[2016] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Ce film est un objet de conception étrange : Guerin a commencé par filmer des cours d'un professeur de littératures, les étudiants et surtout les étudiantes qui y participent, puis petit à petit, c'est devenu une sorte de fiction, avec des acteurs amateurs, avec essentiellement des improvisations, dont l'histoire n'est vraiment venue à jour qu'au moment du montage. Aussi impressionniste que cela puisse paraître, c'est éblouissant de maestria, la liberté n'excluant pas la rigueur et la maîtrise par le metteur en scène.
Les personnages (mais plutôt personnes) parlent énormément dans le film, de littérature et d'art, forcément, de mythologie, de l'amour, de sensualité, de désir, des relations hommes femmes... C'est érudit et brillant, mais les sensations et les émotions arrivent à leur heure, comme d'ailleurs une certaine cruauté.

Ce film m'a procuré un immense plaisir, par son intelligence, exigence, inventivité. Un véritable éblouissement. J'ai ensuite lu une longue interview de José Luis Guerin, et sa conception du cinéma m'a vraiment interpellée. Il raconte par exemple, qu'une des étudiantes, dans ses improvisation a évoqué le chant sarde. Et le voilà convaincu qu'il lui faut pour son film se rendre en Sardaigne. Nous y embarquons donc (là j'ai été stupéfaite dans la salle, parce que je ne m'y attendais vraiment pas), et cela donne les moments parmi les plus beaux du film, entre beauté de la musique, les échanges avec certains chanteurs, et notamment un berger, qui est invraisemblable, et puis aussi des développements dans le récit, la jeune femme, en dehors du contexte de la situation universitaire, peut dire des choses qu'elle ne dirait sans doute pas autrement.

Ce film est tellement particulier, que je n'oserais le conseiller, mais je voulais partager mon immense plaisir avec vous.

No Land's song / Ayat Najafi




Depuis la révolution de 1979, les femmes n'ont plus le droit de chanter en tant que solistes en Iran, si des hommes sont présents dans l'assistance. Sara Najafi, jeune compositrice, essaie d'organiser un concert. Nous la suivons dans ses démarches dans les institutions, dans ses venues à Paris pour rencontrer des artistes qui vont venir pour le concert, les répétitions et confidences échangés en Iran entre des artistes, surtout femmes qui veulent être de l'aventure. Toutes les péripéties de ce challenge. Puis aussi quelques promenades à Téhéran à la poursuite d'un passé plus ouvert.

Très beau film, sensible, entre documentaire et un vrai récit. Entre rage, énergie, et des moments de désespoir. Un monde figé, étouffant, dans lequel il faut lutter, ruser, pour arriver à garder sa dignité, mais aussi des moments de complicité, de partage.

L'Académie des Muses ne passe pas chez moi on dirait. dommage voilà qui éveillait ma curiosité...

animal a écrit:

L'Académie des Muses ne passe pas chez moi on dirait. dommage voilà qui éveillait ma curiosité...

Chez moi non plus . Il est très peu distribué du reste .
Et vraiment ça me fait râler car j'aurais vraiment voulu le voir aussi .

Pour"L'académie des muses", c'est foutu, il ne passe pas à Toulouse non plus... Mais pourquoi fais-tu saliver sur ce qui est impossible à voir ?

Mais j'irai voir "No Land's song". Merci Arabella !

Exini a écrit:

Pour"L'académie des muses", c'est foutu, il ne passe pas à Toulouse non plus... Mais pourquoi fais-tu saliver sur ce qui est impossible à voir ?

Mais j'irai voir "No Land's song". Merci Arabella !

et en plus Exini, tu pourras y voir Jeanne Cherhal... (moi je l'ai loupé... pourtant la bande annonce m'avait plu...).

et juste un mot (je crois que ça n'a pas été évoqué sur Parfum) mais les salles de cinéma et les diffuseurs ont passé un accord (au début du festival de Cannes) pour permettre aux 'petits' films de rester plus longtemps à l'affiche et d'être mieux (et plus rapidement) diffuser... Une bonne nouvelle !

topocl a écrit:

Donald Trumbo



Ca raconte l'histoire de Donald Trumbo brillantissime scénariste hollywoodien (à qui l'on doit Johnny s'en va t'en guerre (le livre) Spartacus, Exodus...). J'ai trouvé le propos passionnant mais l'interprétation insupportable Dommage.

