Le Café Littéraire - ici on cause....

Citation :

Pour l'instant je reste circonspect par les réactions que provoquent cette mort, c'est à dire aucune ou alors celle de circonstance, celles officielles des non-lecteurs.

Et tu as lu Robbe Grillet, Lekhan? J'avais fait une tentative, je m'étais beaucoup ennuyée. Mais cela n'a aucune importance, par contre, je détestais le personnage appelant encore récemment à l'éducation sexuelle ( par ses soins ,bien sûr, c'est encore mieux) de gamines de dix ans, ravies de ce privilège , ça il en était persuadé...Je pense qu'à son âge, il ne devait plus leur faire grand mal, mais il en a fait auparavant et s'en est largement vanté.
Alors, évidemment , il faut séparer oeuvre et vie privée, mais des milliers de gens meurent tous les jours , et je ne suis pas particulièrement attristée par la mort, à 85 ans, d'un vieux pédophile, désolée.

j'en avais entendu parlé en fait

Je ne connaissais pas le personnage, mais à l'éclairage de Marie difficile de s'attrister effectivement.

Peut-on et arrive-t-on d'ailleurs à séparer totalement la personne de l'écrivain ?

à tantôt

Bédoulène a écrit:

Peut-on et arrive-t-on d'ailleurs à séparer totalement la personne de l'écrivain ?

Pour moi, réponse: non...J'ai du mal avec ça...à tort, mais j'aime les écritures de proximité, quasi orale où l'écrivain livre une partie de lui-même au détour des pages. Difficile dans ce cas de séparer l'oeuvre du géniteur Aussi Robbe -Grillet mort...c'est triste pour lui et sa famille, mais ça ne me sortira pas des réactions de circonstances dont parle Lekhan, non...

Il formait avec sa femme, écrivain aussi paraît-il, un couple assez particulier, lui avait les tendances dont parle Marie, et elle organisait, chez elle, des soirées sado-maso : http://www.lire.fr/critique.asp/idC=47669/idR=200/idTC=3/idG=8

Bédoulène a écrit:

Peut-on et arrive-t-on d'ailleurs à séparer totalement la personne de l'écrivain ?

Pour moi la même réponse qu'Aériale - non..
De mes connaissances c'est surtout un phénomène féminin
mais je ne peux rien y faire .. et dans ce cas - je ne veux pas!!

On ne le veut pas et d’ailleurs on ne le peut pas…d’une manière ou d’une autre, la personne rejaillie à travers ses écrits.

Concernant Robbe Grillet, est-ce un écrivain ou un prosélyte pédophile et sado-maso se servant de l’écriture pour convaincre, à commencer par lui, que ce n’est pas si grave ?

Le plus pathétique dans l’histoire c’est que la clique des journaleux et pseudo critiques en ont fait un contestataire et un « créateur » du nouveau roman, élu à l'Académie française en 2004…un immortel de plus que je ne regretterais pas, pauvre littérature française.

On sait et Michel Foucault était un méchant homosexuel sado-maso mangeur d'enfant, alors il est moins bien que Deleuze, parce que Deleuze était gentil avec une femme et deux beaux enfants...

Je ne crois pas qu'on puisse réduire par exemple Pour un nouveau roman, à la vie de son auteur. C'est un manifeste, pour laisser une part à l'imaginaire dans les écrits réalistes, dans les écritures du moi, je crois que ça permets un champ d'expression littéraire.

Il faut arrêter d'être cul serré et de ramener les auteurs à ce qu'ils sont réellement. L'auteur n'est pas le narrateur sauf par pacte de lecture, ou par ambigüité dans l'écriture minimaliste par exemple.

Il ne faut pas lire Céline parce que c'est un anarchiste très à droite, qu'il est anti sioniste, il ne faut pas lire Huysmans parce qu'il est antisémite, il ne faut pas lire Beckett parce qu'il parle de merde, il ne faut pas lire Artaud parce qu'il est fou, il ne faut pas lire masoch ou Sade parce qu'ils sont sado maso, et surtout au grand jamais ne lisez pas Foucault parce qu'en plus il était gay.

Franchement, c'est le genre de truc qui me sort par les yeux, une spécialité Française de la catégorisation. Et après on se demande encore pourquoi les allemands ont produit des Jahnn, et des Borchert, je crois que la question ne se pose pas. Le corps ça n'est pas sale.

Ça n'est pas parce que j'écris les aventures d'un sado-maso que je suis sado-maso, ça n'est parce que Musil écrit une aventure homosexuel qu'il est homosexuel. Comme Ungar n'est pas frustré comme ces personnages.

