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| [Manga] Jiro Taniguchi | |
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Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Lun 7 Mar 2011 - 12:19 | |
| Quartier lointain :
Qui n'a pas rêvé un jour de revenir dans le passé afin de changer le cours des évènements : éviter une erreur de jeunesse, prendre la bonne décision, empêcher que ne survienne un malheur ? « Ah...Si j'avais su... » se dit-on tout en sachant qu'il est impossible de revenir en arrière et que la somme de nos actes passés conditionnent irrémédiablent notre présent et notre avenir. Ce rêve impossible va pourtant devenir réalité et bouleverser la vie jusqu'ici bien tranquille d'un quadragénaire japonais : Hiroshi Nakahara. Au retour d'un déplacement professionnel à Kyôto, au lendemain d'une réunion qui s'est conclue par une soirée fortement arrosée, Hiroshi Nakahara se trompe de train. Au lieu de prendre celui qui se dirige vers son domicile à Tokyo, le voici parti en direction de Kurayoshi, la ville où il a passé son enfance. Mettant cette erreur sur le compte de sa gueule-de-bois, Hiroshi Nakahara se résigne à ce contretemps. Il sera bien temps, une fois arrivé à Kurayoshi, de reprendre un train pour Tokyo. Une fois arrivé en gare de Kurayoshi, Hiroshi constate que le prochain train ne partira que deux heures plus tard. Deux heures d'attente. Deux heures à tuer. Que faire? Lui vient alors l'idée d'aller se promener dans cette ville qui l'a vu grandir. Immanquablement, le voici parti sur les lieux de son enfance. Il retrouve son ancien quartier et la maison de ses parents. Tout a tellement changé. Puis ses pas le portent vers le temple Guzen, là où repose sa mère, morte vingt-trois ans plus tôt. C'est en se recueillant devant la sépulture qu'il est pris d'un étourdissement – un malaise peut-être dû aux excès de boisson de la soirée précédente – et perd connaissance. Quand il reprend ses esprits, c'est pour constater que beaucoup de choses ont changé, le cimetière dans lequel il se trouve n'est plus tout à fait pareil, et même l'air semble avoir une odeur différente. Mais c'est une autre surprise – et celle-ci est de taille – qui l'attend. Quand il pose un regard sur ses mains, il s'aperçoit que ce ne sont plus des mains d'homme mais des mains d'enfant. Quant à ses vêtements, ce n'est plus le costume-cravate qu'il portait en arrivant mais un costume d'écolier.
Quand, sorti du cimetière, il se retrouve en ville, il constate que celle-ci aussi a changé d'apparence : les boutiques, les gens, les automobiles semblent être retournés à l'état où ils étaient dans son enfance pendant les années 1960. Surprenant son reflet dans la glace d'une vitrine, Hiroshi retrouve son visage, qui n'est plus celui d'un quadragénaire, mais bel et bien celui qu'il avait lors de son adolescence. Que s'est-il passé ? Est-ce un mauvais rêve ou faut-il croire à l'impensable : Hiroshi serait-il revenu dans son passé ? Si c'est un rêve, celui-ci est cependant d'une véracité troublante. De retour à la maison familiale, il retrouve ses parents, sa petite sœur et sa grand'mère qui l'accueillent comme s'il s'était absenté depuis quelques heures. Même s'il ne comprend pas comment il est arrivé là, Hiroshi est bien obligé d'admettre l'incroyable : le voici revenu à l'époque de son enfance, en 1963.
