Ingmar Bergman

lullaby a écrit:: J’ai même trouvé une certaine forme d’optimisme dans ce film (ce mot est peut-être un peu fort) dans le personnage de la petite fille Karin.

C'est-à-dire qu'au coeur de la noirceur , il y a tout de même une lumière.
L'espoir que Karin va se sauver et s'épanouir hors de l'univers que son père a clos autour d'elle.
L'espoir aussi que les êtres qui se sont aimés gardent pour toujours un peu de la tendresse qui les a un temps unis.

mmmh.... plus que "froid" qui n'était pas bien trouvé (et qui concernait uniquement l'impression face à l'image) j'aurais peut être du employé "hermétique", le gener d'image dans laquelle il faut entrer, regarder les visages, les places, les décors... étrange. c'est assez dense à regarder.

SARABAND

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Le couple qui se séparait dans Scènes de la vie conjugale, Marianne et Johan, se retrouvent 30 ans plus tard. Une complicité affectueuse les lie toujours bien qu’ils ne se soient jamais revus.

C’est Marianne qui vient rendre visite à Johan, il lui a semblé qu’il « l’appelait »…

L’homme, très riche, vit isolé en pleine nature dans un lieu fabuleusement beau. Il est très âgé.
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Depuis quelques mois, son fils Henrik, qui a des difficultés financières, occupe un chalet voisin qui lui appartient. Les deux hommes ont une relation conflictuelle, presque de haine.
Henrik est musicien. Veuf depuis deux ans, il est là avec sa fille, Karin, virtuose au violoncelle. C’est lui qui lui sert de professeur. Tous deux vivent dans une fusion malsaine depuis la mort d’Anna, l’épouse aimée d’Henrik, la maman chérie de Karin.

Henrik, à qui Karin rappelle tellement Anna, vit mal le désir d’émancipation de sa fille, émancipation qui lui serait pourtant salutaire. Il faut qu’elle parte étudier ailleurs…
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Saraband, tourné en 2003 pour la télévision, est sorti en 2004.

C’est un film magnifique. L’aboutissement d’une œuvre, qui reprend les thèmes chers à Bergman. La musique (le son du violoncelle égrène " La Sarabande " de Bach), la religion, la difficulté de communiquer, l’amour-haine qui unit enfants et parents, les troubles de l’âme humaine : sa grandeur et ses abîmes…

Le film, aussi sombre que lumineux, est tout à la fois d’une grande simplicité et d’une grande maîtrise.

Alors que tout tourne autour de la mort, du mensonge, de la douleur, de l’angoisse soudain arrive l’apaisement.

Les acteurs, des fidèles comme toujours y sont excellents. Que ce soit Liv Ullmann (qui fut la compagne de Bergmann et joua dans une dizaine de ses films), ou Erland Josephson (une quinzaine de films avec Bergman)…ou encore la toute jeune Julia Dufvenius ( Bergman l’a dirigée auparavant dans sa mise en scène de Mary Stuart de Schiller).
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Les dialogues, écrits comme pour le théâtre, sont d’une qualité et d’une profondeur incroyable.

Zen littéraire Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB

Contente que Lullaby soit "partie" sur Bergman...
Moi je demeure assez malheureuse de l'expérience Saraband. Bergman met trop de lui-même dans beaucoup de ses films, beaucoup de ses propres angoisses, au point que le monde, entraperçu dans ses images, me semble quasiment inexistant. Il nous plonge toujours dans une spirale étroite et infernale et je n'y vois pas de fenêtre ouverte vers l'extérieur à part : la musique, la nature... et puis les clins d'oeil à ses films antérieurs. Au coeur, ses thèmes de prédilection : la mort, les couple séparés, la difficulté de lier un contact satisfaisant avec le fils, le père, et peut-être un rapport avec la foi (Marianne priant dans le rayon lumineux suite à sa rencontre avec Henrik).
- La jeunesse, ici, ne me semble pas épargnée, comme si les leçons du passé n'étaient pas tirées.
Donc, pour moi, Bergman, c'est Bergman. Un cinéma hors monde, en dehors des problèmes temporels d'une société. Le cinéma de Bergman nous amène à Bergman. Je regarderai Scènes de la vie conjugale pour en avoir confirmation. Je ne pourrai pas regarder L'Heure du loup ni La Source : trop sombre et morbide.
Le problème de l'insupportable au cinéma se pose. Je ne pense pas que le "bon" cinéma puisse offrir une vision plus supportable de la violence, au contraire.
Indigeste ma soirée Bergman...

