Andreï Tarkovski

Le Sacrifice de Andreï Tarkovski?

animal a écrit:

vu hier Andreï Roublev.

j'avoue qu'il me manque uen poignée de liens ou de points de référence : pas tout tout compris, m'enfin des morceaux quand même. Plutôt intéressant, ces blocages des personnages, et très juste, beaucoup. Un peu surpris par la forme, que j'attendais plus "large", alors que çà papote pas mal mais bien et avec des placements de folie. C'est bizarrement magnétique comme résultat, et puis les belles choses avec l'eau...

j'ai accroché c'est indéniable mais il me manque un petit truc encore pour déconnecter complètement (pour me rapprocher de l'effet d'un Coeur de verre par exemple.

c'est un film qui s'installe dans les mémoires, le besoin de recoller la vie réelle avec le principe... les arrangements... ! (et l'atmosphère).

merci les parfumés

et revu hier en "grand"... la forme a l'air plus large, à moins que ce ne soit d'avoir vu Nostalghia ? ... deuxième vision, plus facile ou "lisible", on est peut être plus à même de regarder autrement les personnages, de moins porter notre attention à chercher la trame et plus sur le film lui même. Alors simplement ? c'est une puissante histoire de foi, donc de questionnement, de doute... de recherche "d'intégrité"... c'est donc très intéressant et la deuxième fois on profite plus des personnages secondaires, Kirill (le traitre) ou la muette... des tas de trucs. On se rend compte aussi que ce n'est pas vraiment "lent" et qu'entre une construction implacable et des images folles ça ne valait pas le coup de redouter du piquer du museau.

Expérience encore plus intéressante que la première, sur les questionnements et les interactions entre les personnages, Andrei et les autres dans une dynamique de la vie et du besoin de création.

(en plus de ça, bien la salle truc muche à Tours et quelques informations-idées intéressantes après le film !)

cette après-midi j'ai donc eu droit à L'Enfance d'Ivan et au Miroir... je tâcherai de revenir plus en détail dessus ultérieurement, mais je dois le dire, si j'ai pu être un sceptique ou... méfiant... maintenant je signe tout de suite pour faire partie de la secte des adorateurs. c'est gigantesque.

(et je réassimile pas mal Nostalghia dans le même temps...)

je suis cinématographiquement heureux.

Ca valait le coup.Et moi j'ai la chance de n'en avoir vu que deux,ce qui me promet quelques grands moments.

animal a écrit:

cette après-midi j'ai donc eu droit à L'Enfance d'Ivan et au Miroir...

Tu as enchaîné les deux?...
(C'est à cela que je vois combien je suis lente...)

bah oui, c'est le moment où j'amais de les enchainer

dans une heure je suis devant Stalker et demain après-midi Le Sacrifice...

L'enfance d'Ivan et Le Miroir c'est un superbe enchainement.

J'ai douté et on pourrait peut être dire qu'il se regarde beaucoup le nombril Tarkovski mais ça va être difficile de lui jeter la pierre, et de film en film ça n'est pas redondant, ça se tient, ça se précise... et qu'est ce que c'est beau ! le petit moment de cinéma, de temps en mouvement et en suspend...

je veux le bruit de l'eau de ses films, je veux toucher les meubles et les murs !!!!

animal a écrit:

bah oui, c'est le moment où j'amais de les enchainer

dans une heure je suis devant Stalker et demain après-midi Le Sacrifice...

L'enfance d'Ivan et Le Miroir c'est un superbe enchainement.

