Alzheimer - s'envolent les souvenirs -

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De garde aujourd'hui pour maman...
Disons que c'est pas un de ses meilleurs moments....
perdue... dans son monde; un peu beaucoup aujourd'hui.
Très peu d'intéractions entre elle et moi.
Je ne sais plus trop quoi dire, quoi faire.
J'ai une étrangère dans ma maison.
Une journée à oublier; à mettre aux oubliettes.

Bulle je pense souvent à ce que tu vis avec ta maman.La mienne,dans sa chambre et son obscurité ne va "pas plus mal".Et je mesure l'inanité de ce diagnostic.Bon courage Bulle.

Bellonzo a écrit:

Bulle je pense souvent à ce que tu vis avec ta maman.La mienne,dans sa chambre et son obscurité ne va "pas plus mal".Et je mesure l'inanité de ce diagnostic.Bon courage Bulle.

On se comprend mutuellement merci à toi Bellonzo

J'ai en main " Ton chapeau au vestiaire "
un livre de Nadine Trintignant.

Citation :

Endos: Il rayonnait de charme et de talent et trainant tous les coeurs après soi. Sa vie était une fête perpétuelle vouée au cinéma et à l'amitié. À Saint-Tropez avec Vadim, à Hollywood avec l'acteur le plus célèbre et le plus capricieux du monte. À l'écran, il était l'amant de Bardot, Moreau,Deneuve. Il s'appelait Christian Marquand et Nadine, sa soeur, l'adorait.
Vinrent des années plus sombres et les signes de plus en plus évidents de cette maladie implacable " au nom de Zéphyr germanique" Christian s'étarait dans les rues, perdait la mémoire et , progressivement, l'esprit.
Et puis, ce fut le jour tragique où il ne reconnut plus sa propre soeur.

Quelques pages en lecture de fait.
Quelques brides.

Citation :

Des années durant, j'ai eu la hantise du jour, où tu ne me reconnaîtrais plus.
C'est arrivé.
La première fois, tu étais assis sur un banc au soleil, dans cette maison , là-bas, Près de Milly-la-Forêt. Je t'ai vu de loin. Les épaules affaissées. La tête basse. Les yeux collés à tes pieds nus et enflés. Un viel enfant abandonné. Je suis venue vers toi. Je me suis assise à tes côtés. J'ai pris ton visage entre mes mains et je t'ai embrassé. Tu m'as regardée. Tu as dit: " Comme vous êtes gentille."
Quelque chose s'est vidé en moi. Pas ça, Christian. Pas ça. Il me semblait déceler dans tes yeux, pleins d'une tendresse absente, la fin de notre jeunesse.
Une vieille femme très maigre est sortie du bâtiment. Elle marchait vite . Marmonnait qu'elle était en retard. Elle s'est brusquement arrêtée, son regard figé sur la grille fermée. Elle a laissé tomber ses bras, Comme toi...j'aurais voulu t'arracher à tout cela, et le sentiment de mon impuisance m'a submergée.
En rentrant à Paris, j'avais mal au coeur, et j'ai arrêté l'auto au bord de la route. Les derniers rayons de soleil rasaient les herbes hautes qui ondulaient mollement comme les algues sous la mer. Le ciel était doux. C'était un jour fait pour être heureux.
Un jour, comme tu les aimais...
À présent, quand je vais te voir, vite, je te dis mon nom. Et que je suis ta soeur, Enfin une de tes soeurs. Tu prends l'air entendu de celui qui a compris et, si tu trouves les mots, tu dis: " bien sûr, je le sais bien."

" Ton chapeau au vestiaire " Nadine Trintigant

Citation :

On a mis du temps à comprendre, dans la famille. Quatre soeurs, deux frères, le téléphone arabe n'est jamais en panne. Il y en a toujours un pour qui ça ne va pas bien. Avec le temps qui passe, la santé qui décline, et le chômage, à présent, il peut même y en avoir deux ou troi. On se disait que tu déprimais. Cela offrait un aspect passager assez rassurant. Pourtant, Christine, qui vivait avec toi, a essayé de nous alerter. ELle s'est heurtée à une bande d'autruches.
Il faut dire que tu savais nous donner le change. Tu faisais tout pour nous cacher le flou dans lequel tu te débattais déjà. Tu étais un bon simulateur, et nous, des égoïstes impétinents. Les signes annonciateurs.
on ne les a pas analysés. Pas tout de suite. C'était l'accumulation qui nous a fait réfléchir.
Tu sortais de moins en moins.
NOus ignorions que, seul dans les rues, tu commençais à te perdre.
Peut-être as-tu lançé des appels que, distraits par le cours de nos vies, nous n'avons pas entendus?

bulle a écrit:

" Ton chapeau au vestiaire " Nadine Trintigant

Livre dédié à l'acteur Christian Marquant, son frère...

Bulle

me souviens de cet acteur, vu plusieurs films des années 55/60 dont "j'irai cracher sur vos tombes"

coline a écrit:

bulle a écrit:

" Ton chapeau au vestiaire " Nadine Trintigant

Livre dédié à l'acteur Christian Marquant, son frère...