S'il est redevenu l'enfant qu'il était 35 ans plus tôt, Hiroshi n'en a pas moins gardé son expérience d'homme mûr et s'aperçoit que nombre de ses souvenirs appartiennent encore au futur. Le voici donc dans la peau d'un enfant de quatorze ans doté du singulier pouvoir de connaître l'avenir. Alors va se poser pour Hiroshi une question essentielle: s'il connaît l'avenir, peut-il en dévier le sens à son avantage et ainsi changer le cours des évènements futurs ? Peut-il, par ses actions, modifier le cours de son existence et de celle des siens ? Il va ainsi tenter l'expérience en essayant de comprendre les raisons qui ont poussé son père à disparaître un soir, abandonnant sa famille pour quelque raison restée inexpliquée. Sachant que sa mère ne se remettra jamais de cette disparition, Hiroshi va tout tenter pour empêcher l'inéluctable départ de son père et essayer de comprendre pourquoi ce père de famille apparemment sans histoires va décider un jour de disparaître.
Avec « Quartier lointain » Jirô Taniguchi, l'un des plus célèbres auteurs de mangas connus en Occident, nous offre une histoire sensible et nostalgique, un récit poétique tout en finesse qui se lit comme un roman et dont le propos ne peut que toucher profondément le lecteur qui, une fois le livre refermé, se demandera lui aussi ce qu'il ferait s'il lui était donné d'avoir une seconde chance, celle de retourner dans le passé pour tenter de modifier le cours des choses afin d'éviter un événement douloureux ou de saisir une occasion manquée.
C'est peut-être l'universalité de son propos qui fait de « Quartier lointain » un petit chef-d-œuvre de narration qui à aucun moment ne sombre dans la puérilité, le sensationnalisme ou le fantastique bas de gamme. Tous les thèmes abordés au cours de ce long récit qui s'étire sur plus de 400 pages, sont amenés avec finesse et retenue, tout ceci sans aucun faux pas, sans aucune faute de goût et avec beaucoup de pudeur. C'est aussi le cas dans la très belle adaptation cinématographique qu'en a tirée Sam Garbarski en 2010, qui a transposé l'action en France tout en respectant scrupuleusement l'esprit du récit afin d'en conserver toute l'émotion. | |
| | | Charlie Agilité postale
Messages : 970 Inscription le : 12/01/2010
| | | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Mer 16 Mar 2011 - 11:26 | |
| - Charlie a écrit:
- ...contente je suis
ah oui.. voilà bonne raison de l'être je te souhaite une bonne lecture | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Mar 21 Juin 2011 - 9:20 | |
| Je viens de terminer Le gourmet solitaire, que j'avais eu envie de lire suite à vos commentaires Le gourmet solitaire n’est certainement pas un ouvrage facile d’accès, non pas que les propos soient difficiles à comprendre, mais le rythme est lent, et l’intrigue présente peu de relief au cours des 18 chapitres qui ponctuent ce livre. Les quatre premières nouvelles m’ont laissée dubitative. Après les avoir lues, j’ai refermé le livre, pas certaine d’avoir envie d’en savoir plus. On se sent un peu dupé, avec l’impression que Taniguchi se moque de nous et nous propose, en presque 200 pages, la redite d’une seule et même histoire : celle d’un commercial à son compte qui a faim, qui va dans un restaurant et qui mange. Oui mais voilà, les variations sont peut-être subtiles, mais elles existent, et je n’ai pu m’en rendre compte qu’après avoir pris la sage résolution de ne pas m’en tenir qu’aux quatre premières nouvelles de l’ouvrage… Au fil des pages, un univers cohérent se forme. On en apprend peu à peu sur le personnage principal, Gorô Inokashira. On devine son enfance, sa vie familiale, son passé amoureux, ses goûts, ses préjugés, son éducation… Tout cela très discrètement, sans prétention, au hasard d’une gargote un peu insalubre, d’une promenade dans un parc de son enfance, ou d’un plat qu’il redécouvre grâce au talent d’un cuisinier. Même si Gorô a un appétit vorace, ce livre ne donne pas forcément envie de se jeter sur le placard. Les descriptions méticuleuses de chaque plat poussent au contraire le lecteur à considérer d’un œil nouveau son assiette afin d’en apprécier les formes, les couleurs, les odeurs, et l’harmonie générale qui s’en dégage. Le gourmet solitaire est un hymne à la banale répétition des actes du quotidien. Ici, rien d’extraordinaire, rien qui ne soit hors de portée de chacun d’entre nous. La routine, fléau souvent condamné par notre société, est ici vantée dans toute la stabilité, dans tout l’équilibre qu’elle apporte aux hommes rongés par une existence moderne. Masayuki Kusumi, qui a écrit la nouvelle Le cerisier fend-la-roche de Kamaïshi en guise de postface à l’ouvrage, a d’ailleurs écrit, à ce sujet, un très beau passage : « A ce propos, comment Gorô Inokashira se libère-t-il de la fatigue et du stress des voyages, lui qui ne boit pas d’alcool ? Qu’est-ce qui lui procure cette sensation de bonheur à lui ?
