Terrence Malick

vincent a écrit:

completement d'accord avec Coline, ce film fait un bien fou, trés humain oui, il joue sur cette corde fine et délicate de la sensibilité, cette corde si fine qu'il est fort de s'y retrouver et d'y retrouver du monde..
Beaucoup de scènes débordent de cet humanisme, de la cruauté de l'Homme mais aussi de sa bonté et intelligence
c'est vrai qu'il n'y a pas d'interprétation unique de ce film, c'est plutot une sorte de terreau de questions existentielles oú le Cartésien n'a plus trop sa place ..

J'adhère totalement...

J'écoute en boucle:
Lacrimosa de Zbigniew Preisner

coline a écrit:

J'écoute en boucle:
Lacrimosa de Zbigniew Preisner

Je n'arrive toujours pas à comprendre qu'on compare cette séquence de la naissance de l'univers et de la vie à un documentaire ennuyeux de National Geographic ou de Cousteau tellement elle est conçue comme un chant de deuil et une tentative de réponse et peut-être d'apaisement à la souffrance et à la révolte (on peut aussi y voir une implacable et majestueuse indifférence, une énigme). Les images y sont somptueuses et elles sont soutenues notamment par cette musique de Preisner qui leur communique beaucoup d'intensité et nous donne à la fois la sensation d'entendre la plainte de cette mère et de contempler le cosmos comme vaste matrice, maternelle elle aussi. Ce dialogue entre tourments individuels et mouvement cosmique vital est une des plus belles expériences de cinéma qu'on puisse vivre. Et c'est pourtant là que les gens sortent de la salle!

Marko a écrit:

coline a écrit:

J'écoute en boucle:
Lacrimosa de Zbigniew Preisner

Je n'arrive toujours pas à comprendre qu'on compare cette séquence de la naissance de l'univers et de la vie à un documentaire ennuyeux de National Geographic ou de Cousteau

J't'expliquerais quand tu seras grand.

Queenie a écrit:

J't'expliquerais quand tu seras grand.

Alors je préfère rester petit

D'ailleurs j'ai trouvé le début de la séquence: Tree of life: Lacrimosa

coline a écrit:

J'adhère totalement...

J'écoute en boucle:
Lacrimosa de Zbigniew Preisner

Ca rappelle que Kieslowski aurait eu 70 ans le mois dernier... J'aurais bien aimé voir les films qu'il n'a pas faits.

coline a écrit:

vincent a écrit:

completement d'accord avec Coline, ce film fait un bien fou, trés humain oui, il joue sur cette corde fine et délicate de la sensibilité, cette corde si fine qu'il est fort de s'y retrouver et d'y retrouver du monde..
Beaucoup de scènes débordent de cet humanisme, de la cruauté de l'Homme mais aussi de sa bonté et intelligence
c'est vrai qu'il n'y a pas d'interprétation unique de ce film, c'est plutot une sorte de terreau de questions existentielles oú le Cartésien n'a plus trop sa place ..

J'adhère totalement...

J'écoute en boucle:
Lacrimosa de Zbigniew Preisner

pareil :-) mais aussi : https://www.youtube.com/watch?v=7s6JY6jgJfo

eXPie a écrit:

coline a écrit:

J'adhère totalement...

J'écoute en boucle:
Lacrimosa de Zbigniew Preisner

Ca rappelle que Kieslowski aurait eu 70 ans le mois dernier... J'aurais bien aimé voir les films qu'il n'a pas faits.

Et l'opéra qui se préparait avec Zbigniew Preisner!...

coline a écrit:

Et l'opéra qui se préparait avec Zbigniew Preisner!...

Je trouve qu'il y a quelque chose de kitsch (de clinquant plutôt) dans la musique de Preisner en général. Mais un kitsch qui a quelque chose d'irrésistible. Ce n'est pas de la grande musique mais elle a un impact émotionnel certain. Il a trouvé un compromis entre la musique classique minimaliste (mouvance Pärt, Gorecki, and co...) et la musique de film. Comme Wojciech Kilar ou quelques autres (je pense par exemple au "Pie Jesu" d'Andrew Lloyd Webber) . Le génie de Malick est d'avoir rendu ce Lacrimosa inoubliable comme Kubrick a pu rendre Strauss (Richard et Johann) ou Ligeti inoubliables dans 2001. Maintenant en l'entendant j'imaginerai le cosmos et une mère qui pleure son enfant mort.

Je m’étais interdit de lire le fil avant d’aller voir le film. Maintenant, film vu hier, j’ai essayé de lire, mais je dois dire que c’est tellement foisonnant que je n’ai pu que survoler.
Bon… donc je vais me contenter de jeter des impressions, soit spontanées, soit en réaction à des choses lues dans vos commentaires…histoire de mettre mon grain de sel.

