[2014] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Queenie a écrit:

L'institutrice, Nadav Lapid




Histoire et film d'une étrangeté inattendue.
Rien n'est complètement clair, rien n'est imposé comme allant de soi, et plein de pistes sont données sans qu'aucune réponse définitive ne sera donnée au spectateur. . .

Et ça met mal à l'aise...
L'histoire de cette institutrice fascinée par la poésie (elle s'essaye à l'être elle-même), et qui découvre, un jour, qu'un enfant de son école est un Poète.
Fasciné par ses mots, puis par lui.
Elle cherche à le sonder, le connaître, lui provoquer des sensations, des mots, le faire réfléchir (ou voir, en tout cas, le monde autour de lui) : tout ça pour servir sa poésie.
Mais ce gamin a 5 ans. Il écoute, sagement, obéit, puis laisse couler. Il n'est pas indifférent, mais patient et circonspect.

L'institutrice va loin. Très loin.
Ce qui met mal à l'aise, en tant que spectateur bien installé dans ses pensées bien correctes, on pose des limites : ne pas utiliser un enfant, ne pas jouer avec sa psychologie, éviter les rapprochements physiques. Ces limites ne sont jamais complètement franchies, mais c'est là.
Mal à l'aise parce qu'on peut aussi savoir que la poésie, l'art, peut déclencher des comportements extrêmes, sans limite, qui mettent en danger soi et l'autre. Un comportement qui permet à la poésie de trouver sa place. Hors des limites que la société lui impose.

Mais il y a aussi l'égoïsme de l'institutrice.
Elle est visiblement paumée dans sa vie, un peu trop monocorde peut-être. Qui manque de passion. Et elle cherche en l'enfant l'illumination, la chaleur, les émotions qu'elle n'a plus ailleurs.

Les acteurs sont impressionnants.
L'institutrice est incarnée avec une intensité qui force l'admiration. Le regard qu'elle a sur les choses, les gens, le monde. Sans concession. Qui semble vouloir avaler tout ce qu'il voit.
La présence du gamin, très forte, en attente, qu'on sent vraiment entre deux.

Des moments caméras où les acteurs se heurtent à l'image et regardent, de très près "Qui nous sommes". Pourquoi ces regards ? Pour bousculer le spectateur ? Lui  montrer qu'il n'est que témoin, mais qu'en tant que témoin il à sa place, on sait qu'il est là ?
Ou pour donner une distance à l'histoire : hé, c'est une œuvre, aussi.

Je ne suis pas certaine de pouvoir conseiller ce film. Il est vraiment troublant. Mais au moins il fait  réfléchir.

Je n'ai pas trop le temps de faire un vrai commentaire, mais juste quelques mots. C'est un film troublant, très prenant, même si après réflexion je ne suis pas sûre que cela soit aussi fort que cela l'est sur le coup. Très bien joué et filmé. Impressionnant même. Mais le contenu m'interroge au final, l'opposition entre les deux frères par exemple me paraissait un peu forcée. Un cinéaste à suivre quand même.

Vu ce week-end...

Si je reste...
Mignon tout plein et lacrymal à souhait En fait, d'après la bande-annonce, je ne pensais pas que ça serait tout à fait comme ça, mais c'est somme toute un joli film, pas un chef d'oeuvre non plus, mais attachants, comme ses personnages finalement. Même moi, j'avoue que j'ai eu les yeux humides à plusieurs reprises...  
Comme apparemment c'est l'adaptation d'un roman pour ado (genre Nos étoiles contraires, je suppose..  ), y'avait plein d'ado dans la salle... Mais comme ils ont pleurnicher les 3/4 du film, ça va, ils ont été sages... 


Avant d'aller dormir...
Un thriller à la Mememto, où Nicole Kidman oublie chaque nuit ce qu'elle a vécu... Bien foutu, on se doute d'un truc, mais on ne voit pas la fin venir. Avec un Colin Firth dans un rôle inquiétant, rare dans sa filmo d'ailleurs. Il réussi à être glaçant en un minimum d'effort à chaque apparition. Rien que pour ça, il vaut un petit détour...

National Gallery de Frederick Wiseman



Je rentrerais bien dans les coulisses de la National Gallery! ça peut être intéressant!

Chymère a écrit:

Vu ce week-end...
Avant d'aller dormir...
Un thriller à la Mememto, où Nicole Kidman oublie chaque nuit ce qu'elle a vécu... Bien foutu, on se doute d'un truc, mais on ne voit pas la fin venir. Avec un Colin Firth dans un rôle inquiétant, rare dans sa filmo d'ailleurs. Il réussi à être glaçant en un minimum d'effort à chaque apparition. Rien que pour ça, il vaut un petit détour...

