuk est une langue frontale, qui ne dédaigne pas la vulgarité ni le recours à la mythologie, qui puise son style à la fois du côté de la technique et de la poésie, une langue dont sa traductrice nous dit : "écriture spontanée, nerveuse, échevelée, avec des phrases courtes, émaillées de métaphores, d'aphorismes", une écriture qui exige du traducteur une totale implication et G. Erhard d'ajouter : " Cette savante construction polyphonique traduit l'éclatement, la fragmentation de la perception du monde par les nomades des temps modernes que nous sommes."

Un livre passionnant !
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyLun 22 Aoû 2011 - 18:48

Merci pour ce commentaire Shanidar. Ce livre est dans ma PAL, je vais essayer de le faire avancer dans la pile. dentsblanches
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptySam 15 Oct 2011 - 22:33

Les pérégrins


Shanidar a déjà admirablement parlé de ce livre, je vais donc me contenter de quelques impressions un peu impressionnistes, ce qui finalement ne sied pas trop mal à ce livre. Enfin je pense.

Donc un ensemble de textes, de quelques lignes à une vingtaine de pages, sur les voyages, ou plutôt les voyageurs, ceux qui ne peuvent rester en place. Caractéristique de notre temps, fait de civilisation, certes mais le voyage, en tant que besoin, existe depuis bien plus longtemps. Rien que le besoin du voyage intérieur, dans les profondeur du corps humain, dans la douloureuse nécessité de le saisir en en comprenant le fonctionnant, et le dysfonctionnement, en le reproduisant. Comme l'écriture saisi d'une autre façon l'âme, une autre façon de figer un fonctionnement, et dont le mouvement tout en étant en apparence l'opposé, est en fait le double réel. Donc voyager, bouger et voir, comprendre et maîtriser ou tout au moins s'abandonner à l'illusion de cette possibilité est en fait la même chose, et répond à l'éternel angoisse qui habite chaque être humain, et qui ne s'apaise qu'avec la mort.

Etrange livre, par moments fulgurant, sombre et lumineux à la fois. Certains textes sont vraiment magnifiques, plein de ces personnages obsédés, habité par une étrange force qui les dépasse. Comme cet homme, dont la femme et le fils disparaissent plusieurs jours sur une minuscule île, qui ne peut s'empêcher, lorsqu'ils sont revenu de vouloir savoir ce qui s'est passé, au point d'occulter tout le reste de sa vie. Olga Tokarczuk a le don de créer des personnages, et nous donner à toucher et à ressentir leurs angoisses et obsessions en quelques pages, d'une façon tellement tangible tout en étant suffisamment subtile pour que l'indicible soit plus fort que l'explicite. Quelques fragments sont tellement intenses qu'il est difficile de passer à l'éclat suivant de suite, il faut laisser passer un petit moment, laisser la lecture de côté.

Je suis toutefois un peu moins emballée que Shanidar, d'autres morceaux, surtout les plus courts, m'ont un peu moins convaincu, et je suis aussi un peu moins convaincue par la structure d'ensemble. La toute fin, même si l'écriture est magnifique, me donne un peu un sentiment de facilité, l'écriture comme le commun dénominateur, c'est tout de même un peu convenu. Mais incontestablement, un moment de lecture bonheur, qui me donne envie de lire les autres livres de l'auteur qui figurent dans ma PAL.
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MessageSujet: Re: Olga Tokarczuk [Pologne]   Olga Tokarczuk [Pologne] EmptyMer 3 Oct 2012 - 11:54

Maison de jour, maison de nuit


Lecture encore en cours, mais je devais déjà en dire quelques mots.

C'est fabuleux ! Je suis bien contente d'être aller fouiller du côté des auteurs polonais dont parle Arabella. Jamais de ma vie je n'aurais ouvert ce livre d'Olga Tokarczuk sans être inscrite ici.
Et c'est un livre vraiment incroyable.

De la poésie humaine, avec des points de mysticisme, de croyances, et de questionnements philosophiques. Une écriture vraiment très prenante : parce que d'une apparente simplicité (comme une petite bonne femme vous raconterait les histoires de son village, un soir, au coin d'un feu, avec une boisson chaude) d'où surgit des morceaux d'une poésie métaphorique très forte. Proche de la Nature, des éléments (une rivière qui passe par la cave d'une maison. Un incendie qui tourne sur lui-même et s'éteint. De la terre, de la rhubarbe, des myrtilles. Des chemins), proche des gens, de leurs questionnements, sur le comment être au monde, être dans le monde, l'appartenance à l'univers, à un Grand Tout. Et de tout ça une espèce de douce solitude.

Les textes se croisent, se décroisent, sont parfois très réalistes, parfois très mystiques, à d'autres moments très drôles ou terriblement tragiques. C'est vrai, comme le dit Arabella, que ça manque peut-être d'un vrai corps pour la narratrice. Du coup, ces morceaux peinent à être un tout et à maintenir une cohérence. Mais une fois que ce parti pris est accepté, c'est tout bon.
Je savoure chaque moment, qui sont pourtant tous si différents.

Et il faut absolument que je vous pioche des extraits.

Une lecture qui pourrait plaire à tellement de Parfumés !!! Il faut absolument que vous y jetiez un œil !
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