Et si vous alliez à l'opéra?

coline a écrit:

Devant mes faibles connaissances de l'opéra, et l'immense bonheur que j'ai à en écouter de façon dispersée, je voudrais une initiation genre L'opéra-pour-les nulles-comme-moi-qui-aiment-et-ne-savent-pas-pourquoi-n'ont-pas-assez-de-références...

Le livre conseillé par Arabella est très bon. je te conseille aussi 2 ouvrages:

Un premier très illustré et synthétique qui donne un bon tour d'horizon des principaux opéras du répertoire. Un second sans aucune illustration mais écrit par un passionné qui partage plein d'anecdotes: Le dictionnaire amoureux de l'opéra de Pierre-Jean Rémy (de l'Académie Française):



Et plus complets:

Tout l'opéra de Kobbé qui est surtout descriptif (il résume l'action de chaque opéra acte par acte) et la bible: Mille et un opéras de Piotr Kaminski qui est aussi analytique et évoque également des opéras plus rares ou pas mal de créations contemporaines. Mon préféré avec le Pierre-Jean Rémy.



Je pense que tu devrais apprécier le dictionnaire amoureux Coline. Il parle aussi bien des opéras que des compositeurs, des artistes... C'est subjectif et plein de nostalgie. De passion surtout.

J'ai les deux derniers, c'est très bien, mais pas forcement pour commencer, c'est sans aucun doute trop pour le départ.

Je note le dictionnaire amoureux, cela a l'air très séduisant.

Merci de vos conseils...Je note Dictionnaire amoureuxde l'Opéra...

Oui, le Kaminsky est vraiment un ouvrage de référence.
C'était amusant, à un moment on trouvait en même temps deux éditions de cet ouvrage, où seule changeait l'épaisseur du papier, qui a été affiné, et prend ainsi moins de place dans sa bibliothèque (ouf !).

De ce que je me souviens, j'avais lu du mal du Dictionnaire Amoureux de l'Opéra, de Pierre-Jean Rémy (où il lui était reproché, notamment, des inexactitudes très nombreuses), mais je ne retrouve plus la référence... En gros, il n'a pas vérifié ses sources.
Comme moi là, quoi.

Cela fait longtemps que je ne suis pas allée sur ce fil...
Mais bon, rien n'a changé, car depuis ma dernière visite, je ne suis toujours pas allée à l'opéra.
J'étais censée un foi aller à Lyon mais ça ne c'est pas fait... C'est d'ailleurs pour ça que je ne vous ai rien raconté. Mea culpa.
En attendant je me familiarise avec des Cds, et des vidéos quand il en passe à la télé.
Mais il y a des livres aussi à ce que je vois. Mais ça ne doit pas être la même chose; on ne doit s'en servir qu'une foi qu'on a un minimum de connaissance. Du moins je pense.

Citation :

Le spectacle valait le déplacement, et la grande diva, à défaut d'émotion, a déclenché l'hilarité.

Lucretius! Quand je clique sur ton lien, ravie de découvrir-enfin- une cantatrice heuu passionnée, il y a plein de choses certainement fort intéressantes ( même une image de Mickaël Jackson qui vient de disparaitre, ils ont augmenté le Diprivan) , mais pas la dame!
Je regrette. Vraiment.

Citation :

Juste un petit conseil, Marie L'Olympiade (comme les autres opéras du très abondant prêtre roux) il vaut mieux à petites doses.

Tu veux dire que c'est très vite ennuyeux? Oui.. sans doute.
Vite, un petit air connu. Mais dont je ne me lasserai jamais
ici