D'après ce que je lis, il était très très très charmeur.

Bédoulène a écrit:

Bulle
me souviens de cet acteur, vu plusieurs films des années 55/60 dont "j'irai cracher sur vos tombes"

merci Bédoulène
d'après le livre de Boris Vian .
Ton chapeau au vestiaire " Nadine Trintigant

Citation :

Quelques brides encore
Dans ma cuisine, il fallait " prendre une décision". Serge et moi, on a évoqué la seule éventualité qui nous semblait possible, parce que la plus fraternelle. La plus tendre. Celle qui te ressemblait. Celle aussi que l'on souhaiterait pour nous. Ta vie n'en était plus une. Il fallait donc arrêter. C'était l'unique moyen de te protéger de toute cette horreur.
Silence. Puis Lilou nous a demandé si ce n'était pas plutôt nous que nous cherchions à protéger. "Si. Aussi. " Elle avait raison. On n'en avait pas honte. On n'en pouvait plus de chagrin. Et puis, nous, à ta place, on n'aimerait pas que ça traîne. Nos plans étaient différents à Serge et à moi.
Michel,mon ami perdu, disait toujours: " Si je partais pour dix ou vingt ans, je suis certain qu'à mon retour je retrouverais Anouk toujours aussi belle, Annie au milieu de ses valises et au bord d'avoir des millions de dollars, et Nana, heureuse..."
C'est parce que j'aime la vie que je ne supporte pas qu'elle devienne morne et contre nature. Je rejette comme je peux ses gâchis, ses détournements, ses mauvaises fins. Nous en avons souvent parlé ensemble toi et moi. On était d'accord
Mon plan était simple. On t'emmenait à Saint-Tropez. La frivolité du lieu était indispensable. On louait un Riva. Comme celui de Vadim, avant. En bois avec des coussins jaunes. On allait vers le large. Là on s'arrêtait. On te donnait un tas de somnifères pilés dans une purée. Tu aimes beaucoup la purée. On buvait tous du champagne. Beaucoup de champagne. Toi aussi bien sûr. On attendait que tu t'endormes. Quand on était certains que ton sommeil était profond, on te déposait dans la mer. La Méditerranée, on l'aime tous depuis tout petits. Elle n'est pas notre ennemeie. Elle est notre mer à tous. Tu te noyais en dormant. Sans souffrir. À la Viking. Excepté le feu dans la barque...
Le plan de Serge était extraordinairement compliqué. Normal pour Serge. Il fallait une organisation d'acier. On partait tous pour la Laponie. Là-bas, on louait des traîneaux à rennes. Cette course dans la neige devait te plaire. Loin de tout, on creusait un igloo. On faisait un grand festin en veillant à ce que toi, tu ne prennes pas d'alcool. Nous si. Avec toi, on fumait de l'opium. Ceux qui voulaient bien sûr. Pas tous. Pas Lilou. Pas Huguette. Plus Carol. Mais que tu fusses heureux était important. Dans la nuit, on sortait marcher par moins quarante. Grâce à l'alcool, nous on tenait le coup. Pas toi. Il fallait te laisser t'endormir. Dans la neige, les poumons gèlent. C'est radical. Et on ne souffre pas.
Le silence qui suivit nos deux exposés parlait de lui-même.
Nos soeurs devaient s'inquiéter pour nous. Carol hochait la tête, en lissant d'un geste machinal sa longue jupe bleue. Lilou, très droite, le regard lointain, aobservait un silence remarquable.
Avec courage, Huguette a pris la parole. Elle et toi avez partagé enfance et adolescence. Vous étiez " les deux aînés" quand nous étions " les trois petits", avant la naissance de Carol. Elle sait sur toi des choses que nous ignorons. Alors, nous écoutions, attentifs. Elle était impartiale et posait des questions essentielles: avait-on le droit? Et si tu avais " encore" des instants de joie? enfin, étant la seule de nous à avoir un passé politique sérieux, elle fit savoir qu'elle serangerait du côté de la majorité.
Lilou ne disait toujours rien. Carol s'y est mise. Elle est pas mal dans le cosmos. Ça doit être dans nos gènes. Elle est la seule à ne pas avoir été élevée selon les rites de notre sainte Église. N'a pas connu l'ivresse des odeurs d'encens, les chants hypnotiques en latin, le calice d'or que le prêtre, dos aux fidèles, élève au-dessus de lui, le son aigre de la clochette...
Vers la quarantaine, elle s'est convertie . Elle a donc évoqué Dieu. Le respect de la vie. Tout ça... Elle n'a pas eu le temps d'apprendre que le blasphème fait partie intégrante de la religion. ALors, on n'a rien dit.
Lilou, qui avait observé le silence depuis de début, nous a regardés un à un, afin d'être bien certaine qu'on avait " tout dit". Quoiqu'elle vive sur son nuage galonné de soie, Lilou est persuadée d'être la plus réaliste de nous tous. Avec calme, elle nous a demandé à Serge et à moi comment on savait que noyade et paralysie des poumons étaient indolores? Comment on était si sûr que tu n'avait plus jamais aucun moment de bonheur?
C'est vrai que l'idée dubonheur est différente pour chacun de nous. Quand tu bois, l'air éperdu, en tenant très fort ton verre entre tes mains, Lilou a un rire heureux et nous fait remarquer combien tu aimes tes grenadines. Moi, ça me donne envie de pleurer.
Nous étions tous les cinq autour de la table de la cuisine.
Tu nous manquais.

