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| Alexandre Sokourov | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Lun 25 Juin 2012 - 17:22 | |
| - Marko a écrit:
- traversay a écrit:
- Marko a écrit:
Je vous conseille le numéro des Cahiers du cinéma qui consacre sa une au film. Je l'ai lu cet après midi et c'est très instructif. Trouvé dans une station Total à 0,50 € (véridique) Une promo pour les invendus? Il est en vente actuellement, si je ne m'abuse. C'est un peu louche et interdit, non ? | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Lun 25 Juin 2012 - 19:57 | |
| - traversay a écrit:
- Marko a écrit:
- traversay a écrit:
- Marko a écrit:
Je vous conseille le numéro des Cahiers du cinéma qui consacre sa une au film. Je l'ai lu cet après midi et c'est très instructif. Trouvé dans une station Total à 0,50 € (véridique) Une promo pour les invendus? Il est en vente actuellement, si je ne m'abuse. C'est un peu louche et interdit, non ? Une revente...Une occase quoi...Un peu louche en effet... A Moulins, on ne les trouve pas en occase, parce qu'on ne les trouve même pas neufs en Maison de la Presse. Nous en sommes privés (pas assez de clients pour ce magazine)...De même pour Le Matricule des Anges...C'est pour ce qui me manque, il doit y avoir bien d'autres absents... Il faudrait que j'aille faire un tour à la station Total, on ne sait jamais! ... | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| | | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mar 26 Juin 2012 - 1:35 | |
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mar 26 Juin 2012 - 22:07 | |
| Pour Marko qui aime les coïncidences, cet extrait qui m'a rappelé ou complète ce que j'ai compris de ma lecture de Faust : - Citation :
- (...)il ne suffit pas de rappeler que l'homme a une mission particulière, qu'il lui revient d'articuler le matériel au spirituel, qu'il peut s'unir au divin comme Dieu s'unit au monde créé; et il n'y a guère de pertinence à glorifier le corps de l'homme, à souligner sa double nature, à fonder son excellence sur sa qualité de microcosme ou de reflet de l'univers. Immortalité de l'âme, rationalité, ressemblance au Créateur, autant de raisons invoquées à la gloire de l'être humain, mais dont on ne saurait se satisfaire. Ce qui importe au jeune Pico, ce n'est pas d'insérer l'homme - entendons l'homme générique, que le discours appelle Adam - dans un réseau de similitudes; c'est de repérer sa différence, et de l'affirmer radicale. Loin d'occuper un poste fixe au milieu de la chaîne des êtres, Adam reçoit le privilège d'être seulement ce qu'il devient, et de devenir ce qu'il se fait: dès lors, c'est moins une place hiérarchique que l'exercice d'une liberté qui garantit sa dignitas. Hors échelle, arraché à la structure scalaire chère aux penseurs du Moyen Age, il est promu «quatrième monde», à distinguer des trois premiers; et n'ayant pas de nature propre en tant qu'il est toutes les natures, il apparaît comme l'artisan de sa propre destinée. Par le plus fécond des paradoxes, c'est sur l'absence de nature humaine que se fonde l'humanisme mirandolien.
Yves Hersant Extrait de la préface à De la dignité de l'homme de Giovanni Pico Della Mirandola. Je n'ai d'ailleurs lu que la préface pour le moment. Et si le texte est disponible en papier il l'est aussi en ligne (chez l'éditeur) : lyber-eclat.net | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mar 26 Juin 2012 - 23:30 | |
| - animal a écrit:
Extrait de la préface à De la dignité de l'homme de Giovanni Pico Della Mirandola.
