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| Et si vous alliez à l'opéra? | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Mer 10 Mar 2010 - 0:56 | |
| - Marko a écrit:
- coline a écrit:
- e trouvais aussi les dialogues quelque peu indigents...
Non les dialogues ne sont pas indigents. Le public de l'époque avait aussi très mal réagi (beaucoup de ricanements, des sifflets...) mais c'est une oeuvre symboliste et tout est métaphorique. Chaque phrase renvoie à des choses beaucoup plus souterraines. Elles sont répétés en écho d'ailleurs assez souvent. Il ne faut surtout pas les prendre au premier degré. C'est le style de Maeterlinck et c'est intéressant de chercher à en décrypter le sens (à condition d'aimer le symbolisme). Eh bien moi je n'étais capable que de saisir le premier degré et ces dialogues m'ont paru pauvres en effet... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Mer 10 Mar 2010 - 0:56 | |
| - coline a écrit:
Eh bien moi je n'étais capable que de saisir le premier degré et ces dialogues m'ont paru pauvres en effet... C'est une oeuvre très dense et complexe qu'il faut voir et revoir. Et quelle musique! - Citation :
- En adaptant en 1902 la pièce de Maurice Maeterlinck à l’opéra, Claude Debussy prolonge la portée symbolique du texte. Le théâtre du dramaturge belge repose, en effet , sur le sens imagé des mots, sur leurs connotations et sur leur valeur sonore. Ainsi, le texte s’éloigne-t-il très vite de la simple anecdote pour atteindre une portée universelle. Dans « l’intruse », un autre de ses textes, il est question d’une famille confrontée à la mort, dont la personnification accentue la charge de mystère. « Pelleas et Melisande » est une forêt de symboles qui convergent vers un univers très intériorisé, mystérieux et poétique. Ainsi, la rencontre avec Mélisande égarée dans la forêt, la visite de Pelleas à l’ami malade, la chevelure, la tour, la fontaine des aveugles ou les mendiants, sont-ils des représentations d’un voyage intérieur et initiatique. La partition de Debussy accentue le mystère et les interludes, d’une pénétrante beauté, sont les échos troublants et impressionnistes de ce jeu de métaphores. Parmi ces impressions, il y a des formules qui touchent profondément. « Ouvrez la fenêtre », prononcé dans un ineffable murmure par Mélisande, au seuil de la mort, trouve un émouvant prolongement dans cette phrase, où l’on croit voir un tableau de Monet, « c’est le soleil qui se couche sur la mer », sur des accords d’une impalpable douceur. Les figures, assez proches d’allégories, n’ont pas d’épaisseur psychologique. Dessiner les trajectoires de ces êtres elliptiques et stylisés peut s’avérer un casse-tête pour un metteur en scène. Comment représenter ce qui est de l’ordre du poétique ? Comment atteindre cette déréalité et quelle place accorder au réalisme ?
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Mer 10 Mar 2010 - 14:57 | |
| Parmi les nombreuses lectures et interprétations de Pelléas et Mélisande (de Lacan à Jankélévitch), j'aime tout particulièrement un court texte de Julia Kristeva: Pelléas et Mélisande, une mélancolie sonore. Voici quelques extraits comme autant de pistes pour aborder cette oeuvre: Imaginons un spectateur ou spectatrice de Pelléas et Mélisande aujourd'hui: ils trouvent franchement rétro, et même ridicules, ces amours mélancoliques, ces chevelures éthérées, cette musique qui parle plutôt qu'elle ne chante un vaudeville bourgeois démodé, où le baryton aime la soprano, qui aime le ténor, lequel l'aime aussi, mais sans happy end. Au mieux, ou au pire, notre spectateur branché, dans ce siècle hard, écouterait cet opéra comme une pièce de musée, ou peut-être ne l'écouterait-il pas du tout. Peut-être ne se mêlera-t-il jamais au public des représentations de cette pièce musicale aussi célèbre qu'éternelle. Puisqu'une part de moi-même a tendance à les comprendre, à les comprendre même trop bien, ces spectateurs récalcitrants, j'essaierai, avec l'autre part, de me faire l'avocate du diable, et je m'efforcerai de convaincre nos opposants imaginaires que cet opéra fin de siècle est le témoignage exquis d'une sensibilité universelle. Que cette "micromusique" est au croisement de la parole quotidienne et du silence dépressif, de la passion meurtrière et de l'impersonnelle innocence. Qu'elle parvient à saisir ce "presque rien" qui fait le mystère de l'âme humaine et le charme de l'état amoureux, et qu'elle réussit même à le transmettre au-delà de la couleur locale et des modes dix-neuvièmistes. Sacre de l'impossible, du destin brisé et de l'inaccessible féminin dans un univers qui s'engloutit et qui habite... tout le monde, nous sommes en Allemonde.
