Et si vous alliez à l'opéra?

Lucretius a écrit:

Ce n'est pas vraiment une chanteuse, même si elle a cru qu'elle l'était. Florence Foster Jenkins, était une très riche dame anglaise, qui malgré son incapacité à chanter juste, s'était mis dans la tête qu'elle était une diva. Quand on a de l'argent, on peut trouver des admirateurs facilement. Elle fit fort âgée, une tournée triomphale au Carnegie Hall. Le spectacle valait le déplacement, et la grande diva, à défaut d'émotion, a déclenché l'hilarité.
pour les amateurs

Je crois qu'il y aussi une pièce théatrale qui parle de son histoire...

Arabella a écrit:

Et un peu de Rameau
Rameau

En plus c'est Laurent Naouri qui non seulement est un de nos meilleurs barytons mais un formidable acteur. Pour l'anecdote il est le fils du pédiatre/psychanalyste Aldo Naouri et le mari de .... Nathalie Dessay! Il est un formidable Bottom dans Midsummer Night's dream de Britten.

J'aime énormément Rameau qui est un des premiers à avoir développé le langage harmonique de la musique à une époque où le contrepoint dominait encore l'écriture musicale. Ce n'est pas nécessairement un "progrès" (les musiciens contemporains reviennent à cette écriture contrapuntique, horizontale, héritée de Bach) mais c'est une étape qui a pas mal dérangé les gens de l'époque. On se souvient de la fameuse querelle des bouffons (en gros mélodie contre harmonie, musique italienne contre musique française mais c'était un prétexte...) qui montrait bien leur incompréhension devant le raffinement incroyable de sa musique pourtant jugée austère face à la virtuosité des chants italiens.

Dardanus et Zoroastre , notamment, sont de très belles oeuvres.


Extrait: Dardanus:

Marko a écrit:

On se souvient de la fameuse querelle des bouffons (en gros mélodie contre harmonie, musique italienne contre musique française mais c'était un prétexte...) qui montrait bien leur incompréhension devant le raffinement incroyable de sa musique pourtant jugée austère face à la virtuosité des chants italiens.

Ce malheureux Rameau a donné lieu à trois querelles célébres, d'abord au début de sa carrière de compositeur d'opéra (commencée vers 50 ans, en pleine possession de ses moyens donc) contre les supporteurs de Lully, les lullistes contre les ramistes. On reprochait à Rameau la richesse et la compléxité musicale de Hippolyte et Aricie, trop d'idées musicales. Et aussi que l'invention musicale prenne le pas sur le livret.

Et la querelle des bouffons, suite à la découverte de la Serva Padrona, et plus généralement de l'opera buffa italienne, que tu évoques, et dont une des étapes fut la composition par Rousseau de son Devin de village (je ne vais pas chercher d'extrait, vous avez déjà eu aujourd'hui la dame de Lucretius, cela suffit comme curiosités musicales pour une journée).

Et à titre posthume la contreverse entre ramiste et gluckiste.

Décidement, Rameau fut en permnence objet de scandale. Et l'opéra a toujours été par définition objet de passions.

coline a écrit:

Devant mes faibles connaissances de l'opéra, et l'immense bonheur que j'ai à en écouter de façon dispersée, je voudrais une initiation genre L'opéra-pour-les nulles-comme-moi-qui-aiment-et-ne-savent-pas-pourquoi-n'ont-pas-assez-de-références...

L'air de rien difficile ta question Coline. De toute façon, ce n'est pas forcement un problème de ne pas savoir telle ou telle chose sur l'opéra, l'essentiel est de se faire plaisir, d'aller vers des choses qui te font plaisir.
J'ai toujours peur que les ouvrages de référence soient normatifs, et qu'ils cassent en partie l'envie, et ce serait dommage.
Je vais quand même te proposer quelque chose. Depuis plus de quinze ans je suis abonné à l'Avant Scène Opéra où je trouve toujours des choses intéressantes et enrichissantes, alors j'ai vu qu'ils ont édité ceci


Plus d'infos ici
http://www.asopera.com/fr/collection/mode_emploi/e-docs/00/00/00/0A/document_produit.phtml

Cela ferra peut être ton affaire... Sinon, Marko aura peut être plus d'idées.

Arabella a écrit:

Décidement, Rameau fut en permnence objet de scandale.

Il ne l'est plus trop aujourd'hui ; la preuve : il nous met d'accord.