Je viens de l'écouter. Je l'avais déjà vu dans un reportage, et déjà c'était fort. Elle conduisait et sa fille à coté lui rappelait les feux rouges.
On la voyait chez elle avec ses enfants.
Difficile d'envisager l'avenir quand on se retrouve Alzheimer à 45 ans.
D'ailleurs elle dit qu'elle ne veut pas finir dans "ces crèches" pour malades.

Mordicus a écrit:

Pensée pour Bulle.
Devant la télé. L'émission de Thierry Ardisson "Salut les Terriens".

Une des invitées, Fabienne, vient présenter son livre et son histoire J'ai peur d'oublier : comment elle découvre à 44 ans qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Mot de l'éditeur :

Citation :

Le fait de raconter son histoire participe de l’acharnement qu’elle met à retrouver ses souvenirs. Une idée lui vient mais les mots lui échappent. Alors elle note l’idée, et quand les mots reviennent, elle envoie un mail à son aide écrivain… Dans la vie, c’est pareil, elle met des Post-it partout, pour retrouver ses clés, son sac, sa liste de commissions. Elle a perdu la mémoire des faits, mais exprime ses émotions avec une précision inouïe : la panique qu’elle tente de surmonter, la culpabilité vis-à-vis des siens, l’indifférence, parfois, quand elle est dans sa bulle, paralysée par la peur : peur de ne plus reconnaître, un jour, son mari et ses enfants, et au bout du compte de ne plus savoir qui elle est.

Un témoignage terrible et une incitation à l’espoir : avec d’autres, Fabienne a créé l’association « La Vie sans oubli », pour les milliers de jeunes patients qui, comme elle, essaient de retisser la trame de leur vie.

Je ne sais pas ce que ça vaut, mais sur le plateau, elle en parlait "bien".

C'est exactement le film Se souvenir des belles choses!
Il était bien ce film.

Mordicus a écrit:

Pensée pour Bulle.
Devant la télé. L'émission de Thierry Ardisson "Salut les Terriens".

Une des invitées, Fabienne, vient présenter son livre et son histoire J'ai peur d'oublier : comment elle découvre à 44 ans qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Mot de l'éditeur :

Citation :

Le fait de raconter son histoire participe de l’acharnement qu’elle met à retrouver ses souvenirs. Une idée lui vient mais les mots lui échappent. Alors elle note l’idée, et quand les mots reviennent, elle envoie un mail à son aide écrivain… Dans la vie, c’est pareil, elle met des Post-it partout, pour retrouver ses clés, son sac, sa liste de commissions. Elle a perdu la mémoire des faits, mais exprime ses émotions avec une précision inouïe : la panique qu’elle tente de surmonter, la culpabilité vis-à-vis des siens, l’indifférence, parfois, quand elle est dans sa bulle, paralysée par la peur : peur de ne plus reconnaître, un jour, son mari et ses enfants, et au bout du compte de ne plus savoir qui elle est.

Un témoignage terrible et une incitation à l’espoir : avec d’autres, Fabienne a créé l’association « La Vie sans oubli », pour les milliers de jeunes patients qui, comme elle, essaient de retisser la trame de leur vie.

Je ne sais pas ce que ça vaut, mais sur le plateau, elle en parlait "bien".

Merci pour ce titre Mordicus

Bédoulène a écrit:

Je viens de l'écouter. Je l'avais déjà vu dans un reportage, et déjà c'était fort. Elle conduisait et sa fille à coté lui rappelait les feux rouges.
On la voyait chez elle avec ses enfants.
Difficile d'envisager l'avenir quand on se retrouve Alzheimer à 45 ans.
D'ailleurs elle dit qu'elle ne veut pas finir dans "ces crèches" pour malades.

C'est effectivement très jeune 45 ans et perdre déjà tous ses souvenirs. Pas jojo du tout.

Queenie a écrit:

C'est exactement le film Se souvenir des belles choses!
Il était bien ce film.

Je note aussi

Je lis beaucoup sur l'alzheimer présentement. Pour comprendre
ce que je ne comprends pas finalement.
Pour aussi trouver des trucs pour mettre en pratique avec maman.

bulle je te mets ces liens, une femme qui témoigne de la maladie de son mari
c'est émouvant.
http://www.j-tarragoni.ch/90713.html
http://www.j-tarragoni.ch/92240.html
http://www.j-tarragoni.ch/188966.html

rivela a écrit:

bulle je te mets ces liens, une femme qui témoigne de la maladie de son mari
c'est émouvant.
http://www.j-tarragoni.ch/90713.html
http://www.j-tarragoni.ch/92240.html
http://www.j-tarragoni.ch/188966.html

Merci à toi rivela je m'y rends à l'instant même.