Je l'ai vu aussi hier soir. J'ai regretté de ne pas avoir lu le roman parce que l'histoire est assez originale et habile même si elle n'est pas exempte d'incohérences. Un thriller paranoïaque que Nicole Kidman investit de façon convaincante. Ce n'est pas du grand cinéma mais un film du dimanche soir distrayant.

Spoiler:

pia a écrit:

Je rentrerais bien dans les coulisses de la National Gallery! ça peut être intéressant!

D'autant que Wiseman est un grand documentariste. La bande annonce m'a terriblement donné envie de le voir.

Chymère a écrit:

Marko a écrit:

Spoiler:

Spoiler:

Citation :

Et on se doute que toutes ces photos partout c'est pas très naturel...

Mademoiselle Julie
de Liv Ullman

Avec Jessica Chastain, Colin Farrell, Samantha Morton

Il y a 14 ou 15 ans, l’actrice fétiche d’Ingmar Bergman, Liv Ullman, avait réalisé un film que j’avais beaucoup aimé et que j’ai revu plusieurs fois depuis.

Lorsque j’ai appris que Liv Ullman avait adapté pour le cinéma la pièce d’ August Strindberg, Mademoiselle Julie, j’en frémissais d’impatience.
Puis me sont venus quelques échos de critiques pas très favorables au film.
Tout de même, lorsque j’ai vu la bande-annonce, puis l’affiche dans mon cinéma local, je me suis dit que je n’allais pas, quoi qu’il en soit, rater ça.



Bien m’en a pris car j’ai passé un beau moment. L’image est sublime (Mikhaïl Krichman), le texte est celui de Strindberg (ou en tout cas très fidèle) et les trois acteurs excellents, notamment les deux femmes, Jessica Chastain et Samantha Morton .
C’est déjà pas mal, non ?

Alors après, je ne crierai pas au chef-d’œuvre mais tout de même…Le niveau du film ne mérite pas le mépris de la critique et l’évitement des spectateurs.
Le théâtre filmé (mais ce n’est pas tout à fait cela non plus) est l’occasion d’une prise de risque. La théâtralité est bien là, mais le cinéma aussi !

Liv Ullman dit de la pièce : « Il me semble qu’elle a toujours fait partie de moi. Quand j’étais plus jeune, j’espérais avoir l’occasion de la jouer sur scène, mais cela ne s’est jamais concrétisé. »
Un regret qui la pousse sans doute à porter cette pièce fameuse à l’écran.

Elle transpose le récit en Irlande.
Un château. 1890. Nuit de la Saint-Jean.
Le maître des lieux est absent cette nuit-là. Il rentrera au matin.
La mère de Mademoiselle Julie est morte alors qu’elle était enfant, lui ayant enseigné à n’être jamais l’esclave des hommes.
Mademoiselle Julie, meurt d’ennui, et de désir, et d’envie de rejoindre les domestiques qui font la fête du solstice et dansent. Mais Mademoiselle Julie ne veut qu’un cavalier, et c’est John, le valet de son père!
Elle le rejoint dans la cuisine où il est avec sa fiancée Kathleen, la cuisinière.
« J’ai décidé d’oublier le rang, faites-en autant. »

Mademoiselle Julie se livre à un jeu cruel de séduction sur le jeune homme, sous les yeux mêmes de sa fiancée. Elle a tous les droits sur eux et John, depuis longtemps, n’est pas insensible à son charme. Il est résigné mais sa résignation ne tiendra pas devant les assauts sensuels, érotiques de la belle jeune femme.
Pour le malheur des trois, leurs sens exacerbés les conduisent à ce qui n’aurait pas dû advenir. L’ordre social pèse infiniment, puis il est bousculé mais reste le plus fort.



Ce qui est très intéressant (et les acteurs sont magnifiquement dirigés), c’est de voir comment dans cette nuit de passion brutale, les sentiments et les rapports de l’un à l’autre vont sans cesse changer.
Le résultat est tendu, éprouvant tout autant pour les amoureux et la cuisinière trahie que pour le spectateur. Ce qui se joue est cruel et très élégant cependant.

Quelle délicatesse dans le jeu de Jessica Chastain, éblouissante de fragilité et de force, poussée très loin dans l’hystérie !
Quelle retenue et quelle émotion dans celui de Samantha Morton !
Quelle belle incarnation du valet par Colin Farrell, entre dignité, blessure et sauvagerie !
Le film n’aurait pas tenu sans ces superbes interprétations, impeccablement dirigées. Mais peut-être faut-il aussi aimer le théâtre pour se sentir touché...et savoir patienter sur la durée.