Edit, je rajoute un extrait d'un opéra que j'aime beaucoup : Hippolyte et Aricie

Désolée si vous en avez déjà parlé... (j'avoue je survole de très haut ce fil), mais je me suis dit que cette info pouvait vous intéresser :
(je me dis qu'entre opéra et danse...)

Sortie ciné prévue en octobre

Citation :

Frederick Wiseman, pionnier du cinéma d'institution, a installé sa caméra durant sept semaines au coeur de l'Opéra de paris en se concentrant sur le Ballet.
Sans un commentaire, il montre le travail de ceux qui le constituent, sa directrice, Brigitte Lefèvre et ses choix artistiques ou administratifs, les répétitions de ballets et ses chorégraphes, les différentes étapes d'un danseur pour parvenir à être une étoile, les coulisses des ateliers de couture, en ponctuant son film d'extraits de spectacles.
La danse n'est pas seulement un film sur la danse et sa représentation mais sur ce travail multiple et structuré qui la composent...

Merci Queenie, en effet il n'y a pas de fil spécifique dédié à la danse. Et personnellement je ne suis pas la plus qualifiée pour en ouvrir un.

Arabella a écrit:

Merci Queenie, en effet il n'y a pas de fil spécifique dédié à la danse. Et personnellement je ne suis pas la plus qualifiée pour en ouvrir un.

J'avais failli faire un post méchant sur une version catastrophique du Lac des Cygnes (le plus beau ballet du monde, même dans la chorégraphie de Mats Ek) vu en mai de cette année... C'était le Ballet de St Pétersbourg au Théâtre des Champs Elysées.

Je n'avais encore jamais vu de prestations pitoyables, de celles où l'on a mal pour les gens sur scène, mais là c'était fort. Visiblement pas de répétition avant : du coup, comme la scène n'est pas très grande, les danseurs, une fois arrivés au bout, faisaient du sur-place en sautillant...
Ben oui, la scène n'est pas grande... Et ils ne le savaient pas ? Comme si les ballets russes n'étaient jamais venu au Théâtre des Champs Elysées.
Ah la la...
Et le jeune premier ne dansait pas : son rôle consistait à porter la Danseuse étoile, la Star Irina Kolesnikova. Tout était fait pour elle, personne ne devait lui faire de l'ombre. Chorégraphie de Konstantin Sergeev, tu parles. Il n'y a pas de quoi être fier.
Sur la plaquette, il y avait nombre de citations enthousiastes de journaux de par le monde. Une de ces citations disait : il y a trois raisons d'aller voir le Ballet de St Petersbourg : Irina Kolesnikova, Irina Kolesnikova, Irina Kolesnikova.
Ben oui, il n'y a qu'elle qui danse vraiment. Le Prince doit danser une minute, même pas.

Apparemment, cette brillante formation revient en octobre de cette année, je ne sais pas pour quels ballets.

En tout cas, si vous n'aimez pas quelqu'un, offrez-lui une place.

Arabella a écrit:

coline a écrit:

Devant mes faibles connaissances de l'opéra, et l'immense bonheur que j'ai à en écouter de façon dispersée, je voudrais une initiation genre L'opéra-pour-les nulles-comme-moi-qui-aiment-et-ne-savent-pas-pourquoi-n'ont-pas-assez-de-références...

L'air de rien difficile ta question Coline. De toute façon, ce n'est pas forcement un problème de ne pas savoir telle ou telle chose sur l'opéra, l'essentiel est de se faire plaisir, d'aller vers des choses qui te font plaisir.
[...]Je vais quand même te proposer quelque chose. Depuis plus de quinze ans je suis abonné à l'Avant Scène Opéra où je trouve toujours des choses intéressantes et enrichissantes, alors j'ai vu qu'ils ont édité ceci


Plus d'infos ici
http://www.asopera.com/fr/collection/mode_emploi/e-docs/00/00/00/0A/document_produit.phtml

Cela ferra peut être ton affaire... Sinon, Marko aura peut être plus d'idées.

Merci de ta réponse Arabella...Je sais que ma question n'est pas facile...
Mes lacunes me semblent difficiles à comber mais je vais les réduire, simplement dans le plaisir de découvrir abruptement un peu de ce qui n'était pas parvenu à moi...

Arabella a écrit:

Marko a écrit:

On se souvient de la fameuse querelle des bouffons (en gros mélodie contre harmonie, musique italienne contre musique française mais c'était un prétexte...) qui montrait bien leur incompréhension devant le raffinement incroyable de sa musique pourtant jugée austère face à la virtuosité des chants italiens.

