| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Chaîne de lecture - Commentaires | |
|
+25Exini Cassiopée topocl shanidar mimi54 Maline LaurenceV Charlie odrey animal Chatperlipopette darkanny Madame B. Queenie Epi Marie kenavo Aeriale Shay Steven Marko Ezechielle Bédoulène rivela Arabella 29 participants | |
Auteur | Message |
---|
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Dim 8 Aoû 2010 - 17:57 | |
| contente que le livre t'ait plus Laurence.
j'espère que tu vas bien depuis ton retour chez toi. | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Dim 8 Aoû 2010 - 17:59 | |
| Oui je vais bien... Merci... Mais encore des changements... Rien que des changements... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Dim 8 Aoû 2010 - 18:44 | |
| Laurence est de retour On espère plein de bonnes nouvelles | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Dim 8 Aoû 2010 - 21:46 | |
| - LaurenceV a écrit:
- Mais encore des changements... Rien que des changements...
courage | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Dim 8 Aoû 2010 - 22:20 | |
| Merci !
Ce ne sont que de bonnes nouvelles... En fait, je repars sur les routes, vivre sur les routes pour l'instant en Europe...
Mais avant de partir, je dois beaucoup travailler dans un monde qui ne me convient pas... Donc, c'est dur mais je suis heureuse de la tournure des événements.... | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Lun 9 Aoû 2010 - 16:31 | |
| allez tu vas t'en sortir !
et pense qu'après ce sera du bon temps ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Mar 21 Sep 2010 - 13:34 | |
| « Il s'agit de gens, pour la plupart des femmes, qui ont grandi avec le sentiment de ne pas avoir reçu l'attention et l'appui qui leur reviennent. Ils en sont révoltés et ils cherchent des façons de compenser cela dans leurs relations. Ils ont des attentes élevées et, quand leurs besoins sont à nouveau abandonnés, ils y répondent avec de la colère et du désespoir. . »John Gunderson, psychiatre américain spécialiste dans la prise en charge des personnes atteintes de trouble de la personnalité "borderline" Dans "Le Cinéphile", roman publié en 1961, l'année où Sylvia et moi nous sommes mariés, Walker Percy écrit que les films offraient à chacun de nous une forme de rédemption; dans la solitude d'une vie américaine, des moments de grâce. Leonard Michaels dans "Sylvia" Sylvia est donc un roman autobiographique où Leonard Michaels fait revivre le New York des années 60 et sa relation chaotique avec une jeune femme asiatique très instable, Sylvia Bloch, dont il tente de décrire le parcours auto-destructeur en même temps que son propre désarroi. Mais si Sylvia constitue un mystère pour Leonard, le comportement et l'acceptation de ce dernier ne sont pas non plus sans poser de questions. Le roman est court, le style précis et concis, l'atmosphère magnifiquement rendue avec une économie de moyens. Il sait restituer tout le climat d'une époque, son contexte politique, l'atmosphère de la vie New-Yorkaise avec son frémissement, son animation nocturne, le jazz, le cinéma, le milieu des artistes, la drogue... Cinéma qui tient une place importante dans la courte vie de ce jeune couple. Les films d' Antonioni répondant en écho à leurs préoccupations existentielles, ce mélange d'ennui, de spleen, et d'abandon lascif au plaisir de l'instant, d'acceptation d'une part de danger et de prise de risque probablement nécessaires pour s'adapter à cette transition vers le monde moderne . On ne parlait plus de films, la quintessence de l'excès, mais d'oeuvres cinématographiques. Pour l'oeil attentif, l'oeuvre d'Antonioni comptait parmi les plus importantes. Sylvia et moi ne rations jamais aucune de ses productions. On en émergeait radicalement abasourdis, mais exaltés, tristes que le film ait dû se terminer. "Pourquoi est-ce qu'ils ne nous fichent pas la paix?" C'était un véritable déchirement que de devoir nous jeter de nouveau dans les rues venteuses pour rentrer chez nous. Nous emportions des images de désespoir et d'ennui, mais aussi de ces captations saisissantes du moment où le néant du monde moderne pourrait être exquis, y compris comme mode de vie, non seulement pour Monica Vitti et Alain Delon, mais aussi pour nous. Pourquoi pas? Seules les émotions comptaient