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 Stewart O'Nan

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MessageSujet: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 9 Mar 2007 - 19:33



Stewart O'Nan Stewar10


Stewart O'Nan est né en 1961 à Pittsburgh (Pennsylvanie). Après des études et une carrière d'ingénieur en aéronautique, il se consacre à la littérature. Il est l'auteur, entre autres de "Un mal qui répand la terreur", "Des anges dans la neige", "Nos plus beaux souvenirs". Son oeuvre s'attache à dépeindre les errances et les frustrations de la société américaine



Bibliographie


Citation :
Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)

1997 Des anges dans la neige, Pages 1,  3
1998 Speed Queen, Page 1
1999 Le nom des morts, Pages 1, 4
2000 Un monde ailleurs, Page 4
2001 Un mal qui répand la terreur,
2005 Nos plus beaux souvenirs, Pages 1, 3
2006 Le pays des ténèbres, Pages 1, 2, 7, 8,
2010 Chanson pour l'absente, Pages 1, 2, 6,
2012 Emily, Pages 2, 5, 6,
2013 Les Joueurs, Page 6, 7

Citation :
mise à jour le 08/01/2014, page 8


"Le pays des ténèbres"

Le dernier roman traduit en français de Stewart O'Nan nous entraîne dans une petite ville du Connecticut au moment des fêtes d'Halloween. Un an plus tôt,alors qu'ils fonçaient en voiture sur une petite route forestière, cinq adolescents en virée ont été victimes d'un accident qui a coûté la vie à trois d'entre eux. Les deux rescapés, Tim et Kyle, après ce drame, ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.
Tim, qui a perdu dans l'accident sa petite amie Danielle, s'est muré dans son chagrin et n'arrive pas à faire le deuil de ses amis au point de souhaiter les rejoindre dans la mort.
Kyle, quant à lui, après un coma prolongé, se retrouve défiguré et diminué, doté des capacités intellectuelles d'un enfant de cinq ans.
En voix off, tout au long du récit, ce sont les âmes des trois jeunes défunts, Danielle,Toe et Marco qui font office de narrateurs. Dotés du don d'ubiquité des esprits, ils se déplacent où ils le veulent et s 'introduisent n'importe où afin d'observer et de discuter, parfois avec un humour potache, le comportement des vivants qui, de près ou de loin, ont joué un rôle dans leur existence ante-mortem.
A travers eux, l' on assiste ainsi aux comportements et cogitations de tous ceux qui ont eu à subir de plein fouet les conséquences de cette tragédie.
Ce sont tout d'abord les parents, enfermés dans leur désarroi face à la disparition de leurs enfants, condamnés à ressentir éternellement la cruelle absence de leurs rejetons et accomplissant les actes de la vie quotidienne comme des automates privés de sens.
Ce sont les parents de Kyle, dont la vie, face au handicap de leur fils, ne sera plus jamais la même.
Le père, tout d'abord, qui se refuse à accepter cette situation et fuit celle-ci en se réfugiant dans son activité professionnelle et en adoptant face à sa femme et son fils une attitude faite de faux-fuyants et de non-dits.
La mère de Kyle, quant à elle, se dévoue corps et âme à l'entretien de son fils qu'elle doit assister perpetuellement comme un petit enfant, partagée entre l'amour qu'elle porte à ce fils qu'elle ne reconnaît plus, et l'idée que sa mort, finalement, aurait été préférable à cette vie diminuée.
Il y a les copains, Greg et Travis qui n'acceptent pas cette disparition brutale et traînent leur spleen entre bière et fumette.
Il y a aussi l'agent de police Brooks qui s'est retrouvé le premier sur les lieux de l'accident, et qui depuis n'est plus le même homme, obsédé par les images de ce drame. En ce jour d'Halloween, triste premier anniversaire de l'accident, il n'a qu'une seule chose en tête, surveiller Tim, l'inconsolable rescapé, qu'il soupçonne de commémorer cet évenement en accomplissant un acte irréparable.
« Le pays des ténèbres » que nous décrit Stewart O'Nan, avant les limbes où évoluent les esprits des trois jeunes victimes qui nous accompagnent tout au long du récit, c'est surtout cette Amérique des lotissements pavillonnaires sans âme et aux rues désertes, délimités par ces zones commerciales sans fin et toutes semblables, où s'alignent restaurants fast-food et chaînes de supermarchés, cette Amérique de la Middle Class qui passe le plus clair de son temps entre le travail, la tondeuse à gazon et le plateau télé. Cette Amérique qui n'a que l'ennui, la bière et le Hard Rock à offrir en exutoire à sa jeunesse déboussolée.
Ce roman, en plus d'être le portrait d'un certain aspect de la société américaine se veut aussi un hommage à la Pop Culture actuelle à travers les références musicales évoquées par les adolescents qui nous accompagnent tout au long de ce récit. Hommage aussi aux films d'horreur de série B dont chaque chapitre porte le titre, ainsi qu'aux grands maîtres du fantastique comme Stephen King et Ray Bradbury à qui ce roman est dédié.
« Le pays des ténèbres » est un roman « coup de poing » , un récit bouleversant, émouvant et dérangeant, une description acérée de la classe moyenne américaine et un réquisitoire contre la société de consommation à outrance, un roman sur le deuil, le chagrin et l'absence, sur l'adolescence et ses démons, sur l'infortune d'être jeune dans un pays d'adultes « morts-vivants. »
Il faut lire « Le pays des ténèbres. »
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 30 Mar 2007 - 21:28