Il y a une frontière qui n'a jamais était franchi en France, l'idée du narrateur, du Narrateur, de l'auteur et de l'Auteur. Toutes ces possibilités, ces jeux, sont relégués à une classification personnelle. Tiens lui est dans tel case, il ne faut pas le lire.

Je n'apprécie pas l'écriture de Robbe-Grillet, mais ça n'est pas ce qui est en jeu, il a quand participé à fonder avec Duras, "le nouveau roman". On en pense ce qu'on en veut, mais je ne vois pas pourquoi on réduirait plus ce courant que le décadentisme, ou les zutistes...

Je ne sais pas pourquoi on cherche toujours à limiter l'auteur à sa personne. Comme si le texte n'existait pas. On comprends mieux les publications sous pseudonyme d'un Gracq, et ses critiques dans La littérature à l'estomac.

"-Pourquoi écrivez vous?
-Parce que j'avais des bonnes notes en rédaction.
-Et alors?
-Mon chat est mort."

Il faut se contenter de ça pour faire les auteurs? Il faut se contenter de ça dans la littérature aujourd'hui?
Pitié.

je ne savais pas trop comment réagir à vos retours sur l'homme Robbe-Grillet. Pour moi, l'auteur n'est pas forcément important lorsque je lis son livre. Après si le livre, les idées qu'ils véhiculent ne me plaisent pas, là je laisse tomber l'ouvrage. Je crois que lekhan dit les choses (avec un ton légèrement... brutal mais bon, c'est lekhan^^), et les dit bien.

lekhan a écrit:

Il faut arrêter d'être cul serré et de ramener les auteurs à ce qu'ils sont réellement. L'auteur n'est pas le narrateur sauf par pacte de lecture, ou par ambigüité dans l'écriture minimaliste par exemple.

lekhan a écrit:

Il y a une frontière qui n'a jamais était franchi en France, l'idée du narrateur, du Narrateur, de l'auteur et de l'Auteur. Toutes ces possibilités, ces jeux, sont relégués à une classification personnelle. Tiens lui est dans tel case, il ne faut pas le lire.

C’est la différence entre un écrivain et un prosélyte, l’écrivain n’est pas obligatoirement ce qu’il raconte alors que le prosélyte, comme Robbe Grillet, oui…comme Céline d’ailleurs et avec encore moins de talent que ce dernier.

L’écrivain se doit d’être un observateur et peut s’observer en toute impartialité ?
Néanmoins, lorsque l’on narre ce que l’on voit, on ne peut s’empêcher de laisser voir ce que l’on est…le lecteur attentif ne peut qu’y être sensible.

Céline est un écrivain, il n'y a qu'à lire Guignol's Band.

lekhan a écrit:

Céline est un écrivain, il n'y a qu'à lire Guignol's Band.

C’est ton point de vue, qui se discute…tout dépend ce que l’on appelle écrivain.

Ne pas lire un livre à cause de l’image de l’auteur est ridicule mais ne pas le lire à cause de ses contributions à cette image ne l’est pas…les écrivains sont fort nombreux, le temps est limité, je préfère éviter d’en perdre avec ceux qui se présentent, sans même sans rendre compte le plus souvent , comme narcissiques ou déverseurs de bile…

Mais je ne vais pas défendre Robbe-Grillet, j'ai horreur de son style, de son texte. Mais je dis simplement qu'il faut éviter au pour son : Pour un nouveau roman , de le réduire à son personnage, à une catégorie.

Céline est un écrivain, il arrive quand même à créer un nouveau langage, une nouvelle possibilité. Céline est un espace littéraire à lui seul. Je ne suis pas un fan, mais il faut avouer qu'il y a une marche franchi entre l'oralité des Villon et des Rictus, et Guignol's Band. Il n'y a plus simple oralisation, mais construction d'un langage propre, de signes propres. Après qu'il y est des influences je ne vais nier, je suis le premier à le dire. Mais c'est un écrivain à part entière, et non un prosélyte.

lekhan a écrit:

Alain Robbe Grillet est Mort. Comme l'information ne passe pas, je la remets ici.

Tu as raison Lekhan d'apporter l'information sur ce forum littéraire...

Un peu trop sulfureux Robbe Grillet pour que j'ai beaucoup de regrets...Pour ma part, j'arrive difficilement à faire abstraction de qui est l'homme qui écrit (Ainsi pour Céline devant lequel je suis très réticente).
Comme Marie, j'ai commencé un de ses livres, il y a très longtemps, je ne sais même plus lequel, et je me suis ennuyée...Je ne l'ai jamais terminé...Et, j'ai cherché, je ne l'ai plus dans ma bibliothèque!...C'est dire!...

(Je ne vais donc pas demander, comme pour Gracq, qu'on le mette dans la liste de nos auteurs du mois pendant un an... )