Indigeste? Oui, c'est tout sauf léger...
Ce que tu dis sur la violence au cinéma me fait penser à une phrase de Laurent Mauvignier lue hier, à propos de son roman, Dans la foule
« Si je faisais un film avec cette histoire, à aucun moment je n'entrerais dans le stade. La littérature peut le faire car elle n'est jamais obscène. Le cinéma, oui» .
Bergman a une façon de pousser ses personnages dans leurs derniers retranchements qui me fait mal, aussi.
Il était infernal à cotoyer, d'après ce que j'avais lu... le genre de personnage malheureux qui fait aussi le malheur des autres.
Quant au monde extérieur, il avait fait une croix dessus, puisqu'il vivait en huis clos sur son île...

Babelle a écrit:: Contente que Lullaby soit "partie" sur Bergman...

Ce n'est pas ce qu'a dit Lullaby!...

Babelle a écrit:: Au coeur, ses thèmes de prédilection : la mort, les couple séparés, la difficulté de lier un contact satisfaisant avec le fils, le père, et peut-être un rapport avec la foi (Marianne priant dans le rayon lumineux suite à sa rencontre avec Henrik).
- La jeunesse, ici, ne me semble pas épargnée, comme si les leçons du passé n'étaient pas tirées.

La vie quoi!

Babelle a écrit:: Donc, pour moi, Bergman, c'est Bergman. Un cinéma hors monde...

Peut-être hors de ton monde Babelle...Mais pas du monde en général...
Oui, il est dur d'affronter la vérité du monde sur un écran...Mais c'est la vérité!...
Pour ma part, j'écoute les dialogues des films de Bergman, je regarde les visages des acteurs, et je suis en pays connu...

Peut-être ma vision du monde est-elle aussi noire que celle de Bergman pour que je m'y retrouve...
Mais ni celle de Bergman, ni la mienne ne sont dénuées de lumière et de tendresse qu'il faut voir et auxquelles il faut s'accrocher pour résister à la noirceur...

On peut se poser la question, en effet, de ce qui est supportable au cinéma...
Seulement l'horreur à base d'effets spéciaux?
Seulement un certain angélisme, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et le bonheur est dans le pré?...

Marie a écrit:: Bergman a une façon de pousser ses personnages dans leurs derniers retranchements qui me fait mal, aussi.

Oui, cela fait mal...mais c'est criant de vérité...
Est-ce "obscène"?...Je ne donnerais pas ce qualificatif à l'oeuvre de Bergman.

Babelle a écrit:: Le cinéma de Bergman nous amène à Bergman. Je regarderai Scènes de la vie conjugale pour en avoir confirmation. ...

Pour le coup, lorsque je regarde Scènes de la vie conjugale , je ne suis pas amenée à Bergman mais ...à moi-même...Ces situations, ces dialogues, je les connais déjà...

SCENES DE LA VIE CONJUGALE (1973)

Scènes de la vie conjugale était à l’origine un feuilleton en six épisodes pour la télévision suédoise.

Les 6 Scènes de la vie conjugale racontent la vie de Marianne et Johan ( Liv Ullmann, Erland Josephson), mariés depuis dix ans au début du film.

Marianne est avocate, spécialiste des problèmes familiaux.

Yohan est maître de conférence à l'institut psychotechnique de Stockholm.

Ils sont parents de deux petites filles.

Argent, confort, complicité, bonnes relations avec les parents. Un couple qui fait l’admiration de tous.

Aussi dans la première scène, une journaliste les interviewe pour un magazine, essayant de deviner le secret de leur bonheur rayonnant.
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Puis d’une scène à l’autre, toute cette apparence de bonheur se brise…
Il s’avère ennuyeux d’aller trop souvent chez les parents…

Au lit…eh bien…ce n’est pas terrible…

Mais le couple discute de tout avec intelligence et sincérité, pas de problème… Marianne et Yohan ont choisi de tout se dire…

C’est pour cela que Johan ne manque pas non plus un soir de dire à Marianne qu’il la quitte pour une jeune femme. Le départ est justement… pour demain !… Cette liaison dure depuis longtemps. Marianne qui tombe des nues apprendra vite qu’elle est connue de tous.