"Des anges dans la neige"

Dans une petite ville sans histoires de Pennsylvanie, au cours de l'hiver 1974, Glenn Marchand abat son ex-femme, Annie.
Que s'est-il passé ? Comment ce jeune couple en est-il arrivé à cette dramatique extrémité ?

Quinze ans plus tard, Arthur Parkinson, dont Annie fut la baby-sitter, revient sur cet évenement qui l'a marqué à tout jamais.
Alors que défilent ses souvenirs d 'adolescence, les circonstances et les causes de ce drame de la rupture se précisent peu à peu sous nos yeux en une lente progression vers l'inéluctable conclusion de cette tragédie.

Avec « Des anges dans la neige » Stewart O'Nan signait en 1994 son premier roman.
On y trouve déjà l' atmosphère et les thèmes rencontrés dans « Le pays des ténèbres » : une description âpre et sans concessions de la société américaine, les tourments d'une adolescence en perte de repères face à des adultes paumés et empêtrés dans leurs contradictions, le poids de l'absence d' êtres chers, disparus brutalement et à jamais, les non-dits et les dissenssions familiales.

Stewart O' Nan décrit d'une manière quasi-anthropologique l' Homo Americanus dans les rapports qu'il entretient avec la vie, la mort, les sentiments, l' environnement dans lequel il évolue : restaurants fast-food , centres commerciaux et quartiers résidentiels-dortoirs. Il nous décrit ces vies cabossées par le destin, ces existences vouées à d'éternelles frustrations et qui ne trouvent d'exutoire à celles-ci que dans la consommation à outrance où dans la destruction pulsionnelle des êtres qu'ils chérissent.

En quatrième de couverture de ce roman paru aux Editions de l'Olivier en 1997, l'éditeur cite un article de Raphaëlle Rérolle paru dans Le Monde : « A l'envers du rêve américain de conquête de l'espace, les personnages d'O'Nan sont perdus dans un pays trop grand qui ne contient pas de place pour eux. Leur cauchemar, d'une violence inouïe, parle des ombres tapies sous la surface ripolinée d'une société encline au fantasme d'innocence. »

Avec « Des anges dans la neige » Stewart O'Nan signe un roman effrayant et bouleversant dont on ne ressort pas indemne. Une tragédie de notre temps sur le thème de l'incommunicabilité qui hantera longtemps le lecteur.
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptySam 31 Mar 2007 - 9:36

Bibliomane-le-boulimique ,l'homme qui fait exploser les moyennes nationales, et qui sait si bien nous faire partager ses coups de coeur, m'a encore piégée Wink

J'ai lu ton résumé et j'ai retenu ce nom Stewart O'Nan .

Citation :
Stewart O' Nan décrit d'une manière quasi-anthropologique l' Homo Americanus dans les rapports qu'il entretient avec la vie, la mort, les sentiments, l' environnement dans lequel il évolue : restaurants fast-food , centres commerciaux et quartiers résidentiels-dortoirs. Il nous décrit ces vies cabossées par le destin, ces existences vouées à d'éternelles frustrations et qui ne trouvent d'exutoire à celles-ci que dans la consommation à outrance où dans la destruction pulsionnelle des êtres qu'ils chérissent.

