[2016] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Arabella a écrit:

Love and friendship / Whit Stillman

Il s'agit de l'adaptation d'un court roman de jeunesse de Jane Austen, Lady Susan. Un roman épistolaire qui est loin d'atteindre la qualité des oeuvres plus connues de la romancière anglaise, Il n'a d'ailleurs été publié qu'après la mort de l'auteur par son neveu. D'une certaine manière il laisse le champ plus libre à une adaptation au cinéma, de par sa longueur limitée, et en fournissant un modèle qui n'est pas d'une qualité et complexité difficile voire impossible à égaler.

Walt Stillman a parfaitement réussi son pari. Nous sommes à la fois dans l'univers de Jane Austen, et dans un film d'auteur intelligent et très personnel. Le film est dans un mouvement perpétuel, de la première image jusqu'à la dernière, il y a un rythme, une cadence incroyables. Cela ne s'arrête pas un moment. Tout n'est pas explicité, au spectateur de donner son interprétation mais en même temps nous sommes dans un terrain suffisamment connu pour que cela ne soit pas un problème. Et le film est terriblement drôle, les répliques fusent, mordantes, souvent cruelles, mais elles font mouches. Le jeu social, les conformismes et les hypocrisies sont mises à nu l'air de ne pas y toucher. Rien de mièvre ni de sentimental dans cette comédie, qui se termine pourtant par deux mariages.

Brillant, intelligent, pensé de la première à la dernière image, chaque petit détail est soigneusement en place pour donner un ensemble magistralement maîtrisé qui embarque le spectateur du début à la fin dans un tourbillon étourdissant et jouissif. Une fois terminé, on voudrait le revoir pour encore mieux apprécier.

J'avoue être moins emballée que Joanna. Le récit de cette veuve démunie, contrainte de squatter parmi son entourage pour tenter au passage de se dégotter un mari qui l'assume: ("Pas  trop vieux pour être malléable, ni trop jeune pour mourir." ) est plutôt mordante mais ne m'a pas transportée. D'entrée tous ces personnages présentés à la va vite dans des encarts, même si cela rajoute à l'ironie, noient un peu le spectateur qui doit ensuite les resituer. Et puis les réparties, bien qu'elles elles soient tout à fait cyniques, sont toujours lancées sur le même ton, à tel point que cela en devient monotone. Rajouté au fait que la reconstitution d'époque ( parfaite) n'aide pas à alléger l'ensemble, j'ai fini par trouver le temps long et me désinteresser de leur sort. J'aurais aimé moins de conformisme, plus de folie dans la mise en scène, quelque chose de plus pervers peut être? Un film pas désagréable bien sûr, qui tend vers le cinéma de Stephan Frears sans le rejoindre, c'est peut être ça qui m'a déroutée.

Arabella a écrit:

La tortue rouge / Michael Dudok de Wit

Un naufrage, un homme se retrouve sur une île déserte. Il construit un radeau me ne peut s'échapper de l'île. Il rencontre une mystérieuse tortue rouge....

C'est sans aucun doute un joli film, beau graphiquement, avec des moments drôles, tendres, émouvants. Mais je n'ai pas été vraiment embarquée. J'ai peut être passé l'âge de dessins animés...

J'ai trouvé ce film magnifique et même bouleversant. Presque douloureux (certains films me font ça en sortant de la salle). Il y a quelque chose du bouddhisme dans cette parabole sur la vie, ses cycles, l'acceptation de la mort et l'abandon aux lois naturelles (il y a des scènes d'épreuves et de cataclysmes très impressionnantes). Tout sauf un film "pour enfants" (même si j'aurais adoré voir ça enfant).  Et il y a une part de mystère (de sacré) avec la présence de cette tortue rouge qui tient autant de la divinité que de notre inconscient, de cette part de nous-même qu'il faut apprivoiser pour accepter une solitude primordiale, la destinée et la mort. Il y a un peu d'emphase musicale maladroite parfois malgré de beaux moments plus réussis mais le travail graphique est splendide d'épure et de somptuosité dans les couleurs et les lumières. Vraiment une petite merveille tout sauf anodine.

Arturo, ton commentaire me fait remettre en question l'impression laissée par la bande annonce d'un côté un peu niaiseux.

Me voilà déjà réincarné
Non ce n'est pas un film niaiseux mais au contraire plein de mystère et de place pour l'imaginaire. À moins de le lire au premier degré. Mais chacun se l'approprie comme il veut. A noter que Pascale Ferran a collaboré à l'écriture du scènario. Elle qui a toujours parlé du deuil et des rêves. Je sais que tu es sensible à son propre cinema.

