Revue de littérature

Un autre article intéressant sur l’hypocrisie en politique, inspiré du livre de David Runciman : L’hypocrisie politique. Le masque du pouvoir, de Hobbes à Orwell et au-delà, de Jeremy Waldron :



« Nos démocraties médiatiques pressent constamment les hommes politiques de mettre leur vie privée en adéquation avec leur profession de vertu publique. Mais l’action est-elle seulement possible sans de pieux mensonges ? Celui qui prétend le contraire n’est-il pas le plus dangereux de tous ? »

« Les hommes politiques qui défendent les valeurs familiales n’ont nul besoin de démentir que lesdites valeurs –et lesdits hommes- sont assaillies par de puissantes tentations. L’ancien gouverneur de l’Etat de New York devait savoir à quel point la prostitution de luxe est attirante pour qui en a les moyens. C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle il la combattait avec tant d’ardeur. Le fait qu’il ait lui-même succombé à la tentation n’invalide pas cette posture ; il la renforcerait plutôt. Un buveur ne perçoit-il pas mieux le mérite du programme des alcooliques anonymes que ses sobres voisins ? »

« [Orwell] n’a jamais perdu de vue que l’hypocrisie et l’anti-hypocrisie s’interpénètrent, et qu’il y a quelque chose de plus effrayant que la tromperie : la situation dans laquelle la population n’a plus aucune vie ni sentiments privés se prêtant au mensonge. Quand tout n’est qu’apparences, il n’est nul besoin de masques : « Personne n’a rien à cacher, et c’est là le règne de la terreur. » »

Dans Books, à propos de la prétendue « mondialisation » :

Citation :

« Dans sa rubrique « Schumpeter », The economist s’est fait un plaisir d’aligner une série de faits présentés par le Barcelonais à l’appui de sa thèse. Le niveau des flux migratoires est très inférieur à ce qu’il était il y a un siècle, à l’époque où aucun visa n’était nécessaire. 2% seulement des étudiants fréquentent une université étrangère. 3% des habitants du globe ne vivent pas dans leur pays natal. 7% du riz produit traverse une frontière. Deux pays comparables ont des échanges commerciaux supérieurs de 42% s’ils parlent la même langue, de 47% s’ils appartiennent à un ensemble commercial commun, de 114% s’ils ont une monnaie commune et de 188% s’ils ont une passé colonial commun. Moins de 20% du trafic Internet traverse une frontière et les restrictions nationales à son usage son légion. […]
« McDonald’s sert des burgers végétariens en Inde mais épicés au Mexique, où Coca-Cola utilise du sucre de canne (au lieu de sucre de maïs aux Etats-Unis) », note « Schumpeter » avec enthousiasme. MTV, la chaîne globale, a intégré cinq appels à la prière dans ses programmes indonésiens.
Pankaj Ghemawat ne fait qu’une bouchée des thèses d’une Naomi Klein (« La montée du capitalisme du désastre »), d’un Thomas Friedman (« La Terre est plate ») ou encore de la romancière indienne Arundhati Roy, pour qui la mondialisation « inonde la vie quotidienne ». L’illusion de la mondialisation est ancienne, écrit « Schumpeter » : nous avons tendance à surestimer l’abolition des distances que produit le progrès technique. Bien avant nous, Henry Ford, Martin Heidegger et Hitler ont adhéré au mythe de la disparition des frontières. Rares sont ceux, comme Orwell, qui se sont moqués de cette naïveté. »

Et le livre de Pankaj Ghemawat, Monde 3.0. La prospérité globale et comment y parvenir, est le suivant :

Je ne sais pas ce que tu en penses Coli, mais je trouve que Books tire de plus en plus vers des idées réactionnaires, je sais que cette revue existe pour faire changer les points de vue mais sa dernière livraison me parait paticulièrement attristante. Entre le succès d'un livre d'un écrivain saoudien qui dénonce le marasme sexuel de son pays (à cause des interdits religieux et les lois), le discours quelque peu pessimiste sur la Palestine, ou sur Gandhi et puis ton dernier post... bon, ça donne envie de s'enterrer.