Ca m'intéresse bien : les gens et leur environnment, les atmosphères qui s'en dégagent," les cabossés de la vie"comme tu les nommes.
C'est un peu ce que je retrouve dans R.Banks et ça me capte toujours beaucoup.

Donc, un nom de plus à retenir... Very Happy merci!
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptySam 31 Mar 2007 - 10:00

Je te recommande chaudement cet auteur dont les romans ont une puissance évocatrice bouleversante. Une chose est sûre pour moi, je lirai sûrement d'autres livres de Stewart O'Nan.
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyLun 12 Nov 2007 - 17:40

Un auteur que j'apprécie beaucoup, spécialement pour la diversité des thèmes de ses livres.
J'en ai fait la connaissance avec Un monde ailleurs et depuis lors cet auteur ne m'a plus quitté.
J'ai spécialement apprécié Nos plus beaux souvenirs et je viens de recevoir son tout dernier Last Night at the Lobster.
Je ne sais pas combien d'entre vous lisent en anglais, en tout cas le sujet a l'air tout à fait charmante et je dirais c'en est un qui est fait pour Stewart O'Nan - 4e de couverture:
Perched in the far corner of a run-down New England mall, the Red Lobster hasn't been making its numbers and headquarters has pulled the plug. But manager Manny DeLeon still needs to navigate a tricky last shift. With four shopping days left until Christmas, Manny must convince his near-mutinous staff to hunker down and serve the final onslaught of hungry retirees, lunatics, and holiday office parties. All the while, he's wondering how to handle the waitress he's still in love with, his pregnant girlfriend at home, and where to find the present that will make everything better.

Ce soir je vais m'empresser pour aller à la maison et commencer à lire....
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyMer 6 Fév 2008 - 19:30

"Speed Queen"

« C'était ça mon surnom dans les journaux – Speed Queen, la Reine du Speed. J'ai toujours été un peu plus vite que le reste du monde. C'est sans doute pour ça que je suis ici, d'ailleurs. Je ne m'arrête pas toujours pour réfléchir, je veux foncer. Lamont disait toujours que j'étais bâtie pour foncer. C'est vrai ; le monde m'a toujours paru un peu lent. C'est chimique, je crois. Tout ce que je faisais allait dans le même sens. Quand je me défonçais, je n'avais pas besoin de manger ni dormir ni rien, juste de monter dans cette Roadrunner et foncer. »

C'est ainsi que commence la confession de Marjorie – Speed Queen – alors qu'elle attend dans le couloir de la mort l'heure de son exécution. Grâce à son avocat, elle a obtenu de pouvoir enregistrer sur deux cassettes audio le récit de sa vie et des circonstances qui l'ont amenées à encourir la peine capitale. Cette confession sera ensuite remise – dans le but d'être publiée – à un célèbre écrivain qui n'est autre que Stephen King. Marjorie est en effet une admiratrice de cet auteur dont elle a lu quasiment tous les romans et dont elle connaît sur le bout des doigts l'univers glauque et terrifiant.
Elle ira même – dans sa naîveté – jusqu'à émettre quelques suggestions et conseils d'écriture à l'intention du romancier, dans le but de donner plus de relief à sa relation des faits.

Au cours de cette nuit qui précède son éxécution – alors qu'au dehors manifestent les partisans et opposants à la peine de mort – Marjorie va se lancer dans un long monologue où elle tentera de relater et d'expliquer – sans faux-semblants – les circonstances et les évenements qui l'ont menée jusqu'à la peine capitale.

C'est d'abord son enfance dans un endroit perdu de l'Oklahoma – Depew – au bord de la mythique Route 66, en compagnie de ses parents et du vieux chien Jody-Jo. Puis ce sont les déménagements pour se rapprocher de la capitale de l'état : Oklahoma-City.
C'est à Edmond, à l'époque de l'adolescence et peu après la mort de son père, que Marjorie commence à déraper : échec scolaire, alcool, drogues et médicaments.
Elle abandonne rapidement les études pour devenir serveuse dans divers restaurants de fast-food et stations-service. C'est d'ailleurs alors qu'elle travaille dans une station-service qu'elle fait la rencontre de Lamont, un marginal amateur de « muscle-cars », ces voitures aux moteurs boostés pour la vitesse.
Très rapidement cette rencontre va se conclure par un mariage puis par la naissance d'un petit garçon : Gainey. Mais ces deux évenements ne sonneront pas le glas des dérapages de Marjorie et de Lamont. Alcool, drogue, Trash-Food, ainsi que petits trafics et larcins en tous genres amélioreront leur ordinaire tandis que Marjorie continue à exercer ses jobs de serveuses dans les Drive-Thru de la région, ces « restaurants » où le client se fait servir son repas sans sortir de voiture.

