LC Gustave Flaubert - Madame Bovary

Armor-Argoat a écrit:

Je dois renoncer (à regret), mais la bibliothèque départementale, qui ne passe pas en été, vient de livrer d'un coup tous les livres que j'avais réservés (certains depuis des mois). J'ai donc 10 livres à lire en 3 semaines, et d'autres sur le point d'arriver…

Et ce n'est pas possible de prolonger le prêt ?

Merci pour le lien ! J’écouterai lorsque j’aurai fini le roman.

Je viens de finir le chapitre VI de la première partie (je traîne la patte ). J’en garde une impression d’ennui agréable, est-ce un blasphème ? Le rythme parfait, très travaillé de l’écriture me porte tranquillement d’une scène à l’autre, mais mis à part peut-être

Spoiler:

rien ne m’a pour le moment accroché le cœur.
Je suis surtout surprise par le ton hyper grinçant du roman, je ne m’y attendais pas (oui, je descends de la lune) ; j’attends de voir, ça peut donner pour moi quelque chose de paradoxalement très touchant ou me laisser froide.

Bonne lecture, tout le monde !

Arabella a écrit:

Armor-Argoat a écrit:

Je dois renoncer (à regret), mais la bibliothèque départementale, qui ne passe pas en été, vient de livrer d'un coup tous les livres que j'avais réservés (certains depuis des mois). J'ai donc 10 livres à lire en 3 semaines, et d'autres sur le point d'arriver…

Et ce n'est pas possible de prolonger le prêt ?

Si, quinze jours. Mais encore une fois, 6 ou 7 autres sont en route…

Je viens de finir le chapitre VIII, je dirais que ce n'est pas tellement le genre d'histoire qui me fascine en général, mais j'accroche vraiment bien grâce à cette langue magnifique.

Quand Flaubert nous parle du bonheur, ou plutôt de l'amour:

Flaubert a écrit:

Il se rencontre un jour, répéta Rodolphe, un jour, tout à coup et quand on en désespérait. Alors des horizons s'entr'ouvrent, c'est comme une voix qui crie : "Le voilà !" Vous sentez le besoin de faire à cette personne la confidence de votre vie, de lui donner tout, de lui sacrifier tout! On ne s'explique pas, on se devine. On s'est entrevu dans ses rêves. (Et il la regardait.) Enfin, il est là, ce trésor que l'on a tant cherché, là, devant vous; il brille, il étincelle. Cependant on en doute encore, on n'ose y croire; on en reste ébloui, comme si l'on sortait des ténèbres à la lumière.

Une page plus loin:

Flaubert a écrit:

-Eh non pourquoi déclamer contre les passions? Ne sont-elles pas la seule belle chose qu'il y ait sur terre, la source de l'héroïsme, de l'enthousiasme, de la poésie, de la musique, des arts, de tout enfin?
- Mais il faut bien, dit Emma, suivre un peu l'opinion du monde et obéir à sa morale.
- Ah! c'est qu'il y en a deux, répliqua-t-il. La petite, la convenue, celle des hommes, celle qui varie sans cesse et qui braille si fort, s'agite en bas, terre à terre, comme ce rassemblement d'imbéciles que vous voyez. Mais l'autre, l'éternelle, elle est tout autour et au-dessus, comme le paysage qui nous environne et le ciel bleu qui nous éclaire.

Tu as bien choisi tes extraits Arturo.

Alors comme ça, vous la trouvez insupportable Emma ? Oui, sans doute un peu... mais le Charles est pas bien étincelant non plus... il est médiocre, et Emma l'est seulement un peu moins, mais comme ils vivent dans un monde qui leur offre peu de points de repères, difficile de jauger et de s'orienter...

Fini partie II, chapitre III.

Je me fais à cette acidité de ton, parce que je commence à trouver que l’auteur a une certaine tendresse pour Emma et Charles… je le trouve à tort ou à raison, d’ailleurs : ce que vous avez dit, Arturo  et Marc, est juste, mais pour moi c’est ce recul qui me permet de m’identifier. J’arrive pas à la détester, parce que cette médiocrité que je vois clairement dans le texte, c’est la mienne aussi.
J’ai beaucoup aimé le premier passage que tu cites, Marc, sur la danse ! Tellement de choses reconnues en si peu de mots.