et elles étaient à notre disposition. Nous comprenions. Nous étions susceptibles de vivre les aléas ineffables de la vie moderne. Et ce portrait d'une époque, il le saisit encore mieux en faisant le portrait de cette jeune femme borderline, Sylvia, dont il décrit minutieusement les accès de violence, l'agitation hystérique, la susceptibilité et la méfiance paranoïaques, la peur panique de l'abandon, l'alternance de fusion puis de rejet de l'autre... On comprend presque de façon sublimimale au détour d'une phrase qu'elle a probablement vécu des violences sexuelles par le passé (elle lui dit brusquement comme en demi-confidence qu'il ne connait pas vraiment sa sexualité...). On dit parfois que la transition du XIXe au XXe siècle a vu éclore l'hystérie comme trouble de la personnalité représentatif de la société (et largement révélé par Freud et la psychanalyse) et le tournant du XXe au XXIe siècle serait celui de la personnalité limite (ou borderline en anglais). La psychanalyse voyait ce trouble comme un intermédiaire entre névrose et psychose. Aujourd'hui on le définit comme une forme de trouble de l'humeur proche de la bipolarité qui alternerait des périodes de dépression et d'agitation sur un mode clastique avec violence, auto-agressivité, décharge émotionnelle avec une grande labilité, instabilité de l'identité et de la relation aux autres. Le tout ayant pour noyau central la peur de l'abandon et la nécessité d'un mode de relation de couple anaclitique (fusionnel). Chaque signe d'éloignement, d'agacement ou simplement de distance réelle ou supposée du partenaire étant interprété comme un risque d'abandon insupportable. Les crises permettant de libérer une trop grande tension interne et d'attirer l'attention de l'autre. Cette instabilité pourrait trouver en partie son origine dans des traumatismes plus ou moins précoces favorisant des difficultés de structuration harmonieuse de la personnalité. Mais l'intérêt d'un roman est de proposer une vision littéraire et non clinique d'une personnalité. Pas d'étiquette réductrice ou d'explication rationnelle ou scientifique, mais une perception plus sensible et humaine qui éclaire en même temps sur le narrateur. Car comment comprendre l'attachement de Leonard pour cette jeune femme si agressive et instable? Amour passionnel? Curiosité artistique d'un jeune homme cherchant à devenir écrivain et trouvant en elle un sujet idéal? Masochisme fondamental comme pour Agatha, l'autre personnage féminin de l'histoire, qui raconte ses aventures avec des hommes qui la maltraitent? Attirance sexuelle incoercible face à ce tempérament volcanique? Probablement un peu tout ça à la fois avec en arrière plan cette idée d'une époque où l'on pourrait tromper l'ennui à travers la recherche de sensations extrêmes (drogues, sexualité multiple...) et où le rapport de force entre individus permettrait de se sentir exister, d'être plus vrai. Sylvia est un très beau roman pour tous ces aspects et l'absence de réponse ou d'explication apportée. C'est foisonnant de toutes sortes de pistes. Et même lorsqu'il sera successivement face à une psychanalyste puis un psychiatre, il ne retiendra de la première que: "vous vous vampirisez l'un l'autre" et du second: "Elle est en grand danger". Conseils vite évacués avec le prix à payer d'un final irrémédiable annoncé... Admirer la beauté d'un top model, une image dans un magazine, signifiait que je n'aimais pas le physique de Sylvia et donc que je ne l'aimais pas, elle. D'une conversation anodine, elle tirait des indices lâchés par inadvertance, censés révéler mes vrais sentiments. Je l'avais offensée. J'aimais le top-modèle. Je l'avais dit, je m'étais condamné.
Merci Aériale pour cette super découverte! | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Mar 21 Sep 2010 - 22:57 | |
| La lamentation du prépuce
Shalom Auslander a été élevé dans la plus pure tradition juive orthodoxe. Et le moins que l'ont puisse dire, c'est que ça ne lui a pas réussi. Devenu adulte, il est persuadé que Dieu lui en veut personnellement et qu'Il va lui faire payer chacun des actes qu'il commet non en accord avec la religion (et Dieu sait qu'il y en a). La femme d'Auslander affirme qu'il a été victime de maltraitance religieuse, ce qu'elle résume par "ils t'ont niqué la tête, toi".
