Quentin Tarantino

Ah oui, le passage avec les types du Ku Klux Klan ! Du pur Tarantino, là : les gens qui chipotent sur des détails (le fameux Royal Cheese de Pulp Fiction) dans une situation qui ne prête pourtant pas à rire.
Ça m'a bien fait rigoler.

Dommage qu'il y ait cette fin, oui. En plus, psychologiquement parlant, je trouve que la réaction du personnage interprété par Christoph Waltz ne colle pas avec le reste du film, où il est toujours maître de lui. Du coup, Tarantino a mis quelques flashs, de sorte qu'on ne soit pas complètement surpris par sa réaction, mais quand même, là, ça sonne faux. Et du coup, je n'ai plus adhéré à la suite.

Django Unchained

J'ai vraiment beaucoup aimé la première heure, avant l'introduction du personnage joué par DiCaprio. C'est un modèle de rythme, de montage et la narration coule de source avec une remarquable aisance. La suite propose davantage de morceaux de bravoure et se révèle plus inégale, mais j'ai toujours du mal à considérer que l'ivresse et la catharsis proposées par Tarantino aient une portée exclusivement ludique...pour moi, elles révèlent une angoisse qui me touche toujours autant. Quelques séquences dans la plantation (grâce notamment à l'interprétation mémorable de Samuel L. Jackson) révèlent une sensation d'étouffement, de malaise qui reste longtemps en mémoire. Tarantino a plus de difficultés à s'approprier le rôle de Jamie Foxx, étrangement passif, presque fantomatique mais cela ne fragilise guère l'ensemble mis à part un final en effet bâclé.

Oui, DiCaprio, c'est un méchant... et pas beaucoup plus, un peu cliché. Et même, tout son cinéma pour économiser quelques milliers de dollars... Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus machiavélique. Au bout du compte, ils pouvaient avoir la personne qu'ils voulaient sans l'esclave dont ils n'avaient que faire...
Je pensais que DiCaprio allait en profiter pour leur extorquer une somme vraiment énorme. Waltz avait plus dans son portefeuille, ça m'a paru absurde.

Samuel L Jackson, au début, je ne l'avais pas reconnu... et puis je me suis dis, "Mais, c'est sa voix", et c'était bien lui...

-Django unchained-

Super film!! Pas grand chose à dire de plus que vous, je vous suis sur à peu près tous les points, y compris sur la fin qui m'a paru un peu déroutante, disons pas à la hauteur du reste (la réaction de Di Caprio, celle de Waltz, et surtout le retour de Jamie Foxx que je ne voyais pas aussi simple. Mais à part cette dernière partie (je pensais le film quasi fini une fois Foxx à terre, j'ai trouvé un peu long la suite, faut dire j'avais les crocs, c'était 22 heures passées)

J'ai adoré le rythme, l'humour (scène du Ku Klux Klan effectivement tordante) les dialogues excellents, et cette musique où se mèle tous les genres, le folk , le blues le rap et j'en passe. Samuel L Jackson que je n'avais pas reconnu non plus, a un rôle retors au possible, il est vraiment génial. Sans parler de Christoph Waltz qui domine tout le film.

Spoiler:

Bref, allez y en confiance les autres, vous relirez nos commentaires par la suite, rien ne vaut l'effet de surprise chez Tarantino!

Aeriale a écrit:

Spoiler:

Oui, tout à fait d'accord !

Django Unchained

Ce n'est pas le genre de film que je vais voir habituellement mais je me suis laissée tenter et je n'ai pas regretté!
Je vous rejoins dans toutes ces remarques!

eXPIe a écrit:

Vu Django.
Très bonne réalisation, scénario accrocheur, bande-son efficace avec des vrais morceaux de Morricone et de Luis Bacalov dedans, super interprétation, particulièrement de Christoph Waltz (qui cabotine un peu, c'est vrai). Il tient vraiment le film, Christoph Waltz. Il a bien mérité son Golden Globe... pour un second rôle. Second rôle, sur le papier. Le premier rôle, finalement, c'est lui. Jamie Foxx joue un archétype ; ça n'est pas de sa faute, mais il n'a pas le rôle le plus intéressant.
Di Caprio est bien en méchant, aussi, mais Samuel L. Jackson est encore meilleur (rôle plus ambigu).

Le temps passe tout seul.

J'ai néanmoins une réserve sur les 20 ou 25 dernières minutes (sur 2h45), sans vouloir en dire plus sur le scénario.

Traversay a écrit:

est un film brillant[…]La dernière partie du film, vengeance sanglante et gore, est terriblement pénible à regarder pour sa sauvagerie défoulatoire. Heureusement, il y a l'interprétation de Christoph Waltz, qui se pourlèche les moustaches d'un rôle qu'il transforme en une partition jubilatoire.