C'est un banal accident de voiture, au cours duquel la police va découvrir un sachet d'héroïne, qui va faire que Marjorie va se retrouver pour six mois dans un centre de réinsertion. Là, elle va faire la connaissance de Natalie Kramer, avec qui elle va lier de solides liens d'amitié. Cette complicité entre les deux jeunes femmes ne cessera pas avec la fin de leur détention puisque Marjorie proposera à son amie de venir partager l'appartement qu'elle occupe avec Lamont et Gainey. Elle lui trouvera également un emploi de serveuse. Très vite, la troublante et perverse Natalie va devenir l'amante de Marjorie, mais aussi de Lamont.

Le trio ainsi constitué, la vie va continuer, au gré des relations clandestines et sado-masochistes qu'entretient Natalie avec de ses deux partenaires, une vie où la prise d'alcool, de drogues, de médicaments et de nourritures écoeurantes – saturées en graisse, en sucres et en hormones – entretient le quotidien.
C'est d'ailleurs une histoire de drogue qui va tout faire basculer. Une transaction organisée par Lamont se passe mal. Une importante somme d'argent est dérobée dans l'appartement alors que ses occupants sont absents. Il va falloir rembourser les créanciers. Mais ceux-ci sont fermement décidés à récupérer leur avoir dans les plus brefs délais. Comment réunir en si peu de temps une telle quantité d'argent ? Impossible. Une seule solution s'impose alors : la fuite.

Le trio, en compagnie du nourrisson, va alors se lancer dans une course éperdue, espérant réunir – dans le meilleur des cas – la somme dûe, où franchir la frontière mexicaine et réussir à se faire oublier.
C'est alors que Marjorie émet une idée qui permettrait de récupérer rapidement et facilement de l'argent. Pour cela, il faut retourner à Depew, dans la maison où elle a grandi avec ses parents.

C'est à partir de ce moment que le trio va se trouver entraîné dans une spirale de violences, de tortures et de meurtres qui ne prendra fin qu'au Nouveau-Mexique, après un périple sanglant qui leur vaudra le surnom de « Sonic Killers » de la part des journaux, en référence à un massacre pérpetré dans un restaurant de la chaîne de fast-food Sonic.

Au cours de cette longue nuit – sa dernière – Marjorie va revenir sur cette descente aux Enfers, décrivant en détail ses tribulations, émaillant son récit de digressions sur sa détention ainsi que ses appréciations sur les différents moyens que les états fédéraux d'Amérique du Nord mettent en oeuvre pour l'exécution de la peine capitale. Pour elle ce sera une injection létale. Répondant scrupuleusement au questionnaire que lui a envoyé Stephen King, elle reviendra sur ses actes passés et évoquera ce qui à ses yeux est le plus cher : son enfant et sa foi toute neuve en Jésus-christ.
Au sujet de sa mort imminente, elle passe en revue ce qui lui manquera le plus de cette vie qui va s'achever quand retentiront les douze coups de minuit.

« Ce qui me manquera le plus de ce monde-ci.
Tout.
Mon fils. Ne plus m'amuser avec lui ça me manquera.
Les frites ça me manquera. Cette première grosse lampée qu'on prend sur un cherry slush qui vous gèle la cervelle et vous donne mal au crâne. Les carnavals ça me manquera, les foires, les fêtes foraines. Le Gravitron me manquera et le Tilt-A-Whirl, le Zipper et le Whip, le Spider et le Roundup, le Roll-O-Plane. Ça me manquera cette secousse dans l'estomac quand on passe en haut de la grande roue. Les funnels cakes ça me manquera aussi, et le maïs grillé, et les pâtés frits avec des cuisses de dinde, lécher des Sno-Kones. Conduireça me manquera. Sortir ma main par la fenêtre pour sentir la résistance de l'air.
Des tas de choses me manquent déjà. Le ventre de Lamont et cette façon qu'il avait de laisser un doigt de crème à raser derrière chaque oreille. Notre appartement me manque, notre lit – notre Roadrunner, évidemment.
Les intempéries. Le cinoche.
Je sais pas, moi, tout. C'est pas une bonne question à poser maintenant. Dites seulement que ça me manquera de vivre. »


Bien sûr, Marjorie éprouve du remords pour ses actes, mais elle ne quémande pas le pardon des proches des victimes ainsi que de la société. Elle donne uniquement sa version des faits, une version dans laquelle, malgré sa complicité évidente et sa présence sur les lieux lors des meurtres, elle n'aurait tué personne. Réalité, manipulation ?
C'est en tout cas avec lucidité, résignation et sang-froid qu'elle attend le moment où elle sera allongée et sanglée sur une table, attendant l'injection mortelle qui la conduira vers un sommeil qui ne connaîtra ni rêves ni réveil.