Et tout ça sur grand écran?...
Il y a une rétrospective à Tours?...

animal a écrit:

la question est de quoi vais je pouvoir profiter le weekend prochain ?



ou dans quel état vais je être, je vais essayer d'en profiter au maximum mais... si jamais en voyant le programme vous vous dites plutôt celui qu'un autre... j'ouvre grands mes yeux d'oreilles !

tadam ! grand écran et gratos par dessus le marché.

animal a écrit:

animal a écrit:

la question est de quoi vais je pouvoir profiter le weekend prochain ?



ou dans quel état vais je être, je vais essayer d'en profiter au maximum mais... si jamais en voyant le programme vous vous dites plutôt celui qu'un autre... j'ouvre grands mes yeux d'oreilles !

tadam ! grand écran et gratos par dessus le marché.

Autant pour moi..Je n'avais pas vu que tu l'annonçais...Quelle chance!

c'est clair !!!

apparemment il y a un cinéaste par an qui a droit à un beau weekend... (j'ai appris ça aujorud'hui)

Queenie a écrit:

[
Comment dire...
Même les images ne me touchent pas. Y'a TROP de trucs derrière. J'ai pas vraiment envie d'avoir un bouquin à côté de moi qui m'explique tout ce que je dois voir.

ce qui m'est apparu dans ce weekend à m'en prendre plein les yeux et les oreilles, et ce qui est un peu bizarre mais bien c'est que dans ce trop truc tout à fait palpable et même si il en reste pas mal à déchiffrer... c'est que derrière c'est le reste de son oeuvre, des facettes éclairées différemment de son univers, d'une cohérence incroyable et absolument entêtant... il a une apparence un peu froide mais il y a quelque choses de "doux" dans son cinéma, j'utilise doux plutôt que tendre et probablement parce que je ne connais pas assez le sens de mots plus connotés (variantes sur un amour essentiel de son prochain).

fini le weekend sur Le Sacrifice à la dynamique troublante et versant dans un surréalisme fragile... dommage de ne pas avoir été plus frais pour mieux profiter du texte. (et y a Valérie Mairesse dedans !)

je ne sais pas par où commencer !

et c'est horriblement frustrant tellement l'expérience est vivante, et le restera.

c'est un peu comme regardé un monde au détail infini et "parfait" au creu de ses mains... ça ne gêne pas la grandeur de l'univers, comme des paysages sans fins, et c'est toute l'impression d'être face, de contempler avec une attention, un certain replis... un receuillement... un univers image partielle et interprétative du notre, comme une peinture (parallèle facile) qui va mettre en avant les détails qui donnent son sens à une vision complète de la vie.

On s'y laisse enfermer avec abandon par le rythme naturels des bruits de l'eau et des respirations... une hésitation sur un chemin ambigu de la vie.

Il y a un appel qui se construit pour une cohérence de l'artiste, de l'homme avec lui même par une compréhension du cheminement... naturel (encore), sa place avec les autres, l'appel pour une attention pure à l'autre... les interrogations, les espoirs placés dans les enfants sont troublants dans ces films (le gamin à moitié fou de l'enfance d'Ivan). Son oeuvre centrée sur lui même, comme en apparence ses personnages déborde vite pour retrouver l'autre, avec beaucoup de doute et de sincérité. (il n'y a qu'à voir le Stalker craqué... ou la Maria du Sacrifice). Des retournements et des dédoublements de la réflexion.

Plus que les icônes ou certaines oeuvres qu'on aperçoit dans les films je pense à des intérieurs interrogatifs (Hammershoi par exemple mais en plus organique) ou des paysages moyen-âgeux à l'étrange vérité.

Et des acteurs/objets filmés au meilleur d'eux mêmes avec des déplacements presque surréalistes qui achèvent de donner le sens...

C'est incroyable. Et à toutes celles et ceux qui doutent je ne peux que conseiller de voir. Comme j'attends le jour où sans doute (je frôle la certitude religieuse) je reverrai Nostalghia et m'y laisserai emmener complètement.

Vacherie de découverte, de cohérence entre l'image et le son, l'image complète et l'impression vivante. c'est forcément un peu chez nous ces personnes qui trébuchent ou qui s'allongent un peu de côté par terre pour... sentir, chercher le sens et la force (la foi ?)

