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| Blaise Cendrars [Suisse] | |
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Auteur | Message |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Lun 20 Juin 2016 - 13:03 | |
| c'est une idée parmi d'autres... mais de mon côté je n'avais pas pensé au besoin de justification (des actes) par l'écriture et donc là aussi d'une forme de nécessaire réhabilitation (?) Je vais peut-être m'intéresser un peu au premiers écrits de Cendrars pour voir... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Lun 20 Juin 2016 - 14:17 | |
| oserais-je dire que sa vie se reflète sur son visage, attirant, inquiétant ? (j'aime son visage !) | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Lun 20 Juin 2016 - 21:46 | |
| photogénique ? (portrait par Doisneau). | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Lun 20 Juin 2016 - 21:51 | |
| Ah bon ? Pas mon genre ! | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Mar 21 Juin 2016 - 7:08 | |
| plutôt celle-ci Eglantine ? une lecture prévue ou version poète | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Mar 21 Juin 2016 - 9:35 | |
| Rhum J. Galmot comme Sutter est de la race des aventuriers, des pionniers. Après avoir bourlinguer dans plusieurs pays il découvre une île où il peut s'exprimer, apprivoiser la jungle (c'est un créatif Galmot) et rendre la vie meilleure à cette population qui le séduit et qu' il séduit. Le serment qu'il fait aux Guyannais il l'assumera comme promis, jusqu' au bout de sa vie. "Je jure de lutter jusqu'à mon dernier souffle...Je demande à Dieu de mourir en combattant pour le salut de ma patrie, la Guyane immortelle..."Ses nombreuses et fructueuses activités d'homme d'affaires, d ' élu s' appliquent toujours à ses principes, l'honnêteté, la justice et la liberté. Mais ses qualités ne touchent pas ses adversaires, les affairistes, les banquiers, les politiciens. C'est l'affaire dite des "Rhums" qui entamera la chute de la maison Galmot, sa défense, ses preuves sont inattaquables pourtant, mais emprisonné, privé de liberté plusieurs mois, ses affaires périclites, il est ruiné. Pourtant J. Galmot ne baisse pas les bras, il trouve un emploi, écrit, suit ce qui se passe en Guyanne où ses "enfants" sont maltraités par Gobert, l' allié des blancs du continent. Après avoir été élu député de la Guyane Galmot perd en 1924 les élections, "les élections des défunts" ; non ce n'est pas de la magie noire, Gobert a fait voter des morts. Ses réussites n'étaient pas du goût de ses adversaires, depuis plusieurs années son arrêt de mort était décidé, dans les affaires on n'aime pas "ceux qui suivent une autre route qu'eux" (comme dirait Brassens). Qu'avait-il à se mêler de la population Guyanaise, de son présent, de son avenir alors qu'il n' était besoin que de profits ? J. Galmot meurt empoisonné le 6 août 1928, ils l'ont eu "les salauds" ! J. Galmot a beaucoup sacrifié à la Guyane, même sa famille Je retiens sa persévérance, son ideal de justice et de liberté, sa non violence ; il n'a jamais pris les armes pour se défendre et à repousser les offres d' hommes d'affaires étrangers. L'auteur a certainement fait de nombreuses recherches pour l'écriture de ce livre mais (me référant à wikipedia) je regrette que les relations de Galmot avec G. Anquetil et Stavisky ne soient pas évoquées ; peut-être une réponse à son paiement des 23 millions de taxes ? quant à son coeur ? aux mains de ceux qui l' aimaient ? donc je reste un peu sur ma faim. au prochain | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Mar 21 Juin 2016 - 9:45 | |
| J'avais eu la même sensation que toi, Bédou, l'impression que Cendrars aurait pu au moment de réunir ses articles, développer un peu plus l'histoire de Galmot (mais à l'époque il n'avait sans doute pas les moyens que nous avons aujourd'hui pour glaner tant d'informations...). | |
| | | Quasimodo Main aguerrie
Messages : 402 Inscription le : 29/05/2016 Age : 29 Localisation : Rennes
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Jeu 23 Juin 2016 - 1:31 | |
| Rhum
Tout comme l'Or, il s'agit du récit de la vie d'un homme hors du commun. Ici, celle de Jean Galbot. Tour à tour journaliste, aventurier, planteur et homme politique, il n'aura de cesse, député, de défendre la liberté des Guyanais.
