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| Pascal Quignard | |
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Auteur | Message |
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Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Pascal Quignard Jeu 1 Mai 2008 - 16:43 | |
| Comme le précisait coline plus haut, "Le nom sur le bout de la langue" est un conte et donc à prendre en tant que tel. Ce que je peux dire, c'est que très vite, lors de l'écoute du texte, la magie des mots et du rythme des phrases a opéré sur moi. De plus, l'ambiance se prêtait vraiment à la dégustation de ce texte: le feu crépitait dans la cheminée, dehors le printemps cédait la place à l'hiver, les lecteurs de leur belle voix m'emportait sur les pas de Heidebic de Hell et de l'oubli d'un mot que l'on sait pas très loin et que l'on ne retrouve pas malgré tous les efforts fournis. "Le nom sur le bout de la langue", un conte philosophique qui, derrière son apparente légèreté (dans le sens facilité de lecture), pose la question du souvenir volontairement perdu ou non. Suite à une grande émotion ou face à une immense émotion, comment peut-on pervenir à réunir assez de force mentale pour ne pas céder à la panique ou à la terreur? Sans compter la présence d'un peu de culpabilité (la jeune fille a menti pour séduire le beau tailleur!) pour corser la recherche du souvenir et faire apparaître le nom qui sauve la situation. C'est un conte dans la grande tradition du conte: les épreuves, les obstacles, les aides...bref tout y est pour le grand plaisir du lecteur. Un opuscule quignardien que je compte acheter bientôt (je deviens une fan de Quignard on se demande à qui la faute ) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Pascal Quignard Dim 11 Mai 2008 - 12:09 | |
| Pour moi " Le nom sur le bout de la langue" est capital. Sa lecture m´a profondément soulagée quand mon bilinguisme commençait à me jouer des tours. Quignard m´a réconciliée avec cette ínévitable contamination qui s´opèrait d´une langue à l´autre lorsque chez moi. Quand il m´en a fait deviner l´origine, j´ai arrèté d´en souffrir, j´ai cessé cette bataille quand il m´a expliqué qu´elle etait perdue d´avance. Le conte de Colbrune et de Jeûne ouvre sur une reflexion: le mot oublié devient sujet d´étude, véritable petit traité "sur Méduse". La parole peut bien recevoir un sens, au contact du cerveau, de la mémoire, le mot restera toujours incomplet: "Toute parole est incomplète deux fois (... ) Une fois parce qu´elle n´a pas toujours été (parce que le langage est acquis). Une seconde fois, parce que la chose manque au signe ( parce qu´elle est langage). Tout mot manque sa chose". Et c´est bien la Langue qui nous le rappelle, quand un mot nous fait défaut, quand nous l´avons sur le bout de la langue et que nous sommes incapables de l´émettre. Détresse, exasperation qui ne sont d´ailleurs que vanités, puisque nous ne découvrirons jamais cette source immense, intarrissable, indomesticable qu´est le langage. | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Boutès Mer 10 Sep 2008 - 10:29 | |
| Poezibao et Isabelle Baladine Howald nous présentent le dernier Quignard: "Boutès". http://poezibao.typepad.com/poezibao/2008/09/bouts-de- pascal.html Ouffffffff, trouvé un livre pour la rentrée 2008... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 10 Sep 2008 - 19:14 | |
| Ne t´inquiète pas Coline, j´ai déjà envoyé quelqu´un en délégation à la librairie de Toulouse où Quignard sera en personne le Vendredi 12 Sept. à 18h, afin de me prendre un exemplaire ( signé). S´il y a d´autres toulousains, c´est là le Rendez-Vous:
http://www.ombres-blanches.fr/pub/rdv/detail.php?id_message=1165&osCsid=c79a7ee998a4ed7e1fec2ab86346be38 | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 10 Sep 2008 - 21:43 | |
| - swallow a écrit:
- Ne t´inquiète pas Coline, j´ai déjà envoyé quelqu´un en délégation à la librairie de Toulouse où Quignard sera en personne le Vendredi 12 Sept. à 18h, afin de me prendre un exemplaire ( signé).
