Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Michael Haneke

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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyLun 6 Fév 2012 - 21:53

je pense que c'est une vaste blague.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyLun 6 Fév 2012 - 21:55

Bon, on voit tous les films de façon différente, c'est tout.

Si la Vérité absolue existait, ça se saurait (et ça ne serait pas marrant).

Vivement le 23 mai 2012, avec la sortie du nouveau Haneke, pour qu'on puisse encore bien se fritter ! Very Happy
(Amour, avec Jean-Louis Trintignant ! son précédent vrai film - enfin... - remontait à 2003, c'était Janis et John, avec sa fille...)
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyLun 6 Fév 2012 - 22:08

Ouaih, c'est vrai ! Rien de tel qu'une bonne bagarre pour pouvoir se réconcilier autour d'un bon repas de sangliers (après avoir baillonné le barde, bien sûr !)
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shanidar
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyLun 6 Fév 2012 - 22:20

quand même, il faut reconnaitre que ce que Haneke demande à Huppert dans La Pianiste est quasiment insoutenable et en même temps particulièrement fascinant, j'aurais aimé la voir dans Orlando également, ces rôles qui frôlent l'indécence, l'indicible , l'inexprimable. Dans ses interview Huppert a toujours l'air d'être extraordinairement raisonnable par rapport à ce qu'on lui propose de jouer, un peu comme le tour de force imposé à Binoche (que je n'aime pas) dans Caché ; une évidente lacération, l'évidence peut engendrer un détournement du regard, une hypertrophie dans le voyeurisme mais la lacération est inéluctable.

Bizarre, animal, que toi qui n'es pas insensible au monde de Bataille, tu sois aussi 'méfiant' vis à vis de Haneke. Pour ma part, je leur trouve certains points communs qui intriguent et interrogent plus qu'ils ne vexent ou racolent mon aptitude (certaine) au voyeurisme...
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyLun 6 Fév 2012 - 22:32

Shanidar, tu as trouvé les mots pour tout exprimer ! (Et dire qu'il a fallu parler de Rambo pour arriver enfin à quelque chose)
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyLun 6 Fév 2012 - 22:54

shanidar a écrit:
quand même, il faut reconnaitre que ce que Haneke demande à Huppert dans La Pianiste est quasiment insoutenable et en même temps particulièrement fascinant, j'aurais aimé la voir dans Orlando également, ces rôles qui frôlent l'indécence, l'indicible , l'inexprimable. Dans ses interview Huppert a toujours l'air d'être extraordinairement raisonnable par rapport à ce qu'on lui propose de jouer, un peu comme le tour de force imposé à Binoche (que je n'aime pas) dans Caché ; une évidente lacération, l'évidence peut engendrer un détournement du regard, une hypertrophie dans le voyeurisme mais la lacération est inéluctable.
J'ai vu Isabelle Huppert dans Orlando sur la scène de l'Odéon à Paris. Unique et inoubliable. Au point que je me suis bagarrée verbalement avec pas mal de monde à la sortie du film de Sally Potter avec Tilda Swinton dans le rôle titre. Complètement à côté de la plaque quand on a vu Isabelle Huppert dans le rôle.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 7 Fév 2012 - 7:09

Elle fait bien le cocker teigneux Huppert mais comme dit précédemment j'ai trouvé la lecture du personnage à sens unique, sens du mal être et de la victime. c'est une sorte de garantie de sécurité pour le spectateur (et peut-être pour le film du coup). Je cible mal le rapprochement avec Bataille, ici une incapacité à franchir un non-dit pour le (ou les ?) personnage(s) ? Pour moi (et en tendant le bâton pour me faire battre, moi et mon manque de références ?), il ne va pas assez loin dans le fond (que je pense différent) puisque le discours moral est limpide bien qu'on puisse garder des flous dans les marges (peut-être plus intéressantes donc) : vilaine société élitiste qui construit des zinzins et des pervers (ce qui est une vision très confortable pour le spectateur lambda de ce genre de cinéma je pense). Mais c'est à dire que le rapport de l'individu avec son éventuel dérèglement n'est plus qu'illustratif ou faire-valoir de la forme cinématographique. L'interrogation s'efface rapidement pour laisser place au spectacle. Et plutôt que de faire un passage au sex shop, creusé un peu plus les enjeux et les nuances du rapport de force... qui m'a paru unilatéralement et conventionnellement condamné alors qu'au delà du fantasme et donc de la vignette SM et de la notion de contrôle de l'autre (très binaire dans le film) il y a peut-être un truc, truc cantonné dans la marginale relation peut-être me rends-je compte à blablater de bon matin.