Peut-être est-ce dans le simple fait de manger qu’il trouve à se ressourcer ? C’est en comblant ce déficit psychosomatique qu’on appelle un ventre vide, seul, sans être dérangé par personne, sans s’inquiéter pour personne, qu’il fait l’expérience de sa liberté.
Le vertige de la vie moderne nous impose à chacun, impose au microcosme naturel que constitue chaque être humain un déséquilibre général, nous force à nous maintenir dans une position totalement artificielle aussi bien pour notre esprit que pour notre corps. Nous avons tous perdu notre position naturelle de détente, nous ne savons plus nous mettre en roue libre. Nous forçons notre moteur. Nous sommes rapiécés de partout. Moi je crois que quand il mange, quand il mange solitaire, Gorô Inokashira est libre. Il est libre pendant ce laps de temps. Pendant ce laps de temps, il n’a de compte à rendre à personne, il révoque le temps et la société pour se consacrer entièrement au bonheur de se remplir l’estomac. Véritable homme préhistorique de l’âge moderne, il se recentre, il redresse toutes les torsions et les plis que la vie lui fait subir. »Le plaisir se présente à nous au moins trois fois par jour, et Gorô Inokashira est là pour nous le rappeler, si jamais nous avions eu tendance à l’oublier… Quelques images de l’ouvrage : « Finalement… Ces femmes… Elles ont mangé à cinq heures ! Leur mari rentre du boulot, les gosses reviennent de l’école, maman prépare à manger, mais elle n’y touche pas. J’imagine qu’elle leur dit : « J’ai pas très faim »… Et ce qu’elle a fait de son après-midi, c’est son secret… » « Ici, c’est un business complètement différent du mien. Ce que les gens viennent acheter, c’est la qualité du temps qui passe… Moi, je pourrais pas vivre longtemps comme ça… Je suis pas fait pour ça… » « La vermicelle qui constitue l’ingrédient principal est plutôt épais. Ca rappelle un eu les nouilles de konyaku du sukiyaki, en un peu plus transparent et un peu plus ferme sous la dent. Très assaisonné, on sent le goût de la sauce de soja, mais c’est surtout sucré : le pimenté arrive après coup. » « Pour exprimer la différence entre les gens de Tôkyô (région du Kantô) et les gens d’Ôsaka (région du Kansaï), les français ont souvent recours à la comparaison entre Paris et Marseille. Les gens d’Ôsaka seraient les « Marseillais » du Japon, plus joviaux, expansifs, directs… que les Tokyoïtes, supposés plus timorés, coincés, moins francs du collier. De fait, la culture d’Ôsaka est avant tout une culture du commerce, basée sur les relations de séduction de marchand à client. » « La différence entre une anguille grillée sur du riz servie dans un bol et celle servie dans une boîte laquée, c’est que la portion d’anguille est plus petite. J’ai du riz en trop. Hum… Mais je fais passer mes œufs de saumon sur le riz, ce qui me donne un bol d’œufs de saumon ! Ca tombe bien, finalement : qui dit moins d’anguille, dit moins de sauce, et donc plus de riz resté nature ! » | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Dim 17 Juil 2011 - 21:19 | |
| Quartier lointain au théâtre… - Citation :
- Décidément, les Français aiment Quartier lointain. Ce manga – un des seuls que beaucoup de non-lecteurs de mangas avouent avoir dévoré – a en effet déjà été transposé au cinéma par Sam Gabarski. Cette fois, c’est sur les planches du Montfort Théâtre à Paris que va se matérialiser cette histoire de quadragénaire qui se retrouve dans sa peau d’adolescent, face à une vie qui lui a échappé. Une pièce créée en Suisse en 2009 et jouée en juin dernier à Montpellier, par la compagnie STT.
