Lecture en commun - Hermann Lenz : Les yeux d'un serviteur

tom léo a écrit:

J'attends aussi volontairement un peu. Et tu sais, Cachemire, cela fait TELLEMENT plaisir quand un étranger apprècie notre BELLE langue! Certainement beaucoup d'Allemands de ma génération avaient (encore) un certain recul et mépris vis-à-vis de leur propre langue.
Et aussi à l'étranger on ne parle souvent que de la "difficulté" de la langue.

Mais elle peut être tellement belle...

Tout à fait, l'allemand est une très belle langue, très riche, avec laquelle on peut réfléchir et s'exprimer avec précision et finesse.

J'ai fini (enfin) la première partie moi aussi. Voulez-vous que nous continuions ?

Plus j'avance dans le livre et plus je suis impressionnée par la personnalité de Wasik, un serviteur tout de même hors du commun ! (Ce que Fanny a bien senti).

Oui, bien sûr, on continue!

Donc, j'avais juste lu de la deuxième partie quelques pages. Cela commence presque - malgré l'annonce que "la ville n'a pas changé" _ avec un saut dans le temps. Lenz arrive à nous faire avaler la première guerre (mondiale) en peu de pages, et en ce qui concerne le vécu de Wasik, même dans une phrase!

On commence de parler du passé omniprésent pendant le tour de la ville de Wasik. L'attentat de Sarajevo st mentionné brièvement, et le "Heldenplatz" nous renvoie maintenant définitivement à Vienne comme scène principale (n'st-ce pas???).

Si après la guerre la ville serait vraiment inchangé, c'est très fin de dire que Wasik "parle": en ce sens là la guerre a basculé toutes les catégories, les habitudes?!

Chez Engelsleben on constate une opinion politique pour l'éviction de l'Empereur, mais aussi contre une/la République. Quand il pense à quelque chose de nouveau à envisager, il semble regarder avec jalousie à certaines tendances dans le "Reich" voisin. Est-ce qu'il pense alors vraiment à ce que nous pensons peut-être là? On verra, affaire à suivre!

Très bien, c'est reparti pour moi aussi.

je vous suis

Nous retrouvons Wasik mais le temps a passé et comme le dit Tom Léo ce qui semblait immuable semble bouger quelque peu :

Citation :

L'autre temps était plus important que ce temps-là. Ce qui s'était effondré, ce qui avait été mis à l'écart, oublié, ce qui s'était évanoui, tout cela constituait un espace.

Et Wasik en vient à s'interoger sur sa condition :

Citation :

Il n'était pas à sa place."Et où est ta place ? ", pensa-t-il. "Dans la remise où ty nettoieras demain la voiture." Un dimanche de liberté, un domestique, indécis sur son existance, crut que quelqu'un avait frappé, mais seul un maître a le droit de crier "Entrez ! ". Il était peut être préférable de ne pas laisser entrer le visiteur et le domestique devait faire en sorte qu'il disparaisse. Personne ne savait quel est le visiteur qui sonne à l'improviste et il était difficile de répondre à la question de savoir pourquoi un domestique était assis un dimanche dans un café, au milieu des gens du monde.

Comme disait Tom Léo, des opinions d'extrême droite semblent apparaîtres chez Engelsleben, matérialisées par l'apparition dans la demeure familiale de Ditshy, ancien trompette à la guerre. Mais Wasik n'arrive pas à se décider à quitter la famille, il laisse passer l'occasion de rentrer dans la police.

Il y a entre autre cette visite chez Anna et Elise. On y parle du fait que Wasik "s'accomode partout et toujours et que pourtant, il reste étranger." Je dois dire que j'aime beaucoup cette affirmation entre distance et proximité.
Face aux activités d'Engelsleben, Fanny commence à se faire très tôt des soucis: elle voit que son mari fait fausse route. Elle cherche des conseils (et plus?) chez Wasik.

Wasik, dans sa position dépendante, va quand même refuser de jouer une pauvre victime. Il dira "Moi, un pauvre chien?" (Sous entendu: mais non!) C'est un rôle où justement lui, le serviteur, va devenir plus grand, plus libre que d'autres.
Dans le même sens: face aux peurs, aux risques de perdre son emploi, il ne se précipite pourtant pas. Comme si finalement il n'a pas peur de l'avenir (attitude qui a provoqué peut-être en grande partie le desastre à venir?!).

Joli jeu avec des figures de guerre du fils de Fanny. Et elle demande: Et qui va être le vainqueur? Celui sans l'armature!
Et toute de suite dans le prochain paragraphe, première phrase, on va dire de Wasik qu'il "était heureux qu'il n'ait pas besoin de jouer aux héros". (C'est magnifique!) Et il s'en alla avec elle. Pratiquemment dans la suite on parle de l'histoire plus intime qui le liera avec Fanny...

tom léo a écrit:

Lenz arrive à nous faire avaler la première guerre (mondiale) en peu de pages, et en ce qui concerne le vécu de Wasik, même dans une phrase!

oui.. c'est impressionnant!