Ce malheureux Rameau a donné lieu à trois querelles célébres, d'abord au début de sa carrière de compositeur d'opéra (commencée vers 50 ans, en pleine possession de ses moyens donc) contre les supporteurs de Lully, les lullistes contre les ramistes. On reprochait à Rameau la richesse et la compléxité musicale de Hippolyte et Aricie, trop d'idées musicales. Et aussi que l'invention musicale prenne le pas sur le livret.

Et la querelle des bouffons, suite à la découverte de la Serva Padrona, et plus généralement de l'opera buffa italienne, que tu évoques, et dont une des étapes fut la composition par Rousseau de son Devin de village (je ne vais pas chercher d'extrait, vous avez déjà eu aujourd'hui la dame de Lucretius, cela suffit comme curiosités musicales pour une journée).

Et à titre posthume la contreverse entre ramiste et gluckiste.

Décidement, Rameau fut en permnence objet de scandale. Et l'opéra a toujours été par définition objet de passions.

Heureusement ça fait longtemps et l'on peut aimer impunément les deux, Rameau ET Gluck. Même les trois, j'ai oublié le fameux neveux,

Amapola a écrit:

Heureusement ça fait longtemps et l'on peut aimer impunément les deux, Rameau ET Gluck. Même les trois, j'ai oublié le fameux neveux,

Je suis bien d'accord!

N'empêche que dans le domaine de l'opéra, les querelles cela semble permanent, presque consitutif du genre.
A l'heure actuelle cela tourne beaucoup autour des mises en scène, il suffit d'aller une fois à Bastille et entendre les réactions du public pour s'en rendre compte.

eXPie a écrit:

[J'avais failli faire un post méchant sur une version catastrophique du Lac des Cygnes (le plus beau ballet du monde, même dans la chorégraphie de Mats Ek) vu en mai de cette année... C'était le Ballet de St Pétersbourg au Théâtre des Champs Elysées.

Et dire que tu ne voulais pas partager cette extraordinnaire soirée avec nous.
Egoïste
Et en fait elle danse comment la fameuse Irina ?

Arabella a écrit:

eXPie a écrit:

[J'avais failli faire un post méchant sur une version catastrophique du Lac des Cygnes (le plus beau ballet du monde, même dans la chorégraphie de Mats Ek) vu en mai de cette année... C'était le Ballet de St Pétersbourg au Théâtre des Champs Elysées.

Et dire que tu ne voulais pas partager cette extraordinnaire soirée avec nous.
Egoïste
Et en fait elle danse comment la fameuse Irina ?

Je ne suis pas un spécialiste des ballets, hein.
Ici, on trouve un commentaire de gens qui s'y connaissent plus que moi et qui ne sont pas aussi sévères... ou alors, en filigrane ("étroitesse de la scène" pour dire que les danseurs ont failli se percuter à deux ou trois reprises).
On y lit notamment :

Citation :

"Comme le voulait la tradition du XIXème siècle, tout est fait ici pour mettre en valeur la ballerine, créature mythique qui triomphe seule sous le regard émerveillé des spectateurs. [....] Son Odette manque sans doute de fragilité [...]"

Elle m'a paru pas mal du tout, mais assez froide, technique. Un peu comme une jolie fille qui snoberait les autres ("je suis la fille la plus populaire du lycée"). Elle manque totalement de charisme.

Cette troupe a été créée en 1994 par un homme d'affaires russe, et elle est quasiment toujours en tournée. Le nom de "Saint-Petersbourg" doit attirer les gens. Ca fait un peu machine à encaisser des devises, avec une tête d'affiche, et les autres sont écrasés.

Ah, j'oubliais l'orchestre (Ballet-Théâtre de Saint-Pétersbourg, direction Pavel Bubelnikov) : une catastrophe. Le percussionniste n'avait qu'une idée : taper le plus fort possible. Et les cuivres : souffler le plus fort possible. Pour eux, le volume, c'est l'émotion.
J'ai failli rire à plusieurs reprises. Après le premier entracte, il y a eu quelques sièges vides...

Décidement une soirée inoubliable.

C'est peut être facile à dire après coup, mais l'idée de monter Le lac de cygnes au Théâtre des Champs Elysée paraît quand même un peu étrange, compte tenu de ce qu'est ce ballet et de la scène de ce théâtre.