Avadoro a écrit:

J'ai vraiment beaucoup aimé la première heure, avant l'introduction du personnage joué par DiCaprio. C'est un modèle de rythme, de montage et la narration coule de source avec une remarquable aisance. La suite propose davantage de morceaux de bravoure et se révèle plus inégale.

Aériale a écrit:

J'ai adoré le rythme, l'humour (scène du Ku Klux Klan effectivement tordante) les dialogues excellents, et cette musique où se mèle tous les genres, le folk , le blues le rap et j'en passe.

J'ai trouvé les plans, les images d'une grande beauté et la lumière toujours extraordinaire.
Christoph Waltz et Jamie Foxx sont parfaits.

Eh ben... Coline tu m'étonnes!

A noter une très intéressante interview de Tarantino, ici.

Quelques extraits :

Citation :

Henry Louis Gates Jr. (HLG) : Voyons voir: nous avons en ce moment Lincoln sur les écrans [l'interview a été publiée avant Noël aux Etats-Unis. Lincoln sort en France le 30 janvier, NDT]. Cette année, nous devrions avoir la sortie du nouveau film de Steve McQueen, qui traitera aussi de l’esclavage. Je suis en train de coproduire un film sur Frederick Douglass pour Sony [distributeur de Django Unchained, NDLR] avec Peter Almond et Rudy Langlais, qui est actuellement en phase de développement. Pourquoi l’esclavage maintenant?

QT: Eh bien, j’en sais fichtre rien. Ecoutez, quand je me suis attaqué à ce truc, j’ignorais complètement que quelque chose d’autre allait sortir sur le sujet. Franchement, rien ne me semblait alors plus excitant: c’est du roman national, c’est aussi de la réconciliation nationale. Il y avait sans doute quelque chose dans l’air."

Plus loin, ils parlent de Naissance d'une Nation, film raciste, et de The Clansman, le livre qui a inspiré le film.

Citation :

QT: Etonnamment, c’est ce qui m’a donné l’idée des personnages du Klan dans Django Unchained. Ils ne font pas encore partie du Klan, le Klan n’existe pas encore, les dirigeants se disputent sur la question des sacs [sur la tête] —vous le savez peut-être, mais le réalisateur John Ford joue un des membres du Klan dans Naissance d’une nation, et dans ce truc que j’ai écrit, je me mets à spéculer: John Ford a donc enfilé un uniforme du Ku Klux Klan pour D.W. Griffith.

Ca veut dire quoi? Qu’est-ce qui s’est passé dans sa tête? Il ne pouvait pas dire qu’il ne connaissait rien de toute cette histoire. Tout le monde savait que le film s’inspirait de The Clansman à l’époque.

HLG: Oui. C’était un best-seller.

QT: Et de nombreuses compagnies théâtrales en donnaient des représentations, tout le temps. Et pourtant, il a enfilé un uniforme du Klan. Il est monté sur ce cheval. Et dans ce film, il participe à la répression contre les Noirs.

Citation :

HLG: Spike Lee n’arrête pas de vous critiquer dans les médias pour l’utilisation du mot «nègre» dans le film. Qu’avez-vous à répondre aux réalisateurs noirs qui sont choqués par l’utilisation de ce mot et/ou par les descriptions de l’horreur de l’esclavage?

QT: Eh bien, si vous voulez faire un film sur l’esclavage et que vous le présentez à un spectateur du XXIe siècle et que vous tentez de le replonger dans cette période de l’histoire, il est clair qu’il va entendre des choses affreuses et qu’il va voir des choses affreuses. Ca fait partie du lot, c’est inévitable si vous voulez raconter cette histoire, parler de cet environnement et de ce pays avec honnêteté.

Personnellement, je trouve [ces critiques] ridicules. Si les gens me disaient «Vous utilisez ce mot bien davantage dans ce film qu’on ne l’utilisait en 1858 au Mississippi», je pourrais encore comprendre, mais personne ne me dit ça. Et si on ne me dit pas ça, c’est qu’on me dit que je devrais mentir. Que je devrais atténuer les choses. Que je devrais les rendre plus faciles à digérer.

Non, moi, je n’ai pas envie que ce soit facile à digérer. Je veux que ca soit un gros, un énorme rocher, une énorme pilule à avaler, et que les spectateurs doivent l’avaler sans eau.

A propos de Stephen, le personnage joué par Samuel L. Jackson :

Citation :

QT: [...] Dans le script, il y a une belle description du personnage de Stephen:

«C’est le genre de personnages que joue Basil Rathbone dans des films de capes et d’épées, c’est le méchant qui a l’oreille du roi, qui s’accroche à ses petites prérogatives et qui manipule tout le monde, est derrière chaque intrigue de cour. »

HLG: Je me souviens de ce genre de personnages. Je les détestais. Ils étaient tellement flippants.