Avec « Speed Queen », Stewart O'Nan fait une fois de plus l'effrayant constat d'une société américaine à la dérive, une société qui gave ses enfants d'images violentes et perverses, de nourritures innommables et de fantasmes illusoires de gloire, de jouissance, de célébrité et d'argent facile. Il nous dépeint ici la misère sociale et culturelle dans laquelle évoluent ces enfants de l'Amérique profonde, ces jeunes adultes qui stagnent dans une adolescence interminable, victimes d'illusions et de rêves qui s'avèrent bien trop grands pour eux.

Stewart O' Nan dresse ici un portrait alarmant de ces jeunes gens qui n'ont de choix qu' entre la plus grande marginalité et le conformisme le plus obtus.
Les personnages qu'il met ici en scène sont à la fois des bourreaux et des victimes. Victimes d'une société dans laquelle ils ont bien peu de place, si ce n'est pour accomplir les jobs les plus minables et consommer à outrance les images et les nourritures les plus répugnantes.

La nourriture, d'ailleurs, tient une très grande place dans ce roman, au point que le traducteur à du établir dans les dernières pages un glossaire « Fast-Food » à l'usage de celles et ceux qui ne connaissent pas ces atrocités culinaires que sont les Baloney ( « sorte de saucisson de viande pressée et reconstituée, très bon marché, tellement factice que le mot en est arrivé à signifier « balivernes », « foutaises », « menteries ». », les Biscuits (« petits pains au soda et au lard qui n'ont rien à voir avec les biscuits »), les Dipsy-Doodles (« boules de glace flottant dans du Pepsi ou de la root beer ») ainsi que des boissons telles que le Champale (« sorte de « wine cooler », horrible compromis entre vin et ginger ale »).

Ces mets peu ragoûtants sont – faut-il le rappeler – l'ordinaire de toute un pan de la société américaine – la plus pauvre en général – et sont emblématiques de l'état de déliquescence culturelle à laquelle sont soumis certaines classes sociales, tout ceci savamment orchestré par les grands groupes financiers en charge de l'alimentation.

Fast-Food, Fast Cars, voici l'univers dans lequel évoluent Marjorie, Lamont et Natalie, un univers de consommation éffrenée et immédiate, une culture de l'instant, tout entière vouée à la satisfaction des sens et qui ne laisse pas de place à la frustration et au manque. Quand malheureusement cette frustration et ce manque viennent à subvenir, c'est à un déferlement de violence qu'il faut s'attendre.
Cette situation, même si elle est décrite ici dans une société qui n'est pas la nôtre : les Etats-Unis, ne doit pas nous laisser croire qu'elle est une singularité culturelle propre à l'Amérique du Nord. Ce cauchemar consumériste et meurtrier se met insidieusement en place dans nos sociétés européennes elles aussi jetés en pâture à l'insatiable et mortifère appétit des grands lobbys financiers.
A lire d'urgence.
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyJeu 7 Fév 2008 - 10:48

et voilà zavez pas honte ?

rajouté dans ma LAL...
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyJeu 7 Fév 2008 - 12:24

Queenie a écrit:
et voilà zavez pas honte ?
Non Very Happy Surtout pas pour Stewart O'Nan.. une des voix d'Amérique pour l'instant qui me fascine le plus.. drunken
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 28 Mar 2008 - 11:27

Après plus de 100 pages sur Nos plus beaux souvenirs, mon impression est mitigée, d’un côté l’écriture est agréable et les personnages sont bien construits, d’un autre côté le déroulement de « l’action » est d’une lenteur désespérante… jypeurien

Cette extrême lenteur est, pour moi, rédhibitoire…en fait, O’Nan dissèque, ou au moins décrit, le moindre « escargot » d’une scène avant de continuer.
Cela crée une ambiance mais sans contexte, sans véritable histoire…une suite de gros plans permanents.