J’avais décidé d’écrire quelque chose d’assez nuancé et au fil de mon écriture, je suis partie directement dans un sens très critique pas nuancé du tout, je me demande si je ne me suis pas amusée à en rajouter un peu…la notion d’auteur culte m’irritant un peu. Pardon, Marko, pardon…tu ne vas pas aimer du tout.
Mais je dirais quand même que je te comprends aussi, car si je suis honnête il y a des choses très belles, magnifiques, sublimes ... mais alors , c’est tellement noyé…

Vous l’aurez compris, je suis plutôt dans la catégorie de ceux qui n’ont pas accroché, mais c’était prévisible, l’aspect mystique et « profond » pour quelqu’un de cartésien comme moi, ce n’est pas exactement ce qu’il me faut.

Pour l’histoire religion/pas religion. Une image s’est imposée à moi plusieurs fois au court du film, c’est Le Ruban blanc. Mêmes petits garçons au crâne rasé, qui regardent par en dessous terrorisés sous l’emprise d’un père qui les aime et ne sait traduire son amour que par de la colère et de la souffrance , lui même vivant dans la terreur de Dieu, pensant que la vie est un combat perpétuel.. (Ce film nous parle d'un amour impossible)Le père et la mère ont chacun leur foi : la mère la traduit par son sourire et son émerveillement devant les petites fleurs si belles. Le père par sa rigueur et « tu seras un homme mon fils » quel que soit le prix à payer. On se demande d’ailleurs ce qu’ils font ensemble ces deux là…
Cette emprise de la religion est finalement bien traduite par ces voix off exaltées, sublimes, totalement déconnectées de la réalité.
Et pour bien faire comprendre à quel point Dieu est dans tout cela…il faut remonter jusqu’à la création du monde (attention, on ne parle pas d’une petite famille américaine prise dans ses contradictions mais bien d’universalité)

Pour le rapport avec un reportage de National Géographic, je ne peux dire mieux. Je comprend qu’on puisse rentrer dedans ; mais moi qui suis restée à l’extérieur c’est un étalage de belles images , pompeux pour monter non seulement comme il sait bien filmer (ça , c’est sur, mais je crois qu’il n’avait pas besoin de ça pour le démontrer) mais aussi comme il sait trouver le sens caché des choses, la profondeur en elles… Bien plus malin que les auteurs, il ne se contente pas de raconter une histoire familiale , mais qu’il faut nous EXPLIQUER que cette histoire s’inscrit dans celle du monde…Et des fois que ça ne suffirait pas, on ne lésine pas sur la musique. Il se prend vraiment trop au sérieux. Un grand artiste, ça , on ne peut pas l’ignorer.

La morale que j’en tire (je fais simple) c’est que ce film nous explique que l’amour et le pardon nous sauvent ; Je n’ai pas vraiment besoin de Malick pour réfléchir là dessus, mais je comprend que ce propos puisse toucher. Cependant (alors qu’il est plutôt dans la nuance sur le personnage du père) j’ai trouvé les scènes de bonheur justement trop heureuses pour être crédible (le petit côté saucisses Herta relevé par Expie je crois) C’est tellement magnifique que c’est trop… Après comme le film est présenté comme une réminiscence, on peut l’accepter , mais cela m’a gênée.

Sean Penn est épouvantable dans un rôle qui n’était vraiment pas un cadeau.
La façon de filmer est très intéressante mais cette façon de s’appesantir sur les visages, notamment le garçon, qui a toujours la tête penchée sur le côté, les yeux en coin, cherchant à nous faire comprendre qu’il réfléchit, qu’il n’est pas dupe, q’il souffre, c’est d’un lourd….

Bon c’est bête je me suis laissée emballée je pense que j’ai été beaucoup plus critique par écrit que dans mon ressenti réel.
J’ia trouvé plein de choses bien dans ce film. La scène où les parents apprennent l’un après l’autre le décès du fils par exemple est sublime. Je pleure seulement sur le fait qu’elle soient noyées sous un fatras de surenchère photographique, émotionnelle et de poncifs bien pensants. Je pense que je suis passée à côté de plein de références, de connotations intellectuelles, de choses symboliques, mais je crois que le cinéma, même s’il doit nous faire réfléchir, doit être aussi visible en prise directe, sans une pensée, une référence culturelle ou intellectuelle. Je n’ai aucun regret de l’avoir vu, car c’est quand même une expérience fondamentalement originale, une vision du monde qui m’est totalement étrangère, et de ce fait c’est intéressant. Je n’ai non plus aucun jugement ou mépris pour ceux qui l’ont aimé, que j’envie d’une certaine façon, car pour eux cela a été un moment particulièrement fort..