C'est vrai que les articles du dernier numéro n'étaient pas très folichons... Mais cela ne me dérange pas particulièrement. Je ne recherche pas la lecture d'articles qui essaient de tirer des leçons positives ou progressistes de toutes choses, mais des points de vue qui divergent de ceux proférés par la majorité. Dans ce sens, Books correspond parfaitement à mes attentes.

Le bilan sur le dossier Palestinien était plutôt mitigé, je suis d'accord, mais sans doute parce que la situation elle-même ne mérite pas qu'on s'enthousiasme davantage. Des solutions émergent des différents articles, mais on reste toujours lucide sur la possibilité ou non de les concrétiser.
Tu trouves que le ton de Books est devenu réactif. C'est bizarre, je le trouvais surtout non-démagogue (il existe sans doute un mot plus approprié mais je ne le connais pas). Mais tu as peut-être raison... Il faudrait que je me plonge dedans à nouveau. Je suis sûre qu'il y a des articles positifs (celui sur les abeilles, que j'ai publié dans le fil approprié "Les ours, les loups et les abeilles", pour n'en citer qu'un ?)

Affaire à suivre...

attention j'aime beaucoup Books mais j'ai trouvé le dernier numéro assez plombant. Je ne sais pas si tu as connu RILI (Revue Internationale des Livres et des Idées), une revue qui a cessé de paraître et qui était elle aussi particulièrement intéressante dans la mesure où elle donnait un aperçu réfléchi des parutions étrangères (tout comme Books) avec un côté franc-tireur que j'aimais bien.

Non, je ne connais pas RILI malheureusement... Difficile donc de faire une comparaison.
On verra bien ce que donne le prochain numéro de Books... Le dossier m'interpelle en tout cas...

PAGE des Libraires a enfin son site internet

PAGE des Libraires

kenavo a écrit:

PAGE des Libraires a enfin son site internet

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Bonne nouvelle ! Et en plus, il a l'air pas mal foutu.

En fait, en regardant de plus près, il faut être abonné au magazine pour avoir accès aux critiques en ligne. Du coup, je vois pas trop à quoi sert ce site, à moins qu'il complète le magazine ?

L'abonnement semble gratuit, je me souviens qu'il était déjà offert à la librairie.
Pratique, quand on ne peut pas se déplacer, il facilite le choix pour passer commande chez la cavalière ou ailleurs...

Moi j'ai compris que l'abonnement à 8 n°s , soit 50 euros, donne accès au site complet
Même quand il était donné gratuitement en librairie(ça fait longtemps que je ne l'ai plus vu), un abonnement payant était proposé; j'ai jamais bien compris l'astuce.
D'où l'interet du site, donner envie de s'abonner...et payer

Arf! j'ai peut être encore rien compris. Quel naïf je fais...
Bien, je m'en tiendrais aux conseil prodigués ici, il y déjà de la matière et des pistes de lecture pour plusieurs générations!

ah zut.. je n'avais pas fait attention parce que je suis abonnée..

je vais alors vous tenir au courant de leurs bonnes découvertes

Igor a écrit:

Bien, je m'en tiendrais aux conseil prodigués ici, il y déjà de la matière et des pistes de lecture pour plusieurs générations!

Il y a effectivement déjà de quoi faire ici si on n'a pas le temps ou l'occasion de voir ailleurs, et c'est quand même pas rien

kenavo a écrit:

ah zut.. je n'avais pas fait attention parce que je suis abonnée..

je vais alors vous tenir au courant de leurs bonnes découvertes

Merci Kenavo !

J'ai essayé de m'abonner sans cocher la case "Je souhaite recevoir les x numéros pour 50€".
Ca a pas marché

Bon, je devrais encore utiliser mes petites jambes pour aller chercher le magazine directement en librairie (il y est un numéro sur trois en moyenne...)