Dans le dossier de presse, la dramaturge Carine Corajoud explique : « Passer d’une bande dessinée à la scène implique de réfléchir au rapport entre le texte et l’image dans le 9e art, et donc entre le texte et les autres modes d’expression scéniques. Pour adapter cette bande dessinée, nous n’optons donc pas pour un traitement réaliste, mais affirmons la théâtralité. L’illusion de la fiction est déjouée : c’est bien un groupe d’acteurs qui s’empare de cette histoire, en endossant des rôles multiples, et qui entraîne le spectateur dans l’univers délicat de Taniguchi. »
Suite et lien : ICI Il est programmé dans ma ville pour la saison prochaine... Je crois que je vais me laisser tenter ! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Mer 3 Aoû 2011 - 22:20 | |
| - colimasson a écrit:
- Il est programmé dans ma ville pour la saison prochaine...
Je crois que je vais me laisser tenter ! Oui, et pour les Parisiens, ça sera au Théâtre de la Ville du 27 septembre jusqu'au 29 octobre, j'irai probablement le voir... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Sam 24 Sep 2011 - 9:52 | |
| A propos de Garôden, dernier ouvrage paru en français de Taniguchi (mais pas le dernier à avoir été réalisé : il fait partie de ses oeuvres de jeunesse et date plutôt des années 1990) : - Citation :
- Ce manga se révèle prenant de bout en bout et la voix off récurrente mène habilement le récit jusqu’à son paroxysme. Le découpage est dynamique lors des scènes d’affrontement, et on reconnaît déjà la rigueur du dessinateur dans les scènes plus statiques. Si certains passages semblent sortir de films des années 80, l’ensemble de l’œuvre a plutôt bien vieilli. La précision des techniques et la puissance des adversaires se remarquent à chaque page, Taniguchi déployant une énergie étonnante, qui laisse entrevoir son enthousiasme pour les sports de combat.
Source : Bodoï | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Jeu 29 Sep 2011 - 11:38 | |
| Quartier lointain au théâtre - Citation :
- Le célèbre manga de Jirô Taniguchi est mis en scène par Dorian Rossel au Théâtre Monfort.
Le roman graphique de Jirô Taniguchi, Quartier Lointain (Casterman, Prix du meilleur scénario à Angoulême en 2003) a été transposé sur scène par Dorian Rossel et la compagnie STT. Depuis hier, et jusqu'au 29 octobre, la pièce se joue au Théâtre Monfort (Paris 15e), en collaboration avec le Théâtre de la Ville.
Mélangeant danse, théâtre, temps suspendu et chorale agitée, le résultat est à la fois ludique et grand public : les enfants apprécieront autant que les adultes. Les comédiens n'hésitent pas à accentuer les mouvements, les cris, les pauses pour nous rappeler qu'ils s'inspirent d'un autre art, le "manga". La multiplicité des lieux, les deux époques, les nombreux protagonistes trouvent ainsi une unité, produisant une pièce à la fois réjouissante et tragique.
