Terrence Malick

Yes!!

Yes, yes, yes !

Constance a écrit:

Malick a traduit son questionnement poético-philosophique sur le "D'Où Venons Nous/ Que Sommes Nous/ Où Allons nous" par le choc chaotique de la vie immuable de l'univers avec le douloureux univers intérieur d'un homme en proie au deuil impossible de la perte de son frère ... les images sont époustouflantes, bouleversantes de beauté formelle ...
Comme chaque fois, ce film de Malick peut prêter à des interprétations personnelles ... j'y ai vu plusieurs niveaux de lecture : le questionnement existentiel, mais également un constat sur l'aliénation consentie à "l'american way of life" (sur son lieu de travail, le père (Brad Pitt) déambule dans un écrasant complexe labyrinthique, et son fils (Sean Penn) travaille dans une tour qui surplombe "Ground Zero"; l'autodestruction de l'espèce humaine dans une totale inconscience (les enfants s'amusent à traverser le nuage de DDT que diffuse un camion); la défragmentation de la mémoire à travers les souvenirs de Sean Penn avec ses yeux d'enfant (l'image d'une famille américaine archétypale du foyer protecteur symbolisé par une maison à la "Edward Hopper", l'idéalisation évanescente de la mère, tandis qu'il se représente le père comme un danger oedipien).
Fragilité de l'homme, fragilité de l'existence qui peut basculer dans le Néant à tout instant (un récurrent grondement musical menaçant montant en intensité nous rappelle à ces fragilités), alors que la vie mystérieuse du cycle universel se perpétue, implacable de beauté ...
Quant à la dernière scène, contrairement à Marko, je pense qu'elle apporte une conclusion porteuse d'espérance au personnage, prisonnier de son chagrin (certainement pour Malick lui-même), cette plage ne serait-elle pas l'au-delà que nous rapportent les revenants d'une expérience de mort imminente (NDE) ... nous ne savons rien de la métaphysique du Néant, alors pourquoi pas ... ?

Je suis sortie de la salle de projection, totalement bouleversée par ce chef d'oeuvre d'une rare humanité ...

Je ne peux pas dire mieux, ou plutôt je te rejoins totalement.

J'ajoute quand même que Jack l'aîné des trois garçons est bouleversant de sincérité.
Que j'ai vu également dans ce film une allusion à la recherche de la grâce et de la beauté, en plus des questionnements métaphysiques dont vous parlez plus haut (tout au début du film des extraits bibliques sur la nature qui cherche du profit alors que la grâce elle, n'en cherche aucun)
Que ce film est très profond et soulève beaucoup de questions qui resteront bien sûr (en tous cas pour moi) sans réponse.

Un moment cinématographique inoubliable, je me suis totalement laissée emporter non pas béatement par les images mais tout simplement par la sincérité et l'émotion qui se dégagent de ce drame familial et intime.

Pas un seul spectateur n'est sorti (nous étions une bonne....vingtaine)

darkanny a écrit:

J'ajoute quand même que Jack l'aîné des trois garçons est bouleversant de sincérité.

Tous ces visages sont sublimement filmés. La mère notamment. C'est tout aussi magique que ces mouvements aériens de la caméra.

Moi je n'aurai pas honte de me laissée emporter béatement par les images. Chez Malick je prends tout.
Même les réactions qu'il génère chez eXPie me plaisent.
Allez, en salle!

J'ai pas honte de le dire, parce que c'est votre faute si j'ai fini par aller voir ce film (que je ne sentais pas du tout) : je me suis barrée en plein milieu.

Le mega trip religieux, le mystique de recherche de réponses, les gros silences plein de souffles pour bien faire comprendre qu'il y a une présence, une vie tout autour, toute la séquence façon Ushuaïa, Brad Pitt... non mais tout m'a gonflée ! J'en pouvais plus. Je ne suis vraiment pas faite pour ce poids là. Je vous le laisse volontiers.

Queenie a écrit:

J'ai pas honte de le dire, parce que c'est votre faute si j'ai fini par aller voir ce film (que je ne sentais pas du tout) : je me suis barrée en plein milieu.

La Palme dort ...

traversay a écrit:

Queenie a écrit:

J'ai pas honte de le dire, parce que c'est votre faute si j'ai fini par aller voir ce film (que je ne sentais pas du tout) : je me suis barrée en plein milieu.

La Palme dort ...

Bande d'hérétiques

Vous me faites peur avec tous ces commentaires...
Pas vraiment sûre que ce soit pour moi. Autour j'ai entendu des avis d'amis partagés. J'étais très impatiente de le voir et maintenant le doute s'installe...

J'irai quand même, je pense!

aeriale a écrit:

J'irai quand même, je pense!

Y a intérêt!

Installes-toi près de la sortie. Just in case.

Queenie a écrit:

Installes-toi près de la sortie. Just in case.

Vade retro

Jetez une oreille du côté de France Culture pour écouter Jason Salomons et Michel Ciment (l'un de nos meilleurs critiques et l'un des très rares journalistes ayant pu rencontrer Kubrick et Malick). Ciment évoque le romantisme de Malick. Antoine Guillot se fait l'avocat du diable: Table ronde sur The Tree Of Life

Dans Le Masque et la Plume, ils parlaient de la scène avec les dinosaures, et eux aussi ont compris qu'on assistait à l'apparition de la compassion. Je ne sais plus qui en parlait et disait qu'il en a ri pendant dix minutes...

Tout son truc sur Dieu tendance new age n'a pas grand intérêt (pour moi), mais le reste est tellement bien filmé, il y a des scènes tellement belles plastiquement parlant, que ça compense le reste (le film est une réflexion, paraît-il, mais une réflexion sur quoi ? je n'ai pas compris la question, sans doute). Il est vraiment doué pour filmer la nature.
C'est un film à voir en salles, j'ai bien peur qu'il n'en reste pas le plus intéressant sur petit écran.

eXPie a écrit:

Dans Le Masque et la Plume, ils parlaient de la scène avec les dinosaures, et eux aussi ont compris qu'on assistait à l'apparition de la compassion. Je ne sais plus qui en parlait et disait qu'il en a ri pendant dix minutes...

Xavier Leherpeur qui en parle d'une façon tellement caricaturale qu'il n'apporte pas grand chose. Pour les dinosaures comme pour la scène finale je ne suis pas non plus vraiment convaincu mais cela occupe tellement peu de place dans l'ensemble que je prends tout en même temps.