Souvenir, souvenirs

Je me souviens du jour où mon grand-père est mort alors que j’avais quatre ans et demi. C’était la première mort d’une personne que j’assistais, et à l’époque je ne savais pas ce que veut dire mourir…Quand j’ai cherché à savoir qu’est-il arrivé à grand-père, une des personne présentes me répondit après beaucoup d’hésitation « Dieu a pris son âme, et sans âme le corps ne vit plus ». Je me rappelais que mon père m’avait déjà donné une petite leçon sur l’âme humaine, -quelque chose qui appartient à Dieu, et qu’on ne peut pas concevoir, comme un souffle qui habitait en nous, enfin c’était presque ça, car je m’en souvenais vaguement. Alors je lui ai dit « Et quand est-ce que Dieu prend notre âme ? » ; elle rétorqua « Quand ?... C’est souvent la nuit quand on dort ». Je pense qu’elle a dit ça pour que je ne m’inquiète pas, pour que je n’y pense pas durant la journée, pour que quand je serai au lit, je n’aurai plus le temps d’y songer.

Mais ce qui se produisit, c’est que depuis ce jour, je m’endormais effarée ! Et très péniblement. J’avais peur de mourir…Je me souviens que je fermais les yeux, et puis je les rouvrais pour voir si j’allais mourir ! Cette idée devint l’obsession de mes nuits. Après quelques temps, je ne me rappelle plus comment, cette peur se dissipa, et j’arrivais à dormir plus facilement ; comme si j’avais oubliais tout cette histoire…

Il y a environ un an, alors qu’on assistait à la mort d’une tante ; ma petite cousine de cinq ans, me demanda qu’est-il arrivé à notre tante. Je la regardai troublée, car je ne m’étais jamais mise dans une situation pareille, et je me suis rendue compte comme le temps passe trop vite…Je savais que ce que j’allais dire à la fillette pourrait la tourmenter. Mais je ne voulais pas qu’elle s’abandonne à la terreur. Alors en réfléchissant un peu, Je n’avais pas trouvé mieux que cette réponse « Chaque chose a son temps, quand tu seras un peu plus grande je t’expliquerai ce qu’est arrivé à notre tante ». Et s’est en allée jouer avec ses copines oubliant peu après ce qui s'est passé. J’étais soulagée qu’elle n’ait pas trop insisté.

Je me souviens que dans le quartier de mon enfance, il y avait un homme
vieux, grand et maigre.
On le voyait souvent jardiner et, avec sa barbiche, il me faisait penser à
Don Quichotte, tel qu' on l' imagine.
Mais mon père l' avait déjà surnommé l' étroit mousquetaire !
Un jeu de mots qu' il avait déniché sans dans l' Almanach Vermot, un vrai trésor pour les amateurs de jeux de mots et d' à peu près verbaux !

Quand j' étais gamin, les vieux appelaient les cyclos et autres mobylettes,
pétrolettes !

Ce qui à mon avis définissait bien "le bruit et l' odeur" de ces engins !

J' ai connu à la BU de Toulouse une femme sensible et drole, mais très angoissée.
On l' appelait Meri parce que son prénom véritable c 'était America !
Elle était native de Valencia en Espagne, et il y eut une époque en Espagne où les parents, laiques et parfois anars, nommaient leurs filles America, Libertad, etc.

C' était peut etre difficile à porter, mais à la réflexion, pas plus que Pilar
(abréviation de Virgen del Pilar) et autres prénoms recommandés par
l' Eglise Catholique romaine.

Meri avait l' habitude de nous raconter des histoires droles et elle avait beaucoup de talent pour cela.
Elle avait été la première femme à oser des porter des jeans, et moi,
j' étais le seul bibliothécaire à porter ou des jeans ou des pantalons en velours.
Jamais de costars.
Il faut dire que le Directeur était vraiment un tyran qu' on a peine à imaginer. Et je l' avais baptisé Père Ubu !
Ce directeur-là avait un faible prononcé pour Merri, ce qui la mettait
très mal à l' aise...
Il lui offrait la plus récente machine à écrire et le siège qui allait avec,
et il venait parfois lui rendre visite quand il croyait qu' elle était seule
dans le bureau.
Mais bon je parlerai peut etre ailleurs de lui.

Meri avait un autre don, celui de raconter ses reves et elle revait
tout le temps.
Elle s' en souvenait au point de nous les raconter dans tous ses
détails.
Ses reves reflétaient la plupart du temps ses angoisses diurnes.
Je me souviens qu' une fois, elle avait revé qu' elle roulait dans sa voiture avec sa fille, une gamine de 10 ans.
La voture se rétrécissait sur elles et menaçait de les étouffer...