Ce sont des circonstances terribles qui habitent cet univers mais l'appel à s'y fondre est profond.

Il laisse un goût de "chez soi" sans brutalité (ce qui n'est pas si évident et pas si simple, mais ...). on a envie de toucher l'image !

Tu en parles en poète! Peut-être la meilleure façon d'aborder son cinéma. En tout cas on te sent touché par son univers.

je crois que j'ai eu certaines des pièces qui pouvaient me manquer !



L'Enfance d'Ivan.

Ivan est un gamin qui a perdu sa famille : père, mère et soeur. Ils ont été tués par les allemands, le père au front sans doute et la mère et la soeur "à la maison". Ivan est décidé à tout faire pour lutter contre l'envahisseur allemand, il est éclaireur et ses qualités de détermination, d'agilité et de discrétion font de lui quelqu'un d'efficace pour traverser les lignes ennemis. Dans tout ce bazar, des hommes s'attachent à lui et préféreraient le voir partir à l'école (des cadres ou officiers) à l'arrière... Ivan évidemment, traumatisé, épuisé s'entête et s'impose.... pourquoi, comment ? le film.

Premier film qui a marché pour Tarkovski qui est en fait une récupération d'un film super mal barré : réal viré et budget réduit de moitié. Tarkovski est récompensé à l'Ouest, ce qui a influencé la suite m'a t'on raconté... huhu.



Mais revenons à notre film en forme de film. On y croise tous les âges de l'homme, le garçon, le jeune offcier qui a un peu de mal à s'affirmer et est impressionné par l'enfant, les plus vieux qui font figure de pères et le "vieux" qui a tout perdu ou pas loin. L'enfant n'est pas à la croisée des chemins entre l'homme dur imposé par la guerre et le gamin très jeune... il est les deux à la fois avec sa résolution et ses cauchemars. Il est un espoir et une fascination pour ses ainés, à la fois égal, supérieur... et à protéger. Les ainés en question doutent pour se trouver et se conserver. Ils cherchent à créer une cohérence de leur monde... la dynamique entre les âges et les personnages est hallucinante n'hésitant pas à passer d'une dure réalité à un monde plus trouble de la guerre ou du cauchemard, de l'angoisse, du souvenir aussi...



Mise en image construite pour être forte et pour que le spectateur ne puisse pas y échapper... images fortes, bruits... force inhabituelle, impression de déchirure profonde, l'âme d'Ivan... les issus possibles mises en perspective à travers les hommes.



Dynamique initiatique, une forêt incroyable, l'eau, l'art, une dynamique "à part" à la fois démonstratrice et étonnament naturel.



Les cauchemards d'Ivan, les faiblesses de tous, l'affection, l'amour de son prochain... et dans les deux sens, le besoin de donner et le besoin de recevoir. Envoutant. Implacable.



Ivan on le retrouve il me semble plus âgé et occupé à fondre une cloche dans Andrei Roublev. (et pas que lui à travers les films d'ailleurs... )



C'est différent, mais dans un coin j'ai pensé à ce pauvre gamin de Païsa (pour d'autres petites choses aussi, l'eau, les barques qui glissent... ) ...

Il y a des films qui peuvent "traumatiser" à plusieurs niveaux.



Le film "s'impose" plus que d'autres du réalisateur éventuellement... mais le spectateur a droit à du cinéma beau et fort non ? (et fantastiquement cohérent).

à rechercher des images, on ressent les textures... dingue...

Tu fais bien de revenir sur ce film plastiquement magnifique. Il filme les enfants comme personne. Ou plutôt les russes filment les enfants comme nulle part ailleurs. Avec ce mélange de gravité et de tristesse qui donne un sentiment de maturité et d'intelligence qu'on ne retrouve que rarement dans notre cinéma par exemple. Et la nature presque onirique tout autour. Très beau! Tu m'as donné envie de le revoir.