Pour créer l'illusion, il a fallu raboter l'histoire pour aller directement à l'essentiel et la faire tenir en une heure trente minutes. Mais Rossell s'est attaché à restituer l'esprit d'une "bande dessinée" sur les planches. Grâce à une mise en scène imaginative (métaphore du retour dans le passé, angles de vue), un décor variable (reprenant parfois le format des cases), et l'interprétation collective de la troupe (Hiroshi peut ainsi être incarné par plusieurs acteurs), le pari est réussi. La pièce n'a pas pu être présentée avant cet automne pour des raisons de droits l'empêchant de concurrencer le film sorti fin 2010 (voir notre actualité sur Quartier lointain, le film). Elle tournera dans toute la France jusqu'en février 2012. source
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Jeu 24 Mai 2012 - 8:39 | |
| Furari - Citation :
- Présentation de l'Editeur
Furari pourrait se traduire par « au hasard », « au gré du vent »… Tout comme dans L’Homme qui marche, mais avec pour cadre un Japon ancien aujourd’hui disparu, Jirô Taniguchi entraîne son lecteur dans les longues et tranquilles déambulations d’un cinquantenaire dont le nom n’est pas donné mais que tout Japonais devine être Tadataka Inô, célèbre géomètre et cartographe qui, au début du XIXe siècle, établit la première carte du Japon en utilisant des techniques et instruments de mesure modernes. Au hasard de ses intuitions et de son inextinguible curiosité, cet attachant et pittoresque personnage nous initie à la découverte des différents quartiers d’Edo, l’ancien Tôkyô, et de ses mille petits plaisirs. Retiré du monde des affaires mais fidèle à ses réflexes, il arpente, mesure, prend des notes, dessine, tout en laissant libre cours à son goût pour la poésie et à son inépuisable capacité d’émerveillement. Ahlala.. grand, grand coup de cœur pour ce livre. Je sais, je suis (presque) une inconditionnelle de Taniguchi et je ne pourrais en dire du bien.. mais celui-ci a de grandes chances de devenir mon préféré. L’extraordinaire du quotidien.. et sa façon de le montrer, le Japon et ses milliers de coutumes, millions de fêtes, tout y est.. et à part la fête des cerisiers, dont je pense que maintenant tout le monde en a quelques connaissances, j’ai appris tout plein et j’étais émerveillée tout comme le personnage du livre pouvait être enchanté de voir et d’entendre des « petites » choses Je n’ai trouvé malheureusement pas en ligne les planches pour le chapitre des cerisiers.. mais ses traits pour donner une impression de cette fête, on pourrait croire que c’est vain puisqu’il ne fait que du noir et blanc.. mais je peux vous assurer, pas besoin de couleurs.. il a un talent fou de faire vibrer la page, ce sont des estampes extraordinaires.. Quel dommage de devoir quitter un tel livre.. mais je sais que je vais le reprendre bien vite pour relire en entier ou quelques chapitres.. extra ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Jeu 24 Mai 2012 - 13:10 | |
| ah moi aussi j'ai été charmée par ce livre, car c'est une transposition dans le passé d'un de mes Taniguchi préférés L'homme qui marche, avec ses promenades sans but, ses plaisirs minuscules nés de l'observation de la nature, et de la société des humains aussi... Par contre j'avoue que j'aurais adoré des couleurs ici, c'est très chouette sans, mais quand même, ç'aurait été bien... |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Jeu 24 Mai 2012 - 13:38 | |
| - nezumi a écrit:
- d'un de mes Taniguchi préférés L'homme qui marche
un de ceux que je ne connais pas encore et en lisant la présentation de l'éditeur qui en a fait allusion, il est tout de suite allé dans mon panier - nezumi a écrit:
- Par contre j'avoue que j'aurais adoré des couleurs ici, c'est très chouette sans, mais quand même, ç'aurait été bien...
