Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Terrence Malick

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traversay
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyLun 11 Mar 2013 - 15:23

Terrence Malick - Page 21 20416283

A la merveille
Citation :
Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu'ils vivent efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée.

L'amour ? Le beau sujet que voici. Vu par un Terrence Malick piqué par un mystique depuis Tree of Life, on se demandait cependant si celui-ci allait continuer à creuser son sillon, l'éloignant de plus en plus du cinéma vers une expérience sensorielle où l'architecture du récit ne serait plus qu'un squelette, un prétexte pour écrire sur l'écran un poème ou une symphonie, enfin bref, une oeuvre "artistique" en bonne et due forme, planante, ésotérique, panthéiste et d'une incommensurable prétention. La réponse est oui, hélas, hélas, hélas. Du scénario d'A la merveille, n'en parlons pas, Lelouch, lui-même, n'en aurait pas voulu. Un homme, une femme. Amoureux. Puis elle part. Lui, trouve une autre femme. Qui disparait à partir du moment où la première revient. Quoi d'autre ? Un prêtre qui doute de sa foi et de l'amour de Dieu. C'est à peu près tout. Pratiquement pas de dialogues, une Olga Kurylenko solaire qui occupe toute la place, pauvres Ben Affleck et Javier Bardem condamnés à faire de la figuration. Et puis ces voix off, sentencieuses, qui débitent des niaiseries incroyables. Sur l'amour, la vie, la renaissance, la foi, etc. Le saviez-vous ? Les nuages nous aiment ! Plus fort, encore, l'amour nous aime ! Alors oui, l'image est magnifique, le Mont Saint-Michel cinégénique, les tortues de mer élégantes, les épis de blé frissonnent avec grâce. Mais la technique de mise en scène est toujours la même : travelling avant flottant et succession de plan séquences rapides. Très chic. Dans le passé, Terrence Malick a été un cinéaste. Un très grand. Le voici aujourd'hui devenu artiste conceptuel au discours lénifiant et ridicule. A la merveille ? Ah, l'amertume !

Terrence Malick - Page 21 20442210
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyLun 11 Mar 2013 - 16:57

Excellente critique Traversay, j'adhère à 100% bravo
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colimasson
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyMer 13 Mar 2013 - 21:31

Critique totalement dissuasive ! Ça a presque l'air niais (ça l'est ?)
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyMer 13 Mar 2013 - 21:54

colimasson a écrit:
Critique totalement dissuasive ! Ça a presque l'air niais (ça l'est ?)

Attendons...Les critiques professionnelles sont partagées...Encore une fois, je demande à voir! J'ai tellement envie de l'aimer au moins un peu! content
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traversay
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyMer 13 Mar 2013 - 23:20

colimasson a écrit:
Critique totalement dissuasive ! Ça a presque l'air niais (ça l'est ?)

La voix off, oui.
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyVen 15 Mar 2013 - 21:57

traversay a écrit:
colimasson a écrit:
Critique totalement dissuasive ! Ça a presque l'air niais (ça l'est ?)

La voix off, oui.

Bon, ce n'est pas un massacre total alors...
Curieuse d'aller voir le résultat moi aussi.
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyDim 17 Mar 2013 - 11:34

Je vais aller le voir rapidement. Il me semble difficile de croire qu'un cinéaste aussi inspiré et documenté (en tant que philosophe notamment) se contente de débiter des truismes ridicules par tarissement de son inspiration ... Comme pour Tree of life et ses autres films la voix off n'est de toute façon qu'une succession de bulles de pensées comme on pourrait tous en avoir si on faisait un arrêt sur ce qui nous traverse. Souvent un brin naïf ou farfelu, rarement d'une profondeur universitaire, bien plus affectif ou émotionnel ... Et ces instantanés se mêlent chez Malick à des fragments visuels et sonores de souvenirs, d'émotions, de fantasmes. Une perception impressionniste et pointilliste du cinéma qui donne à sentir et vibrer en phase avec des musiques symboliquement complémentaires. J'ai hâte de voir ce qu'il capte de ces émotions contradictoires qui font le désir et l'amour, le désamour et la souffrance. Certaines critiques qui le voient comme un chef d'oeuvre m'y encouragent... A suivre avec évidemment un a priori favorable. Mais promis je serai intègre...
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyDim 17 Mar 2013 - 11:41