Mon père aimait la musique classique et m'a éduquée de façon presque tyranique (mais je ne me plains pas. Je ne l'ai pas fait avec mon fils et il écoute un truc Cold Play et un autre Men at Work qui me donnent des froideurs à la moelle des os). Quand il était petit il aimait dormir en écoutant Chopin... J'aurais du le faire s'asseoir sous menace de maints coups et fessées historiques... Bon, en tout cas ça me déplaisait pas de m'asseoir et entendre musique sans pouvoir parler. J'aimais surtout Stravinsky, Villa-Lobos, Prokofiev, Castelnuovo Tedesco, Respighi et Sibelius. Mon père aimait Sibelius et Beethoven. Ma mère ne supportait que Mozart. Bethoven la mettait hors d'elle (trop bruyant elle dit jusqu'aujourd'hui). Il y avait une émission dans la radio sur la musique électroacoustique. Que J'AIMAIS celà!!! Je demandais à mon père d'allumer la poste radio les dimanches après-midi et j'écoutais avec beacoup d'attention. Puis je prennais mon magnétophone et avec l'aide de tout genre d'objet je m'amusais à faire des bruits bizarres.
Mes amies qui avaient de piano à la maison fermaient les salles à clef, car elles savaient qu'à mon avis il n'y avait aucun jouet ou poupée plus belle qu'un clavier Évidemment je dérangeais les intestins de l'instrument et je ne jouais avec des pianos que chez Cristine, dont la mère n'approchait plus le piano et il ne servait qu'à décorer un mur (comme les livres des collections de classiques dont j'ai emprunté plusieurs volumes quand on était voisines).
Quand j'ai entendu (et vu) le Pierrot Lunaire, je n'ai eu de repos qu'après trouver le, à l'époque encore, vinil. Une sorte d'extase grave m'a prise.
Depuis j'ai fait beaucoup de progrès à ma façon autodidate et curieuse j'entends parler, je lis à propos, je cherche sans repos, je trouve, j'écoute et je garde soigneusement
Je collectionne tout ce qui me tombe sous les mains de musique contemporaine. Mon mari comprend mieux que moi les aspects techniques des choses, mais il n'aime pas.
L'opéra mon père détestait. Le ballet il ne faisait cas, moi je rêvais de ballet et piano... Mais ces choses étaient vraiment chères pour lui à l'époque et après ce n'était plus l'âge.
Un jour j'ai décidé qu'il me fallait aller à l'opéra. On donnait La Bohème au Théâtre Municipal de Rio, et l'on parlait beacoup de bien dans le journal. J'ai tourmenté mon père pour compléter ce que j'avais et pouvoir payer le billet et j'ai passé des moments de pur bonheur. Sans rien connaître de l'opéra que le résumé de l'histoire.
L'opéra est un spectacle impressionant. Comme les grands ballets, on se sent Kaspar Hauser (au moins moi je me sens) devant les décors, les chanteurs, les ballets, la musique. J'aime Verdi, c'est un incroyable équilibre. Un micron en plus, ça tomberait dans le plus effroyable feuilleton méxicain. Mais j'aime aussi l'opéra contemporain, l'autre jour j'ai passé des heures enrageant devant l'ordi en regardant Lulu de Alban Berg dans une espèce de Youtube moins performant. J'avais des crises de rage. Mais c'est merveilleux! Une journée presque entière comme ça...
Bon, je file, songeant a tous ces bonheurs. Comme disait, plus au moins, le Kreisler de Hoffmann, il n'est pas forcément nécessaire qu'on comprenne ce que c'est les rubatos, ou si mineur ou majeur pour qu'on s'émouve, qu'on se laisse attraper par la musique. Comme les rats de Kafka, on ne sait pas très bien ce que Josephine fait, mais quand elle lève ses petits bras vers le ciel et son petit museau aussi, on se laisse conduire comme des enfants...

Beau témoignage Amapola! J'avais l'impression en te lisant de rentrer dans un roman dont j'aurais aimé connaitre la suite! Et cette suite pourrait nous permettre de découvrir tes coups de coeur en matière d'opéra et de musique contemporaine...

Tu as déjà évoqué Schoenberg et Berg et ça me fait penser que Lulu est malheureusement beaucoup moins souvent monté que Wozzeck.

Un extrait: Lulu

Citation :

Pour créer l'histoire, Berg a combiné deux pièces de Frank Wedekind qui avaient été interdites en Allemagne (« La boîte de Pandore (die Büchse der Pandora) » et « L'esprit de la terre (Erdgeist) »). Lulu décrit l'ascension sociale d'une femme jusqu'au meurtre de celui qu'elle dit avoir le plus aimé, puis sa chute pour devenir finalement prostituée et mourir. Les personnages sont symétriques, et la forme, musicale, est une forme en arche, et basée sur des séries dodécaphoniques. Le centre de l'arche est constituée par la musique de film qui suit la mort de Schön. L'opéra commence par la présentation de la ménagerie par le dompteur. Chaque animal de la ménagerie est représenté par une série dérivée de la série originelle, qui reviendra comme un leitmotiv wagnérien de l'œuvre, et symbolise un de ses amants. À ses trois premiers amants : le Médecin, le Peintre, le Docteur Schön, correspondent ses trois derniers clients : le Professeur (même motif que pour le Médecin), le Nègre, et Jack l'éventreur (joués par les mêmes chanteurs). Lulu représente la femme fatale, poussée par les hommes à se comporter en meurtrière. Autour d'elle gravitent puis meurent des hommes, et même une lesbienne, la comtesse von Geschwitz qui tombera sous son charme jusqu'à attraper le choléra pour la sauver.