ah oui, bien sûr, des couleurs, j'aurais pas dit non.. mais en le prennant tel quel, il m'a quand même fait forte impression.. qu'il arrive à créer de si belles planches sans cet atout | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Mer 29 Aoû 2012 - 20:21 | |
| Entre le panier et la lecture, il m'a fallu un moment, mais voilà, c'est fait L'homme qui marche - Citation :
- Présentation de l'éditeur
Qui prend encore le temps, aujourd’hui, de grimper à un arbre, en pleine ville ? D’observer les oiseaux, ou de jouer dans les flaques d’eau après la pluie ? D’aller jusqu’à la mer pour lui rendre un coquillage dont on ne sait comment il est arrivé chez soi ? L’homme qui marche, que l’on apprend à connaître à travers ses balades, souvent muettes et solitaires, rencontre parfois un autre promeneur avec qui partager, en silence, le bonheur de déambuler au hasard. Tout comme Nezumi l'a dit, ce livre montre ses promenades sans but, ses plaisirs minuscules nés de l'observation de la nature, et de la société des humains aussi... et quand on aime les dessins de Taniguchi cela fait vraiment du bien de le suivre dans ses excursions Je le trouve moins abouti que Furari (il y a quand même quelques années entre ces deux livres, l'auteur a fait des progrès ) mais cela reste toujours un bon cru de cet artiste J'ai vu qu'il y a un autre de lui avec ce sujet: Le promeneur, cela semble vraiment être un sujet qui lui tient au coeur | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Dim 7 Oct 2012 - 20:12 | |
| Les années douce – Tome 1 (2010) de Jiro Taniguchi & Hiromi Kawakami Le maître et Tsukiko ont été professeur et élève, il y a de cela quelques décennies. Lorsqu’ils se retrouvent à nouveau, dans le contexte informel d’un troquet où chacun vient régulièrement boire et manger en solitaire, Tsukiko a trente-sept ans et le maître a cessé d’enseigner depuis longtemps. Leur retrouvaille amorce la fin de deux solitudes séparées et annonce le début d’une relation singulière –ni amitié, ni amour, on parlerait plutôt d’une solitude partagée. Lorsque le Maître et Tsukiko se retrouvent, ils le font sans concertation préalable. Ce sont leurs habitudes de solitaires qui les enjoignent à se trouver souvent au même endroit, au même moment. Ils partagent alors un repas, boivent ensemble quelques verres, échangent quelques mots en toute simplicité, puis rentrent chez eux chacun de leur côté, ravis de ce moment convivial partagé sans aucune contrainte. Le livre est découpé en autant de chapitres que de rencontres entre le Maître et Tsukiko. Passé l’évènement de la rencontre fondatrice, un ou deux chapitres nous permettent de nous immiscer dans le déroulement habituel de leurs retrouvailles. On retrouve ici le goût de Taniguchi pour les plaisirs de la table. Les détails concernant la composition des mets et menus servis à table sont aussi nombreux et précis que ceux que l’on retrouvait, avec une abondance quand même plus certaine, dans les volumes du Gourmet solitaire. Les chapitres suivants prennent leur distance avec les rencontres habituelles dans les troquets. Le Maître et Tsukiko décident un jour d’aller au marché ensemble, et c’est à nouveau l’occasion d’éveiller ses sens aux stimuli infimes qui, mis les uns à la suite des autres, créent l’animation confuse et agitée des rues marchandes. Plus tard, suite à une conversation passionnée du Maître concernant les différentes variétés de champignons, le patron d’un de leurs troquets habituels leur proposera une virée mycologique en montagne. Une dispute, une réconciliation, le verre du début de la nouvelle année, la fête des cerisiers… Les évènements de la vie quotidienne se retrouvent sans cesse autour des rencontres entre le Maître et son ancienne élève. Taniguchi semble se concentrer davantage sur le personnage de Tsukiko. Bien que ses rencontres fréquentes avec le Maître ne changent rien à son caractère solitaire, aboutissement d’un mode de vie qui semble plus choisi que subi, on constate que son comportement se modifie peu à peu, subtilement, influencé par le regard imaginaire et omniprésent du