Colimasson, je suis peut-être pas encore allée assez loin dans le roman, mais je comprends pas trop ‘vivent dans un monde qui leur offre peu de points de repère’ ? Au contraire, dans ces derniers chapitres, j’ai eu l’impression qu’Emma se ‘situait’, justement, surtout au cours de la réception où elle se trouvait à la fois exaltée et honteuse. Mais je réalise qu’au point où j’en suis dans l’intrigue, on sait très bien que Léon est attiré par Emma, mais on ne peut que supposer ce qu’elle pense de lui : j’allais donc dire qu’elle semblait le placer entre Charles et le vicomte idéalisé sur son spectre de l’excellence, qu'elle 'ajustait' du coup sa propre identité… alors qu’en fait j’en sais rien !

Le premier dialogue entre Léon et Emma sur la beauté des lacs au clair de lune et patati et patata était parfait   J’étais presque embarrassée en le lisant !

Oh là, vous allez vite ! En fait, je pense qu'il ne faut pas oublier que vu leur contexte sociale et l'époque Charles et Emma ne pouvaient pas être étincelants. Les femmes déjà, n'étaient pas vraiment libre et qu'elles rêvent d'aventure peut se comprendre. Quant à Charles idem, ce n'est qu'un petit médecin qui travaille dur et qui, hélas pour lui ( ) aime sa femme et tente à sa manière de la satisfaire. Tous les deux sont prisonniers des préjugés et des codes de l'époque.

Ah, mais je n'ai pas dit que je la détestais, j'ai dit qu'elle avait un côté agaçant. Faut dire, à sa décharge, comme le souligne Coli, qu'elle n'a pas tiré le gros lot avec son mari. Qui, lui, a un côté Bourgeois gentilhomme, ou simplet au choix.

Spoiler:

chapitre 5 et 6 deuxième partie:

Spoiler:

je l'aime bien Emma

Je l’ai terminé hier soir. Il va me falloir un peu de temps pour le digérer et pouvoir commenter cette lecture.
En tous cas, quel choc ! Les 50 dernières pages ont parfaitement résolu les problèmes que le texte me posait, à savoir que je ne pouvais pas éprouver de réelle émotion sans sentir que l’auteur se foutait un peu de ma gueule (chercher l’émotion dans un roman sur une personne qui a sans doute trop cherché l’émotion dans les romans !).
La réconciliation parfaite de la critique et de l’émotion sur le final est hallucinante, j’y croyais pas. On est dans le pathos tout en la trouvant ‘pathétique’ au sens ‘djeuns’.
Je suis vraiment très heureuse de l’avoir lu, merci d’avoir suggéré la LC.


Et au cas où quelqu’un ici partagerait mon sens de l’humour… j’ai eu un fou rire en lisant la page Wikipédia d’un ouvrage de Sartre sur Flaubert, intitulé L’idiot de la famille

Spoiler:

J’adore Sartre, mais il en rate pas une

Merci pour tes impressions, et content que la fin t'ait finalement plu.
J'ai du mal à en parler, car je ne vois pas grand-chose à dire tellement cette oeuvre a déjà été commentée, et qu'elle est brillante.

Où en sont nos autres lecteurs? Marc ? Océane ?

ArturoBandini a écrit:

Merci pour tes impressions, et content que la fin t'ait finalement plu.
J'ai du mal à en parler, car je ne vois pas grand-chose à dire tellement cette oeuvre a déjà été commentée, et qu'elle est brillante.

Où en sont nos autres lecteurs? Marc ? Océane ?

moi, j'avance doucement. Pas beaucoup de temps pour lire. J'hésite: Parfois je trouve cela très bien, parfois très ennuyeux ( il faut dire que je sors de "Nana" qui a été une très grande claque pour moi). Bon, d'après ce que j'ai lu la fin est bien. Alors à suivre...

Bonsoir,
Désolée pour ce long silence, j'ai eu des soucis de santé, quelques visites à la clinique du coup, je ne suis plus passée par ici.
J'ai bien commencé le livre, j'en suis vraiment au début (à leur mariage...), en tout cas j'adore l'écriture.

Bon rétablissement.
Content que ça te plaise.

Merci Arthuro :)
J'avance tranquillement, pas totalement prise dans l'histoire comme dans un polar (que j'ai l'habitude de lire) mais j'aime beaucoup, quelques pages tous les jours.