Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Daniel Mendelsohn

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MessageSujet: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 1 Oct 2007 - 20:08

daniel - Daniel Mendelsohn Mendel10
Daniel Mendelsohn (né en 1960 à Long Island, habitant à New York aux États-Unis) est écrivain et critique littéraire américain. Il est contributeur à la New York Review of Books.

En 2006, il publie The Lost, Les Disparus. Dans cet ouvrage, il retrace les recherches qu'il a menées pour retrouver la trace de six membres de sa famille, tués par les nazis, durant la Seconde Guerre mondiale. Ceux-ci vivaient dans la petite ville de Bolechow, aujourd'hui en Ukraine. L'auteur collecte des témoignages au cours de plusieurs voyages, en Ukraine, en Australie, en Israël et les confronte à la mémoire des disparus telle qu'elle lui a été transmise par sa famille, ainsi qu'à de rares documents d'archives… Cette œuvre inclassable oscille entre enquête, reconstitution historique et chronique intimiste.

En 2008, est publié en France, L’Étreinte fugitive, qu'il avait écrit sept ans avant Les Disparus et qui constitue le premier volet d'un triptyque dont Les Disparus constituent le second volet, et qui a également eu une réception critique exceptionnelle.


Citation :
Bibliographie/index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)


1999 - L'Étreinte fugitive Pages 7,
2006 - Les Disparus Pages 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,
2008 - Si beau, si fragile Pages 8,


Citation :
mise à jour à la page 9 le 02/01/2013


Les Disparus

J’en suis arrivée, à la lecture de cet essai, à un sentiment intraduisible alors que, tombée sur le Sunt lacrimae rerum que Virgile faisait sortir de la bouche d’Enée, je ressens le besoin de me poser, avant de poursuivre.
J’ai entrepris d’inscrire à mon programme pour ce début d’automne l’œuvre de Mendelsohn en l’abordant comme un roman, ou plutôt comme un essai littéraire –tout en sachant que ce ne serait pas une littérature de rentrée comme les autres.
Du romanesque, ou de l’essai littéraire, je suis la trame avec bonheur, car repose entre ces pages une richesse d’écriture dont nos auteurs viennent considérablement à manquer ces dernières années.
La traduction de l’américain est réalisée par Pierre Guglielmina.
L'aspect romanesque encore, bien qu’éprouvant par son contenu, nous vient dès les premières pages, avec l’impression de partir en quête de ces pièces de puzzle qui nous manquent pour aboutir à la reconstitution d’un scénario –ce qui arrive aux lecteurs de romans à suspens ou de romans à énigme.
Mais il s’agit surtout d’un témoignage, qui pourrait avoir sa place aux rayons Histoire.
S’y mêle parfois en parallèle un commentaire de la bible évoquant la responsabilité (Caïn vis-à-vis de son frère Abel), et la culpabilité.
Et puis, surtout, il ne s’agit pas d’un énième témoignage ni d’une fiction dont nous serions tentés de fuir la dureté des évocations.


Dernière édition par Bédoulène le Mer 2 Jan 2013 - 16:18, édité 2 fois (Raison : Ajout d'un index.)
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 1 Oct 2007 - 20:13

Sunt lacrimae rerum


- De passage à Carthage, devant une oeuvre relatant le massacre des siens, Enée nous livre ces paroles découvrant, médusé, une fresque qui l’émeut parce qu’inspirée de la destruction de Troie dont il est l’un des rares survivants.
Si la scène fait figure d’illustration pour les Carthaginois, elle replonge l’exilé –rare témoin, dans cette émotion intraduisible que peut induire aujourd’hui une photographie vieille de soixante ans quand elle tombe sous le regard d’un autre survivant qui, au crépuscule de sa vie, reconnait ses proches.
Daniel Mendelsohn évoque alors :
Citation :
« ces distances infranchissables crées par le temps. Ils y avaient été et nous, non. »
Il émet cette traduction, suivie d’une note :
Citation :
« Il y a des larmes dans les choses. -Mais nous pleurons tous pour différentes raisons »
Myriam Roman, du Groupe Hugo de recherche Littérature et civilisation du XIX° siècle , dans Mots contre mots, corps à corps nous livrait –en tout autre domaine, ces catégories d'expressions intraduisibles :
Citation :
(...) celles qui mettent en cause des manifestations émotives, en dehors de l'articulé et au plus près du cri.