Sinon ça serait pour ce rapprochement avec Bataille un rapport à l'image, ici celle de ce couple d'âges différents qui inexistant émotionnellement serait réduit à l'image. Une image barrière à laquelle le sens reste à trouver, mais là ce sont les parasites de la forme tout ce qui gravite autour qui brouille cette image. Et il manquerait encore une évidence d'un élan de projection des personnages contre cette image, un déséquilibre plus rustique des deux protagonistes abandonné dans le film au profit de l'image lisse (et de la sécurité ou confort d'une habitude cinématographique).

Il y a des performances et des formes manipulatrices (de cinéma) autour d'un discours simple et pour moi on est loin du choc, d'autant que Bataille m'a l'air plus que très fort pour tordre les images d'un fond culturel commun judeo-chretien (pour faire simple) de croyances et de postures entre autres.

Donc je doute.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 7 Fév 2012 - 8:55

pour parler d'Haneke je pense qu'il faut éventuellement se servir de tous ses films comme d'exemples.
En effet, Haneke a tendance à ne montrer qu'une seule dimension chez chaque personnage et je pense au contraire d'animal que cela fait l'originalité et la richesse de son cinéma. Il est un peu soulant de penser que les gens sont complexes quoi qu'ils fassent. En réalité et à mon humble avis face à des situations déroutantes, dramatiques ou malsaines, les gens ont un comportement simple et unidimensionnel. C'est pour cela qu'haneke fait un bon film selon moi en montrant dans Funny Games un père faible et lâche, une mère en colère, un garçon paumé car ils ne sont que cela dans ce contexte. Les deux jeunes sont sadiques et c'est bien tout.
Dans la pianiste Huppert n'a aucune personnalité tant son éducation (son surmoi si on aime Freud) la contraignent à ne pas penser. Il ne reste que sa volonté de déviance sexuelle pour s'exprimer dans une relation à autrui. par exemple la scène où elle observe Magimel et une jeune pianiste montre son envie totale : l'envie de Magimel et l'envie de la pianiste, elle fera mal aux deux mais différemment. Finalement un seul sentiment la dirige : la frustration.
Dans le ruban blanc il s'agit de la crainte, c'est un autre exemple.
Dans Caché c'est la culpabilité.

C'est pour cela que ses films sont si dérangeants. Ils dérangent pour deux raisons :
la première est que l'on peut s'identifier aux personnages car ils sont simples et réalistes.
la seconde car la violence que l'on y voit est quitidienne et gratuite. Elle n'est pas passionnée elle existe juste tel un élément simple de notre environnement et de notre essence.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 7 Fév 2012 - 11:35

je pensais à Bataille suivant trois axes de réflexion : la transgression, la transcendance et la culpabilité, qui je crois sont plus ou moins explorés de la même manière, par le sexe (Bataille se branlant au-dessus du cadavre de sa mère ), par la foi (chez Bataille en dieu, ce qui lui permet d'être d'autant plus transgressif et coupable)(qui serait dans La Pianiste la musique ou plutôt le talent, mais il faudrait que je revois le film), tout cela trouvant son aboutissement dans la culpabilité, ce sentiment qui paradoxalement rejaillit sur le spectateur/voyeur. Comme le plaisir pervers de lire certaines pages de Bataille, regarder les films de Haneke n'a rien d'innocent.

Dire que les personnages traités dans La Pianiste ne vont que dans un sens, assez lisse, assez plat, dire que la manière de filmer est tout aussi plate et lisse, je ne suis pas totalement contre, d'ailleurs dans les livres de Jelinek, il n'y a aucune psychologie, c'est au lecteur de l'inventer, de mettre entre les mots tout ce qu'il trouvera bon pour donner un sens au récit. C'est une lecture très éprouvante, parce que minimaliste et sèche, introvertie, univoque. Ce qui voudrait dire que ceux qui trouvent dans La Pianiste une forme de platitude manquent de créativité, d'inventivité, de richesse intérieure... à moins que le spectateur n'ai pas envie de combler les lacunes, n'ai pas envie de mettre une histoire dans les creux laissé par l'absence de profondeur psychologique ou technique...

je suis en train de lire Marelle de Cortazar et ce livre impose au lecteur une lecture active, Cortazar propose dans un roman de déconstruire la littérature, à charge pour le lecteur d'amener les briques de sa culture et de son existence pour retaper la maison mère ; j'ai l'impression que Haneke pourrait revendiquer le même positionnement : faire des films linéaires, montrer sans démontrer, à charge pour le spectateur de recoller la pellicule, de lui donner un sens.