S´il y a d´autres toulousains, c´est là le Rendez-Vous:
http://www.ombres-blanches.fr/pub/rdv/detail.php?id_message=1165&osCsid=c79a7ee998a4ed7e1fec2ab86346be38 BoutèsDès la fin du Mycénien la légende courut d’une île mystérieuse sur les rives de laquelle les marins périssaient attirés par le chant des oiseaux. On racontait que les navigateurs qui passaient le long de ces côtes se faisaient emplir leurs oreilles de cire pour ne pas être déroutés et mourir. Même Orphée le Musicien ne voulut rien entendre de ce chant continu. Ulysse le premier souhaita l’entendre. Il prit la précaution de se faire attacher les pieds et les mains au mât de son navire. Seul Boutès sauta.Et voilà...C'est comme ça avec Quignard... Il y a peu je ne connaissais même pas le nom de Boutès... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 10 Sep 2008 - 22:05 | |
| Tiens, on retrouve le sujet de la musique... la musique qui peut être dangereuse. C'est tentant... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 10 Sep 2008 - 22:07 | |
| - eXPie a écrit:
- Tiens, on retrouve le sujet de la musique... la musique qui peut être dangereuse.
C'est tentant... Il te faut lire La haine de la musique de ce cher Pascal Quignard...Mais c'est peut-être déjà fait... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 10 Sep 2008 - 22:08 | |
| - coline a écrit:
- La haine de la musique
C’est un ouvrage passionnant, dix petits traités rassemblés sous le titre La haine de la musique. Quignard rompt avec un art qu'il a longtemps pratiqué. Son écriture médite sur un point particulier qui revient constamment: entendre et obéir.
« La musique est faite de sons qui protègent des sons ». Elle est une modulation du silence. Mais elle est aussi un piège, développe Quignard. "Les oreilles n'ont pas de paupière", nul ne peut se protéger de la contagion sonore : "l'auditeur de musique n'est pas un interlocuteur. Il est une proie qui s'abandonne." L'écoute de la musique est liée à la passivité et à l'obéissance. »
Il étaie ses propos, comme toujours, de nombreuses références culturelles : -réminiscence mythologique : le mythe des sirènes. - référence philosophique - Platon, La République - approche ethnologique : les rites primitifs centrés autour du chaman, la possession des corps par incantation. - perspective psychanalytique : en toute chose, Quignard n'aime que l'origine (celle du jour, de la langue, de l'art, de l'amour, du désir...) Ici, celle des sons. Il cherche toujours un avant le temps, avant les mots, avant la sexualité.
«Le son est la perception la plus archaïque de l’histoire personnelle, avant même l’odeur, bien avant la vision. ». « Les sonores précèdent notre naissance ».
- constat sociologique : le conditionnement par musiques de notre époque, dans ses lieux les plus communs et les moins évitables (ascenseur, supermarché, rue marchande, restaurant, métro, églises même…). « Quand la musique était rare, sa convocation était bouleversante comme sa séduction vertigineuse. Quand la convocation est incessante, la musique repousse. Le silence est devenu le vertige moderne. Son extase. J'interroge les liens qu'entretient la musique avec la souffrance sonore. »
L’approche de Quignard est aussi une approche historique :
-« Pourquoi la naissance de l’art se trouva-t-elle liée à une expédition souterraine ? » « Je soutiens que les grottes paléolithiques sont des instruments de musique dont les parois ont été décorées. Elles sont des résonateurs nocturnes qui furent peints d’une façon qui n’était nullement panoramique : on les a peints dans l’invisible. Le choix des parois décorées fut celui de l'écho.»
-Quelques pages, très fortes, s’appuyant amplement sur les écrits de rescapés des camps de la mort, comme Primo Levi («Leurs âmes sont mortes et c’est la musique qui les pousse en avant comme le vent les feuilles sèches, et leur tient lieu de volonté.») et Simon Laks, évoquent la part active prise par la musique dans l'extermination des juifs organisée par les Allemands de 1933 à 1945. Les victimes, interprètes et auditeurs, tous déportés, contraints et forcés. « La musique pour augmenter l’obéissance et les souder tous dans la fusion non personnelle, non privée, qu’engendre toute musique » écrira Primo Levi.
" La musique est le seul, de tous les arts, qui ait collaboré à l’extermination des Juifs organisée par les Allemands de 1933 à 1945... Il faut souligner, au détriment de cet art, qu’elle est le seul qui ait pu s’arranger de l’organisation des camps, de la faim, du dénuement, du travail, de la douleur, de l’humiliation, et de la mort... Il faut entendre ceci en tremblant: c’est en musique que ces corps nus entraient dans la chambre. » dit Pascal Quignard.
