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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Ven 22 Juin 2012 - 8:45
Marko a écrit:
Faust Cela donne une sensation d'étouffement et de surenchère baroque qui épuise d'abord un peu, d'autant plus que le texte souvent abscons est très foisonnant.
Aïe, au moins nous sommes prévenus. Pour moi, ça va passer ou casser. L'humeur et mon degré d'attention y seront pour beaucoup. Verdict ce soir.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Ven 22 Juin 2012 - 8:58
traversay a écrit:
Marko a écrit:
Faust Cela donne une sensation d'étouffement et de surenchère baroque qui épuise d'abord un peu, d'autant plus que le texte souvent abscons est très foisonnant.
Aïe, au moins nous sommes prévenus. Pour moi, ça va passer ou casser. L'humeur et mon degré d'attention y seront pour beaucoup. Verdict ce soir.
J'étais fatigué hier soir et je luttais un peu contre le sommeil mais dans les 2 derniers tiers (le film dure 2h15) j'étais complètement reveillé et tous les sens éveil. Daniele Heymann parle de chef d'œuvre exténuant. C'est un peu ça!
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Ven 22 Juin 2012 - 9:16
Marko a écrit:
traversay a écrit:
Marko a écrit:
Faust Cela donne une sensation d'étouffement et de surenchère baroque qui épuise d'abord un peu, d'autant plus que le texte souvent abscons est très foisonnant.
Aïe, au moins nous sommes prévenus. Pour moi, ça va passer ou casser. L'humeur et mon degré d'attention y seront pour beaucoup. Verdict ce soir.
J'étais fatigué hier soir et je luttais un peu contre le sommeil mais dans les 2 derniers tiers (le film dure 2h15) j'étais complètement reveillé et tous les sens éveil. Daniele Heymann parle de chef d'œuvre exténuant. C'est un peu ça!
Et tu vas le revoir ?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Ven 22 Juin 2012 - 9:44
Je le reverrai pour mieux comprendre le texte qui est très dense. Il y a beaucoup de citations de Goethe forcément. Mais j'attendrai un peu... Et quand je serai en pleine forme !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Ven 22 Juin 2012 - 16:33
Hommage vibrant de Darren Aronofsky remettant le lion d'or à Faust:
Et oui j'oubliais, l'image est carrée comme à l'époque des films muets (mais le film ne l'est pas!!!)
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Ven 22 Juin 2012 - 22:47
Marko a écrit:
Faust
Librement adapté du 2e Faust de Goethe, le Faust de Sokourov est une film d'une puissance plastique sidérante et quasi hallucinatoire, un peu difficile d'accès, et qui pourra paraître autant insupportable que génial suivant sa disposition à entrer dans ce type d'univers très déstabilisant. J'avoue avoir eu peur pendant la première demi-heure en me disant que j'allais sortir de la salle mais j'aurais eu tort car l'ensemble est d'une beauté incomparable.
Merci pour l'avertissement, Marko. Prévenu, j'ai tout de suite plongé. Bien plus facilement que dans Cosmopolis (au hasard) et très admiratif.