Dans ce film qui re-crée le monde et nous l’explique, on se demande si Malick ne se prend pas un peu pour Dieu, cela transforme l’ambition en prétention.
Mais comme je crois que Dieu n’existe pas , ça ne me gêne pas fondamentalement. Cela m’irrite tout au plus.

topocl a écrit:

Pardon, Marko, pardon…tu ne vas pas aimer du tout.

Ne t'en fais pas, ça ne me traumatise pas et c'est intéressant de voir à quel point on peut ressentir, comprendre, vivre l'expérience d'un film de façons si radicalement opposées. Et je ne pense pas que ce soit une question de références culturelles mais plutôt de plus ou moins grande disponibilité pour entrer en phase avec un univers qu'on peut s'approprier ou non de façon purement intuitive, sensorielle, émotionnelle même. Ce film ne me parait ni prétentieux ni explicatif. Je le perçois comme un poème (certes lyrique!) ou un chant sur la condition humaine avec ses états d'âme et ses questionnements restés sans réponse au travers d'archétypes qui s'illustrent dans une histoire familiale autobiographique en même temps qu'universelle (biblique pourquoi pas, on reste bien dans la métaphore). Il a trouvé un langage artistique personnel sublime pour y parvenir. Ce langage te semble pompeux et prétentieux. Il me semble plutôt profondément sincère et le résultat d'une inspiration et d'un travail considérables. C'est imposant, c'est vrai, comme le sont bien des chefs-d'oeuvre de l'histoire de l'art. On peut s'en agacer ou le rejeter mais on peut aussi profondément l'admirer.

Marko a écrit:

coline a écrit:

Et l'opéra qui se préparait avec Zbigniew Preisner!...

Je trouve qu'il y a quelque chose de kitsch (de clinquant plutôt) dans la musique de Preisner en général. Mais un kitsch qui a quelque chose d'irrésistible. Ce n'est pas de la grande musique mais elle a un impact émotionnel certain.

En tout cas, je ne résiste pas...puisque j'écoute souvent, et depuis des années les BO Bleu et Rouge et surtout La double vie de Véronique de Kieslovski...J'écoute souvent aussi Requiem for my friend dont est extrait le Lacrimosa que l'on écoute dans The tree of life.

Citation :

Et je ne pense pas que ce soit une question de références culturelles mais plutôt de plus ou moins grande disponibilité pour entrer en phase avec un univers qu'on peut s'approprier ou non de façon purement intuitive, sensorielle, émotionnelle même.

ça peut marcher aussi avec le boulot ta recette ?

animal a écrit:

Citation :

Et je ne pense pas que ce soit une question de références culturelles mais plutôt de plus ou moins grande disponibilité pour entrer en phase avec un univers qu'on peut s'approprier ou non de façon purement intuitive, sensorielle, émotionnelle même.

ça peut marcher aussi avec le boulot ta recette ?

Oui probablement!

Marko a écrit:

[ Il me semble plutôt profondément sincère et le résultat d'une inspiration et d'un travail considérables. .

Là je suis tout à fait d'accord. S'il y a un truc dont je ne doute pas c'est sa sincérité.

Ah tree of life cela faisait longtemps qu'on avait pas vu une oeuvre d'art au cinéma. Film beaucoup critiqué, voici mon humble avis : Il faut aller voir Tree of life comme un grand moment de poésie, certes parfois abstrait, mais d'une beauté sans limite. On ne comprends pas tout, la construction du film sort complètement des sentiers battus avec une narration alambiquée, mais qui a dit que le cinéma devait répondre forcément à des codes pré-fabriqués ? Je comprends que la première partie quasi-expérimentale, peut vraiment dérouter et stopper les spectateurs et la presse, mais il faut voir plus loin que le film en lui même et comprendre que dans cette partie Terrence Malick nous offre la possibilité de voir des parties du monde que jamais nous ne pourrons voir en vrai, n'est ce pas d'ailleurs un des rôles majeurs du cinéma ?
Quand au coté spirituel dont tout le monde semble allergique, oui terrence Mallick est croyant et cela se retrouve dans tout c'est film, et Tree of life loin d'étre une soi-disante propagande chrétienne, pose toute les questions existentielles qu'un homme peut ce poser sur la vie la mort, et Dieu. Et là où le film est fort c'est que jamais il ne réponds à ces questions laissant le spectateur sans réponses, lui permettant de se poser ses propres questions et d'y trouver ses propres réponses. Donc faites vous votre propre critique avant de jugez le film à travers les critiques des autres, et je pense que comme tout chef d'oeuvre et objet purement artistique "Tree of life" divise.