QT: Exactement. Dans les films hong-kongais, ce sont des eunuques. Ils sont, en fait, plus puissants que l’empereur. Et j’ai terminé ma description par cette simple phrase: «Pour résumer Stephen: c’est le Basil Rathbone des nègres domestiques.»

HLG: C’est le genre de rôle à Oscar. Il est si diabolique, si mauvais, si égoïste et semble pourtant se faire horreur à lui-même.

QT: Si je n’évoquais pas toutes les strates sociales et leur rôle au sein de cette vieille institution qu’est l’esclavage, je passais complètement à côté de l’histoire.

Citation :

QT : [...] Je peux donc prendre cette histoire d’esclave et lui donner des proportions folkloriques et rajouter des scènes d’actions dignes des films à grand spectacle.

Et j’ai décidé de jouer avec ça. Par exemple, quand les méchants tuent des gens, les balles ne font qu’assez peu de dégâts apparents. Elles font de petits trous, tuent ou blessent les gens, mais leurs victimes n’explosent pas. A chaque fois que Django tue quelqu’un, sa victime est coupée en deux.

HLG: J’ai remarqué.

Citation :

QT: J’ai aussi pris une autre liberté, et là je me moquais carrément que les historiens tiquent ou pas, c’est de reprendre cette idée véhiculée par les western spaghetti que la vie ne vaut rien mais que la mort à un prix élevé —la mort a un prix. Les esclaves ne valent rien, à l’achat comme à la vente, mais les récompenses pour les criminels recherchés atteignent des sommes délirantes.

Après, on a une analyse du film par Tarantino. A ne pas lire si vous n'avez pas vu le film (et que vous comptez le voir), bien sûr.

Queenie a écrit:

Eh ben... Coline tu m'étonnes!

Et je suis fière d'étonner (et de m'étonner) encore!
Tu vois?...Je me suis endurcie au fil du temps...Je peux supporter les jets d'hémoglobine et les carnages chez Tarentino!

Comme tout le monde, j'ai trouvé le début du film incroyablement efficace, prenant et brillant. Et puis à partir d'un moment (après que le majordome révèle à di Caprio qu'il est en train de se faire avoir) je n'y ai tout simplement plus cru. Les réactions de tous les personnages, l'intrigue, tout sonnait faux. Et le film tournait au grand guignol, avec les cadavres qui explosaient si joliment. Et un moment comique au moment du générique qui précisait qu'aucun cheval n'avait été blessé dans le tournage de ce film.

Nous avons l'air tous d'accord !

coline a écrit:

Nous avons l'air tous d'accord !

C'est presque suspect.

Arabella a écrit:

Et un moment comique au moment du générique qui précisait qu'aucun cheval n'avait été blessé dans le tournage de ce film.

Oui, ça m'a bien fait rire !

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai vraiment apprécié ce film ainsi que que sa BO (que j'écoute d'ailleurs en boucle depuis deux semaines).

Seul petit bémol pour moi :

eXPie a écrit:

Vu Django.
J'ai néanmoins une réserve sur les 20 ou 25 dernières minutes (sur 2h45), sans vouloir en dire plus sur le scénario. C'est dommage, le reste était scotchant, plus qu'après, curieusement. On revient dans la série B.

Je rejoins ton avis. J'aurais aussi cru que le film s'arrêtait 25 minutes avant car je trouvais que c'était plus en accord avec l'intrigue et aussi avec les idées que Tarantino laisse en général filtrer dans ses films. Ça m'a quelque peu déçu parce qu'elle tranchait par son côté mielleux même si je comprends très bien que l'arrêter 25 minutes avant aurait produit une certaine frustration sur le spectateur.

Il n'empêche que j'ai passé un bon moment et que j'affectionne de plus en plus Christoph Waltz. (:

Django me réconcilie avec Tarantino. Je trouve le film jouissif de bout en bout jusque dans ses excès assumés de série B qui pousse sa logique jusqu'à l'extreme. Maintenir en eveil pendant 2h45 est déjà une réussite. Il le doit à des dialogues très malins (Waltz est génial mais Di Caprio tout autant!!sans parler de ce fabuleux majordome noir, Samuel L.Jackson, en âme damnée pervertie par son maître). Quelle direction d'acteurs! Les citations musicales sont parfaites ( de Morricone au rap) et l'ensemble est impeccablement filmé et rythmé. Le final grand guignol est très drôle tout en étant chorégraphié avec jubilation. Et qu'en plus il cite Siegfried, Wotan et Brunnhilde pour le clin d'oeil à la quête romantique du valeureux Django est la cerise sur le gâteau. Extra!