Marko a écrit:
Je vais aller le voir rapidement. Il me semble difficile de croire qu'un cinéaste aussi inspiré et documenté (en tant que philosophe notamment) se contente de débiter des truismes ridicules par tarissement de son inspiration ... Comme pour Tree of life et ses autres films la voix off n'est de toute façon qu'une succession de bulles de pensées comme on pourrait tous en avoir si on faisait un arrêt sur ce qui nous traverse. Souvent un brin naïf ou farfelu, rarement d'une profondeur universitaire, bien plus affectif ou émotionnel ... Et ces instantanés se mêlent chez Malick à des fragments visuels et sonores de souvenirs, d'émotions, de fantasmes. Une perception impressionniste et pointilliste du cinéma qui donne à sentir et vibrer en phase avec des musiques symboliquement complémentaires. J'ai hâte de voir ce qu'il capte de ces émotions contradictoires qui font le désir et l'amour, le désamour et la souffrance. Certaines critiques qui le voient comme un chef d'oeuvre m'y encouragent... A suivre avec évidemment un a priori favorable. Mais promis je serai intègre...

Ah!...Marko...Tu es de retour!...Tu sais que Terence Malick t'attendait impatiemment sur Parfum!... dentsblanches
(Je ne le vois pas annocé encore au programme du ciné chez moi Basketball )
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyDim 17 Mar 2013 - 13:00

coline a écrit:
Ah!...Marko...Tu es de retour!...Tu sais que Terence Malick t'attendait impatiemment sur Parfum!... dentsblanches
(Je ne le vois pas annocé encore au programme du ciné chez moi Basketball )
Je le vois peut-être ce soir si je flotte un peu moins (ceci dit c'est pas forcément gênant de flotter chez Malick).
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyMer 20 Mar 2013 - 8:49

Vu hier soir et je l'ai trouvé très beau. Je reviendrai plus tard le commenter mais il faudrait le revoir pour mieux en apprécier toutes les ramifications. En tout cas il y a matière à réflexion...

Il faut dire qu'avec une bande son qui convoque entre autres Berlioz, Wagner (un fragment de l'ouverture de Parsifal), Arvo Pärt (Fratres), Gorecki (un large passage de la 3e symphonie), le 2e concerto pour piano de Shostakovich (court extrait du 2e mouvement), L 'ile des morts de Rachmaninov et la presque intégralité du 1er mouvement du Cantus Arcticus de Rautavaara (pour chants d'oiseaux enregistrés et orchestre)... je ne pouvais qu'être séduit. C'est génialement construit et totalement planant.


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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyJeu 21 Mar 2013 - 17:03

A la Merveille
Terrence Malick - Page 21 20472210

Plus que jamais Malick va cliver radicalement le public avec ce film à la fois impressionniste et symbolique qui revisite l'éternelle question du mystère amoureux sous l'angle de la mythologie et de la bible. Mais ce qui est très beau c'est que ces personnages ne sont pas que des épures, des abstractions ou des métaphores. Ils ont chacun une histoire qui fait elle-même écho à la propre biographie de Malick (comme c'était déjà le cas dans Tree of life qui revisitait le deuil de son frère). Archétypes et réalisme s'entremêlent dans un rêverie hypnotique qui est construite comme une succession de boucles temporelles qui se referment sur elles-mêmes avec un dernier plan qui renvoie au début du film. Comme dans Tree of Life la caméra flottante frôle les corps, surprend des bribes d'émotions, des moments d'exaltation et de mélancolie, des murmures et des cris. Les différentes voix off construisent une sorte de tour de Babel linguistique avec des réflexions qui ont pu paraître simplistes à certains mais qui sont bien plus énigmatiques et complexes pour peu qu'on les écoute attentivement. Car Malick distille de manière très subtile de multiples références philosophiques et théologiques sans jamais alourdir le dispositif. Ce ne sont que des allusions, des métaphores qui s'illustrent à travers des symboles et des échos musicaux tous en adéquation parfaite avec le récit. Musique qui est souvent très étrange, mystérieuse, presque inquiétante ou menaçante, mélancolique. Car c'est bien de l'incapacité de l'être humain à maintenir l'extase amoureuse dont il s'agit. Quête du graal après la perte du Paradis (sujet de tous ses films) qui ne peut aboutir qu'à travers une forme de spiritualité. Ce qui semble déranger beaucoup de critiques c'est cette croyance de Malick dans une forme de transcendance divine ou cosmique mais elle demeure pourtant un espoir au moins artistique face au chaos existentiel.Tous les passages avec Javier Bardem sont étonnants du fait de cette difficulté qu'il ressent à venir davantage en aide aux plus déshérités. Ces toxicomanes et autres laissés pour compte deviennent comme des vampires qui l'assaillent et dont il se protège alors qu'il voudrait leur ouvrir la porte. L'amour du prochain a aussi ses limites, s'épuise. Cette impuissance après l'extase génère une grande tristesse qui irrigue tout le film. Même les paysages sublimes qui sont autant d'appels à l'euphorie deviennent presque sinistres dès lors que l'amour se retire (ces horizons flamboyants que la jeune adolescente admire à travers son beau-père avant de les rejeter lorsqu'elle est témoin du délitement du couple).