Maître. Regard divin par définition, Tsukiko n’y échappe pas et analyse la plupart des instants de son existence à travers le prisme du jugement du Maître. Que dirait-il s’il m’entendait ? Que penserait-il s’il était à ma place ? Les anciens rapports de hiérarchie semblent se rétablir peu à peu, le Maître d’une part ne cessant de corriger et de moraliser son ancienne élève, Tsukiko d’autre part écoutant docilement ses conseils et l’érigeant comme modèle. Taniguchi est un maître de la subtilité et de la simplicité. L’évolution des sentiments entre le professeur et Tsukiko s’imprègne de la même finesse. On retrouve l’atmosphère chère aux ouvrages de Taniguchi, celle d’une solitude mélancolique parsemée de joies en demi-teintes, et un sens du détail si acéré que les moindres évènements d’une existence prennent une ampleur inconsidérée. Alors que la relation qui lie le Maître à Tsukiko n’a rien d’exceptionnel, si ce ne sont les comportements humains qui y sont impliqués, dans toute leur inconstance et leur incohérence, on s’attache à cette aventure avec plus de passion qu’on n’aurait pu le soupçonner. Alors que leur « amitié » semble à nouveau compromise, Tsukiko est confrontée, à la fin du premier volume, à un choix qui lui permettra ou non de s’extirper réellement de sa solitude, au détriment de son confort et de sa relation avec le Maître. Une fin de volume en suspens, qui donne envie de se précipiter aussitôt sur l’album suivant… - Citation :
- Le sol était humide. Au milieu des herbes, il y avait une multitude de choses. Des champignons… Et puis, sous laterre, des organismes microscopiques… Des insectes qui rampaient sur le sol… Et d’autres, dans le ciel, dont les ailes leur permettaient de voler… Et puis, des oiseaux sur les branches… Et le souffle des gros animaux, vivant au fond des bois, qui venait comme gonfler l’atmosphère. J’étais entourée d’une multitude d’êtres vivants.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Jeu 11 Oct 2012 - 19:15 | |
| Les années douces – Tome 2 (2011) de Jirô Taniguchi et Kawakami Outre le fait qu’un seul volume aurait été trop dense à assimiler d’un coup, on comprend après lecture pourquoi l’adaptation des Années douces de Taniguchi a été réalisée en deux volumes distincts. Alors que l’élève Tsukiko paraissait encore en retrait dans le premier volume, celui-ci montrera une évolution flagrante de son comportement vis-à-vis du maître. A l’image du titre, une « folie douce » semble s’éveiller en elle. Tapie là jusqu’à présent, parce qu’elle n’avait sans doute jamais trouvé les conditions favorables à son épanouissement, la relation atypique qui lie la jeune femme à son ancien professeur lui fait prendre conscience des caractéristiques de sa personnalité, à la base de son mode de vie solitaire. Alors qu’elle n’avait jamais douté du confort de son célibat, elle remet en question ce qui n’apparaît plus comme un choix rationnel mais comme une situation subie. Tsukiko avait toujours préféré vivre seule parce qu’elle n’avait trouvé personne avec qui elle souhaitait partager sa vie ; maintenant que le Maître fait partie intégrante de son univers, elle se morfond de rester seule –c’est-à-dire sans lui. Plus creusé et plus réfléchi que le premier volume, le second tome des Années douces s’empare de Tsukiko comme objet d’étude psychologique. L’apport original du roman de Kawamaki doit sans doute beaucoup à l’intérêt des réflexions textuelles qui émaillent les pages, mais Taniguchi apporte également des nuances subtiles à travers son dessin aux traits fins, support idéal pour la transcription des émotions puissantes que tentent de dissimuler les personnages. Alors que le premier volume semblait finalement assez conventionnel, celui-ci surprend. L’intrigue progresse d’une façon inattendue et même si les aventures entre Tsukiko et le Maître restent relativement peu ébouriffantes, extraites de leur atmosphère contemplative, elles finissent souvent par prendre des allures audacieuses, révélant la tension de leur affect dans toute leur puissance. On ne peut pas dire que Les années douces, malgré sa beauté, soit une œuvre bouleversante et qui prend de plein fouet. Elle arrive toutefois à susciter de sincères réactions de compassion et d’attachement -sentiments plus diffus mais plus marquants- et se montre finalement plus surprenante que d’autres réalisations dont l’aspect provocateur aurait été plus clairement revendiqué. Toujours de belles planches consacrées à la gastronomie : | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: [Manga] Jiro Taniguchi Lun 17 Juin 2013 - 14:03 | |