Dann begann der Krieg.
Wasik verlor in Galizien den Ring seiner Mutter und kam nach dem Kriege in die Stadt zurück

Et puis la guerre commençait.
Wasik perdait la bague de sa mère en Galicie et retournait après la guerre dans la ville.

Mais il y a des changements après cette guerre - et ceux là il les découvre, il les décrit..

Plus j'avance et plus j'aime le livre. La relation Fanny / Wasik s'intensifie: Je viens de passer la scène du rendez-vous...je ne m'attendais pas à son dénouement !
Maintenant comme le pense le serviteur lui-même, chaque scène de la vie quotidienne est fortement "pimentée". Nous sommes toujours plongés dans les reflexions de Wasik qui alternent bien avec les descriptions des évènements. (142)

Je suis "horriblement" curieuse de savoir comment tout cela va se terminer...

Oui, il y a quelque chose entre Fanny e Wasik, mais c'est décrit si "pudiquemment". Puis ils semblent comprendre qu'il n'y a pas une solution dans uns telle relation? Au moins on découvre une fin et je suis tout surpris.
Vers 1932 on parle du cancer dont Fanny est atteint. Et pendant qu'elle se meut sur un terrain difficile, aussi à Wasik sont demandé des choses qui deviennent assez insupportables: l'achat d'une uniforme pour Edouard est de cet ordre-là. Et par ailleurs Fanny va faire disparaître l'uniforme.
Fanny et Wasik, dans leur opposition à ce qui se prépare dans le pays, sont du même coté.

Pui, de nouveaux des grands pas, un saut dans le temps en peu de mots: La fin du service chez Engelsleben, et le début dans un office prennent quelques phrases! Ce Lenz a décidemment le don de dire beaucoup en peu de mots!

Puis il y a comme un mouvement opposé: tandisqu'à l'extérieur, pour ainsi dire, la vie devient de plus en plus sombre sur le fond historique, Wasik, déjà d'âge assez mûr, connait un bonheur tardif avec Elise. Ils auront même encore un enfant, Maria.

(Je continue plus tard. J'ai terminé maintenant la lecture.)

tom léo a écrit:

Vers 1932 on parle du cancer dont Fanny est atteint. Et pendant qu'elle se meut sur un terrain difficile, aussi à Wasik sont demandé des choses qui deviennent assez insupportables: l'achat d'une uniforme pour Edouard est de cet ordre-là. Et par ailleurs Fanny va faire disparaître l'uniforme.

Es-tu sûr que Fanny le fait disparaître ? J'avais compris qu'elle n'avait pas eu le temps et que Wasik ne l'avait pas trouvé pour le brûler comme elle le lui avait demandé. Engelsleben (il porte mal son nom celui-là!) a obligé son fils encore mineur à le porter, non ?

Fanny s'oppose à son mari et ses idées d'extrême-droite et de cette lutte et de sa vie d'épouse malheureuse elle mourra. J'ai été choquée plusieurs fois que Lenz nous dise les choses si vite, comme si aucune information n'avait d'importance (l'annonce à Wasik de la mort de Fanny par exemple ou la disparition d'Elise).

Moi, je n'ai pas fini, mais j'avance bien (page 190)

Je n'ai pas fini non plus mais c'est vrai que cela avance et que j'ai envie de savoir la suite. Surtout qu'à l'endroit ou je suis Wasik a abandonné sa fonction de serviteur pour rentrer dans un ministère.

Cachemire a écrit:

tom léo a écrit:

Vers 1932 on parle du cancer dont Fanny est atteint. Et pendant qu'elle se meut sur un terrain difficile, aussi à Wasik sont demandé des choses qui deviennent assez insupportables: l'achat d'une uniforme pour Edouard est de cet ordre-là. Et par ailleurs Fanny va faire disparaître l'uniforme.

Es-tu sûr que Fanny le fait disparaître ? J'avais compris qu'elle n'avait pas eu le temps

Là, je suis dans l'embarras..., et maintenant, ayant terminé le livre, je l'ai déjà passé à un ami . Bref: merci de controler avec nous ce detail!

Oui, quelques fois ces nouvelles données dans l'histoire, à la Lenz, font "claque"", elles viennent de nulle part! Cela paraît très dure, des fois.

J'ai fini cet après-midi. Je reste sur une impression mitigée...mais j'attends que nous ayons tous terminé notre lecture pour en parler davantage

Je viens aussi de terminer cette lecture.. et tout comme Cachemire je ne sais pas trop quoi faire de cette 3e partie.. hm....

J'ai fini aussi, mais là il est trop tard pour en parler, ce sera pour demain