C'est l'histoire d'un self-made-man. Comme Sutter dans l'Or, au début de son épopée, il est contraint de s'exiler. Comme lui, il a une volonté surhumaine. Il part à la conquête de l'or et du bois de rose, luttant contre la nature hostile, contre la fièvre. Il prend sa destinée à bras le corps, travaille infatigablement, après de rudes épreuves s'élève et fait fortune. Dérange. Continue de monter. Fait fi de ses nombreux ennemis.
Mais Jean Galmot n'est pas seulement un génial homme d'affaires. Son idéal de justice guide toutes ses actions. Cela lui attire l'inimitié de tous les puissants, hommes politiques comme industriels. Ce roman est surtout celui de son engagement en faveur de la Guyane, de son combat contre les politiciens corrompus. Du déchaînement dont il est victime.
Son destin fabuleux est annoncé dès le début du roman. Il y est souvent fait mention. Bien que sa vie soit contée dans l'ordre chronologique, souvent le narrateur fait allusion à un fait marquant de sa vie à venir ("l'affaire des rhums" par exemple). Cela donne une dimension dramatique au récit, tout en excitant la curiosité du lecteur. Comme dans l'Or, il y a une certaine distance entre le lecteur et le héros. Le présent de narration, s'il donne une dimension héroïque à la vie de Jean Galmot, laisse le lecteur hors de l'histoire.
Avec ça, un style vif et brut, plein de phrases sèches, lapidaires, tranchantes.
Je le préfère à l'Or de beaucoup, malgré leurs ressemblances. | |
| | | Quasimodo Main aguerrie
Messages : 402 Inscription le : 29/05/2016 Age : 29 Localisation : Rennes
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Jeu 23 Juin 2016 - 1:31 | |
| (voilà voilà, désolé du retard) | |
| | | Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Jeu 14 Juil 2016 - 10:52 | |
| - Citation :
- Comme le chantaient les hommes en descendant du Chemin des Dames :
Jean de Nivelle nous a nivelés Et Joffre nous à offerts à la guerre! Et Foch nous a fauchés... Et Pétain nous a pétris... Et Marchand ne nous a pas marchandés... Et Mangin nous a mangés ! La vie d'un soldat vue de l'œil d'un poète engagé volontaire qui décrit cette vie faite d'attentes, de faim, de froid, de détermination, de baisse de moral, d'attaques, de boyaux (les tranchées, les tripes à l'air des copains ou des ennemis), de joies éphémères mais salutaires, de tristesses... Cendrars raconte tout et d'abord ses plus proches compères, et les moments qu'il a vécu avec eux, ceux avec qui il a fait les quatre-cents coups, ce qu'ils ont vécu ensemble dans la joie, l'allégresse, le rire, l'absurde, l'atrocité, la mort. - Spoiler:
- Citation :
- ...il était doué d'une faculté qui nous intéressait au premier chef : il détectait les mines, ou, plus exactement, doué d'une ouïe merveilleusement poussée aussi loin que l'on peut entendre le son, il repérait sans faute les Boches qui pouvaient travailler au-dessus ou au-dessous, à gauche ou à droite de notre sape, donnant des signes de frayeur, se sauvant dans la direction opposée s'il jugeait en avoir le temps ou se roulant en boule au pied de la paroi du fond si l'ennemi était à proximité, et nous prenions immédiatement les dispositions indispensables, contre-mine ou fuite rapide, et cela sans erreur possible. (J'ai tenté la même expérience avec des taupes, mais sans aucun résultat, ces aveugles-nées étant trop peureuses.)