Avant de voir le dernier film d'Alexandre Sokourov, il faut s'y préparer psychologiquement. Vrai ou Faust ? Vrai, tout comme il serait hasardeux de tenter l'ascension de l'Everest, par la face nord, en tongs ! Faust est une oeuvre monumentale, escarpée et qui donne le vertige. Une oeuvre d'art autant qu'un film, qui aurait pu être signé Murnau, au temps du muet, à la différence près que le film de Sokourov est très, très bavard (trop). Visuellement, c'est une splendeur, mais pas d'un esthétisme chichiteux, c'est de la beauté brutale et viscérale (on en voit dès le début, d'ailleurs, des viscères). Le film agit progressivement comme un envoûtement des sens et l'on est prêt à suivre jusqu'en enfer le docteur Faust et le grotesque Méphisto. Comme le film ne manque pas d'humour (le célèbre pacte est bourré de fautes d'orthographe) et flirte durablement avec le fantastique, voire le gothique, dans un univers médiéval incarné de façon époustouflante, on est en admiration quasi constante devant ces images picturales en mouvement. Chapeau au directeur de la photo, le français Bruno Delbonnel (Dark Shadows, Amélie Poulain), qui accomplit des prodiges. Le danger serait de rester fasciné sans s'intéresser le moins du monde à l'intrigue. On peut perdre le fil dans sa lourde logorrhée mais on s'accroche au drôle de tandem formé par Faust et Méphisto, aux changements de décors et d'ambiance et l'on goûte l'apparition enchanteresse de Margarete. L'interprétation, soit dit en passant, est remarquable. Faust produit le même effet que Le cheval de Turin, en plus fort encore, et l'on imagine bien Goethe se repasser le film en boucle, là haut, qu'il soit au paradis ou en enfer, ce dernier lieu étant plus en phase avec la tonalité de cette montagne cinématographique.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Ven 22 Juin 2012 - 23:10
traversay a écrit:
Faust produit le même effet que Le cheval de Turin, en plus fort encore, et l'on imagine bien Goethe se repasser le film en boucle, là haut, qu'il soit au paradis ou en enfer, ce dernier lieu étant plus en phase avec la tonalité de cette montagne cinématographique.
2 chefs d'œuvres instantanés et déjà des classiques. Le cinéma est loin d'être mort!
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 19:20
Faust
L'ouverture est à pleurer d'images de synthèses bien nazes mais le film est d'une virtuosité et d'une homogénéité constante, non sans ostentation d'ailleurs, le plus frappante étant la cohérence de cette ensemble, du décor de petit village ancien et des personnages de fond, des mouvements, des bruits... avec des choix assumés (et ptet contestables ?). Je peux cependant difficilement parler des trois premiers quarts d'heures parce que... j'ai décroché dans un demi sommeil imparable. Je crois que ça tient au texte omniprésent et aux bruits de fond ininterrompus, c'est très brouhaha et comme l'image est malgré tout terne... la plongée est plus que facile.
Et c'est malheureusement ce que je retiens aussi du film : brouhaha et terne, en dehors de la prouesse et du décor son esthétique ne m'intéresse pas, ne me stimule pas, pas plus que le duo de Faust et de son usurier un tantinet lassant à la longue. Margarete fait aussi des grimaces et les luminosités forcées et les ralentissements... c'est un peu comme le flou de travers fantastique de série tv des années 80, ça ne réveille pas forcément grand chose. Et le texte très mouvant qui joue sur différents niveaux est noyé et broyé dans tout ça, très dense déjà on l'imagine, débité à la mitraillette devient... on ne sait trop quoi. On regrette de ne pas le lire tranquillement.
J'adhère malgré tout à la référence de traversay au muet... mais je passe mon tour, trop plat, trop froid malgré la maitrise, trop indigeste, trop forcé. 'achement plus ampoulé que le cheval de turin (au passage plus incisif et motivé dans sa forme et avec des vraies choses très rares).
C'est à crever d'ennui. Si Goethe se le passe en boucle il ne se retournera pas longtemps tellement le sommeil le retrouvera vite. Une prouesse plutôt vaine et bien décevante pour ma part. (Le film sur Bruegel : Bruegel, le moulin et la croix avec des défauts aussi, et des ressemblances , est 45 000 000 000 de fois (environ) plus intéressant).
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 19:44
Cela donne furieusement envie de le voir pour se faire son opinion.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 20:35
Insupportable ou génial. Je pense qu'on peut difficilement se situer au milieu. J'ai ressenti ce que dit Animal pendant 1/2 heure mais ensuite je me suis laisse emporter. Mais c' est un film tellement riche et dense qu'il faut à mon avis plusieurs visions pour le digérer. Les critiques expriment le même clivage radical. Souvent le signe d'œuvres importantes.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 20:44
la question serait sans le sujet de départ pour la richesse que resterait-il ?
