Et si vous alliez à l'opéra?

Arabella a écrit:

Onuphrius a écrit:

Une amie m'a dit : "quand on tombe dans l'opéra, on n'en sort plus". C'est exact.

100% d'accord. Une fois que l'on est entré dedans, on a en permanence besoin de sa dose. Et donc ce soir, ce sera Mathis le peintre de Hindemith pour moi. J'espère que ce sera un beau spectacle.

Bon spectacle!

Merci Marko.

Il a été excellent. Peut être un petit commentaire si j'ai le courage.

Marko a écrit:

Pour me consoler d'avoir manqué Die Soldaten de Zimmermann à Amsterdam je me suis procuré ce DVD qu'il me reste à découvrir...

"Ce qui m'a enthousiasmé dans cette pièce de Lenz, ce n'est pas tant le drame de classe, l'aspect sociologique ou la critique sociale que la pièce contient de manière évidente et, à sa manière, grandiose, mais le fait qu'ici, dans une situation exemplaire, moins conditionnée par le destin que par la constellation fatale des caractères et des situations telles qu'elles sont, des gens comme nous pouvons en rencontrer à n'importe quelle époque et à n'importe quel jour, au fond innocents, sont anéantis" Bernd Aloïs Zimmermann.

Quel choc sonore! Cet opéra créé en 1965 et inspiré d'une pièce de Jakob Lenz est directement dans le prolongement du Wozzeck d'Alban Berg (et de Lulu). Büchner, l'auteur de Woyzeck, ayant d'ailleurs également écrit une nouvelle sur la vie de Jakob Lenz qui a inspiré à son tour un autre compositeur contemporain célèbre: Wolfgang Rihm.

On retrouve la même vision d'un monde violemment chaotique et expressionniste où les personnages semblent être des pantins grotesques, l'innocence pervertie, et le monde menacé par la guerre et la technique. Une jeune femme délaisse son amant, un drapier, pour suivre un officier d'origine noble (promesse d'ascension sociale) qui l'abandonne à son tour. Elle se met alors à multiplier les aventures avec d'autres militaires jusqu'à se prostituer malgré les mises en garde de son père. Elle finit mendiante et son père ne la reconnait même plus.

D'une atonalité pour le moins radicale, Die Soldaten dégage malgré tout une étrange beauté très impressionnante. Il y associe des réminiscences de jazz, de chant grégorien, de musique classique (Bach notamment). C'est un véritable cauchemar qui explore les obsessions de Zimmermann pour une conception sphérique du temps. C'est aussi un spectacle "total" qui associe opéra, ballet, pantomime, cinéma... Le début du 4e acte propose même 9 actions simultanées dont certaines sont projetées sur des écrans. Comme pour la musique, présent, passé et futur peuvent coexister en même temps.

Citation :

S'inspirant du livre XI des Confessions de Saint Augustin, il oppose le temps mesurable des horloges et le temps subjectif de notre conscience intérieure, où les différences entre passé, présent et avenir s'annulent, puisque nous pouvons tout à la fois nous souvenir, nous abandonner aux sensations du présent et nous projeter dans le futur. Hanté par l'impossibilité où nous sommes d'appréhender le temps sous ces deux formes à la fois, il a pensé que la musique , art du temps, pouvait lui permettre de résoudre cette aporie en faisant résonner simultanément les trois dimensions du temps. Concrètement, il compose en superposant des strates temporelles ayant chacune leur propre vitesse de déroulement ("temps" étant pris au sens de "tempo") et des citations de musique provenant de différentes époques ("temps" au sens de période historique). Les œuvres les plus représentatives de l'esthétique pluraliste sont l'opéra Les Soldats (1965), la truculente Musique pour les soupers du roi Ubu, composée uniquement de citations, et le Requiem pour un jeune poète (1967-1969), œuvre tout à la fois musicale, littéraire, politique et philosophique.

( Source: Wikipedia)

Le DVD en lui-même est la seule version disponible de l'opéra en vidéo. Je ne suis pas très séduit par ce bloc de décor assez laid mais la mise en scène rend efficacement le côté mécanique et absurde des situations et des personnages. Pour l'orchestration je n'ai pas assez d'éléments de référence mais le résultat me semble convainquant. Ne reste plus qu'à voir ce monument sur scène!

L'ouverture chaotique et "mécanique" de l'opéra

Il était l'interprète idéal du Château de Barbe Bleue de Bela Bartok (parmi d'autres rôles marquants), Laszlo Polgar est décédé le 19 septembre dernier. J'ai trouvé cet extrait qui donne une petite idée de la beauté de cette musique (qui est sans doute mon opéra préféré).