P.S. Je ne connais pas Castelnuovo Tedesco... Tu peux nous en dire plus?

Bon, les vies de tout un chacun donneraient de superbes romans, je crois... c'est le regard que l'on pose sur vies qui les rend plus ou moins intéressantes. Je ne sais bien ce que je veux dire, ce n'est pas exactement ça, mais en ce moment c'est le plus approchant de ce que je ressens.
Berg est génial. Wozzeck je suppose profite aussi du prestige de Woyzeck. Et peut-être le sujet la rend moins "difficile" (pas à chanter, ils font des acrobaties sonores, desfois on perd le souffle juste en songeant comment ils vont s'en tirer...)
Mario Castelnuovo-Tedesco, il y a ces trois bios, qui se complètent:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mario_Castelnuovo-Tedesco
http://en.wikipedia.org/wiki/Mario_Castelnuovo-Tedesco
Elles sont légèrement différentes les deux.
Et cette autre: http://www.composerjohnbeal.com/Mario.html

Et ici c'est mon préferé de lui, la première chose que j'ai entendue de lui, j'avais, euh... Pas plus 9/10 ans. J'ignore où est disparu le vinil de mon père, mais grâce à la web j'ai trouvé un mp3 avec lui.
C'est beau, si beau! C'est le premier mouvement, les autres sont là, il suffit de suivre
https://www.youtube.com/watch?v=Y4oLUQ0_g5E

Amapola a écrit:

Berg est génial.

Mario Castelnuovo-Tedesco, il y a ces trois bios, qui se complètent.
C'est beau, si beau! C'est le premier mouvement, les autres sont là, il suffit de suivre
https://www.youtube.com/watch?v=Y4oLUQ0_g5E

Merci pour les infos. Je prendrai le temps d'écouter ces extraits.

Pour Berg je partage ton qualificatif! Sa musique est géniale et incroyablement belle surtout! Il faudra développer un fil sur lui, d'autant plus que quelques parfumés vont voir Wozzeck en septembre.

Alban Berg avant le dodécaphonisme: Seven early songs par Renée Fleming: "Nacht" , Traumgekrönt (presque straussien), et ma préférée: Liebesode

Si vous aimez n'hésitez pas à acheter ce disque avec en plus une magnifique version de la 4e symphonie de Mahler avec soprano par Abbado:



et le début de la période dodécaphonique (la série de 12 sons apparait mais il ne renoncera jamais complètement à la tonalité):

Altenberg lieder toujours par Abbado et Fleming. Magique!

en disque vous pouvez prendre celui-ci avec la suite tirée de l'opéra Lulu qui est une de ses plus belles compositions:

Marko a écrit:

Amapola a écrit:

Berg est génial.

Mario Castelnuovo-Tedesco, il y a ces trois bios, qui se complètent.
C'est beau, si beau! C'est le premier mouvement, les autres sont là, il suffit de suivre
https://www.youtube.com/watch?v=Y4oLUQ0_g5E

Merci pour les infos. Je prendrai le temps d'écouter ces extraits.

Pour Berg je partage ton qualificatif! Sa musique est géniale et incroyablement belle surtout! Il faudra développer un fil sur lui, d'autant plus que quelques parfumés vont voir Wozzeck en septembre.

Alban Berg avant le dodécaphonisme: Seven early songs par Renée Fleming: "Nacht" , Traumgekrönt (presque straussien), et ma préférée: Liebesode

Si vous aimez n'hésitez pas à acheter ce disque avec en plus une magnifique version de la 4e symphonie de Mahler avec soprano par Abbado:



et le début de la période dodécaphonique (la série de 12 sons apparait mais il ne renoncera jamais complètement à la tonalité):

Altenberg lieder toujours par Abbado et Fleming. Magique!

en disque vous pouvez prendre celui-ci avec la suite tirée de l'opéra Lulu qui est une de ses plus belles compositions:

J'ai un problème avec Mahler. C'est comme les échecs, tout le monde a essayé de me faire apprendre à les jouer, mais il est plus probable que je me consacre au foot. Mahler c'est la même chose. Pour ne dire qu'il n'existe pas pour moi, j'aime vraiment la 9e avec Sinopoli. Mon mari, adorateur de Mahler devant l'Éternel et absolument voué au culte de Bruno, me dit qu'il est impossible ne pas aimer Le chants de la Terre et il m'offre une série d'enregistrements à entendre. Impossible, je m'efforce, mais c'est comme je veux le faire entendre Schnittke. Il y a une incompabilité profonde entre Mahler et moi. Les petites chansons de Alma, parcontre, sont gracieuses.
Mais Berg dans le même CD le fait un CD un objet de désir
Lulu j'ai un cd avec la suite dont la couverture est illustrée avec ce Schiele . Je crois que c'est le même enregistrement, car si la mémoire me sert correctement, c'est un DG aussi.
Actuellement j'écoute, dès que j'ai un moment libre (c'est rare mais je m'efforce) Steve Reich. C'est ... ??? ... j'aime. Le problème avec la musique contemporaine c'est qu'il manque les mots pour la dire. On ne peut dire "c'est beau" comme quand on parle de je ne sais pas... Vivaldi, Haendel, que sais-je... Ce n'est pas ce genre de beauté. C'est ce genre de beauté... puisque la page était ouverte...
Je file... j'ai Taipi à attaquer, trop de temps passé aujourd'hui entre la cuisine et la machine à laver, profitant la chaleur et l'épouvantable secheresse de l'air. Et il me faut rentrer l'oiseau et recueillir le linge, avant que les araignées ne s'y établissent... soupir...

J'adore les pages orchestrales de Gluck ; il exprime par exemple la furie avec un génie qui me transporte. J'ai eu la chance d'entendre cet air joué par Minkovski, dans une salle de concert. C'est très impressionnant. Personnellement, si j'avais pu réécrire l'histoire de la musique, outre que j'aurais fait vivre Purcell 100 ans, et tué Puccini au berceau, j'aurais fait en sorte que Gluck écrive des symphonies plus que des opéras. Car ces derniers ne tiennent pas toujours les promesses des ouvertures. Enfin même quand c'est un peu fade et faible, le style de Gluck est irremplaçable.

Mais ce qui m'étonne, c'est tout de même le fameux air J'ai perdu mon Eurydice . La musique est tellement en deça de ce qu'elle devrait exprimer, tellement fade, à côté, presque guillerette (malgré ici les pathétiques efforts de la chanteuse), que je n'en éprouve presque aucune émotion. Cela dit, c'est bien fait, cela peut se chantonner, c'est agréable. Mais où est la douleur?

Lucretius a écrit:

J'adore les pages orchestrales de Gluck . J'ai eu la chance d'entendre cet air joué par Minkovski, dans une salle de concert. C'est très impressionnant.
Mais ce qui m'étonne, c'est tout de même le fameux air J'ai perdu mon Eurydice . La musique est tellement en deça de ce qu'elle devrait exprimer, tellement fade, à côté, presque guillerette (malgré ici les pathétiques efforts de la chanteuse), que je n'en éprouve presque aucune émotion. Cela dit, c'est bien fait, cela peut se chantonner, c'est agréable. Mais où est la douleur?

C'est vrai que le concert apporte quelque chose d'irremplacable dans certains cas, avec un chef comme Minkowski et danc ce genre de musique c'est évident. Moi aussi cela m'a laissé un souvenir inoubliable.

En ce qui concerne l'air J'ai perdu mon Eurydice, je crois que les expressions de sentiments, quoiqu'on en pense ont un aspect très culturel, chaque culture a une autre idée de la façon dont on exprime ces choses-là, et Gluck traduit tout simplement l'idée que l'on s'en faisait à son époque. Evidemment, c'est très différent maintenant, et cela peut nous decevoir, nous paraître faux, mais je crois qu'il faut le prendre tel quel, et ne pas y chercher ce que l'on ne pourra y trouver.

Pourtant, même par rapport aux conventions de l'époque, cet air normalement de déploration me parait en deçà de ce qu'il pourrait être (pourquoi la tonalité majeure d'abord?). Et la douleur est dite très doucement, sans aucune explosion, c'est à peine plaintif, plus doux que douloureux. On dirait ici que le sens de la retenue l'a trop... retenu.

C'est Schiele aussi, Amapola, la deuxième illustration?

Citation :

Cela dit, c'est bien fait, cela peut se chantonner, c'est agréable.

Ne m'en parle pas, je vais chanter cela toute la journée..