(bon, n'empêche qu'on en dit des choses)
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 7 Fév 2012 - 13:49

c'est intéressant les trois axes mais je les trouve trop de principe et déliés pour envisager une cohérence. Par exemple culpabilité "prétexte" du machin avec Auteuil qui se retrouve avec des vhs dans sa boite. Là où je le perçois très mal c'est la transcendance chez Haneke, dans ce que j'ai vu : que couic. La musique dans la Pianiste avec un idéal quasi absent du film de pureté ? (et puis il tombe à plat dans ses révélations scénaristiques) : même film ou Ruban blanc).


Meubler je veux bien et même avec des cockers mais peut-on vraiment meubler avec une impression de déphasage trop forte par rapport à un film ?

Pour les émotions unidirectionnelles je ne crois pas pour ma part au rat de laboratoire en exemplaire unique. Et je ne suis pas sûr que l'explication se tienne si on prend le personnage de la pianiste : ce qui sous-tend le personnage c'est sa fêlure, son manque : ce qui donne le personnage touchant aussi même si c'est trop appuyé et on ne peut donc pas le réduire à son expression par la déviance. Et d'ailleurs que signifierai cette déviance : une barrière et un faussement contradictoire besoin d'abandon ?

Pour ce qui est de ne pas penser, c'est explicitement l'inverse, elle refuse d'abandonner un contrôle de sa pensée au profit d'autre chose. Et est-ce uniquement de la frustration quand elle se jète sur sa mère ?

La réaction peut-être simple mais c'est le contexte qui donne un intérêt je pense, et sauf dans des cas très particuliers c'est le rapport à ce contexte qui suscite l'intérêt. Sinon il n'y a plus qu'un portrait schématique, et même si je ne suis pas très réceptif à Haneke pour un film de 2h10 qui passe quand même je pense que ça ferait bien peu.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 24 Juil 2012 - 8:07

Vu hier une avant-premiere d' Amour. J'en parlerai demain tranquillement mais je l'ai trouvé impressionnant et marquant à tous les points de vue. Débat en perspective même si cette fois il se prête (un peu) moins à la polémique.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 24 Juil 2012 - 8:59

Marko a écrit:
Vu hier une avant-premiere d' Amour. J'en parlerai demain tranquillement mais je l'ai trouvé impressionnant et marquant à tous les points de vue. Débat en perspective même si cette fois il se prête (un peu) moins à la polémique.

Sur la deuxième partie, un peu quand même.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 24 Juil 2012 - 9:36

traversay a écrit:
Marko a écrit:
Vu hier une avant-premiere d' Amour. J'en parlerai demain tranquillement mais je l'ai trouvé impressionnant et marquant à tous les points de vue. Débat en perspective même si cette fois il se prête (un peu) moins à la polémique.

Sur la deuxième partie, un peu quand même.
Oui le film reste dur et parfois sadisant.
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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyLun 30 Juil 2012 - 15:33