La lamentation du prépuce est un récit à la fois drôle et glaçant. Auslander raconte avec beaucoup d'humour son enfance dans les yéshivas, comment il essaie de coller au modèle que lui impose sa famille et la religion, ou au contraire ses tentatives d’émancipation. On rit souvent mais le fond est assez terrible. le drame de l'auteur, c'est qu'il est croyant mais incapable de se reconnaître dans le carcan religieux. Il croit en Dieu, il a peur de Dieu (ce qui la conduit à négocier en permanence avec le Salaud Tout Puissant) mais il ne peut résister à un cheeseburger pas cachère pour deux sous et a une branlette. il faut dire que question interdits foireux et culpabilisation, le judaïsme se pose là. Auslander a grandit en sachant que l'amour de sa famille et de sa communauté était conditionné par la fait d'être un "bon juif". Or, il ne l'est pas. Ce qu'il dénonce, c'est donc l’extrémisme religieux, la soumission aveugle et bête à une croyance, le communautarisme.
Ce qui rend le livre réjouissant, c'est qu'Auslander n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il y a bien quelques longueurs (il se répète un peu le Shalom) et puis ce n'est pas non plus le roman du siècle, mais j'ai bien apprécié cette lecture qui m'a permis d'apprendre deux trois trucs sur le judaïsme et m'a fait rire. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Ven 24 Sep 2010 - 13:19 | |
| plus qu'à reprendre cette avis sur le fil de l'auteur : cliccontent que ça t'ait plu. il est aussi critique avec l'orient non ? (j'ai du développer plus sur le fil... je ne sais plus). il a du souffrir un peu le traducteur. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Ven 24 Sep 2010 - 21:33 | |
| Dix petits indiens
recueil de nouvelles donc. je ne sais pas si c'est de l'assemblage ou autrement ?
lecture dans le cadre de la chaine de lecture. je ne regrette pas le changement d'air mais je vais devoir être franc et avouer que je suis beaucoup resté en dehors.
plus souvent agacé qu'intéressé ou ému. ça ne m'empêche pas d'avoir marché par intermittence, ma nouvelle préférée étant l'avant dernière qui tient plus de l'histoire/fable dans son ton pour cette histoire d'un SDF qui tente de récupérer le costume de sa grand-mère mais picole un peu trop volontiers.
Je retiens aussi un peu d'intérêt pour l'image composite "d'indiens modernes" mais sans plus.
Et maintenant il faut que je tente malgré tout d'expliquer mon impression (qui pourrait venir du fait que c'est ma première lecture de l'auteur ?).
C'est homogène et très pot pourri : un peu d'universitaire (gloire au poète et à la littérature), tranquillement désenchanté, un peu de 11 septembre, un peu de sexe et divers orientations, un peu de sport (américain), un peu de social, un peu de mal bouffe, un peu de winners corrompus.
Avec un style direct et décontracté mélange (obligatoire maintenant ?) de réalisme et de naïveté travaillée façon ado un peu paumé mais profond quand même. ponctué d'une ratatouille de "tu vois ?" et "autres OK ?", "D'accord ?"
Vision désenchantée certes mais qui à force de piquer des évidences (surtout) m'a donné l'impression d'une écrasante banalité, celle d'un moule assumé d'une modernité américaine entre ses travers nostalgiquement chéris (et dénoncés) (Mc Do, KFC, ... ), sa lucidité (tous pourris les petits gars) et des restes improbables de rébellions (avec des fragments d'histoire). Finalement tous pareils Blancs, Noirs ou Foncés. Surtout tous pareils dans ce contenant voir ces idées réglementaires ??? avec un rachat par touches d'hommages-références ?
Ma lecture s'est comme qui dirait déguisée en anecdote énigmatique. huhu.
Je ne pense pas non plus que la traduction trucide le texte.
