[2016] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Chymère a écrit:

Finalement, plus je vois des films sur le milieu de la bourse, plus je me dis qu'on devrait abolir ce "machin" qui n'a finalement pas de sens... une sorte de Léviathan qui n'obéit qu'à ses lois et qui soumet les hommes pour mieux les détruire...  

Euh... Ça dépend de quoi on parle. La bourse, ça sert à des entreprises pour se financer. Comment faire, sinon ? Demander aux banques ? Ça n'est pas toujours possible, pour tout un tas de raisons (sans compter les montants à lever).
Si on parle des marchés dérivés, c'est autre chose. Mais c'est grâce aux marches dérivés qu'on peut acheter des billets d'avion des mois à l'avance à un prix donné (car la compagnie s'est couverte), entre autres exemples nombreux.
Par contre, il existe des instruments financiers tellement complexes qu'ils sont incompréhensibles. Dans ce domaine, il faudrait légiférer, et il me semble avoir lu des choses à ce sujet. Bref, une fois de plus, il y a la chose et l'utilisation de la chose : on ne va pas supprimer les fours à micro-ondes sous prétexte que certains y mettent leur chat mouillé dedans...

Mouip.
Je ne dis pas qu'il ne faudrait pas "d'outils" permettant de commercer/de changer les monnaies etc... mais il me semble que la Bourse est finalement plus qu'un simple "objet", c'est pour ainsi dire devenu une forme "d'entité" ou d'égrégore qui a dépassé le stade d'outil utile à servir l'homme, mais qui a mis l'homme à son service. Elle a quelque chose de vicié "à la racine", et ce quelque chose joue contre l'humanité.
Bien sûr, un petite poignée sait l'utiliser à son profit, et uniquement au sien...

Mais bon... c'est pas trop le fil pour développer...

C'est vrai le cinéma roumain commence à faire sa place , et il nous offre une façon toute particulière de traiter les grands problèmes moraux en partant toujours de la cellule familiale : besoin de faire renaitre l'identité individuelle peut-être : Difficile de s'émanciper avec cette longue histoire de régime totalitaire qui marque encore les consciences .
Alors maladroitement peut-être , sans réel aboutissement ,le film d' Adrian Sitaru met en scène une histoire de famille : et il ne fait pas dans la dentelle Sitaru ! Un repas de famille comme tant d'autres ,avec le père qui préside et développe une théorie éculée sur la notion de vie et de mort ....On sent du réchauffé là-dedans , visiblement un classique des repas de familles ,ces longs monologues du père tout puissant .
Mais il suffit d'ue question pour que tout bascule dans une scène grandiloquente , façon tragédie grecque !
Oui , le père ne se défend pas d'avoir dénoncé des femmes qui désiraient l'avortement alors qu'il exerçait sa profession de gynécologue sous l'ère Ceaucescu .
Dès lors la tension monte ça hurle comme dans les comédies italiennes , on aimerait bien en rire mais notre petite conscience nous fait vite comprendre qu'on ne rigole pas avec la morale et les grands débats éthiques . Soit . En tous cas en Roumanie on ne fait les choses à moitié et le repas se termine en pujilat .Le père quitte le foyer et les enfants ( jeunes adultes ) se consolent dans un climat de fraternité accentué par la promiscuité que leur impose l'appartement bien encombré et étroit .
Des deux ainés , fille et garçon , on ne saura presque rien même s'ils resteront très présents tout le long du film portant sur eux un halo de mystère .
Des cadets , jumeaux , fille et garçon,  cadeau il nous sera plus donné par Adrian Sitaru qui décide de transgresser les lois morales les plus ancrées en racontant une histoire d'amour d'une puissance époustouflante et et d'une pureté merveilleuse qui annihile même LE MOT, celui qui écorche l'oreille "l'inceste" .
Et comme chez les roumains j'insiste on ne fait pas dans la demi-mesure , cet amour ne saurait rester stérile ....Et les grands questionnements sur l'avortement seront plus d'actualité que jamais ....
Une sorte de conte noir , un accent mythologique un peu caricatural, avec des questionnements moraux vus et revus par la littérature et les arts qui ne me paressent presque que des prétextes ....prétextes pour oser porter à l'écran un amour qui transcende toute forme de morale . C'est lumineux et paradoxalement virginal . Et c'est ce que je retiendrai .
Après Ceaucescu il semble que le peuple Roumain cherche à toujours dépasser les limites , réaction vitale après des décennies de frustration d'expression ?
J'ai beaucoup aimé ce cinéma audacieux .