Pourtant, le monde après lequel court Mendelsohn est baigné de silence.
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 1 Oct 2007 - 20:17

C’est en interrogeant son grand-père maternel dès sa plus tendre enfance, que l’enfant s’imprègne des récits de ce dernier, immigré aux Etats-Unis avec sa famille depuis leur village de Bolechow au début du XXè siècle.
- Bolechow : un de ces villages à la frontière des Carpates, tantôt polonais, tantôt soviétique, tantôt ukrainien, depuis lequel les familles durant des siècles voyaient descendre des montagnes jusque dans leurs maisons les auteurs de pogroms.
Les juifs eurent rarement le droit de posséder et travailler la terre : cela revenait donc aux autres, Roumains, Polonais, Ukrainiens -non juifs, qui firent payer chèrement aux communautés juives éparpillées dans les Shtetl de l’Est la dureté de ce labeur.
Durant trois ans, l’occupation soviétique : liquidation et nationalisation de toutes les entreprises, saisie des deux camions Studebaker, appropriation du savoir-faire des artisans par un petit fonctionnaire…
- Des précisions recoupées plus tard, malgré que les dates ne semblaient pas être au départ pour le chercheur les éléments les plus importants, on apprendra que ces mêmes voisins ukrainiens, slovaques, organisés en milice, précèdent l’occupant en menant les premières aktions.
daniel - Daniel Mendelsohn Mendelsohn004ns9.th
Abraham Jäger (1902-1980), venant passer ses étés à Long Island depuis Miami Beach, ne sera pas avare de paroles, mais de même que le feront vieux et vieilles de passages issus de ce monde d’Europe centrale, il n’ira jamais au bout de certaines phrases...
La nécessité de la recherche prendra racine ainsi, au cœur de ce qui est tu, dans ces fins de phrases qui seront chuchotées en yiddish, car dans toutes les familles ce sont bien aux questions restées sans réponse que tout descendant est d’abord désireux de s’attaquer.
Si tout n’est pas révélé sur ce qui arriva au grand oncle Schmiel, à son épouse et leurs quatre filles « tués par les nazis » entre 1939 et 1944 à Boleshow, -tandis qu’oncles et tantes redécouvrent avec émotion le profil de ce frère (le seul manquant de leurs réunions familiales annuelles et dont ils revoient le profil sur le visage de Daniel), ce n’est pas seulement parce que l’adulte évite aux plus jeunes un récit traumatisant, mais parce que la culpabilité perdure chez les témoins. daniel - Daniel Mendelsohn Mendelsohn011oa6.th


Dernière édition par le Lun 1 Oct 2007 - 21:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 1 Oct 2007 - 20:19

Dès l’âge de 15 ans reviendra tout naturellement à Daniel d’être le dépositaire de l'histoire familiale, l’historien officiel de la famille, et ce n’est qu’en 1980, à la disparition du vieux Jäger, qu’il hérite enfin des photographies et des lettres que Shmiel, resté au village natal, écrivit à sa famille installée aux Etats-Unis durant la seconde guerre mondiale, la suppliant de le « sortir de là ».
Des années se seront écoulées durant lesquelles se seront éteintes à jamais les possibilités de réaliser tant de recoupements possibles d’un continent à l’autre.
Autant de mémoires personnelles perdues qui ne seront jamais versées dans celle, collective, du plus grand cauchemar européen du XXè s.
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 1 Oct 2007 - 20:22

Si la mémoire recomposée des Jäger est si bouleversante, c’est qu’en replaçant dans ses mailles le tissus familial ainsi détricoté par les secrets ou tabous des aînés
–sans compter la pénible après-guerre où les rescapés ne furent pas sollicités pour raconter,
c’est que l’Histoire
(hors des commémorations officielles, mémorial commun, fosses béantes et lieux consacrés au souvenir de l’extermination d’un peuple dans son ensemble),
porte ici un seul nom propre.
Une unique famille, un homme singulier qui n’est plus à rêver ou à imaginer mais un être nommé, boucher de profession, tenant la boutique familiale à Boleshow depuis trois générations, coiffé d’une certaine manière, portant tel vêtement, dont nous connaissons exactement la dernière adresse ainsi que la couleur des yeux, qui pose dans son uniforme de la 1ère guerre mondiale
–ce qu’aucune fiche ou ce qu’un simple nom suivi d’un prénom plus ou moins bien orthographié et de deux dates, n’aurait la force de révéler sur une liste d’archives officielle.