Marko a écrit:

Il était l'interprète idéal du Château de Barbe Bleue de Bela Bartok (parmi d'autres rôles marquants), Laszlo Polgar est décédé le 19 septembre dernier. J'ai trouvé cet extrait qui donne une petite idée de la beauté de cette musique (qui est sans doute mon opéra préféré).

Là, je te comprends tout à fait car j'aime aussi énormément la musique de Béla Bartók - sans aller jusqu'à faire du Château de Barbe-Bleu mon opéra favori

Orientale a écrit:

Je ne sais pas si vous aimez tous les compositeurs slaves...

Voila l'ouverture de Colas Breugnon de Kabalevsky:

Je connais peu Kabalevsky dont je n'ai qu'un disque avec le 1er concerto pour piano dont j'aime bien le 1e mouvement qui rappelle Rachmaninov. J'ai vu que la discographie est importante avec 4 concertos pour piano, des concertos pour violon, violoncelle... et pas mal de musiques de films aussi. A découvrir...

Lundi soir sur Arte à 22h30 Le Rossignol et autres fables de Stravinsky... A ne pas manquer!

J'y suis allée Jeudi 16 décembre, j'ai été voir Cadmus et Hermione de Lully.
J'ai eu beaucoup de mal a comprendre l'histoire, qui était les personnages... Mais c'était tellement féérique que je ne peux critiquer méchamment !

Vous avez de la chance de pouvoir aller à l'Opéra régulièrement, j'habite la province et c'est plus dur. C'est pour ça des fois je fais des week-end parisien. J'y pars demain

j'y étais hier soir, à l'opéra pour la veuve joyeuse.....
j'ai dormi les 3/4 du premier acte.......et je suis rentrée chez moi...pour retrouver un bon livre.
L'année prochaine, je revends illico ma place pour l'opérette. Elles sont toutes aussi creuses

Je suis particulièrement impatient de découvrir le 1er Février à Bruxelles une version très attendue de Parsifal de Wagner par un metteur en scène qui m'intéresse beaucoup, Romeo Castellucci. Son travail est souvent à la fois moderne, puissant, et très graphique. Hartmut Haenchen dirige et je sens que ça va décoller! Le spectacle durera-t-il 3h40 ou 4h50? (Suivant la direction on obtient des écarts très conséquents!). Je suis prêt à l'embarquement

Egalement l'occasion de compléter ma lecture récente du roman de Julien Gracq Le Château d'Argol (commentaire à suivre) qui en est une variation.

Citation :

Oeuvre étrange, énigmatique que ce Parsifal. Wagner voulut-il à la fin de sa vie célébrer l’ascèse qu’il n’avait lui-même jamais pratiquée ? Tombat- il à genoux devant la Croix, comme l’allégua Nietzsche ? Et que signifie cette société secrète de chevaliers fondée sur la pureté du sang, qui attend désespérément le sauveur qui la régénérera ? Quelle est la réelle nature de l’opposition entre les mondes de Klingsor et du Graal ? Que peut nous dire aujourd’hui Parsifal ? Dans son testament artistique, Wagner condense sa conception morale du monde et revient aux racines de l’amour et de la religion – au coeur même de l’art selon lui. Avec le concours du chef d’orchestre Hartmut Haenchen, passionnément épris de la partition, le metteur en scène italien Romeo Castellucci propose une lecture originale de cette oeuvre de génie et explore sous un jour nouveau l’essence de la « Kunstreligion » wagnérienne.

Un petit extrait quand même (le final) ... Avec les images de Fantasia.

En ce moment à Nancy

J'aimerais beaucoup vous dire du bien de Francesca da Rimini de Zandonai. Mais je suis sortie de la représentation en me disant que si c'était oublié, il y avait vraiment de très bonnes raisons pour ça. Il y avait une inspiration wagnérienne, mais c'est à 100. 000 lieux du Tristan. Les décors et l'esthétique de la mise en scène se situaient entre le moyen âge de Viollet Leduc (en plus chargé) et l'art pompier du XIX. Et la salle était remplie du fan club de Roberto Alagna, composé de dames du troisième (voir du quatrième âge) qui ne s'intéressait qu'aux passages du divo. Et entre temps échangeait sur ses passages suivants. J'ai ainsi appris que la prochaine prestation de Roberto se passera au Danemark, et qu'il restait des places.

Mais c'était très bien chanté, vraiment par tous. Et puis j'ai vu une rareté. Sans doute pour la seule fois dans ma vie.