Bien aimé aussi son Frank Snake Church... qui n'aurait pas été pire avec une barque moins chargée. ça fait plat maison en boite le bazar... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Ven 24 Sep 2010 - 21:35 | |
| Bruges-la-Morte Georges Rodenbach
Inconsolable de la mort de sa jeune et jolie femme, Hugues Viane s'est retiré à Bruges, dont l'atmosphère triste et austère sied bien à son veuvage. Il y vit une existence recluse, en la seule compagnie de sa vieille servante Barbe et de souvenirs de sa femme qu'il a conservés et qu'il vénère comme des reliques, en particulier sa longue tresse blonde. Lors d'une de ses déambulations quotidiennes dans la ville, il croise une jeune femme qui ressemble à s'y méprendre à la morte...
J'ai beaucoup aimé ce récit raffiné et captivant d'une obsession morbide vouée au désastre: celle d'un homme plongé dans le deuil mais incapable de le faire vraiment, et qui cherche à la retrouver sa femme disparue partout par le jeu des ressemblances (le thème-clé du roman). Dans la "physionomie" et l'ambiance de la ville tout d'abord, puis sous les traits d'une autre femme, son sosie parfait. Cela m'a d'ailleurs rappelé Sueurs Froides d'Hitchcock. Ce qui m'a beaucoup plu également, c'est la façon dont la ville passe de simple (mais magnifique) cadre au rôle de personnage qui dicte au héros sa conduite et l'influence, le poussant inexorablement vers la folie. Ce portrait de Bruges, avec sa religiosité à la fois austère et flamboyante, est sublime. Les fameuses photos qui accompagnent le texte (grande innovation pour l'époque et source de polémique à ce que j'ai compris) m'ont produit par contre une curieuse impression, avec leur noir et blanc granuleux et surexposé. Je les trouve absolument sinistres et glaçantes, elles m'évoquent ces vieilles photos de villes bombardées, Bruges y fait vraiment ville vide et morte. Ce doit être voulu ? En tout cas je ne suis pas prête d'oublier ce beau roman. Merci Ezechielle!
|
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Les Pieds-Bleus de Claude Ponti Dim 26 Sep 2010 - 18:20 | |
| Les Pieds-Bleus - Claude Ponti Merci, Steven ! C’est grâce à la chaîne de lecture que je viens de découvrir Claude Ponti. Il est un auteur de littérature enfantine et jeunesse. « Les Pieds-Bleus » est son premier roman pour adultes, mais impossible de nier son origine et surtout pas le didacticien qu’est tout écrivain pour jeunes. L’histoire fait revivre un village retiré des Vosges au début des années 60 du siècle dernier. La guerre est juste assez loin pour que les gens commencent à l’oublier ou à en refouler le souvenir, tout en restant assez proche pour que les histoires enfouies remontent abruptement. Le village a quelque chose à cacher ; des collaborateurs, des résistants et des cadavres dans les placards. C’est à prendre au sens propre, seulement ces squelettes restent à découvrir par deux garçons, deux amis, en quelque sorte Tom Sawyer et Huckleberry Finn à la française. Deux galopins dont l’un - Hercule, le narrateur - est puni et battu par son père pour un oui ou pour un non, et l’autre – Laclope – joue des tours éminemment pendables surtout à leur instituteur sadique. Leurs balades les mènent à retrouver une galerie souterraine abandonnée et ainsi à révéler le passé de leur village. La bataille finale entre les adultes a lieu un 14 juillet. La trame de l’histoire révèle pas mal de traits d’un bon livre pour jeunes, dont les protagonistes restent singulièrement raides. C’est un livre où les familles se chamaillent à fond et se réconcilient cinq minutes plus tard et la vie continue comme avant. C’est un livre plein d’exagérations, l’instituteur donne des punitions exorbitantes, les gens frôlent la mort en permanence, ils tombent dans des eaux glacées, gèlent leurs extrémités. C’est un livre dur, dramatique et intense par la violence sournoise et intolérable envers les enfants. Le narrateur est un enfant de 10, 11 ans qui parle de cette enfance au présent. Ce n’est pas très heureux dans un roman pour adultes, peut-être est-ce mieux accepté pour un livre de jeunesse. En lisant « Les Pieds-Bleus » j’ai souvent dû penser à « Spies » (Espions) de Michael Frayn. Le contexte est le retour d’un homme âgé dans la banlieue de son enfance et son souvenir de jeux d’enfants pendant la guerre. Ça passe mieux. Pourtant il y a des bons moments captivants dans le roman de Claude Ponti. J’ai beaucoup aimé l’épisode du repas de Noël où les adultes pensent pouvoir déceler au goût l’origine - sauvage ou d’élevage - d’une truite. Il montre bien toute la perversité et les dissensions du monde adulte observé par un enfant avec sa compréhension partielle de celui-ci. En lisant un autre rapprochement m’est venu à l’esprit, « Tinko » (pas traduit en français) d’Erwin Strittmatter, un auteur de feu la RDA. Pour faire passer une pensée indépendante de celle du Parti unique, l’écrivain utilisait le subterfuge de faire raconter par le garçonnet Tinko la collectivisation des terres au début de la RDA. L’enfant-narrateur est trop jeune pour comprendre le rôle du Parti alors il n’en parle pas. Le rôle d’Hercule-narrateur est-il d’éviter certaines questions incommodes de Resistance et de collaboration ? Procédé douteux. Je suis surtout mal à l’aise par les brutalités envers les enfants et que ce sont ces enfants qui démasquent les villageois. Les Pieds-Bleus sont des enfants-anarchistes qui font véritablement exploser le monde des adultes et l’abandonnent à son comique. C’est le plus brutal des villageois qui est le résistant avéré. Alors, n’a-t-on pas tendance à se demander où est la différence. Une question politique qui me fait frissonner. Quod erat demonstrandum , car il y a bien des éléments qui font réfléchir dans ce livre. Qui fut résistant ? Qui fut collaborateur ? Et pourquoi ? | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Dim 26 Sep 2010 - 20:32 | |
| - Nezumi a écrit:
- Bruges-la-Morte
Georges Rodenbach
Inconsolable de la mort de sa jeune et jolie femme, Hugues Viane s'est retiré à Bruges, dont l'atmosphère triste et austère sied bien à son veuvage. Il y vit une existence recluse, en la seule compagnie de sa vieille servante Barbe et de souvenirs de sa femme qu'il a conservés et qu'il vénère comme des reliques, en particulier sa longue tresse blonde. Lors d'une de ses déambulations quotidiennes dans la ville, il croise une jeune femme qui ressemble à s'y méprendre à la morte...
J'ai beaucoup aimé ce récit raffiné et captivant d'une obsession morbide vouée au désastre: celle d'un homme plongé dans le deuil mais incapable de le faire vraiment, et qui cherche à la retrouver sa femme disparue partout par le jeu des ressemblances (le thème-clé du roman). Dans la "physionomie" et l'ambiance de la ville tout d'abord, puis sous les traits d'une autre femme, son sosie parfait. Cela m'a d'ailleurs rappelé Sueurs Froides d'Hitchcock. Ce qui m'a beaucoup plu également, c'est la façon dont la ville passe de simple (mais magnifique) cadre au rôle de personnage qui dicte au héros sa conduite et l'influence, le poussant inexorablement vers la folie. Ce portrait de Bruges, avec sa religiosité à la fois austère et flamboyante, est sublime. Les fameuses photos qui accompagnent le texte (grande innovation pour l'époque et source de polémique à ce que j'ai compris) m'ont produit par contre une curieuse impression, avec leur noir et blanc granuleux et surexposé. Je les trouve absolument sinistres et glaçantes, elles m'évoquent ces vieilles photos de villes bombardées, Bruges y fait vraiment ville vide et morte. Ce doit être voulu ? En tout cas je ne suis pas prête d'oublier ce beau roman. Merci Ezechielle!
Tu peux compléter cette lecture en écoutant l'opéra la ville morte de Korngold, dont le livret est directement inspiré de ce livre | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Dim 26 Sep 2010 - 21:07 | |
| | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires Lun 27 Sep 2010 - 10:48 | |
| Merci, je ne suis pas très opéra, mais j'irai y jeter une oreille à l'occasion. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Chaîne de lecture - Commentaires | |
| |
| | | | Chaîne de lecture - Commentaires | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|