Puis « La musique se tient déjà tout entière dans le coup de sifflet du SS. Elle est une puissance efficace, elle provoque une attitude immédiate. Comme la cloche du camp déclenche le réveil, par lequel le cauchemar onirique s’interrompt pour ouvrir au cauchemar réel ». « L’ouïe, lors de l’endormissement, est le dernier sens qui capitule devant la passivité sans conscience qui vient. » Ce fut une musique rituelle... une «hypnose du rythme continu qui annihile la pensée et endort la douleur».
Ouïr et obéir ont la même origine : « Comment entendre la musique, n’importe quelle musique, sans lui obéir? » « La musique viole le corps humain. Elle met debout. Les rythmes musicaux fascinent les rythmes corporels. A la rencontre de la musique, l’oreille ne peut se fermer. La musique étant un pouvoir s’associe de fait à tout pouvoir. Elle est d’essence inégalitaire. Ouïe et obéissance sont liées. Un chef, des exécutants, des obéissants telle est la structure que son exécution aussitôt met en place. Partout où il y a un chef et des exécutants, il y a de la musique… Cadence et mesure. La marche est cadencée, les coups de matraque sont cadencés, les saluts sont cadencés."
Le fascisme est lié au haut-parleur. L’amplification du discours fasciste s’est imposé par la persuasion du volume sonore, et sa cadence implacable (ce qui est vrai aussi des rengaines commerciales qui s’imposent de la même manière et asservissent ceux qui s’y font prendre).
Dès lors, pour Pascal Quignard, " celui qui l'a le plus aimée", la musique devient haïssable. Elle est un instrument d'esclavage . "Le silence est devenu le vertige moderne. De la même façon qu’il constitue un luxe exceptionnel dans les mégapoles.... Je fuis la musique infuyable..." Je fais remonter le post car personne ne remontera un fil aussi long... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 10 Sep 2008 - 22:38 | |
| Lire la Haine de la Musique, c'est facile. Comprendre, c'est autre chose. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 10 Sep 2008 - 23:49 | |
| - eXPie a écrit:
- Lire la Haine de la Musique, c'est facile.
Comprendre, c'est autre chose. On peut comprendre le point de vue sans pour cela le partager ... | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 8 Oct 2008 - 11:48 | |
| Terrasse à RomeLa singulière histoire de Meaume le graveur, narrée remarquablement par Pascal Quignard. L'anecdotique est souligné avec force ; les moments forts sont esquissés, à peine. Aux détours des chapitres courts de ce roman surgissent des moments d'une intensité rare ( telle la rencontre de Meaume avec son fils dont il ignorait l'existence). Les "huit extases" de Meaume sont exposés dans un désordre organisé, se rapportant à des moments de la vie de Meaume. L'histoire de Meaume, une fois le drame initial (sa défiguration à l'eau-forte) exposé nous est narrée à la suite de ses voyages et de ses gravures. Le roman est parsemé de "bijoux", tel le début, déjà cité par ailleurs, telle cette pensée de meaume à la fin de sa vie : - Citation :
- Il y a un âge où on ne rencontre plus la vie mais le temps. On cesse de voir la vie vivre. On voit le temps qui est en train de dévorer la vie toute crue. Alors le coeur se serre. On se tient à des morceaux de bois pour voir encore un peu le spectacle qui saigne d'un bout à l'autre du monde et pour ne pas y tomber.
J'ai énormément aimé ce livre, ce style et les choix faits pas l'auteur pour nous exposer cette vie, si fragile et si forte.
Dernière édition par Steven le Mer 8 Oct 2008 - 17:49, édité 1 fois | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 8 Oct 2008 - 12:22 | |
| J'avais lu "Tous les matins du monde" (curieusement, c'est l'adaptation cinématographique qui m'a emmenée au texte), "Villa amalia", "Quatuor", et mon préféré "Les ombres errantes"( ). | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Pascal Quignard Mer 8 Oct 2008 - 12:56 | |
| - Nathria a écrit:
- J'avais lu "Tous les matins du monde" (curieusement, c'est l'adaptation cinématographique qui m'a emmenée au texte),
Tout comme pour Majeanne l'autre jour sur le fil de nos lectures du mois, je veux bien le répéter - un très bon comlément pour Tous les matins du monde (livre ET film ) est Sophie Nauleau et son livre La main d’oublies qui parle de Quignard, Tous les matins du monde.. et tant d'autres choses.. son fil est ICI | |
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| Sujet: Re: Pascal Quignard | |
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| | | | Pascal Quignard | |
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