Lecture en commun - Hermann Lenz : Les yeux d'un serviteur

Cachemire a écrit:

Pour moi en fait, cela m'est égal, je me laisse emporter tout de suite par la force psychologique des personnages sans trop chercher en général à découvrir le contexte que l'auteur me cache...
Mais c'est peut-être ma paresse...

paresse ou pas (ce que je ne crois même pas) - voilà aussi des manières de lecture différentes ..
mais comme je l'ai dis - étrangement pour ce livre cela n'est pas aussi important pour moi

Cachemire a écrit:

Tout à fait, il s'agit bien d'un ton "automnale-mélancolique" très particulier. D'accord avec toi, c'est extra !

Peter Hamm est un de mes critiques préférés dans le monde germanophone.. et un bon ami de Peter Handke :heart:

Le contexte historique se précise :

Citation :

Le conseiller de préfecture - titre qu'ils lui donnaient, bien qu'il ne fût que simple employé d'administration - avait apporté avec lui un petit livre sur l'archiduc François-Ferdinand, le successeur au trône; on lisait dans ce livre que l'archiduc se graissait les joues avec des couennes de porc quand il allait à la chasse au chamois, qu'il faisait collection de vieux meubles paysans et d'oeuvres de peinture de Carinthie. On voyait l'archiduc avec sa famille sur une photographie. Il avait des yeux clairs, sans doute bleu-vert. Le conseiller à la préfecture de police dit qu'on voyait souvent de ces yeux en Bohème et Wasik pensa : "Presque les mêmes que ceux de Fanny". Le successer au trône portait la moustache courte et brossée, relevée aux extremités. Il était en uniforme. L'archiduchesse avait une robe dont la traîne recouvrait les chaussures de son fils aîné ; sa fille avait un noeud dans les cheveux ; sa tresse pendait sur une épaule ; le petit garçon tenait un album de photos ouvert.

On a la sensation de vivre dans un monde où les choses n'ont pas bougé depuis des siècles, dans lequel les positions sociales sont figées et définitives. J'ai été très frappée par le cadeau de mariage que Engelsleben veut offrir à Fanny : une cité ouvrière destinée au personnel de son usine, un endroit où tout a été pensé de façon rationnelle par les maîtres pour les ouvriers, comme des animaux d'élevage.

Voilà, je pense qu'Arabella prend de l'avance. Je n'arrivais pas à lire beaucoup, hier et aujourd'hui, mais tu confirmes donc l'intuition de l'Empire austro-hongroise?!

Je suis seulement arrivé à la page 52.

Vous parlez déjà du style. Je dois avouer que je m'y perds un peu pour pouvoir le définir. Je trouve certains passages "distants". Beaucoup de phrases sont rélativement courtes, construites pas trop difficilement (n'est-ce pas???).

Je remarque qu'à partir d'un certain moment, l'utilisation des trois points: ... devient de plus en plus fréquent. Est-ce que ce sont pour ainsi dire des débuts de pensées, de phrases? Probablement.

J'ai noté l'observation suivante: "Chacun interprète le jeu de la mimique à partir de son propre état d'esprit."

Le serviteur n'est pas seulement observateur, mais (p.45) "peut-être seulement une chose". Mais "cela n'est pas vrai". Est-ce que Wasik va être, devenir, rester un SUJET?

En p.48 le Docteur Waißnix semble être engagé dans un espèce de psychoanalyse, hypnose... Découverte de l'être sexué. Wasik en est témoin gêné.

tom léo a écrit:

Je suis seulement arrivé à la page 52.

de même pour moi.. Arabella est le TGV-lecture .. mais faut pas te stresser...

tom léo a écrit:

Vous parlez déjà du style. Je dois avouer que je m'y perds un peu pour pouvoir le définir. Je trouve certains passages "distants". Beaucoup de phrases sont rélativement courtes, construites pas trop difficilement (n'est-ce pas???).

je ressens aussi cette 'distance'.. mais je lui trouve quand même quelque chose de particulier..

tom léo a écrit:

Le serviteur n'est pas seulement observateur, mais (p.45) "peut-être seulement une chose".

ah oui, j'ai aussi marqué cette phrase..

J'ai fini la première partie, mais là je vais attendre que tout le monde en arrive là

Alors oui, nous sommes dans l'empire austro-hongrois. De même le fauteuil était bien destiné à l'empereur. Hermann Lenz donne les réponses des pages après avoir posé la question. Il nous livre son récit par petits bouts, comme un puzzle. Il ne faut pas être pressé et il faut faire attention à tous les détails au risque d'être perdu. Mais les morceaux sont tellement splendides, que l'on a envie de prendre son temps pour les admirer.

tom léo a écrit:

Vous parlez déjà du style. Je dois avouer que je m'y perds un peu pour pouvoir le définir. Je trouve certains passages "distants". Beaucoup de phrases sont rélativement courtes, construites pas trop difficilement (n'est-ce pas???).

Je m'intéresse toujours au style dès le début d'un livre. C'est vrai que la lecture n'est pas difficile, la construction n'est pas aussi complexe que chez Sebald par exemple...tant mieux j'avance plus vite (p.53)

J'ai terminé aussi avec la première partie! Et je commence à aimer de plus en plus, après avoir eu besoin de temps pour entrer.

J'ai noté pas mal de passage, d'observations.
On comprend aisement que pour Erika le chapitre Engelsleben n'est pas clos: pages 65-66 il y a l'image du "moule à toucher", désir d'être touché, aimé...