Je n'ai d'ailleurs lu que la préface pour le moment. Et si le texte est disponible en papier il l'est aussi en ligne (chez l'éditeur) : lyber-eclat.net Il faut lire ça calmement à tête reposée car très dense mais on semble sur la bonne voie... Je trouve également plutôt pas mal (dans un registre certes plus light) l'article de Samuel Douhaire (un critique à suivre...) dans Télérama qui part de l'introduction de Goethe pour montrer le cheminement de Sokourov dans son film: - Citation :
- « De la création déroulez les tableaux/Et passez au travers de la nature entière/Et de l'enfer au ciel, et du ciel à la terre. » L'invitation de Goethe dans le « Prologue sur le théâtre » de Faust est suivie à la lettre par Alexandre Sokourov dans son adaptation vertigineuse de la tragédie, Lion d'or à l'unanimité du jury au dernier festival de Venise.
Un miroir flotte comme par magie dans les nuages. La caméra descend lentement vers le sol, surplombe un village prussien du XIXe siècle, pénètre dans une maison, puis se rapproche, à quelques centimètres, du sexe d'un cadavre sur le point d'être autopsié. Pendant plus de deux heures, la mise en scène fusionne ainsi le trivial et le sublime, le scabreux et l'élégiaque. Comme chez Goethe, le héros, savant insatisfait, vend son âme au diable pour goûter aux plaisirs terrestres et être aimé de la pure Marguerite. Mais, idée géniale de Sokourov, Méphisto n'a plus ni cornes ni cape maléfique : il s'est métamorphosé en usurier difforme, à la peau boursouflée, que l'étonnant Anton Andansinskiy (clown célèbre en Russie) tire vers le grotesque.
Le film est un flot continu de paroles — débats métaphysiques ou propos de corps de garde — que Sokourov filme dans des décors sensuels (le lavoir aussi moite qu'un hammam), violents (la taverne), fantastiques (l'antre surchargé de Méphisto). On devine l'influence de Rembrandt, dans les intérieurs en clair-obscur, et d'Altdorfer, dans la somptueuse séquence de la forêt où les arbres semblent étouffer les personnages. Les plans sont composés comme des tableaux en mouvement permanent, avec la fameuse « patte » du cinéaste russe : ces anamorphoses (plus discrètes, ici), ces filtres mordorés ou vert-de-gris, ce léger flou qui donnent aux images une matière vaporeuse.
Ce cinéma, à la fois spirituel et très physique, trouve sa pleine puissance dans la scène finale, tournée en Islande au milieu des geysers en éruption et des murs de lave pétrifiée. C'est là que Faust tente de s'affranchir de Méphisto, là aussi que Sokourov se démarque de Goethe pour boucler sa tétralogie sur le pouvoir. Dans Moloch, Taurus puis Le Soleil, Hitler, Lénine et l'empereur Hirohito s'estimaient d'essence divine et se découvraient simples mortels. Dans Faust, c'est l'inverse : un individu ordinaire croit devenir Dieu et prétend apporter le bonheur à l'humanité. Mais l'aveuglement de son discours est révélé par l'image : cet homme neuf qui marche triomphalement vers les montagnes d'une blancheur immaculée n'est qu'un futur tyran. Le nouvel archange du mal prêt à dominer le monde... — Samuel Douhaire
Je découvre au passage Albrecht Altdorfer dont l'influence sur certaines images du film est assez manifeste: | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mar 17 Juil 2012 - 22:33 | |
| J'ai finalement vu Faust. Après les commentaires précédents, je m'attendais à un film très exigeant et difficile à suivre. Et bien, pas du tout. J'ai eu un peu peur au début, la dissection faisait très carton pâte et un méchant rire commençait à monter en moi, mais ce n'était heureusement qu'une fausse alerte. Je trouve qu'il y a une grande cohérence formelle, entre l'image, la musique et les dialogues, quelque chose d'organique, dirais-je, comme les inséparables corps et âme. Le tout formant en effet quelque chose d'hallucinogène presque si on accepte de se laisser embarquer dans le voyage. Et c'est la grande réussite du metteur en scène. C'est pour cela que j'ai beaucoup de mal à comprendre en quoi ce film évoque pour certains le cinéma muet, puisque dans mon approche de ce film, l'image, le son, le texte forment un tout, et participent à l'oeuvre, sont inséparables, et leur mélange crée sa spécificité.