Dans ce film reposant essentiellement sur les dialogues, Bergman filme le couple en gros plans et en plans fixes. La caméra ne quitte jamais les acteurs (excellents !). La quasi absence d’extérieurs dans le film nous oblige à nous concentrer uniquement sur l’histoire de ce couple.

Les masques tombent. Tendresse, complicité, reproches, disputes, déchirement…

Le couple se détruit.

Divorce.
Le temps passe.

Puis Marianne et Johan reprennent contact…

Apaisement.

Les non-dits, les secrets sont étouffants. S’en libérer n’est pas sans conséquences mais c’est aussi la source d’une renaissance.

Impossible de ne pas lier, une fois de plus, ce film douloureux à la vie de Bergman. Lorsqu’il réalise ce film, il vient de se séparer de Liv Ullmann. Mais un couple en crise ressemble à un autre couple en crise…et la crise du couple Bergman a valeur universelle…

Citation :: Est-ce "obscène"?..

Non, moi non plus, mais je trouvais la phrase de Mauvignier assez juste. En fait, quand même, la souffrance qui explose dans les personnages que met en scène Bergman témoigne d'une certaine impudeur , et j'ai toujours eu du mal parce que je souffre pour eux. Mais ça, c'est bien sûr mon propre problème de toujours transposer..

Marie a écrit:

Citation :: Est-ce "obscène"?..

Non, moi non plus, mais je trouvais la phrase de Mauvignier assez juste. En fait, quand même, la souffrance qui explose dans les personnages que met en scène Bergman témoigne d'une certaine impudeur , et j'ai toujours eu du mal parce que je souffre pour eux. Mais ça, c'est bien sûr mon propre problème de toujours transposer..

Ah!...d'accord...Je comprends mieux et je suis comme toi Marie...
Il n'empêche que je crois fort que c'est courageux de la part de certains artistes que de donner à voir, aussi ...à affronter les facettes sombres de l'âme humaine...
En cela le cinéma de Bergman est très "réaliste"...et d'une grande profondeur...Les sentiments humains y sont "disséqués"...les pires comme les meilleurs...

Zen littéraire Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB

Je cherche à me commander Fanny et Alexandre, ainsi que La Flûte enchantée, afin de les revoir. Car le cinéma que je rejoins est inscrit dans ces titres-là. L'explosion d'émotion dont je parlais plus haut à propos de ce Bergman-là ne me gêne en rien dans la confirmation pour moi que les trois quart de l'oeuvre m'entraîne cependant dans un réel désœuvrement.
J'espère que je ne vais pas me faire scalper...
- Qui a parlé d'obscénité?!?
C'est Mauvignier? Ah bon : que Mauvignier se fasse scalper!
- Je ne suis pas "partie" : je ne me suis pas envolée, ni sur Saraband ni sur Persona, et je pense en effet que je ne supporterais pas de voir La Source.
Aussi j'accepte sans doute de rater quelque chose d'essentiel, simplement parce que je connais mes limites.
Il y a une scène insupportable dans le 1900 de Bertolucci. Il me semble l'avoir subie il y a bien des années et si je reviens sur le film, je zapperai le passage. Avec Bergman, impossible de zapper.
- Je ne crois pas aux facettes sombres de l'âme humaine que donnerait à voir un cinéma si la violence qu'elle génère est coupée des cadres historiques ou sociaux. Pourtant je ne suis pas plus attirée par le cinéma "social" en général. Ici ça passe ou ça ne passe pas mais, biensûr, je n'ai pas à m'en excuser Wink

Zen littéraire Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB

J'aime :
"En dépit de ma mélancolie bien compréhensible, je n'ai jamais rien pris au sérieux" (Strindberg)
Sur le tournage de Fanny et Alexandre :
ICI

Citation :: Qui a parlé d'obscénité?!?
C'est Mauvignier? Ah bon : que Mauvignier se fasse scalper!

Il ne parlait pas d'obscénité au sujet de Bergman! C'était plus général. L'image peut avoir, oui, un caractère obscène, que les mots écrits n'ont pas.

Citation :: Il y a une scène insupportable dans le 1900 de Bertolucci.

c'est laquelle, Babelle?

Citation :: Je ne crois pas aux facettes sombres de l'âme humaine que donnerait à voir un cinéma si la violence qu'elle génère est coupée des cadres historiques ou sociaux.

moi si, si, comme le fait Bergman, il se projette entièrement dans ses personnages.
Son regard dans le lien de l'Ina ...

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