Une autre fois elle avait revé qu' elle faisait de la plongée sous marine.
Elle en faisait aussi dans la vie.
Elle nageait avec un grand plaisir dans l' eau transparente au milieu
des poissons.
Elle a eu tout d' un coup l' impression qu' il y avait quelqu' un derrière
elle, et en se retournant, elle entrevit un ours énorme..
Terrifiée, elle nagea vers le rivage et quand elle y fut, elle se retourna.
et qui vit elle derrière elle ? Le directeur de la Bibliothèque !

c'est encore les ours qui font les frais ?

Le directeur de la bibliothèque était-il très poilu?

Pas spécialement poilu. Mais grand, gros et gras, un Père Ubu, quoi !

Et puis beaucoup moins beau qu' un ours ou un panda !

Te voilà rassuré Animal ? !

ouf, soulagée Bix que tu précises

Et puis beaucoup moins beau qu' un ours ou un panda !

sinon ce n'était pas gentil pour l'ours

mais je suis comme elle je rêve souvent.

Un souvenir qui a ressurgi tout récemment.

Quand j'étais en 5e il y a eu une mode aussi éphémère que saugrenue, surtout chez les filles: avoir un "attaché-case" à la place d'un cartable tout con (ce n'était pas encore l'époque des Eastpak). C'était très bizarre de voir le collège plein de gamines à couettes et sweat-shirt rose se trimballant ces grosses mallettes Samsonite de cadres surmenés. Mais bon.


Bien sûr la fille la plus populaire de la classe, que nous nommerons C., avait été la première a en avoir un et une bonne partie des autres avait suivi. Pas moi car ma mère m'avait dit nonmaiscavapascestnimportequoi.
C. a paradé un moment avec mais un jour c'est le drame. Elle est dans le couloir avant un cours et veut prendre quelque chose dans l'Attaché Case qui fait sa fierté pour montrer à ses copines. Sauf qu'elle n'y arrive pas, la serrure est coincée de chez coincée.
Et là, un fou rire énorme, irrépressible me prend, de celui qui vous secoue des pieds à la tête, vous fait mal au côtes et aux tripes , vous fait ruisseler les joues de larmes. Et qui reprend de plus belle dès que vous essayez de le stopper.
Mais c'était si drôle de voir la Grande Prêtresse de la Mode des 5eA s'acharner sur ce truc obstinément fermé sous le regard consterné de ses courtisans. Ce regard qui se tourne sur moi, entre stupéfaction et dégoût. Et qui relance encore plus mon fou-rire.

Il va sans dire:
Que C. a du emprunter stylos, feuilles et livres pour le reste de la journée, avant que son père ne débloque la fameuse serrure le soir, probablement à la dynamite.
Que ma cote de popularité, déjà pas bien haute, a sombré dans les profondeurs et que je me suis fait battre froid par une bonne partie des filles de la classe jusqu'à la fin de l'année. Oui.
Qu'on ne se moque pas impunément de Dieu quand il n'arrive pas à ouvrir son Attaché Case.

J'adore ton histoire Nezumi
C'était une drôle de mode ça, elle a duré plus d'une année scolaire ?

Nezumi a écrit:

Que ma cote de popularité, déjà pas bien haute, a sombré dans les profondeurs et que je me suis fait battre froid par une bonne partie des filles de la classe jusqu'à la fin de l'année. Oui.
Qu'on ne se moque pas impunément de Dieu quand il n'arrive pas à ouvrir son Attaché Case.

très bon souvenir..
et non.. ces malettes n'étaient jamais trop à la mode chez nous.. ou en tout cas pas au moment ou j'allais à l'école..
pour moi c'était plutôt ce genre

mais surtout SANS le US.. mais aussi dans ce vert.. et en toile - on pouvait écrire dessus - les groupes qu'on aimait à ce moment là.. ou encore des graffitis (surtout contre l'armement de l'Europe par l'Amérique )

Epi a écrit:

C'était une drôle de mode ça, elle a duré plus d'une année scolaire ?

Non, je ne pense pas qu'elle ait vraiment duré (heureusement!). Après ça a été les fameux sacs US dont parle Kenavo (avec AC/DC et Scorpions écrit dessus au feutre) qui eux ne risquaient pas de se bloquer.

Nezumi a écrit:

Epi a écrit:

C'était une drôle de mode ça, elle a duré plus d'une année scolaire ?

Non, je ne pense pas qu'elle ait vraiment duré (heureusement!). Après ça a été les fameux sacs US dont parle Kenavo (avec AC/DC et Scorpions écrit dessus au feutre) qui eux ne risquaient pas de se bloquer.

Oui, ces sacs (ou même genre) étaient déjà à la mode à mon époque, j'en avais aussi et on écrivait aussi dessus je les aime toujours bien d'ailleurs.

Remarque, moi je me suis traîné un cartable Tann's jusqu'en 4e.


Je remercie mes parents qui faisaient tout pour favoriser mon intégration sociale.

Nezumi a écrit:

Remarque, moi je me suis traîné un cartable Tann's jusqu'en 4e.


Je remercie mes parents qui faisaient tout pour favoriser mon intégration sociale.