Quand nous eûmes constaté cette faculté extraordinaire, qui frisait le divinatoire, on lui pardonna sa pochardise et Garnéro lui-même renonça à faire figurer notre hérisson dans un plat. Car il était pochard, notre hérisson. C'était son péché mignon. Il lichait dans tous les quarts. Le vin nous était très mesuré à l'époque. Les hommes avaient pris l'habitude d'en mettre un quart à gauche et ils mettaient leur quart à l'abri dans leur créneau pour l'avoir toujours sous les yeux et le tenur au frais. Or, dès le début de la présence du hérisson parmi nous, ces quarts se vidaient mystérieusement et les plaintes étaient quotidiennes et les accusations innombrables des soldats qui avaient eu leur vin volé ou qui s'accusaient mutuellement, même entre bons camarades, de s'être réciproquement volés, et des chamailleries, des hargnes s'ensuivirent, même des coups de poing furent échangés. Cela tournait au mystère hanté, à la panique, et vraiment nous n'avions pas besoin de ce supplément dans ce secteur de Dompierre, où régnait déjà la terreur des mines pour détraquer les bonshommes. Nous fûmes longs à découvrir notre voleur. C'était notre capucin de hérisson qui se glissait subrepticement hors de la tranchée et s'en venait de l'extérieur licher les quarts mis à l'abri dans les créneaux. Il faisait toute la rangée, d'un bout à l'autre du parapet, et s'en revenait vers moi plus tendre et plus familier que jamais, se nicher dans mon giron. Je pense bien, il avait mal au coeur. Ah, le moine hypocrite !
Mais tout ceux dont il se souvient apparaissent également et ont droit à un paragraphe au moins, même ceux qu'il ne portait pas en son coeur. Cendrars perpétue t'il un devoir de mémoire pour tous ces oubliés de la Grande Guerre, et qui étaient pourtant indispensables ? C'est aussi un livre sur l'absurdité de la guerre et la furie qu'elle peut engendrer chez les hommes, et le réquisitoire d'un caporal que le casse-pipe n'a pas encore rendu cinglé contre les hauts-gradés (les "Plein-de-soupe") et leurs ordres loufoques; et les mesquineries des petits chefs qui en prennent pour leur grade - les sergents en première ligne. - Spoiler:
- Citation :
- Je m’empresse de dire que la guerre ça n’est pas beau et que, surtout ce qu’on en voit quand on y est mêlé comme exécutant, un homme perdu dans le rang, un matricule parmi des millions d’autres, est par trop bête et ne semble obéir à aucun plan d’ensemble mais au hasard. A la formule marche ou crève on peut ajouter cet autre axiome : va comme je te pousse ! Et c’est bien ça, on va, on pousse, on tombe, on crève, on se relève, on marche et on recommence. De tous les tableaux des batailles auxquelles j’ai assisté je n’ai rapporté qu’une image de pagaïe. Je me demande où les types vont chercher ça quand ils racontent qu’ils ont vécu des heures historiques ou sublimes. Sur place et dans le feu de l’action on ne s’en rend pas compte. On n’a pas de recul pour juger et pas le temps de se faire une opinion. L’heure presse. C’est à la minute. Va comme je te pousse. Où est l’art militaire là-dedans ? Peut-être qu'à un échelon supérieur, à l’échelon suprême, quand tout se résume à des courbes et à des chiffres, à des directives générales, à la rédaction d’ordres méticuleusement ambigus dans leur précision, pouvant servir de canevas au délire de l’interprétation, peut-être qu’on a alors l’impression de se livrer à un art. Mais j’en doute.
Un livre où l'on se fend la poire et où l'on a envie de chialer de rage, parfois en même temps. Un bouquin qui chamboule.
Dernière édition par Exini le Ven 15 Juil 2016 - 20:04, édité 5 fois | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Ven 15 Juil 2016 - 8:02 | |
| merci Exini pour ce juste commentaire ! | |
| | | Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: Blaise Cendrars [Suisse] Sam 16 Juil 2016 - 20:52 | |
| Merci Bédou !
Bien sûr, Cendrars utilise son talent de conteur, mais n'en abuse pas. J'ai senti le danger partout, même si les personnages ne semblent plus en avoir peur. S'il raconte ses collègues (Lang le séducteur, Vieil, par exemple), l'histoire, indirectement, ramène inéluctablement à la guerre, à la mort. Quand l'histoire prête à rire, la chute de la nouvelle, sauf à de rares exceptions (Garnéro, par exemple), tourne à l'humour (très) noir. | |
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