Esthétiquement ça ressemble à Portrait de femme de Jane Campion. Je regrette de ne pas l'avoir vu. Je me rattraperai en DVD.

Marko a écrit:

Esthétiquement ça ressemble à Portrait de femme de Jane Campion.

Tu as raison. On pense aussi, en peinture, à Vermeer.

Un curieux film qui pourrait être un épisode de Columbo pour l'intrigue qui suit un meurtrier s'empêtrant dans la machination mise en place qu'il pensait maîtriser. Mais c'est aussi un portrait de groupie intelligente dont la névrose devient une force. Une comédie décalée avec un couple de flics qui passent leur temps à se faire des scènes de ménage plutôt que de se concentrer sur leur enquête... L'ensemble n'est ni crédible ni vraiment réussi mais plutôt divertissant. Et il y a surtout une scène formidable de garde à vue où Sandrine Kiberlain est absolument géniale (comme d'hab!). Rien que pour cette scène le film vaut la peine d'être vu.

-Elle l'adore-

Ca nous a bien plu (On était plusieurs, ce qui n'est pas toujours le cas) J'ai trouvé que pour un premier film (la cinéaste, Jeanne Herry, est La fille de Julien Clerc et de Miou miou ) c'était plutôt réussi.

En partant d'une situation absurde

Spoiler:

on suit leur épopée complètement burlesque et souvent drôle avec plaisir, sans s'ennuyer une seconde.

La scène de la garde à vue est effectivement absolument géniale et Sandrine Kiberlain prouve qu'elle est une actrice comptant parmi les meilleures en ce moment. Pouvoir jouer de sa supposée naïveté (elle l'est tout de même puisque c'est le principe de départ) et en tirer les ficelles pour mieux embobiner ces deux flics qui n'en sont pas à leur première garde, est vraiment du grand art. Quand l'ingénuité affichée (ou la folie douce) devient une arme, elle peut devenir redoutable. Un petit film décalé et original qui fait passer un bon moment, c'est déjà pas mal 

un avis ou un a priori pour Le Paradis de Alain Cavalier ?

Marko a écrit:

Week-ends

Une très belle surprise. Je n'attendais rien de ce film et j'ai été emporté par ce ton très libre, très juste (je ne comprends pas ceux qui parlent d'académisme!!!). Un savant dosage d'humour et de mélancolie, d'insouciance et de gravité. Un film qui parle de la solitude à 2 ou à plusieurs, du temps qui passe et de l'amitié. Un regard affectueux et ludique sur les différentes générations. Bach, Fauré et des chansons d'antan. Un casting parfait et surprenant. Karin Viard en fait beaucoup mais je lui pardonne parce qu'elle me fait toujours autant rire même dans les moments douloureux. Je vous le recommande vivement. Une réalisatrice dont j'essaierai de voir les précédents films et dont je guetterai les suivants. Je suis surpris du grand écart entre les critiques. Je me retrouve dans celles du Monde et de Positif.




Fauré: Après un rêve

J'ai bien aimé ce petit film : certes Karine Viard en fait beaucoup mais finalement ça correspond tout à fait à son rôle de femme un peu "borderline" et je pense même que c'est ce qui apporte une saveur supplémentaire !
Un couple quadragénaire qui se fracture sans quelques prémices annonciateurs de ce drame familial : Jean "part ailleurs" laissant Christine abasourdie et hurlante de douleur face à cette trahison inattendue ...Copinant gentiment depuis plus de 25 ans avec Ulrich et Sylvette lors de leurs weeks-ends en Normandie où chaque couple a acheté une maison secondaire , l'évènement entraine une série de doutes , de probables remises en question pour les uns et les autres de par un effet miroir : c'est joliment éclairé par cette réalisatrice par des dialogues subtils , elliptiques , des gestuelles et des regards au rythme de ces weeks-ends qui désormais n'auront plus la même tonalité : l'interdépendance des êtres , les fondements d'un couple et l'évolution de celui-ci au fil des ans , la place de chacun au sein de celui-ci , l'importance de l'image qu'on donne aux proches qui s'en approprient aussi pour leur propre chemin ...Tout est si fragile dans les relations affectives :  Anne Villacèque filme avec justesse les conséquences souterraines et périphériques d'un fait profondément banal et trivial de la séparation d'un couple , sans chercher à comprendre ou à expliquer ....
C'est plein d'empathie , c'est triste et doux , c'est la vie dans son ordinaire : rien de nouveau mais ce regard incisif mais tendre sur les tourments de  la vie fait un bien fou ....

animal a écrit:

un avis ou un a priori pour Le Paradis de Alain Cavalier ?

A priori très favorable. J'irai le voir.