Tennessee Williams

Soudain l'été dernier

Au milieu d'une jungle domestique se dénoue (presque) le mystère de la mort de Sebastian Venable, genre poète oisif fortuné. Les deux personnages clés sont la mère Violet Venable et Catherine Holly, la jeune cousine. Tournent autour un beau médecin et la famille crapulo-atroce de Catherine, en fait très très intéressé par l'héritage.

Impossible de ne pas penser au film pendant la lecture, et le film est plus développé, probablement meilleur ? c'est mon avis en tout cas. Je n'ai pas accroché assez aux longs monologues abimés (qui sont une bonne part de ce que je cherche il me semble chez Tennessee Williams) et il m'a manqué quelque chose. L'ambiance particulière de ce jardin du sud, très sauvage et les comportements cassants/cassés sont tout de même intéressants.

Plus que le personnage du fils poète qui fait un peu office de prétexte et de miroir intermédiaire c'est le personnage de la mère qui marche terriblement, qui porte le texte. Si la belle et gentille cousine est abimée elle aussi et a des comportements déroutants et est dans une impasse assez cruelle, c'est la mère qui l'emporte. Proche de sa fin, précipitée par la mort de son fils, elle déroule en abusant des rapports de force du puissant le fil des attirances et des rapports viciés à l'autre. Son fils surtout avec lequel elle voyageait, mi-mère mi-femme, profitant de sa jeunesse et construisant un mythe impossible autour de leur vie.

Sous le verni qui craque rapidement, tout est assez moche, si ce n'est cette inévitable fêlure qui rend attirants les personnages désaxés de Tennessee Williams. Les thèmes sont mis en échos par le jeu de séduction qui pivote autour du docteur, et la famille fait office de décor pour amener le drame à voisiner avec l'indifférence du burlesque.

(Katharine Hepburn est assez exceptionnelle dans le rôle de Violet Venable).


Le train de l'aube ne s'arrête plus ici

Cette deuxième pièce dont le titre n'apparait pas sur la couverture est la plus longue des deux présentes dans le 10/18. Perchée sur sa montagne italienne, une vieille femme très riche et plus ou moins mourante débite ses mémoires à sa jeune veuve de secrétaire quand arrive un robuste et séduisant poète surnommé l'Ange de la mort...

On retrouve un peu le même genre de personnage, avec plus de démesure et plus de comique, d'extravagance. Une femme riche et capricieuse qui cherche à être comme si de rien n'était et à "retenir la jeunesse", à séduire. Qui casse aussi les gens par son pouvoir et se casse à user et abuser des autres. La secrétaire est sympathique, l'homme à tout faire est un porc, le poète est quelque peu un imposteur.

Tous les thèmes encore, un peu moins frais peut-être ? En fait tous les thèmes je ne sais pas, mais la manipulation, l'usure, l'échec, l'apparence, les rapports de force et l'indifférence...

Pas mal et accompagne très bien Soudain l'été dernier en disposant autrement certains morceaux du puzzle.

Lu

lu mais quoi ? (c'est de la torture) l'avis ou Le train de l'aube... ?

animal a écrit:

lu mais quoi ? (c'est de la torture) l'avis ou Le train de l'aube... ?

Lu ton avis, patate de Panda

huhu. et Le train de l'aube ?

animal a écrit:

huhu. et Le train de l'aube ?

Pas envie de le lire pour l'instant, chat échaudé craint l'eau froide.

et les toits brûlants ?

animal a écrit:

et les toits brûlants ?

Lapin compris

Patate ! (aussi).

même chose, t'as la pièce et aussi le film, et avec Elizabeth Taylor encore !

Il est dans l'édition 10/18 avec les deux autres ?

Non mais dispo en 10/18 tout comme (pas sûr d'avoir lu la pièce moi d'ailleurs).

animal a écrit:

même chose, t'as la pièce et aussi le film, et avec Elizabeth Taylor encore !

que je ne peux que recommander.. extra ce film.. et Paul Newman est plus hot que la Taylor

kenavo a écrit:

je ne peux que recommander.. extra ce film.. et Paul Newman est plus hot que la Taylor

A mon avis Kena, ça dépend de quel point de vue tu te places.

J'ai vu deux fois ce film sur Arte récemment, et je confirme, regarder ces deux fauves se chercher et s'éviter, c'est extra, et sacrément "hot" comme tu dis.
Avec en prime une évocation de l'homosexualité masculine si évidente qu'on se dit ce que les censeurs devaient être tellement sous le charme de la vibrante Elizabeth qu'ils en ont perdu toute vigilance... (Du coup, le dénouement fait plaisir à la midinette mais en fait, on n'y croit pas trop. Non ?)

Armor-Argoat a écrit:

A mon avis Kena, ça dépend de quel point de vue tu te places.

en effet... et je veux bien dire, que Liz est aussi sublime dans ce film (d'ailleurs, qui veut me contretdire, en tant que jeune fille/femme, elle était rayonnante!)

Armor-Argoat a écrit:

(Du coup, le dénouement fait plaisir à la midinette mais en fait, on n'y crois pas trop. Non ?)

ah oui, d'accord avec toi, seulement le coeur d'une midinette va croire à cette fin!

Je suis en train de lire ses nouvelles dans le recueil 10/18 : Le boxeur manchot.

C'est magnifiquement écrit, magnétique, poétiquement cruel.

J'adhère !