Métaphore de la dépression, Allemonde ne vibre que d'un seul mystère, létal, celui du féminin. Mais un féminin lui aussi morbide, méconnaissable, à tout jamais étranger et promis à la mort. Mélisande est une Bovary astrale, l'inquiétante étrangeté de la mélancolie faite femme.
Dans ce monde de reflets et de doubles, les tours médiévales et les moeurs chevaleresques d'Arkel et de ses petits-fils, Golaud et Pelléas, se coulent bien vite dans les moeurs bourgeoises d'une jalousie des plus ordinaires entre frères. La hauteur de l'aspiration amoureuse colore, certes, la passion, mais c'est le destin humain, "trop humain" de ces êtres "comme tout le monde", que met en scène Materlinck et que chante la musique "parlée" de Debussy. Un Moyen Age apprivoisé côtoie ainsi une fin de siècle hiératique: entre le banal et le sacré, l'amour du grand frère Golaud, pour tragique qu'il soit, demeure étriqué dans sa présentation de sagesse bourgeoise; tandis que la flamme de l'innocent Pelléas s'élève de la naïveté virginale de ceux qui mythifient La Femme pour atteindre à la pureté destinale de ceux qui ont osé affronter l'impossible.
Nous sommes dans l'univers des rêves plus que dans le monde des luttes diurnes, dans le hors-temps de l'inconscient plus que dans celui des guerres historiques, dans l'ambiguïté de la dépression plus que dans la dramaturgie des érotismes.
A propos des " doublets dépressifs": Nombreuses sont les figures de ces doubles, de ces échos que Debussy, après Mallarmé, reprend de Maeterlinck et orchestre avec si grand soin. Pour commencer, c'est l'espace de l'oeuvre qui s'en trouve ainsi constitué: tour du château vs profondeur des eaux, sombres forêts vs étincellement des étangs, eaux stagnantes vs eaux du large, ceux qui restent vs ceux qui partent, etc...: le haut et le bas, le proche et le lointain se conjuguent, s'opposent, s'entremêlent.
Plusieurs répliques, ainsi que leur traitement musical, obéissent à la même logique du dédoublement. Nous avons tous dans les oreilles des séries d'échos. Quel en est le sens? Confondre les paroles et les protagonistes, suggérer leur similitude à travers leurs différences, leurs conflits, leurs mortelles passions? Sans doute. Mais aussi brouiller le sens, imprégner l'auditeur, le lecteur, le spectateur de ce sentiment d'inconnaissable qui baigne la pièce comme la fin du siècle. "Il me semble cependant que je sais quelque chose" exprime Mélisande avant de rectifier aussitôt: "Je ne sais pas ce que je sais." Dans cet univers d'aveugles et d'aveuglements, ils se cherchent des yeux mais se perdent ou craignent de se perdre, glissant sans cesse de la nuit à la lumière: "Ils pleurent toujours dans l'obscurité".
Plus subjectivement encore, ces doublets, ces échos, ces interférences à la fois logiques et sonores trahissent les incertitudes d'un moi déprimé. Sans frontières stables, le mélancolique fait refluer sur lui-même la haine inconsciente qu'il nourrit pour l'autre, en raison de telle blessure, de telle trahison; il ne projette pas une attaque mais redouble en lui-même la parole blessante de l'autre - simultanément aimé et haï. Et c'est cette ambiguïté qui le bloque, qui l'inhibe, qui l'endolorit, qui l'empêche d'agir autrement que par la plainte spasmée de la douleur et du sanglot. "L'ombre de l'objet est tombée sur le moi" du déprimé, avait diagnostiqué Freud. L'ombre de Mélisande est tombée sur Golaud, et de Golaud sur Mélisande, et de Pelléas sur Mélisande, et de Mélisande sur Pelléas...
Etc... Ele aborde ensuite la symbolique du " corps-chevelure" de Mélisande: Symbole corporel et psychique donc, mais dépassant largement la finitude et la rigidité de la souffrance de la mélancolie, la chevelure en est cependant infiltrée; mais elle la transcende. A la jonction des éléments aquatique et solide, chair évanescente et sublimée jusqu'à l'inanimé, lumière solidifiée qui s'adresse autant au regard qu'au toucher et à l'ouïe, cette clarté substantifiée et bruissante, ce parfum incarné est le seul médium où se réalise la rencontre, mieux l'alchimie des contraires. Et des amants. Les oppositions qui fissurent Allemonde et l'univers mélancolique et l'habitant d'une fin de siècle en crise: s'arracher aux identités, habiter les carrefours, se loger à la frontière du corps et de l'esprit, du sacré et du profane.