Ce n’est qu’en 2000 que Daniel, accompagné d’un de ses frères et de leur sœur, vont réaliser le premier voyage et se retrouvent sur la place centrale de ce village.
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 1 Oct 2007 - 20:36

La reconstitution se poursuivra au rythme parfois aléatoire d'une réponse depuis un forum de recherche généalogique sur le net.
Le trajet vers l’Australie. L'arrivée à Sydney.
Daniel rencontre des Anciens de Bolechow.
daniel - Daniel Mendelsohn Mendelsohn010ag6.th
Après avoir fantasmé sur toutes les sortes de face à face qui lui restitueraient de quoi recoudre enfin les éléments éparpillés il nous livre son désarroi :
Citation :
- Vous le connaissiez donc bien ? ai-je demandé à Boris Goldsmith.
- Je le connaissais très bien !
Et je n’arrivais pas à penser à une autre question à lui poser.
C’était ça, l’étrangeté de ce voyage : j’étais enfin là, parlant à des gens qui les avaient bien connus, très bien même, et je ne savais pas par où commencer. Je me faisais l’effet de quelqu’un qui se trouve devant une porte cadenassée à qui on a donné un grand trousseau de clés. Je me suis rendu compte à cet instant précis à quel point j’étais mal préparé. Comment découvrir qui était une personne en particulier ? Comment décrire une personnalité, une vie ? Cherchant mes mots, gêné, je me suis tourné vers Boris Goldsmith.
- Alors c’était quel genre de personne ? ai-je demandé.
Boris a eu l’air décontenancé.
- C’était une personne ordinaire, a-t-il dit d’une voix lente. Il était boucher. Il avait deux camions. Il faisait la route de Bolechow à Lvov.
(…) Je me sentais impuissant.
Puis :
Citation :
Et si j’essayais de penser à eux comme à des gens ordinaires plutôt que de les considérer comme des icônes couleur sépia ?
Les questions émergent. Les réponses se succèdent.
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 1 Oct 2007 - 21:11

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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyMer 17 Oct 2007 - 11:57

Babelle a déjà beaucoup dit sur ce livre magnifique. Qui est beaucoup à la fois, une recherche historique sur une histoire bien particulière, un hommage aux liens familiaux ( et des reflexions très intéressantes sur les rapports entre frères) , etc.
Et aussi, je tiens à le souligner, le livre d'un homme gentil. Et cela a une grande importance pour moi.
Je me contenterai de recopier les extraits qui ont plus particulièrement retenu mon attention!
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyMer 17 Oct 2007 - 12:21

Je sais, grâce à ce fil, que je ne pourrai pas passer à côté de ce livre...Merci!
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyJeu 18 Oct 2007 - 14:05

Mais aujourd'hui, je peux voir que la véritable raison pour laquelle je préférais les Grecs, par dessus pous les autres, aux Hébreux, c'était que les Grecs racontaient les histoires comme les racontait mon grand-père. Lorsque mon grand-père racontait une histoire- par exemple celle qui se terminait par Mais elle est morte une semaine avant de se marier- il ne recourait pas au procédé évident de commencer par le commencement et d'en finir par la fin; il préférait la raconter en faisant de vastes boucles , de telle sorte que chaque incident, chaque personnage, mentionné pendant qu'il était assis là , sa voix de baryton déchirante oscillant sans cesse, avait droit à sa mini-histoire, à une histoire à l'intérieur de l'histoire, un récit à l'intérieur du récit, de telle sorte que l'histoire ne se déployait pas ( comme il me l'a expliqué un jour) comme des dominos, une chose se produisant après une autre, mais plutôt comme des boîtes chinoises ou des poupées russes, chaque évènement en contenant un autre, qui à son tour en contenait un autre, et ainsi de suite. D'où le fait, par exemple, que l'histoire qui expliquait pourquoi sa soeur superbe avait été obligée d'épouser son cousin laid et bossu commençait, nécessairement du point de vue de mon grand-père , par l'histoire de son père mourant brutalement , un matin, dans le spa de Jaremcze, puisque c'était après tout le début de la période difficile pour la famille de mon grand-père, des années terribles qui allaient en définitive forcer sa mère à prendre la décision tragique de marier sa fille au fils bossu de son frère, en paiement du prix du passage en Amérique pour commencer une nouvelle vie, mais tout aussi tragique au bout du compte. Bien entendu, pour raconter l'histoire de la façon dont son père était mort brutalement, un matin, à Jaremcze, mon grand-père devait s'interrompre pour raconter une autre histoire, l'histoire de lui et de sa famille, à la période faste, passant des vacances dans certains spas magnifiques à la fin de chaque été, par exemple à Jaremcze, sur les contreforts des Carpates, quand ils n'allaient pas au sud mais à l'ouset, dans les spas de Baden ou de Zakopane,un nom que j'adorais. Ensuite, pour donner une meilleure perception de ce qu'était la vie à l'époque, pendant cette période dorée d'avant 1912 et la mort de son père, il repartait plus loin dans le temps pour expliquer ce qu'avait été son père dans leur petite ville, quel respect il avait inspiré et quelle influence il avait exercée; et cette histoire, à son tour, l'emmenait au tout début , à l'histoire de sa famille à Bolechow depuis que les premiers Juifs y étaient arrivés, depuis la période où Bochelow n'existait pas encore....