J'irais bien le voir, un de ces jours.
Mais est-ce que ça ressemble à "Festen" de Thomas Vinterberg ?

Exini a écrit:

J'irais bien le voir, un de ces jours.
Mais est-ce que ça ressemble à "Festen" de Thomas Vinterberg ?

Quelques images pourraient susciter l'envie de faire le rapprochement mais la comparaison est bien vite oubliée !

Merci ! Une raison de plus pour aller le voir...

Je considère "Festen" comme un excellent film mais tant qu'à faire, autant découvrir quelque chose de différent !

Diamant noir (Arthur Harari)

Comme Exini, ce premier film d'Arthur Harari m'a laissé une belle impression. Le contexte autour d'une vengeance familiale, du retour d'un fils maudit peut sembler familier mais l'exploration du milieu des diamantaires anversois apporte une remarquable singularité. La mise en scène observe cet environnement avec à la fois une précision quasi documentaire et une ferveur romanesque.

La source du drame qui a défait un lien entre Pier et cette famille qu'il renie apparait progressivement de plus incertaine, et les diamants deviennent le symbole d'un aveuglement, d'un manque qu'il ne parvient pas à combler. La tension constante du dernier tiers du film le laisse au bord d'un précipice, confronté à une décision à laquelle il ne peut se résoudre. Diamant noir révèle alors le poignant reflet d'un vide, dont l'amertume force un nouveau départ.

Les derniers jours du disco / Whit Stillman

A l'occasion de la sortie de Love and Friendship, le cinéma Reflet Médicis a prévu une rétrospective de Whit Stillman. Comme j'ai adoré Love and Friendship, et que je ne connais pas très bien Whit Stillman, dont j'ai seulement vu il y a des lustres, le premier film, Metropolitan, j'ai décidé d'en profiter pour un peu mieux le découvrir. Et j'ai choisi Les derniers jours du disco, où apparaît, 13 ans avant Love and Friendship, le couple Chloé Sevigny - Kate Beckinsale.

Deux jeunes femmes dans les années 80, ont décroché leur premier emploi dans une maison d'édition. Elles essaient de faire leur place, tout en fréquentant le soir une boîte de nuit, et en vivant des histoires amoureuses. Alice, sensible et peu sûre d'elle, Charlotte, manipulatrice et envieuse, lient leurs destins, pour le meilleur et pour le pire.

Une pure merveille. Très drôle ( l'analyse du dessin animé La belle et le clochard est à mourir de rire) mais en même temps d'une grande justesse, sur cette époque où les choix essentiels se font, où les destins se figent. Et où la personnalité de chacun s'affirme. Les acteurs sont excellents, les dialogues étincelants, il y a un rythme et un souffle du début jusqu'à la fin dans la narration. Chaque personnage est à sa façon attachant, avec ses fragilités et ses peurs. Même la musique disco ne m'a pas gênée, c'est dire à quel point le film m'a embarqué.

Whit Stillman est à découvrir d'urgence.

Insiang / Lino Brocka

Réalisé en 1976 par Lino Brocka, le père fondateur du cinéma philippin,Insiang ressort en salles, restauré. Le film se passe dans un bidonville de Manille parmi les très pauvres. Insiang, belle jeune femme, est tyrannisée par sa mère, qui lui en veut d'avoir été quittée par son mari. Calculatrice et âpre au gain, Tanya se met en ménage avec une petite frappe bellâtre qui lorgne plus sur la fille que sur la mère, sauf pour lui soutirer ses sous. Insiang tente de trouver un appuie auprès de son petit ami, mais ce dernier se contente de profiter d'elle.