Chymère a écrit:

Autrement, vu L'outsider, sur l'affaire Kerviel...
Même si on échappe pas à quelques clichés sur le milieu de traders (cela dit, apparemment, c'est pas tant des clichés que ça...   ), j'ai trouvé que c'était pas mal foutu : l'état d'esprit de Kerviel est bien restitué, tout comme la mécanique conduisant au résultat final, l'aveuglement complice de sa hiérarchie, la fascination pour l'argent qui fait perdre tous sens des réalités, et l'addiction à l'adrénaline des traders...

Finalement, plus je vois des films sur le milieu de la bourse, plus je me dis qu'on devrait abolir ce "machin" qui n'a finalement pas de sens... une sorte de Léviathan qui n'obéit qu'à ses lois et qui soumet les hommes pour mieux les détruire...  

J'ai vu ce film par curiosité et les intentions de Christophe Barratier ne m'ont pas convaincu. L'outsider cherche à la fois à esquisser un portrait de Jérôme Kerviel, tout en observant l'univers clos des traders de la Société Générale. L'approche est cependant trop dispersée et maladroite, tant l'évocation de la vie personnelle de Kerviel est caricaturale et expédiée en quelques scènes. L'illusion d'une maîtrise, d'une toute puissance à travers les transactions boursières est sans cesse soulignée, sans réflexion au-delà de la perception d'une exaltation immature et souvent grossière.

Barratier insiste sur la responsabilité d'une hiérarchie aveugle et manipulatrice, mais la dérive de Kerviel est alors observée avec froideur et l'homme reste jusqu'au bout transparent, inconsistant et inaccessible.

Belladonna / Eiichi Yamamoto




Un film d'animation japonais de 1973 qui est une adaptation de La sorcière de Jules Michelet. Les couleurs, les musiques et l'état d'esprit est de cette époque, et c'est des plus surprenant aujourd'hui. On sent une grande connaissance et une grande fascination pour la culture française et européenne en général. Un esprit libertaire, et une vision de la femme positive, presque idéalisée, "la femme est l'avenir de l'homme" pour reprendre une formule célèbre. Un optimisme et une vision du monde en marche vers quelque chose de mieux, que l'on a bien perdu en route, malheureusement.

C'est avant tout une curiosité, très sympathique et témoignage d'une époque, que l'on se prend à regretter de plus en plus. Je ne suis pas très fan des dessins animés, j'aurais donc du mal à émettre un avis un tant soit peu valide sur la qualité des dessins et de l'animation, mais cela fonctionne quand même pas mal dans l'ensemble.

Sur la bande-annonce, on avait l'impression que c'étaient des images fixes sur lesquelles la caméra bougeait pour créer l'impression d'animation... ça m'avait fait bizarre, du coup, j'avais pas trop aimé...

Est-ce que le film est entièrement comme ça ? Ou est-ce qu'il y a vraiment une image animée ?...

Non, il y a des différentes techniques, qui changent au cours du film. De même pour les couleurs, parfois c'est même carrément en noir et blanc.

Aeriale a écrit:

Arabella a écrit:

Love and friendship / Whit Stillman

Il s'agit de l'adaptation d'un court roman de jeunesse de Jane Austen, Lady Susan. Un roman épistolaire qui est loin d'atteindre la qualité des oeuvres plus connues de la romancière anglaise, Il n'a d'ailleurs été publié qu'après la mort de l'auteur par son neveu. D'une certaine manière il laisse le champ plus libre à une adaptation au cinéma, de par sa longueur limitée, et en fournissant un modèle qui n'est pas d'une qualité et complexité difficile voire impossible à égaler.

Walt Stillman a parfaitement réussi son pari. Nous sommes à la fois dans l'univers de Jane Austen, et dans un film d'auteur intelligent et très personnel. Le film est dans un mouvement perpétuel, de la première image jusqu'à la dernière, il y a un rythme, une cadence incroyables. Cela ne s'arrête pas un moment. Tout n'est pas explicité, au spectateur de donner son interprétation mais en même temps nous sommes dans un terrain suffisamment connu pour que cela ne soit pas un problème. Et le film est terriblement drôle, les répliques fusent, mordantes, souvent cruelles, mais elles font mouches. Le jeu social, les conformismes et les hypocrisies sont mises à nu l'air de ne pas y toucher. Rien de mièvre ni de sentimental dans cette comédie, qui se termine pourtant par deux mariages.

Brillant, intelligent, pensé de la première à la dernière image, chaque petit détail est soigneusement en place pour donner un ensemble magistralement maîtrisé qui embarque le spectateur du début à la fin dans un tourbillon étourdissant et jouissif. Une fois terminé, on voudrait le revoir pour encore mieux apprécier.