Pour cachemire je cite ce jeu de mots: "die Pappel starrte von Staren..." (p 67)

P 77: Bon sont les hommes qui ont des épaules libres et des bras lègers (pendant librement), mais n'y appartenait pas ni le serviteur, ni son maître.

Presque sans annonces il y a des petits sauts dans le temps: une demie-année, des mois écoulés. Un moment il semble que Kemmler et Erika se trouvent en paix; au moins Wasik constate qu'elle a l'air reposé, renouvelé.

Mais puis, le suicide, la disparition d'Erika est raconté avec une circoncision incroyable, en quelques mots. C'est plus terrible qu'une description in extenso!

Jolie tournure: "Sie rauchten und horchten auf das Gespräch der Bäume." (=Ils fumaient et ouvraient leurs oreilles aux échanges/murmures des arbres.")

Face aux événements, au suicide d'Erika (?), à la vie, on fait dire à Fanny:
"Il est nécessaire de laisser couler la rivière, de trouver cela bon et soi-même aussi."

A la fin de ce premier chapitre on a d'un coup encore des informations sur Wasik: il est né en dehors d'un marriage et connaissait sa mère seulement jusqu'à son onzième année.

J'ai aussi terminé la première partie.. et je vous suis dans vos notes et citations..

À part cela j'aime toujours bien ce qu'il nous dit - mais j'ai des problèmes à comprendre les agissements des gens. Où est-ce que vous voyez pourquoi Fanny s'est marié? Où est l'amour? Je ne vois aucune passion des deux côtés..

Et en plus j'ai trouvé intéressant que Wasik se prend aussi la liberté de ne pas tout dire à son ‘maître’ – il va développer cette initiative peut être un peu plus dans les prochaines pages?

tom léo a écrit:

je cite ce jeu de mots: "die Pappel starrte von Staren..." (p 67)

Oui, il y a plein de jolis jeux de mots – je pense que c’était un vrai défi pour le traducteur..

kenavo a écrit:

J'ai aussi terminé la première partie...

Moi, toujours pas...je suis en retard; je m'en doutais, j'ai tellement de travail en ce moment.
Vous pouvez continuer sans moi, je profite de vos commentaires pour ma lecture.

Merci pour le jeu de mot et la tournure Tom, j'adore !

Cachemire a écrit:

Moi, toujours pas...je suis en retard; je m'en doutais, j'ai tellement de travail en ce moment.

je l'ai dis - je le redis - ce n'est pas un concours.. donc, tu prends ton temps.. et puisque j'accompagne dans l'autre lecture en commun Nezumi, je vais t’accompagner pour celle-ci
moi je peux faire d'autres lectures en attendant

Moi aussi je peux faire d'autres lectures, j'ai calculé que ma PAL a augmenté depuis la rentrée de 70-80 unités, alors j'ai de quoi faire

kenavo a écrit:

Cachemire a écrit:

Moi, toujours pas...je suis en retard; je m'en doutais, j'ai tellement de travail en ce moment.

je l'ai dis - je le redis - ce n'est pas un concours.. donc, tu prends ton temps.. et puisque j'accompagne dans l'autre lecture en commun Nezumi, je vais t’accompagner pour celle-ci
moi je peux faire d'autres lectures en attendant

Vous êtes trop gentilles de vouloir m'attendre...
Je vais essayer de ne pas faire traîner la lecture trop en longueur tout de même...Il y a des jours où je n'ai pas le temps de lire du tout (pour le plaisir). L'horreur !

Spoiler:

Arabella a écrit:

j'ai calculé que ma PAL a augmenté depuis la rentrée de 70-80 unités, alors j'ai de quoi faire

on aurait la même maladie Pal


pas de quoi Cachemire

J'attends aussi volontairement un peu. Et tu sais, Cachemire, cela fait TELLEMENT plaisir quand un étranger apprècie notre BELLE langue! Certainement beaucoup d'Allemands de ma génération avaient (encore) un certain recul et mépris vis-à-vis de leur propre langue.
Et aussi à l'étranger on ne parle souvent que de la "difficulté" de la langue.

Mais elle peut être tellement belle...

Par rapport à la question de kenavo:
Tu t'imaginais qu'à l'époque on se mariait toujours par pur amour? Est-ce qu'il n'y avait pas aussi un lien (peut-être) entre les parents de Fanny et Engelsleben? (C'est juste un soupçon...)
Est-ce qu'Engelsleben était aussi gêné par une certaine possessivité d'Erika? Sa "maladie" - elle est consécutive à son amour refusé, mais est(ce que c'est aussi un signe pour autre chose???

tom léo a écrit:

Par rapport à la question de kenavo:
Tu t'imaginais qu'à l'époque on se mariait toujours par pur amour? Est-ce qu'il n'y avait pas aussi un lien (peut-être) entre les parents de Fanny et Engelsleben? (C'est juste un soupçon...)
Est-ce qu'Engelsleben était aussi gêné par une certaine possessivité d'Erika? Sa "maladie" - elle est consécutive à son amour refusé, mais est(ce que c'est aussi un signe pour autre chose???

oui, tu as tout à fait raison.. dans ce temps là rien n'était si superflu dans un mariage que l'amour

Mais je l'ai ressenti avec une telle froideur.. une distance.. cela me donne toujours du mal quand je vois que les gens s'engageaient dans des vies qui ne leur convenaient déjà du début pas du tout..