Un conte cruel, mais en même temps plein de vie et de justesse. La description de la société est féroce, des rapports de force, de la misère. Mais il y a une grande vitalité et humanité, une façon de filmer pleine de tension et de force. Un film fort qui marque.

Tu ferais mieux d'aller voir Insiang ! Enfin s'il passe chez toi.

il passe la semaine prochaine. donc peut-être.

sinon à part à aller voir du Hou Hsiao Hsien je risque de ne pas mettre beaucoup les pieds au cinéma cet été... cette année entre les horaires et les programmations (pourtant plus de films au total !) ça n'aura pas été l'extase. soupir.

Insiang s'impose d'autant plus.

Efficace... diablement efficace même pour faire un jeu de mots...
Je sursaute rarement devant un film d'horreur... mais là, je me suis faite cueillir un certain nombre de fois.
Efficace, mais pas que... comme dans le premier Conjuring les décors, la décoration, la mise en immersion dans l'époque, la photo etc... tout ça est extrêmement bien léché, la réalisation est précise, l'ambiance travaillée. Et en plus, il y a une histoire intéressante, des héros humains, qui doutent...
Du coup, on a pas juste un bon film fantastique. On a un bon film tout court...
Même s'il y a quelques "libertés" avec l'histoire originelle, je n'ai pas vu les 2h21 passées.

Et le casting est toujours au top... le capital sympathie de Patrick Wilson, la classe de Vera Farmiga... mais LE bon choix, outre la jeune Madison Wolfe dans le rôle de Janet, c'est quand-même l'excellente France O'Connor (The Missing) dans le rôle de la mère...

La forêt de Quinconces / Grégoire Leprince-Ringuet

Paul aime Ondine, qui le quitte. Il croise et séduit Camille, qui tente de le conquérir. Mais Ondine toujours rôde autour de Paul...
Un premier film loin d'être parfait c'est sûr. Qui ne tranche pas entre un certain réalisme et le conte onirique, ce qui nuit à la crédibilité. Le jeu d'acteur de Grégoire Leprince-Ringuet n'est pas le plus convaincant des acteurs de son film, il est visible qu'il se filme lui-même avec une certaine complaisance.

Mais étrangement, il y a vraiment quelque chose qui m'a embarqué dans ce film, tout au moins par moments. Le conte onirique, les parties en vers, les fulgurances poétiques des mots et des images qui arrivent à transcender, à dire un besoin absolu d'une passion au delà de la raison, du confort et du plaisir. La partie de la rencontre avec Camille, à partir du moment où il décide de quitter le métro à la dernière minute pour la suivre, la scène de danse et de séduction dans le théâtre, puis le sort qu'elle lui jette le matin en sorcière amoureuse, est magique. Si Grégoire Leprince-Ringuet avait fait le choix de faire tout son film sur le même registre et était arrivé à tenir à habiter de cette façon tous les instants, cela aurait été une pure merveille. Ce n'est pas le cas,mais les parties singulières de l'oeuvre m'ont suffisamment scotchées pour j'y trouve mon compte.

En comparant ce premier film à celui de Louis Garrel, sans doute plus homogène et formellement plus achevé, mais pas très original et pas essentiel, je me dit que Grégoire Leprince-Ringuet a au moins essayé quelque chose, dans une direction peu empruntée actuellement, et sans doute personnelle, malgré les scories. J'espère qu'il pourra dans le futur se débarrasser des défauts de sont premier film et aller jusqu'au bout d'une démarche avec une exigence plus grande, et une rigueur qui permette de faire une oeuvre vraiment aboutie.

Avant qu'il ne me pose la question, ce film n'est pas pour toi Animal. En aucune façon.