Terrence Malick - Page 21 19465910

Il y a des moments sublimes comme ce couple qui s'enlise dans les sables mouvants du Mont Saint-Michel ou cet autre qui se désire dans les champs de blé au rythme incantatoire de la musique de Rautavaara et ses chants d'oiseaux. Le film offre une succession de séquences somptueuses jusqu'à ces plans sidérants dans Versailles à la fin du film.

Terrence Malick - Page 21 A-la-m10

Il faudrait revoir le film 3 ou 4 fois pour pouvoir commencer à décrypter toutes les allusions et métaphores mais on peut aussi accepter de se laisser emporter par cette spirale qui nous fait constamment basculer de l'extase à la douleur existentielle. Je connais peu de films qui donnent autant à ressentir de façon poétique la fragilité de la condition humaine. Je vois bien plus d'humilité et de tendresse pour ses personnages que de prétention même s'il y a une grande forme.

A voir et à revoir.

Je poste en dessous un article excellent qui me semble apporter des éclairages précieux sur le film. Les 2 articles du journal Positif valent aussi le détour pour ceux qui voudraient approfondir.

Citation :


Dès ses premières images et ses premières paroles en voix off, le film affiche son propos : l’amour est une seconde naissance que le cinéaste se met au défi de communiquer.

Des travellings latéraux très rapides nous immergent dans les couleurs célestes de la conscience amoureuse et nous font vivre au rythme de son émerveillement.

Des séquences par épisodes, constituées de séries de plans brefs, séparés par des ellipses et couchés sur de la musique, permettent d’exprimer le passage insensible du temps qui suspend son vol.

Refusant toute narrativité par sa façon de désynchroniser voix et récit, le cinéaste entend ainsi privilégier le flux des émotions et la force des sensations.




Traduire en images la poésie amoureuse de la Bible
Le décor surdéterminé du Mont-Saint-Michel devient alors le cadre du discours amoureux, essentiellement méditatif et réflexif, de Marina (Olga Kurylenko) qui vit une grande histoire d’amour avec Neil (Ben Affleck) entre la France et l’Oklahoma. La préposition « to » du titre To the Wonder peut indiquer aussi bien la direction de leur voyage que le dédicataire de l’œuvre : l’abbaye du Mont-Saint-Michel, lieu privilégié du souvenir heureux.

Elle est divisée en deux parties : l’abbatiale et la Merveille, où vivaient les moines, lieu emblématique de la sérénité et de l’extase, avec sa splendide architecture gothique, sa flèche au sommet de laquelle l’archange saint Michel terrasse la bête de l’Apocalypse, ses fûts élancés et son cloître, divinement éclairés par le cinéaste. Véritable Bible de pierre qui annonce le Livre, montré deux fois au cœur du film, pour mettre en abîme toute l’œuvre de Terrence Malick. Après l’Apocalypse dans Les Moissons du ciel (1978), la Genèse dans L’Arbre de vie (2011), il tente ici de traduire en images filmiques la poésie amoureuse de la Bible.