Sokourov, tout en se référant largement à l'oeuvre de Goethe est très loin d'en donner une illustration, malgré de nombreuses citations, ou allusions. En réalité, il part du principe que les spectateurs connaissent Faust I et II, et joue avec cette connaissance, fait des habiles variations, et il me semble que le film doit être difficile à suivre si on ne connaît pas ces deux textes. Et j'avoue que pour ma part, j'ai beaucoup apprécié ce côté presque ludique par moments, les jeux du semblable et du différent, ce qui n'est pas dit complètement car supposé su, les petites choses posées là comme des sortes d'indices à trouver. Et évidemment les images aussi sont pleines de références, on peut s'amuser longtemps à chercher d'où cela vient, et c'est un jeu qui peut ne jamais prendre fin.
Mais c'est peut être aussi là que le film trouve ses limites. Aussi intéressantes, voire amusantes que peuvent être les références, on en vient quand même au contenu propre apporté par le créateur. Et là, désolée, Sokourov n'est pas Goethe. Et il s'est donné lui-même ce point de comparaison en choisissant cette oeuvre et cette approche. C'était très ambitieux, mais peut être trop. La fin, aussi belle plastiquement qu'elle soit, est décevante au final, mais d'une certaine façon c'était inévitable.
J'ai passé un très bon moment à voir ce film, à qui je trouve de grandes qualités. Incontestablement intelligent et très très brillant. Mais je ne suis pas sûre d'avoir assisté à un chef d'oeuvre. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mar 17 Juil 2012 - 23:09 | |
| - Arabella a écrit:
- En réalité, il part du principe que les spectateurs connaissent Faust I et II, et joue avec cette connaissance, fait des habiles variations, et il me semble que le film doit être difficile à suivre si on ne connaît pas ces deux textes.
Je parierais qu'ils sont peu nombreux, les spectateurs à avoir lu le Second Faust... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mer 18 Juil 2012 - 7:07 | |
| je me sens obligé maintenant en plus. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mer 18 Juil 2012 - 7:48 | |
| - animal a écrit:
- je me sens obligé maintenant en plus.
Autant le Premier Faust se lit facilement, autant le deuxième... comment dire... J'ai eu l'impression qu'il vaut mieux avoir lu et maîtriser tout Shakespeare, Dante, etc. et se taper cinq mille pages de commentaires pour avoir l'impression de comprendre à peu près les allusions. Mais bon, je peux me tromper. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mer 18 Juil 2012 - 8:39 | |
| Mais le film s'inspire essentiellement du 1er Faust. Il n'y a pas toutes les allusions à la mythologie grecque et a la guerre de Troie. Il a juste utilisé l'homonculus de Wagner. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mer 18 Juil 2012 - 9:08 | |
| Les armures de la fin me semblent une allusion quand même. Et la volonté de dompter le geyser est aussi à mon sens une allusion à la façon dont Faust essaie de maîtriser la nature dans le dernier acte du second Faust. Les allusions sont forcement moins narratives, mais cela tient aussi à la structure du second Faust. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mer 18 Juil 2012 - 9:44 | |
| C'est surtout une réappropriation très libre et dans un langage plus cinématographique que littéraire même s'il nous noie (volontairement) sous une logorrhée qui serait une suite ininterrompue de citations flottantes. Cette opposition entre dispositif organique et quête métaphysique qui semble se perdre dans le néant tient d'une œuvre d'art qui cherche autre chose que son modèle littéraire. Difficile de les comparer vraiment dans la mesure ou les langages ne sont pas les memes Ce sont des œuvres qui explorent les mêmes thèmes mais dans des dimensions très différentes. Idem si on voulait comparer avec une œuvre musicale s'inspirant du mythe. On est effectivement bien au-dela de la simple illustration. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mer 18 Juil 2012 - 14:44 | |
