Michael Haneke

Je trouve ce film génial et Huppert enfin la fabuleuse actrice qu'elle oublie parfois d'être avec ses tics de comédienne rodée et aseptisée. J'ai rarement vu montré de façon aussi dérangeante et marquante l'impact et les ravages des projections narcissiques de parents égocentriques sur leurs enfants. Avec d'autant plus de violence qu'on se situe dans un milieu de la haute bourgeoisie autrichienne qui se veut l'idéal de l'organisation sociale. Il fallait des Jelinek et des Haneke pour l'exprimer de façon aussi radicale et bouleversante. Car pour moi non seulement ce n'est pas de l'épate pour bourgeois en mal de sensations fortes mais c'est au contraire un réquisitoire implacable sur un mode d'éducation qui réprime les passions et privilégie la maîtrise et l'intellect en générant de la souffrance, de la perversité et de la monstruosité. C'est un film qui fait mal moins par la violence suggérée que par la solitude et le mal être immenses que cette éducation a engendrés. Huppert en est l'incarnation la plus incroyablement inspirée qu'on puisse voir. Ce film est sidérant.

pour le malaise oui, c'est un peu normal vues les situations. pour le personnage incarné par Huppert et plutôt bien c'est vrai, elle reste quand même du côté cocker de la barrière et c'est toujours en victime qu'elle apparait même dans ses moments de "méchanceté" et c'est cette évidence aussi qui limite la portée du malaise, tout comme la passion façon -15°C qui tourneboule la femme et le jeune. C'est sensations fortes et affliction bon teint avec facilité du discours pour le réquisitoire certes implacables bien qu'occultant la partie plus intéressante : la relation avec la mère limitée à un obscur rôle de faire valoir et une esquisse de déphasage social.

(Törless qui n'oublie ni l'éducation ni l'individu est autrement plus intéressant).

animal a écrit:

(Törless qui n'oublie ni l'éducation ni l'individu est autrement plus intéressant).

Ce sont des films et des romans très différents. Leur approche n'est pas vraiment la même. Je les aimes tous les 2 (les 4).

Je suis d'accord avec Marko. Pour moi (mais ce n'est qu'un avis), tous les films de Haneke mettent mal à l'aise mais dans le "bon sens" du terme. Ses films ne dénoncent rien mais établissent un constat troublant, une violence intérieure qui ne s'expriment que rarement par les actes et de façon si violente qu'ils dérangent le spectateur, comme le bruit d'une craie cassée qui crisse sur le tableau. Pour moi, la démonstration de la violence doit être dérangeante.
Le contre-exemple parfait - je dis parfait car il est encore différent des blockbusters qui peuvent faire gicler le sang à tire-larigot sans qu'on se questionne. Le côté gentil/méchant certainement - c'est "Orange mécanique". On n'est généralement pas troublé par la violence du film de Kubrick car ces scènes, aussi violentes soient-elles (pour la plupart) ressemblent plus à un ballet qu'à des combats de rue.
Mais il est tard, j'ai peut-être écrit des c... mais je me relirais demain.

désolé ce n'est pas très ami ricoré mais il y a des excès de violence qui imposent un sens : clic (et on est loin du plus dégueulasse du film, pas de gamin, pas de torture, dans cette séquence).

animal a écrit:

désolé ce n'est pas très ami ricoré mais il y a des excès de violence qui imposent un sens : clic (et on est loin du plus dégueulasse du film, pas de gamin, pas de torture, dans cette séquence).

No comment. Just click HERE. UNFORGETTABLE !

pour avoir vu les deux films en public la pianiste donc et john rambo (pour ceusses qui n'ont point cliquer le clic) c'est avec la pianiste que les gens se sont marré (pourtant public très volontaire et plus que réceptif) alors que l'autre a vraiment créé le malaise.

pour en revenir au message d'hier, c'est l'intériorité que je ne sens pas chez Haneke, je vois des faits qui vont (uniquement) dans le sens du discours mis dans un film, avec éventuellement effet cinématographique (d'où la cockerisation par exemple).

Pour moi "La pianiste" a créé le malaise. Pour Rambo, l'extrait que tu as laissé est plutôt rigolo, mais il faut avouer que le premier "Rambo", le retour du vétéran renié par son pays, est réellement troublant.
D'ailleurs, à ce sujet, 1% de S.D.F. aux U.S.A. c'est pas étonnant, mais que 25% de ces S.D.F. soient des vétérans, ça crée le malaise ...

animal a écrit:

pour avoir vu les deux films en public la pianiste donc et john rambo (pour ceusses qui n'ont point cliquer le clic) c'est avec la pianiste que les gens se sont marré (pourtant public très volontaire et plus que réceptif) alors que l'autre a vraiment créé le malaise.

Il y a des rires défensifs aussi. Plus facile de maintenir à distance ce qui dérange en s'en moquant. Tout imaginaire se rapportant au sadomasochisme en général provoque ce type de réaction. Mais au-delà de ça le film me touche par ce qu'il montre de la souffrance de ce personnage qui cherche une issue et se cogne. Huppert respire à chaque instant ce mal être et elle est au-delà de l'interprétation. J'ai toujours trouvé qu'elle dégageait en elle-même quelque chose de dérangeant mais elle n'est jamais allée aussi loin dans l'incarnation. Et on le doit aussi en grande partie à la direction d'Haneke qui fait des miracles avec ses comédiens.

c'est sûr que c'est toujours plus classe et plus facile de rigoler de Stallone !

il y a aussi des rires du too much et on peut faire la différence assez facilement, c'est d'ailleurs là aussi un positionnement simple sur le sadomasochisme (ça racole mais c'est pas bien en fait).

m'enfin je ne pense pas, une fois encore, que ça vaille la peine de faire semblant de discuter à base de j'aime vs j'aime pas sur quarante huit pages.

animal a écrit:

m'enfin je ne pense pas, une fois encore, que ça vaille la peine de faire semblant de discuter à base de j'aime vs j'aime pas sur quarante huit pages.

C'est vrai. On se demande parfois ce qu'on fait sur un forum

on attend l'exception ?

(qu'est ce qu'on se marre).

J'ai vu pas mal de films de Haneke, le moins qu'on puisse dire c'est que je n'y ai rien vu de racoleur, mais plutôt une dénonciation sourde d'une certaine forme de violence engendrée par les travers d'une société contemporaine occidentale.
Après tout le spectateur est son libre arbitre, et si voyeurisme il y a, c'est lui qui décide, de continuer à regarder ou non.
Je ne vois pas où est la manipulation que l'on reproche tant à Haneke.

Animal & Marko -> Cliquez ici c'est fini

animal a écrit:

on attend l'exception ?

(qu'est ce qu'on se marre).

Je pense que ce type de réaction n'est pas de nature à encourager aux échanges

animal a écrit:

m'enfin je ne pense pas, une fois encore, que ça vaille la peine de faire semblant de discuter à base de j'aime vs j'aime pas sur quarante huit pages.