Le visage de Marina évoque d’emblée une Vierge de Bellini ou de Botticelli, image par excellence de la Renaissance italienne. Ses yeux en amande, sa grâce enfantine, ses cheveux ondulant au vent et la chorégraphie de ses pas de danse sont tout à fait picturaux. L’histoire d’amour si belle, mais vouée à l’échec, de cet homme volage et de cette étrangère qui va commettre l’adultère est d’emblée donnée comme allégorique.

La référence au prophète d’Israël Osée en explique le sens : Dieu lui a parlé en symboles et lui a enjoint de contracter une alliance avec une prostituée qui symbolise la souillure d’Israël, sa tendance à l’idolâtrie. Puis il devra lui pardonner sa faute pour prendre conscience de l’inconditionnalité de son amour, image de l’amour divin.

L’Épître aux Romains de Paul, également citée par le cinéaste, flétrit l’adultère, le péché, l’idolâtrie et incite l’Église de Rome au seul amour de Dieu, omniprésent et invisible.

Le réalisateur analyse, en retraçant l’aventure de Neil avec son amie d’autrefois, Jane (Rachel McAdams), et l’adultère de Marina, la tentation irrésistible de la faute diabolique (les deux femmes portent alors la même tenue, robe rouge et gilet noir), qui semble symboliser pour lui, comme pour Swedenborg, « l’état des âmes qui dans ce monde persistent à s’infecter d’affections terrestres ». Terrence Malick adopte le même style obscur et sans transitions que les prophètes ou les théosophes – Osée en particulier –, mais lui donne une grande fluidité pour appliquer le paradigme de la déception amoureuse à tout amour humain.

Une fois de plus, on ne peut que s’incliner devant son exceptionnelle capacité à traduire des émotions, des sentiments et des intuitions impossibles à verbaliser par une grammaire cinématographique qui lui est propre – contiguïté dans le plan, enchaînement d’une grande souplesse, mouvements de caméra aériens.



Un idéal de fusion mystique
Comme Osée décrivant non pas une histoire vécue mais l’histoire passionnelle des relations entre Dieu et son peuple, le Cantique des cantiques, ce chant de la nature et de l’amour, cette idylle baignée dans la vie pastorale décrit, en métaphores d’un érotisme brûlant, la relation d’amour entre la fiancée – Israël – et le fiancé – Yahweh.

Le christianisme y a vu l’image de la relation entre Jésus et l’Église. Malick, lui, décrit la faillite de tout amour humain, expérience unique forcément sensuelle dont la beauté, la force même fait la faiblesse. Fatalement limité car incapable d’atteindre la fusion idéale – qui implique à la fois les sens et l’âme –, tel qu’il a toujours été chanté par les poètes, il révèle son incomplétude face à l’amour absolu, l’amour divin, qui doit être la véritable visée des hommes. Toute la poésie biblique chante cette aspiration.

Les Psaumes, poèmes lyriques de louanges et d’actions de grâces exaltent les merveilles de la Création, comme le Psaume 111, par exemple. Ils réalisent un idéal poétique, fait d’inspiration sacrée, d’harmonie et de rythme, que Malick entend transposer à l’écran. Les premiers chrétiens dotaient même les Psaumes de pouvoirs merveilleux, d’après la tradition juive, plus encline aux rites et aux rituels. La Kabbale attribue à chacun des cent cinquante Psaumes ce que les Anciens appelaient une « merveille de Dieu ». Chantés un certain nombre de fois selon la grâce demandée au Seigneur, ils permettaient d’être en adéquation avec l’Éternel.

On comprend mieux la luxuriance des images du film, censées traduire celles de la poésie biblique, avec sa nature exubérante, sa riche flore, sa faune variée (les buffles, en particulier, comme dans le Psaume 92). Les plans aquatiques dominent (« Que la mer retentisse avec tout ce qu’elle contient, le monde et ceux qui l’habitent, que les fleuves battent des mains », Psaume 98, 7-8 ), exprimant les « avalanches de tendresse » ou l’amour qui submerge.