C'est bon. Bien foutu. Bien joué (je les ai tous trouvés très bons même. Elle Fanning a ma préférence). Un biopic quoi. Tout lisse. Linéaire. Propre.
Intéressant historiquement.
Et la personnalité de ce Dalton.
Et ça m'a donné envie de voir (ou revoir) les films qu'il avait écrit.

Intéressant comme tu dis, Queenie. Soudain l´histoire de ce scénariste génial. On a vu ses films, on ne savait pas que c´était lui : Spartacus, Vacances à Rome, Exodus, Papillon, etc.

shanidar a écrit:

Exini a écrit:

Mais j'irai voir "No Land's song". Merci Arabella !

et en plus Exini, tu pourras y voir Jeanne Cherhal... (moi je l'ai loupé... pourtant la bande annonce m'avait plu...).

Spoiler:

Exini a écrit:

shanidar a écrit:

Exini a écrit:

Mais j'irai voir "No Land's song". Merci Arabella !

et en plus Exini, tu pourras y voir Jeanne Cherhal... (moi je l'ai loupé... pourtant la bande annonce m'avait plu...).

Spoiler:

comme quoi il suffit d'avoir les bons arguments !

Chymère a écrit:

C'est marrant, la réflexion de fond est un peu la même que dans le Batman VS Superman... la responsabilité des super-héros, qui se retrouvent en face des conséquences de leurs actes (et qui dit super-pouvoirs dit super-responsabilité, hein...), ce qui ne va pas manquer de faire ressortir les divisions entre les supers-égos.
Du coup, sans mettre de côté la baston et le fun de la franchise, le film gagne en profondeur et m'a semblé plus réussi que le dernier Avengers.

Je n'ai pas compris pourquoi beaucoup ont parlé d'une nouveauté, cette histoire de responsabilité des super-héros par rapport à leurs actes... On la trouvait déjà dans Les Indestructibles, le dessin animé de Pixar, qui date de 2004, ça fait donc douze ans.. D'accord, c'était plus sur le mode rigolo, mais quand même, les pauvres étaient obligés de prendre leur retraite à cause des actions en justice lancés à leur encontre...

L'ange blessé / Emir Baigazin

Un coin reculé du Kazakhstan au milieu des années 1990. Quatre adolescents à un moment décisif de leur vie. Dans un monde très difficile, hostile, primitif, archétypal. Baigazin crée des véritables tableaux, donne aux jeux de ses acteurs quelque chose de hiératique. Il s'agit de partis pris forts et cohérents, Le film est visuellement splendide, que ce soit de jour, ou dans des clairs obscurs somptueux. Au-delà des trames des récits, il y a des enjeux plus profonds, plus primordiaux, le mal, la destruction et l'auto-destruction, la fatalité....J'ai particulièrement été fascinée par le troisième récit, qui flirte avec le fantastique, dans des décors post-apocalyptiques invraisemblables.

Une vraie révélation pour moi. Ce film faisait partie d'une section parallèle au festival de Berlin et j'espère que les films issus de même type de sélection à Cannes seront aussi fascinants.

Un lycéen devient un lecteur obsessionnel de la Bible, et s'oppose à sont entourage au nom de la foi qu'il s'est donné. Sa mère, ses camarades, et l'institution scolaire, et tout particulièrement sa prof de biologie. Ses propos tranchants et son attitude revendicatrice lui confèrent un aura et lui permettent d'imposer sa volonté aux adultes.

Film qui traite autant d'un individu, d'un adolescent en mal de passage à l'âge adulte, qui se donne des repères absolus, lui permettant d'évacuer ses angoisses autant que de prendre le pouvoir, mais aussi de l'état d'une société en décomposition, qui ne dispose plus de valeurs ni de cadres sur lesquelles s'appuyer et à transmettre, et qui pour le coup est prête à toutes les dérives et toutes les manipulations.Entre nostalgiques de Staline, le retour de l'église orthodoxe, le culte de l'argent et de la réussite matérielle, les individus ne semblent avoir rien à opposer à l'idéologie de l'extrême ni à la violence.

Les thèmes abordés débordent largement le contexte russe, le film aborde vraiment beaucoup de questions que l'on peut transposer ailleurs. Le jeu d'acteurs, en particulier du personnage principal, est excellent. Plusieurs registres cohabitent dans le film, on rit même à certains moments, mais cela fait au final terriblement froid dans le dos, une angoisse sourd de l'ensemble. Parce que ce récit touche une corde sensible de façon très intelligente.

2 bonnes pioches, Arabella !!

Quelqu'un a vu Mandarines ??

Pour ma part, j'hésite à aller voir Elle, avec Isabelle Huppert. Des avis ?