Les Disparus pages 48-49
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptySam 20 Oct 2007 - 15:00

La dernière lettre de Smiel.

Citation :
To Abraham and Gerty Jaeger, Spring (1939?)
- Dear darling Brother and dear Sister-in-law:
I lived for a few months with the hope that I might be able to see you in person, my dear ones, alas that dream has been taken away from me.
Yes, the years run by, one lives in the hopes of a better future which, however, unfortunately seems unable to appear.
- I turned 44 years old on 19th April of this year, and have thus far had not a single good day, each time it’s something different. How happy are the people who have luck in that area—although I know that in America life doesn’t shine on everyone; still, at least they aren’t gripped by constant terror. The situation with the truck-permit gets worse from day to day completely, businesses are frozen, it’s a crisis, no one has any business, everything is tense. God grant that Hitler should be torn to bits! Then we’d finally breath again, after all we’ve been through.
- The truck has been ready for 3 weeks already and we don’t have the remainder of the money [necessary] to get it, and besides, because of this crisis it’s not very necessary to us at this point, we content ourselves with only one truck since the [illiegible] has forced us to wait till June 20th to get the new truck.
- I’m very isolated here and dear Ester has untrustworthy siblings, I have nothing to do with them whatsoever, imagine that they didn’t want to help Lorka [[Sam and Ester’s oldest daughter, Lea Jäger, nicknamed Lorka, born 21 May 1920. Ester’s brother, Bruno Schneelicht, ran a photography studio in Stryj, the next town over from Bolechów, and Sam had hoped that Lorka would go work for Bruno to learn how to be a photographer.
(...)
Citation :
Now that you’ve had from a little description of my life, I want to know how things are going for you, particularly health-wise. Write me more often, it’s like giving me a new life and I won’t feel so alone.

Dear Ester will write you a postcript of her own. I hug and kiss you with all my heart and and wish for you longingly,

From your

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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyLun 22 Oct 2007 - 2:42

A propos de cette lettre....ce qui est à la fois passionnant- et émouvant, dans ce livre, c'est la réflexion très poussée sur les rapports entres frères. De Caïn et Abel aux frères Mendelsohn entre eux, le mal que l'on peut se faire entre frères et soeurs, et le mystère qui demeure, ces lettres, de plus en plus désespérées, de Shmiel Jäger ont-elles eu des réponses....