Le prêtre Quintana (Javier Bardem), à qui se confie Marina, tente désespérément, lui aussi, d’atteindre son idéal de fusion mystique. Sa vie est un combat contre lui-même, sa « nuit obscure » est celle de saint Jean de la Croix ; sa prière est celle de saint Patrick, véritable cuirasse de la foi : « Le Christ avec moi, / Le Christ devant moi, / Le Christ derrière moi, / Le Christ en moi, / Le Christ au-dessus de moi, / Le Christ au-dessous de moi, / Le Christ à ma droite, / Le Christ à ma gauche… »

Le nom de Malick renvoie à malakh, « ange », et à melekh, « roi », en hébreu et en araméen, langue de la communauté chrétienne assyrienne à laquelle le cinéaste appartient. On ne s’étonnera donc pas de l’entendre parler non seulement comme les prophètes et les apôtres, mais « Par la force des ordres des Chérubins, / Dans l’obéissance des Anges, / Dans le service des Archanges… » (prière de saint Patrick).



Une symphonie filmée
Cette élégie inspirée, cette déclaration d’amour nostalgique à la femme – ange et démon – et à la nature divine relève d’un cinéma contemplatif dont Terrence Malick est le chef d’école. Un cinéma de la sensation pure et de l’extase mystique. Aucun compromis, aucune concession au goût dominant ne viennent altérer la sincérité de son art qui donne libre cours à ses fantasmes, à ses souvenirs personnels, et applique les données de sa philosophie – présence au monde heideggerienne, philosophie de la nature de Spinoza ou de Schelling –, en suivant une ligne esthétique d’une extrême rigueur.

L’image du chef opérateur Emmanuel Lubezki est d’une exigeante et bouleversante beauté. Le montage – qui mobilise toute une équipe – est déterminant pour obtenir cette coulée de sensations. Mais cette symphonie filmée est surtout le résultat d’une harmonie parfaite entre l’image et la musique ; la bande-son, composée par Hanan Townshend d’après une grande variété d’œuvres à tonalité mystique et onirique – Berlioz, Wagner, Dvorak, qui a inspiré Le Nouveau Monde (2005), Gorecki, la Barcarolle de Tchaïkovski, mais aussi le Cosmic Beam de Francesco Lupica, utilisé par le cinéaste dans tous ses films depuis La Ligne rouge (1998) – sublime la mise en scène pour en faire jaillir l’émotion.

L’ambition immodérée de ce cinéma qui se lance à la recherche de l’absolu, son interrogation sur la disproportion de l’amour terrestre et de l’amour divin en font une expression à part, unique dans la production mondiale actuelle. Film lyrique, sensoriel, mystique, à la limite de l’hermétisme, À la merveille relève d’une poésie métaphysique et d’une esthétique du sublime confinant à l’abstraction qui seront peu goûtées du grand public mais raviront les inconditionnels de Terrence Malick.

Anne-Marie Baron


Dernière édition par Marko le Ven 22 Mar 2013 - 20:16, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyJeu 21 Mar 2013 - 18:30

Marko, je vois dans ton commentaire tant d'éléments qui me font penser que ce film devrait me plaire! Et puis ces images!...Il me reste juste à espérer qu'il sera programmé dans ma ville...J'en suis impatiente!
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyVen 22 Mar 2013 - 20:14

coline a écrit:
Marko, je vois dans ton commentaire tant d'éléments qui me font penser que ce film devrait me plaire! Et puis ces images!...Il me reste juste à espérer qu'il sera programmé dans ma ville...J'en suis impatiente!
De mon côté je vais retourner le voir. Rien que pour la bande son Very Happy
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyVen 22 Mar 2013 - 20:39

Pour l'intervention de Marie Sauvion qui est à hurler de rire (et/ou de consternation mais c'est pas grave!): Le cercle: A la merveille
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MessageSujet: Re: Terrence Malick   Terrence Malick - Page 21 EmptyVen 22 Mar 2013 - 23:41

Marko a écrit:
Pour l'intervention de Marie Sauvion qui est à hurler de rire (et/ou de consternation mais c'est pas grave!): Le cercle: A la merveille

J'adore Marie Sauvion...même...et c'est souvent...quand je ne suis pas d'accord avec elle! Very Happy

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