| Icare (2000) de Taniguchi & Moebius Icare attise toutes les convoitises… Dès sa naissance, incapable de faire comme tout le monde, il s’est envolé dans les airs dès que son cordon ombilical fut coupé. Un peu plus de discrétion lui aurait peut-être permis de mener une vie relativement tranquille et anonyme, mais le gouvernement est aussitôt informé de ce miracle qui ne le laisse pas indifférent. Précisons que l’histoire se situe dans un futur indéterminé dans lequel, une fois n’est pas coutume, la population se sépare en différentes castes. Celle des hommes-éprouvettes inquiète particulièrement le gouvernement. Eprouvée par sa condition misérable, cette catégorie d’hommes rejetés a récemment tenté de se rebeller en provoquant sans relâche des attentats. Icare, le bébé volant, apparaît alors comme le premier prototype d’une nouvelle caste d’hommes qui permettrait de combattre efficacement ces terroristes. Icare est arraché à sa mère, enfermé dans une serre adaptée à sa taille et observé nuit et jour par des scientifiques.
Le développement d’Icare n’intéresse ni Moebius, ni Taniguchi. Un beau jour, l’homme-volant se déploie devant nos yeux du haut de ses vingt ans. Bien que confiné dans sa serre, il semble heureux car il n’a aucune idée de ce que peut être le monde à l’extérieur et de ce dont les scientifiques et le gouvernement le privent. Alors que la zoologiste Yukiko croit égayer un peu son quotidien en lui apportant un couple d’oiseaux, Icare prend brusquement conscience de sa condition. C’est autour de son sentiment d’injustice et de la rébellion qu’il tentera de mener à bien en compagnie de Yukiko que Moebius et Taniguchi se concentrent particulièrement.
L’état d’esprit de la bande dessinée Icare semble relever davantage des inspirations traditionnelles de Moebius que de celles de Taniguchi, mais l’apport de ce dernier au dessin n’est pas négligeable et donne naissance à une œuvre hybride : du Moebius version Taniguchi –la réciproque marche aussi. Malheureusement, la collaboration semble entraver chacun dans les particularités de son style et donne un travail qui ne semble qu’à moitié abouti. L’aspect science-fictionnel de Moebius est bâclé : on ne sait que très peu de choses concernant cette société qui veut s’accaparer le talent d’un Icare et la rébellion de ce dernier est résumée à un décevant combat entre les forces du Bien et du Mal. L’aspect psychologique propre à Taniguchi n’est pas approfondi : les motivations des personnages sont troubles et aucun d’entre eux n’est particulièrement attachant. Même Icare et Yukiko, censés incarner les « forces du Bien », paraissent ridicules, et ce n’est pas le peu de phrases qu’ils prononcent dans cet ouvrage de plus de deux cent pages qui nous convaincront du contraire : « C’est mignon. C’est mignon, les oiseaux. Mes frères ».
Cet Icare est toutefois sauvé par la beauté de ses dessins. Taniguchi, toujours aussi professionnel pour mettre en place des univers qui lui sont propres, crée des plans quasi-cinématographiques du plus bel aspect. Même si l’on est souvent tenté de se moquer des niaiseries et des simplicités scénaristiques qui aboutissent à une moralité très convenue, on accordera toutefois à Icare le minimum de respect que lui accorde son statut original de prototype de poésie dessinée. A cet égard, on peut bien accepter pour une fois que le propos ne soit pas aussi original que le dessin et la mise en page –ce qui ne fera toutefois pas disparaître totalement une déception tout à fait légitime.
- Une déclaration d'amour bouleversante ::
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