| Je tiens à dire avant toute chose que je trouve cette oevre vraiment digne d'intérêt, et que je suis très heureuse que le jury du festival de Venise a eu l'audace de la primer. Mais je trouve que certains critiques enthousiastes sont un peu excessives et que cela ne rend pas au final service au film. Le mythe de Faust est plus qu'ancien et de nombreuses oeuvres le traitent, que ce soit en littérature, musique,cinéma, peinture.... Avec évidemment à chaque fois des moyens différents. Certaines sont plus réussies ou plus marquantes que d'autres. Celle de Sokourov est à mon sens passionnante. Mais ce n'est qu'une variation autour du thème, pas une façon complètement nouvelle et révolutionnaire de le considérer. La seule qui a vraiment réussi cette révolution est celle de Goethe, au point qu'on a oublié ou presque toutes les versions précédentes, et que toutes les suivantes s'y réfèrent. Et je suis totalement convaincue qu'il n'y aura pas un avant et un après Sokourov dans le traitement du mythe de Faust, parce que le traitement qu'il en fait est encore une fois une très brillante variation mais pas une vision qui renouvelle d'une façon radicale et incontournable ce mythe. Comme je l'ai déjà dit, je trouve particulièrement réussi ce mélange, presque superposition, tant cela va vite, d'images, de textes, de musique, de bruits...Cela peut paraître frustrant par moments, tant il y a des choses, et qu'on peut avoir la sensation de ne pas tout saisir, mais je crois que ce trop plein est plus que voulu, et est une composante essentielle de la vision qu'a Sokourov du mythe. Je crois qu'il faut se laisser emporter par le flux, et si on y arrive on trouve un immense plaisir à le suivre, et à attraper tel ou tel élément, suivant les personnes, ce sera plus visuel, ou plus auditif, ou plus lié au texte, mais chaque composante sera de toute façon présente. Et il n'y a que le cinéma qui permette cela. Et malgré tout le plaisir que j'ai pris à ce film, et à toute admiration qu'il suscite en moi, il y a des éléments qui m'interrogent. L'accumulation de références incessantes, picturales, littéraires, musicales, fait que, ce film a quand même un côté jeu intellectuel. Parce qu'évidemment on essaie de deviner les références. Et aussi fascinant et passionnant que ce soit, c'est au final un jeu. On pourra peut être écrire des thèses sur ce film (rien de plus facile qu'écrire des volumes sur une oeuvre où il s'agit de rechercher des références), mais un film qui ne suffit pas à soit même et qui, pour qu'on y prenne vraiment plaisir nécessite de connaître très bien d'autres oeuvres, me semble poser de cette façon ses limites. Mais peut être que j'exagère un peu, à vouloir trouver des limites. C'est une belle oeuvre, même si après chacun a ses préférences. Et pour ma part, je trouve que le mythe de Faust n'a jamais été aussi bien servi au cinéma que par Murnau. Et on peut voir le film sans rien au mythe et sans avoir lu une ligne de Goethe. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Alexandre Sokourov Mer 18 Juil 2012 - 15:29 | |
| Je te comprends et peut-être qu'on peut aussi regarder ce Faust de Sokourov sans avoir lu Goethe. Il l'inscrit d'ailleurs dans un ensemble d'œuvres autour notamment du thème du pouvoir et il est certainement intéressant de les voir tous les 4 pour entrevoir des correspondances, une continuité. Je pense qu'on n'a pas fini de découvrir et de redécouvrir le cinéma de Sokourov. Je lui reproche juste parfois une trop grande tentation de stylisation excessive mais ce qu'il fait est unique. Je vais tenter de les voir tous. | |
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| Sujet: Re: Alexandre Sokourov | |
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| | | | Alexandre Sokourov | |
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