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| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Sam 13 Mar 2010 - 8:46 | |
| Ce soir L'or du Rhin, première partie de la Tétralogie | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Sam 13 Mar 2010 - 10:40 | |
| - Arabella a écrit:
- Ce soir L'or du Rhin, première partie de la Tétralogie
Raconte après!!! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Sam 13 Mar 2010 - 13:47 | |
| Evidemment | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Dim 14 Mar 2010 - 19:36 | |
| Après L'or du Rhin cette semaine, samedi prochain c'est Faust de Philippe Fénelon | |
| | | Clemence Envolée postale
Messages : 111 Inscription le : 26/02/2010 Localisation : Haut Var
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Dim 14 Mar 2010 - 20:04 | |
| Peut-être hors sujet.... moi, j'ai un plaisir fou à assister au cinéma, sur écran géant, les retransmissions des opéras joués au MET de New-York. Je sais, ça ne vaut pas le véritable opéra mais....c'est déjà ça!
Clem | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Dim 14 Mar 2010 - 20:08 | |
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| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Dim 14 Mar 2010 - 20:09 | |
| - Citation :
- Peut-être hors sujet.... moi, j'ai un plaisir fou à assister au cinéma, sur écran géant, les retransmissions des opéras joués au MET de New-York.
Je sais, ça ne vaut pas le véritable opéra mais....c'est déjà ça! Pas du tout hors sujet! Clémence, il y a un fil ici | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Dim 14 Mar 2010 - 20:10 | |
| Ah, Arabella a été plus rapide | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Lun 15 Mar 2010 - 21:13 | |
| Les spectacles de la nouvelle saison à l'Opéra de Paris, les nouvelles production en rouge : LE VAISSEAU FANTÔME RICHARD WAGNER OPÉRA BASTILLE L'ITALIENNE À ALGER GIOACCHINO ROSSINI PALAIS GARNIER EUGÈNE ONÉGUINE PIOTR ILYITCH TCHAIKOVSKI OPÉRA BASTILLE LE TRIPTYQUE GIACOMO PUCCINI OPÉRA BASTILLELES NOCES DE FIGARO WOLFGANG AMADEUS MOZART OPÉRA BASTILLE MATHIS LE PEINTRE PAUL HINDEMITH OPÉRA BASTILLELA FIANCÉE VENDUE BEDRICH SMETANA PALAIS GARNIER ARIANE À NAXOS RICHARD STRAUSS OPÉRA BASTILLE MADAME BUTTERFLY GIACOMO PUCCINI OPÉRA BASTILLE GIULIO CESARE GEORG FRIEDRICH HAENDEL PALAIS GARNIERFRANCESCA DA RIMINI RICCARDO ZANDONAI OPÉRA BASTILLE SIEGFRIED RICHARD WAGNER OPÉRA BASTILLELUISA MILLER GIUSEPPE VERDI OPÉRA BASTILLE KÁTIA KABANOVÁ LEOS JANACEK PALAIS GARNIER AKHMATOVA BRUNO MANTOVANI OPÉRA BASTILLE TOSCA GIACOMO PUCCINI OPÉRA BASTILLE LE CRÉPUSCULE DES DIEUX RICHARD WAGNER OPÉRA BASTILLE OTELLO GIUSEPPE VERDI OPÉRA BASTILLE COSÌ FAN TUTTE WOLFGANG AMADEUS MOZART PALAIS GARNIER Un peu décevant je trouve, beaucoup de très très vieilles production (Les noces de Strehler...), et des nouveauté guerre excitantes, enfin celui que je ne manquerait pas est Mathis le peintre avec Matthias Goerne dans le rôle titre | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Lun 15 Mar 2010 - 21:43 | |
| - Arabella a écrit:
- Un peu décevant je trouve, beaucoup de très très vieilles production (Les noces de Strehler...), et des nouveauté guerre excitantes, enfin celui que je ne manquerait pas est Mathis le peintre avec Matthias Goerne dans le rôle titre
Idem pour moi! Et j'y ajouterai Katia Kabanova de Janacek que j'adore mais pas encore vu sur scène. Je suis aussi curieux de voir ce que va faire Mantovani. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Lun 15 Mar 2010 - 22:15 | |
| - Marko a écrit:
Idem pour moi! Et j'y ajouterai Katia Kabanova de Janacek que j'adore mais pas encore vu sur scène. Je suis aussi curieux de voir ce que va faire Mantovani. Pour Katia c'est la reprise d'une ancienne mise en scène que j'ai déjà vu, pas mal du tout d'ailleurs. Je savais bien que Mantovani allait te tenter aussi. Pourquoi pas... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? Dim 21 Mar 2010 - 17:14 | |
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| Sujet: Re: Et si vous alliez à l'opéra? | |
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