Jean-Pierre Melville

(et ce n'est pas fini !)



Le cercle rouge

Revu aussi. Un film (cercle ?) dans lequel beaucoup de personnages se rencontrent : un type qui sort de prison (Alain Delon), un autre type en cavale (Gian Maria Volonte), un ancien policier avec un problème de bouteille (Yves Montand) et à leurs trousses un policier déterminé (André Bourvil).

Des gangsters, marginaux encore une fois, qui visent une bijouterie pour un casse d'anthologie (et pas sans influences, Quand la ville dort), 25 minutes sous tension... sans un mot. Une séquence marquante qui est loin d'être la seule : la rencontre entre Delon et Volonte au milieu d'un champ boueux, dans la grisaille, à côté de l'imposante et parfaitement cinématographiquement longue Plymouth, le delirium tremens de Jansen/Montand... et la totalité de Bourvil dans ce film, véritable monument de force non brutale et de nuance (et ses retours dans son appartement avec ses gros chats).  Des seconds rôles et gueules du cinéma français comme François Périer et Paul Crauchet...


En couleur les éclairages et intérieurs sont toujours précis et choisis, si on a cet attendu melvillien du peu de mot, de cet grisaille et des no man's land du moment, du timing glissé des scènes qui coulent toutes seules avec leur élégance travaillée, en grand et peut-être en contraste avec Le Doulos, on remarque dans le montage quelques accélérations, pas sur l'action mais sur les présences.

Casting qui dépasse les étoiles, envergure classique de flics et gangsters, sens de l'énigme humaine et scènes clés réglées et réalisées avec un raffinement tout aussi serein qu'affranchi.

Que demander de plus ?


(En fait, d'une certaine façon si on doit choisir dans la filmographie de Melville on peut peut être bien avoir plus, n'empêche Le Cercle rouge est un très très bon film, au moins).

bravo !
Grâce à toi, je sais maintenant pourquoi j'aime ce film.

tu devais bien avoir des idées quand même. tu pourrais bous raconter ça...

animal a écrit:

tu devais bien avoir des idées quand même. tu pourrais bous raconter ça...

Très diffus ... Impressionné par le jeu de Bourvil notamment ...

Quelques échos plus diversifiés avec un pot pourri des avis de la presse de l'époque : cinematheque.fr

animal a écrit:

Quelques échos plus diversifiés avec un pot pourri des avis de la presse de l'époque : cinematheque.fr

Tu vois, t'es déçu ... Fallait pas me demander : je ne sais pas dire non ....
Non, c'est vrai ...

je ne suis pas déçu, je suis patient.

animal a écrit:

je ne suis pas déçu,  je suis patient.

Tu risques d'attendre ... Si tu allais plutôt te prendre une bière en attendant ?

je vais plutôt continuer à revenir sur ce que j'ai vu le weekend dernier, revu aussi en fait :



L'armée des ombres

Et là aussi avant de rentrer dans la salle, avant l'extinction des lumières, qu'on se l'avoue complètement ou pas il y a une attente. Ce n'est pas "n'importe quel film". Encore une brochette d'acteurs au-delà du luxe et une fois de plus des grands noms qui n'étouffent pas les autres : Paul Crauchet, bigre, il est décidément discrètement immense ! Sur le même principe, sujet oblige, on sent une retenue (émouvante ?) dans la réalisation. Précision encore (rien que le cadrage de l'arc de triomphe au début, peut-il être autrement ?), minutie, mais un assemblage plus classique, pas de brusqueries dans le montage, rien de trop souligné. La particularité peut-être d'un dépouillement plus marqué par le truchement d'un jeu subtil de décors et d'espaces.

Paradoxalement ce n'est pas le film le plus chiche en moyens (malgré quelques maquettes). Je n'ai pas lu le livre de Kessel mais on retrouve évidemment des passages de narration en même temps que l'image ce qui est un régal. L'intérêt ou l'efficacité du film tient en partie au sujet, cette période particulière et ce combat particulier de la résistance mais tout autant à la manière.

Les personnages agissant aux marges, dans un contexte poussant leur humanité aux limites, le risque de la trahison un enjeu presque aussi important que le risque tout court. Mais la trahison pas celle de l'autre, celle de soi autant que celle de l'autre. Il faut aussi souligner l'escapade londonienne, représentative car elle expose un point historique tout en donnant une respiration et un reflet à l'atmosphère oppressante de France. C'est même plus compliqué, irréel dans le cérémonial, étranger même dans la fête qui continue sous les bombardements. Et une image (jeune femme en uniforme) qu'on revoit plus tard dans le film, pas exactement un espoir.

Le drame de toute façon l'emporte sur un héroïsme qui reste énigmatique.

Et puis dans cette version restaurée, ouch, lumière, couleurs, tonalités grises, humides mais profondes... le Cinéma, un de ses visages, à l'état pur. Le passage dans la campagne du fourgon de gendarmerie, rien que ça c'est juste beau.

On pourrait chipoter sur des détails, pas convaincu qu'à l'arrivée ça aurait encore du sens. Un monument ça peut se regarder comme un monument, on a le droit de se décrocher la mâchoire d'ébahissement, de ne pas tout digérer tout de suite, de ne pas se souvenir du reste tant que le film dure.

Sur grand-écran. Oui m'sieurs dames.

Tu l'avais vu avant sur ton tout petit écran?

Merci animal ! Chaque fois qu'il passe, il faut que je le regarde ... Tellement d'images me reviennent à propos de ce film. Comme tous, la musique de film m'a longtemps fait flipper ...

topocl a écrit:

Tu l'avais vu avant sur ton tout petit écran?

oui m'dame.

Une fois sûr, peut-être deux.

et oui aussi pour la musique !

ouverture inoubliable :

J'ai vu Un flic, son dernier film.
Je suis plutôt mitigé. Le début m'a bien plu avec cette scène de braquage très réussie. Puis, j'ai regardé le film sans trop m'ennuyer au final, mais je n'irais pas dire que j'étais fasciné. Et puis le titre est bizarre, car on voit plus les braqueurs que le flic. Delon est plutôt bon, Deneuve ne sert pas à grand-chose.
Enfin, il faudra que j'essaie autre chose un jour.

ce n'est pas forcément, sans doute pas même, le meilleur de ses films. le côté glacé et la désagrégation des liens seraient des indices menant au reste ?

et puis ce générique de début c'est juste pas possible.