J'avoue être moins emballée que Joanna. Le récit de cette veuve démunie, contrainte de squatter parmi son entourage pour tenter au passage de se dégotter un mari qui l'assume: ("Pas  trop vieux pour être malléable, ni trop jeune pour mourir." ) est plutôt mordante mais ne m'a pas transportée. D'entrée tous ces personnages présentés à la va vite dans des encarts, même si cela rajoute à l'ironie, noient un peu le spectateur qui doit ensuite les resituer. Et puis les réparties, bien qu'elles elles soient tout à fait cyniques, sont toujours lancées sur le même ton, à tel point que cela en devient monotone. Rajouté au fait que la reconstitution d'époque ( parfaite) n'aide pas à alléger l'ensemble, j'ai fini par trouver le temps long et me désinteresser de leur sort. J'aurais aimé moins de conformisme, plus de folie dans la mise en scène, quelque chose de plus pervers peut être? Un film pas désagréable bien sûr, qui tend vers le cinéma de Stephan Frears sans le rejoindre, c'est peut être ça qui m'a déroutée.

Je comprends  complètement Aériale , c'est un film "atypique" qui peut surprendre .
Et heureusement que ma mère n'est pas venue avec moi car elle n'y aurait pas du tout trouver son compte ! ( elle adore les films de James Ivory) .
J ai passé un très très bon moment avec ce film. Je pensais me reposer un peu mais voilà une adaptation qui rompt avec le genre de film un peu académique dont on a l habitude pour adapter ce genre de roman et qui demande toute l attention du spectateur pour ne rien perdre de toute la saveur de la mise en scène et des dialogues. Naturellement je me suis aussi régalée avec les décors et les costumes d époque.
Et je suis bien persuadée qu il fait partie de ces films à voir et revoir tellement c'est riche de menus détails savoureux pour qui aime l ironie grinçante et joliment enveloppée.
Mais on peut rester à quai si la griffe toute particulière du réalisateur ne séduit pas .

Arabella a écrit:

Non, il y a des différentes techniques, qui changent au cours du film. De même pour les couleurs, parfois c'est même carrément en noir et blanc.

D'accord, merci de ta réponse.
ça m'intéresse, mais là, je pense que ça va être un peu tard... mais il y aura peut-être des projections plus tard, donc comme ça je saurais.

Cela dit, je ne pense vraiment pas que cette esthétique soit vraiment pour toi Chymère. Mais je peux me tromper.

ça avait l'air psychédélique et coloré, donc ça peut me plaire (en général, j'aime toute forme de dessin et d'animation... sauf les trucs trop abstraits).
Là, c'est vraiment la bande annonce qui n'avait pas l'air d'être celle d'un film d'animation qui ma bloquée, je me suis demandée où était l’arnaque...

Chymère a écrit:

Efficace... diablement efficace même pour faire un jeu de mots...
Je sursaute rarement devant un film d'horreur... mais là, je me suis faite cueillir un certain nombre de fois.
Efficace, mais pas que... comme dans le premier Conjuring les décors, la décoration, la mise en immersion dans l'époque, la photo etc... tout ça est extrêmement bien léché, la réalisation est précise, l'ambiance travaillée. Et en plus, il y a une histoire intéressante, des héros humains, qui doutent...
Du coup, on a pas juste un bon film fantastique. On a un bon film tout court...  
Même s'il y a quelques "libertés" avec l'histoire originelle, je n'ai pas vu les 2h21 passées.  

Et le casting est toujours au top... le capital sympathie de Patrick Wilson, la classe de Vera Farmiga... mais LE bon choix, outre la jeune Madison Wolfe dans le rôle de Janet, c'est quand-même l'excellente France O'Connor (The Missing) dans le rôle de la mère...

J'ai passé un bon moment malgré le côté grand-guignol. Le style vintage de l'ambiance et des décors est chouette. La gamine impeccable. Mix de L'exorciste, Poltergeist et Amityville mais sans patte véritable. Il joue avec une certaine efficacité avec nos peurs d'enfance. Par contre Valak est vraiment une bille d'avoir donné son nom à la medium. Bravo pour un super méga Demon !

Non, quelque part, c'est normal...
Dans un exorcisme (je veux dire, un vrai) le démon (ou les démons d'ailleurs) doivent donner leur nom, puisque le prêtre ou l'exorciste le lui ordonne au nom de Dieu. Il a pas le choix le démon, Dieu est le plus fort, point barre...


J'ajoute, petite digression , que dans tous les rituels occultes opératifs (que l'on parle de magie, d'exorcisme ou autres), le nom est le passage obligé pour agir sur la personne ou autre... On ne peut pas jeter de sort à une personne dont on ne connait pas le nom (en général, il faut d'ailleurs nom, date de naissance, et quelque chose de la personne souvent des ongles ou des cheveux...).

Comme en magie où connaître le nom d'origine de chaque chose confère un pouvoir sur elle... Merci des précisions. Donc Valak n'est pas complément une bille. En tout cas c'est divertissant et on fait des bonds !