Le péché entre les frères

Le 12 août 2001, deux de mes frères, ma soeur et moi sommes descendus d'une Volswagen Passat bleue et exigüe et nos pieds ont touché la terre humide de Bolechow. C'était un dimanche et le temps était mauvais. Après six mois de préparatifs, nous étions enfin arrivés.
Ou, je suppose, revenus.
Presque soixante ans plus tôt exactement- le 1er août 1941- l'administration civile de ce qi avait été autrefois le district de la Galicie des Habsbourg, région où se trouvait la ville de Bolechow, avait été transférée aux autorités allemandes qui, après la rupture du pacte germano-soviétique, avaient fait machine arrière et envahi la Pologne orientale deux mois plus tôt, et mettaient à présent les choses en ordre. Peu de temps après- peut être vers la fin du même mois d'août et certainement en septembre 1941- les plans pour la première Aktion dans la région , c'est à dire l'assassinat en masse des Juifs, avaient commencé à prendre forme. Ces actions étaient prévues pour le mois d'octobre. L'Aktion pour Bolechow a eu lieu les 28 et 29 octobre 1941.
Un millier de Juifs environ y ont péri.
Sur ce millier, il y en a un qui m'intéresse en particulier.
Le 16 janvier 1939, Shmiel Jäger s'est assis pour écrire une lettre désespéré à un parent à New York. C'était un lundi. Il y a eu d'autres lettres écrites par Shmiel à safamille aux Etats-Unis , mais c'est cette lettre, je m'en rends compte à présent, qui contint toutes les raisons pour lesquelles nous sommes revenus à Bolechow. Plus que tout, c'est elle qui fait le lien avec les deux autres dates: les préparatifs qui ont porté leurs fruits en août 2001, les plans qui ont été mis en place en août 1941.

Les Disparus p.108
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyJeu 25 Oct 2007 - 12:41

Citation :
Daniel mendelsohn (entretien in "voir.ca" 25/10/07)
"Ce livre est essentiellement consacré à la narration orale.
Transposer sous forme écrite un récit oral, c'est toute une gageure.
Pour rendre hommage à mon grand-père Aby, disparu tragiquement en 1980 - il s'est suicidé -, qui durant toute mon enfance me raconta des myriades d'histoires et d'anecdotes sur sa famille et son village natal en Pologne, j'ai délibérément reproduit son style narratif, un style purement oral.
J'ai consigné fidèlement ses longs monologues, ses expressions colorées, ses jurons truculents, qu'il nous rabâchait dans un mauvais anglais, avec son accent polonais pointu et ses fautes de prononciation hilarantes.
En tant que professeur de lettres classiques, je sais à quel point une voix est fragile et a des caractéristiques particulières.
C'est très difficile de transposer par écrit un son, une manière de parler... Je tenais à préserver intactes les voix des témoins que j'ai interrogés. Ce livre est un musée de voix."
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyJeu 25 Oct 2007 - 12:43

Suite entretien :
Citation :
- Plusieurs critiques ont qualifié votre livre d'antithèse des Bienveillantes, le best-seller de Jonathan Littell.

DM : "Il y a une grande différence entre mon livre et celui de Jonathan Littell, qui est une oeuvre de fiction très intéressante. Dans Les Bienveillantes, les crimes et les atrocités les plus abjects sont perpétrés, en général, par des monstres patentés, comme le narrateur de ce récit, un SS pervers, incestueux et pédophile. Dans mon livre, je rappelle que la réalité dans l'univers nazi était beaucoup plus troublante: ces crimes effroyables n'étaient pas commis que par des monstres, mais aussi par des hommes tout à fait ordinaires et normaux, des bons pères de famille qui jouaient avec leurs enfants, contribuaient généreusement à des oeuvres caritatives, allaient à l'église..."
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MessageSujet: Re: Daniel Mendelsohn   daniel - Daniel Mendelsohn EmptyDim 4 Nov 2007 - 10:45

Je viens de commencer Les disparus de Mendelsohn.

Je ne suis pas très loin dans ma lecture, mais de tous les livres de la rentrée littéraire que j'ai lu jusqu'à présent depuis septembre, celui-ci me semble être bien au-dessus du lot.

J'ai beaucoup critiqué les digressions ces derniers jours (cf mon avis sur de La physique des catastrophes de Marisha Pessl).
Nous retrouvons également beaucoup de digressions dans Les disparus de Daniel Mendelsohn, mais autant celle de Marisha Pessl m'ont irritée au bout d'un certain moment (impression de dissipation et sentiment d'éparpillement du récit), autant celles de Daniel Mendelsohn sont intéressantes et donnent sens au récit.
On accompagne l'auteur dans sa mise en place d'un vaste puzzle où chaque pièce sera maintes fois enlevée, soupesée, estimée et comparée aux autres pièces du puzzle, avant d'être replacée dans l'image d'ensemble sans que jamais cela nuise au récit mais au contraire lui apporte tout la puissance et la profondeur nécessaires.

Sur ce… je continue ma lecture miammiam
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