(je vais attendre quelques millénaires avant de le revoir celui là... )
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 20:45
De toute manière, qu'on l'aime ou pas, c'est un film monstrueux. Ce qui me gênerait le plus, animal le dit plus ou moins, et qui se retrouve dans des films comme Le cheval de Turin ou The Tree of Life, c'est le côté : "Regardez, je suis un grand metteur en scène et je fais un chef d'oeuvre." Je préfère en général les artisans du cinéma, ceux qui font preuve de davantage d'humilité. Les Wilder, Lubitsch, Ford, Borzage, Naruse, Ozu, Becker (Jacques) ..., je cite à dessein des cinéastes d'avant.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 22:07
Je ne fais pas la différence entre les humbles et les ambitieux. Je ne suis pas sur de croire à l'humilité d'ailleurs. À la fausse modestie davantage. On serait bien souvent surpris de voir en realite qui se cache derriere chaque oeuvre. Je crois plus a la sincerite et a la simplicite de Terrence Malick qu'a celle de certains cineastes consideres comme humbles. Certains sont plus flamboyants que d'autres mais ce qui compte c'est leur passion et leur talent dans ce qu'ils créent. Une œuvre me touche ou non et elle peut être modeste comme monstrueuse ou éclatante. Le génie est parfois écrasant et agaçant parfois plus discret.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 22:20
Marko a écrit:
Les critiques expriment le même clivage radical. Souvent le signe d'œuvres importantes.
Ou alors d'impostures.
Pas de milieu alors, chacun se fait son opinion en toute subjectivité, et cela va se décanter avec le temps. On saura dans 50 ans comment on peut qualifier ce film. S'il n'est pas complètement oublié d'ici là.
L'ambition n'est pas forcement signe de qualité ou de réussite, comme son apparente absence d'insignifiance du film. Il faut que le metteur en scène soit en accord avec la nature de son talent, et on peut avoir des préférences personnelles pour tel ou tel type de cinéma.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Alexandre Sokourov Sam 23 Juin 2012 - 22:28
traversay a écrit:
De toute manière, qu'on l'aime ou pas, c'est un film monstrueux. Ce qui me gênerait le plus, animal le dit plus ou moins, et qui se retrouve dans des films comme Le cheval de Turin ou The Tree of Life, c'est le côté : "Regardez, je suis un grand metteur en scène et je fais un chef d'oeuvre." Je préfère en général les artisans du cinéma, ceux qui font preuve de davantage d'humilité. Les Wilder, Lubitsch, Ford, Borzage, Naruse, Ozu, Becker (Jacques) ..., je cite à dessein des cinéastes d'avant.
Je crois que je vois ce que tu veux dire, et ça me va assez. Pour en revenir à ces trois exemples (films), ils ont un chacun une identité marquée et à leur manière sont des "one trick horse(s)", ils n'ont qu'un tour dans leur sac, même le Cheval de Turin qui a ma nette préférence et ce même avec son effet narratif particulier (qui a l'air présent dans les autres films du réalisateur) et chacun un positionnement différent vis à vis de la narration. Malick raconte une histoire et des idées ou des croyances de façon assez grosse, le Faust ici présent adapte je ne sais trop comment un texte en le décorant... et c'est très tiède par rapport à ma lecture du premier Faust de Goethe, il y a de la distance qui est bien présente mais moins d'ampleur (il serait un peu gêné par son image homogène sur coup là) et ça aussi brise le mouvement du texte et fait sauter des espaces. Et je n'ai pas trouvé de quoi compenser dans l'image. Un gros capharnaüm narratif. Très influencé par les lectures de László Krasznahorkai je retrouve une narration limpide aussi trouble que puisse en être l'objet.
Même dans un film comme Cœur de verre de Herzog auquel j'ai pensé aussi devant ce Faust, emprunt d'étrangeté, la narration est appliquée, les paysages qui font déconnecter et les visées sauvages du réalisateur ne l'empêchent pas je crois d'être attentif à l'histoire racontée.
C'est marrant aussi parce que tu parlais de Faux mouvement l'autre jour que je dirai avoir un côté plus contemplatif et illustratif d'un aspect parfois temporaire de l'histoire (et bavard aussi).
Et c'est bien cette liste, je n'en ai (toujours) pas vu grand chose. huhu.