Je laisse de côté cet auteur pour le moment. Je tenterais vraisemblablement un second essai car j’aime bien sa plume.
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 2 Oct 2009 - 13:52

J'ai lu il y a quelques temps déjà son roman intitulé Le Nom des morts, qui est un ouvrage très impressionnant ! La gestion des flash-backs vietnamiens et de l'affaire policière en parallèle est magistrale, il est impossible de fermer le livre tant la tension est toujours maintenue sur le fil du rasoir ! Et la véracité des descriptions de l'enfer vietnamien est également remarquable ! Pour ceux qui connaissent O'Nan mais qui n'ont pas lu son Nom des morts, je le conseille vivement !!

bonjour
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 2 Oct 2009 - 14:46

Quel plaisir de voir ce fil qui remonte..

Stewart O'Nan passe un peu inaperçu chez les lecteurs français, ce qui est dommage, d'autant plus qu'il vaut bien ses compatriotes qui sont un peu plus 'à la mode' pour l'instant Very Happy
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 23 Avr 2010 - 21:37

Stewart O'Nan A14 Stewart O'Nan A13
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Citation :
Présentation de l'Editeur
L'été de ses dix-huit ans, Kim disparaît mystérieusement. Sa voiture est retrouvée quelques jours plus tard, mais il n'y a aucune trace de la jeune fille. L'enquête s'enlise. L'affaire quitte la une des journaux. Les proches de Kim tentent de se reconstruire, d'affronter l'absence. Dans ce nouveau roman, Stewart O'Nan raconte son Amérique, celle des faits divers, des quartiers résidentiels et des supermarchés. Avec subtilité, il se glisse dans l'intimité d'une famille en deuil. Il dit les instants d'accalmie, les peines enfouies, et la vie qui reprend le dessus, malgré tout.

Après avoir lu le premier chapitre, titre: Description of the Person, when last seen / Description de la personne, vue pour la dernière fois, j'avais une envie: aller aux dernières pages du livre et trouver ce qui m'attendait à la fin.
Pendant 20 pages l'auteur 'introduit' cette jeune fille, on l'accompagne pendant quelques heures, on lit ce qu'elle pense, éprouve, a comme projets, elle doit quitter la maison familiale pour l'université dans quelques semaines, sa vie va 'enfin' commencer.. et puis elle disparaît..

Mais je connais Stewart O'Nan, il n'écrit pas de polar, ce livre qui commence quand même comme étant un, n'en fait pas exception. Lui, c'est le chroniqueur des gens comme toi et moi. Il s'intéresse à ce qui va arriver à cette famille, aux amis de la fille, les voisins, la ville...

L'envie de lire la fin est dissipée, je veux voir comment il développe cette histoire et on rejoint les parents lors de la recherche de leur fille, on participe à cette enquête qu'on ne souhaite à aucun parent de devoir endurer. Mais Stewart O'Nan ne le fait pas pour se donner au voyeurisme, mais par compassion.. d'un "fait divers" il fait de la littérature.

Ce n'est pas pour rien qu'il figure parmi les 20 meilleurs auteurs contemporains d'Amérique.
Une voix unique, différente dans tous ses romans.

J'adore et j'attends toujours les nouveaux livres de lui avec un peu plus d'impatience que chez d'autres Wink
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 23 Avr 2010 - 21:48

Ce fil m'avait échappé, c'est bien qu'il remonte et comme je suis friande de littérature américaine, je vais le mettre sur ma liste.
Merci Kenavo pour ton commentaire qui fait bien envie et à Biblio aussi, j'ai envie de les lire tous Stewart O'Nan 28294
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 23 Avr 2010 - 21:51

Epi a écrit:
Ce fil m'avait échappé, c'est bien qu'il remonte et comme je suis friande de littérature américaine, je vais le mettre sur ma liste.
Very Happy je pense que tu vas faire de belles découvertes..
et puisque tu lis en anglais - l'avant dernier livre de lui Last Night at the Lobster n'a pas trouvé de traducteur, tu peux l'essayer - 150 pages si je me rappelle bien.. assez pour "tester" et avoir un aperçu.. et surtout un livre sublime drunken
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MessageSujet: Re: Stewart O'Nan   Stewart O'Nan EmptyVen 23 Avr 2010 - 22:51

D'accord, je vais suivre ton conseil Kenavo Stewart O'Nan Icon_wink
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Stewart O'Nan
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