Michael Haneke - Page 15 Amour-10

Amour est un film éblouissant et confirme plus que jamais à quel point Haneke est un très grand cinéaste. J'ai tout admiré dans ce film dur et bouleversant qui montre pendant 2 heures que l'amour est bien cette succession de gestes quotidiens qui traduisent l'attachement (parfois ambivalent) et la complicité jusqu'au moment fatal mais libératoire. Ce qui rend ce film exceptionnel c'est bien sûr la prestation incroyable de ces deux acteurs hors norme dont les voix sont de la musique pure. Musique dont il est d'ailleurs constamment question à travers Schubert et le pianiste Alexandre Tharaud qui joue son propre rôle en tant qu'ancien élève de la grande pianiste incarnée par Emmanuelle Riva... Une musique terriblement belle et mélancolique. Mais il fallait donner une forme à ce quasi huis-clos et la manière dont Haneke met en scène ces personnages, leur intimité, le cadre de l'appartement, les moments oniriques ou décalés (la scène du pigeon), les intrusions dans cet espace des quelques proches qui sont autant de menaces ou d'obstacles, est très impressionnante. Une photographie somptueuse de Darius Khondji qui donne des textures de peau et des tonalités de couleurs jamais vues. Je pense à ces plans avec le canapé vert, le chemisier amande d'Isabelle Huppert et le verre orange sanguin posé sur la table... Les plans déchirants sur ces visages abîmés et inquiets. Les cadrages de chaque espace qui sont autant de tableaux. Le travail sur la lumière... J'ai trouvé très étonnante la façon dont Haneke introduit le personnage du jeune pianiste célébré et reconnaissant envers ses mentors. Il entre dans cet appartement comme un ange noir. Un messager de cette déchéance prochaine, de la mort. Il est glacial, intrusif, faussement modeste, renvoyant à cette femme âgée le miroir de ce qu'elle a été et qui lui a échappé à présent. C'est très cruel comme l'égoïsme ambigu de leur fille, comme cette sollicitude envahissante des gardiens de l'immeuble.

Michael Haneke - Page 15 5_0110

Pour tout ça et bien d'autres aspects admirables (une scène de cauchemar fabuleuse dans sa sobre efficacité) ce film m'a marqué profondément. Traversay évoque la dureté dans la manière de montrer la déchéance de cette femme mais comment éluder ces aspects? Ne pas les montrer? Faire des ellipses? Haneke montre et joue aussi un peu (il ne peut pas s'en empêcher) avec l'attente du spectateur. Il fait dire d'ailleurs à Emmanuelle Riva que tout le monde se demande bien comment elle va s'y prendre pour tourner les pages de son livre alors qu'elle est paralysée du côté droit. Et évidemment c'est la question qu'on se pose juste avant. On a envie de voir et on s'offusque de voir... Où est la limite? J'ai le sentiment malgré tout qu'il a trouvé la juste mesure. Il y a de la cruauté mais il y a de la tendresse en même temps. "Tu es parfois un monstre mais tu es gentil" dit-elle à son mari. Et tout est là.

La fin est superbe, étrange, et ménage un espace d'interprétation qui rend le film d'autant plus beau et mystérieux. Une palme d'or une fois de plus méritée.

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MessageSujet: Re: Michael Haneke   Michael Haneke - Page 15 EmptyMar 23 Oct 2012 - 23:01

Mon ressenti de La Rochelle. Le film reste en mémoire, c'est certain et je ne redirais pas les mêmes choses aujourd'hui, notamment sur la deuxième partie. C'est une oeuvre qui travaille au corps longtemps après sa vision.

Des policiers fracturent une porte d'appartement et découvrent une femme décédée depuis plusieurs jours déjà. C'est le premier plan du film de Haneke. Amour raconte les mois qui ont précédé. La vie d'un vieux couple, la maladie de l'un, comment l'autre va l'assister, s'indigner, se résigner. Chronique d'une disparition annoncée. S'il filme avec la même précision clinique que d'habitude, Amour est sans doute l'oeuvre la plus humaniste et compassionnelle de la carrière du cinéaste autrichien. Certaines scènes sont pourtant à la limite du supportable, celles où la souffrance physique est trop forte, où l'agonie est trop lente. Laissons planer le mystère, il est hors de question d'en dire plus, si ce n'est que tout se passe en intérieurs et que Haneke alterne gros plans et plans fixes, dans une économie de moyens intégrale. Emmanuelle Riva est prodigieuse, Trintignant est admirable. S'il n'y a pas de chantage à l'émotion, le film est cependant insistant sur le naufrage d'un corps. Sans doute trop. Le mot amour n'est jamais prononcé. Ce n'est pas nécessaire, il est implicite dans cette longue relation de couple que seule la mort va interrompre. Palme d'or méritée ? Au-delà des collines de Cristian Mungiu ne lui est pas inférieur. Quoi qu'il en soit, c'est un Haneke plus intime, moins riche de thématiques que Le ruban blanc, impressionnant de maîtrise mais qui a, aussi, ce défaut récurrent du réalisateur de vouloir absolument mettre le spectateur mal à l'aise. Bien qu'en l'occurrence cela dépende du sentiment que chacun éprouve(ra) vis à vis de la disparition de l'être qui lui est le plus cher au monde.

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