Alain Resnais

Citation :

"Le cinéaste Alain Resnais est mort

Né à Vannes, dans le Morbihan, le 3 juin 1922, le cinéaste Alain Resnais est mort samedi 1er mars à Paris « entouré de sa famille », a annoncé son producteur Jean-Louis Livi. Il avait 91 ans."

(voir par exemple : http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/03/02/le-cineaste-alain-resnais-est-mort_4376229_3246.html ).

Son dernier film a enchanté les critiques au festival de Berlin. Il sera resté jusqu'au bout un expérimentateur insatiable. Il me reste à découvrir bon nombre de ses films que j'ai manqués.

Faudrait que je m'y mette à Resnais. Reste à voir quels films sont sous-titrés... vu que je suis sourd et que les films français ne le sont pas souvent en langue originale...

C'est vrai que ça n'est pas évident à trouver. Peut être chez les belges ou dans les imports anglo-saxons? Mais en général c'est en français avec sous titres anglais ou flamands... Je vois pas mal de films étrangers en sous titres anglais quand ils ne sont pas dispos en France.

Aimer, boire et chanter

Je n'ai pas été emporté par ce dernier film d'Alain Resnais. Le décor m'a semblé inutilement artificiel (les cartes postales du Yorkshire) et l'intrigue finit par lasser dans ses répétitions. Trois couples sont marqués par le comportement d'un ami mourant, dont les actes restent toujours en hors-champ jusqu'à provoquer fascination, quiproquos et malaise.
Il y a des moments euphoriques mais le récit est à mon goût trop mince pour s'épanouir, avec une interprétation plutôt inégale dans son implication. Cela ne m'a empêché d'être séduit par le savoir-faire et l'énergie de la mise en scène de Resnais, pleine de légèreté, sans que cette impression compense les limites d'un dispositif en forme d'exercice de style.

ON CONNAIT LA CHANSON

Alain Resnais est mort il y a déjà deux mois.
Je veux lui remercier ici car ses films sont un des éléments importants qui m'a amenée en France.
Quand j'étais étudiante, à Tokyo, il y avait deux ou trois petits cinémas qui montraient des vieux films artistiques, expérimentaux, ou avant-gardistes où j'ai découvert les films de Bunuel, Godard, Murnau, Truffaut, Rohmer, Antonioni, Fellini, Bergman, Dreyer, etc. En plus c'était très bon marché car on pouvait regarder par exemple trois Fellini à 500 yen (4€?).

Je me rappelle même maintenant le frisson que j'ai eu en regardant "L'année dernière à Marienbad" et "Providence" de Resnais.
Chaque fois qu'un bon film m'impressionnait, je me suis dit, "je dois absolument aller en Europe ! en France ! Ils sont beaucoup plus subtiles que nous !".
J'ai mis tout de même longtemps pour venir étudier en France. J'ai beaucoup travaillé pour faire des économies.

Et quand j'ai trouvé l'affiche de "ON CONNAIT LA CHANSON" en France, j'avais déjà presque les larmes aux yeux, "Ah, je peux enfin regarder le nouveau film d'Alain Resnais en France !"
Mais il y avait un petit problème : Pas de sous-titre japonais ! Oh làlà.
Je suis quand même allée le regarder 6 ou 7 fois en trois semaines avec mes amis polonaises, suédoises et russes (Je les ai forcées presque. Mais elles l'ont bien aimé). Malgré la difficulté de la langue, j'ai été vraiment impressionnée par ce film. Le film est léger et populaire, mais il est toujours expérimental et complexe. Quelle originalité !

Les acteurs sont tous remarquables, surtout André Dussolier, Sabine Azéma, Jean-Pierre Bacri, Pierre Arditi.  Lambert Wilson est savoureusement prétentieux et détestable.
A l'époque, je ne connaissais vraiment pas beaucoup tous ces chanteurs et chansons qu'ils ont cités. Mais cela fonctionnait trop bien : "Vertige de l'amour" "Ma gueule" de Dussolier, "Résiste !" d'Azema, "Mon p'tit loup" d'Arditi, "Le mal-aimé" de Wilson.

Il faut aussi souligner la force des dialogues brillamment écrits par Jaoui & Bacri. Ce n'est pas un film simplement gai et rigolo. Trois personnages principaux sont carrément déprimés. Enfin tous les personnages se débattent chacun à sa façon.
Parce que la vie est vraiment déprimante, on a besoin de chansons populaires.

Et des méduses inquiétantes flottent comme si ça symbolise la vulnérabilité de notre vie, comme si toute la fatigue, tout le conflit étaient déjà écrits dans l'ADN depuis quand nous étions un copain de méduses.

J'ai l'impression que le réalisateur, les scénaristes, les acteurs y ont donné la meilleure partie d'eux comme s'ils savaient déjà que ce film aurait un grand succès populaire.
Ce film est un bon exemple de subtilité française pour moi. Ne le croyez-vous pas ?
Merci, Alain Resnais, Merci.
Que la terre lui soit légère à sa tombe.

J' ai parfois l' impression que Resnais a déjà eu sa période de reconnaissance après Hiroshima mon amour,
Marienbad, La guerre est finie, Providence...
Et aussi ses premiers documentaires comme Nuit et brouillard.
Mais qu' il a moins été suivi par les génénérations suivantes. Sinon par des fidèles ou des inconditionnels.
Et aussi par des gens comme toi. D' autres pays, d' autres cultures.
En fait, je ne sais pas. Peut etre que je me trompe.

Je ne suis pas du tout une spécialiste de Resnais (j'ai vu On connaît la chanson. Smoking/No smoking, et Les Herbes folles), et je n'ai jamais complètement accrochée à ses films. Mais je suis intriguée par ce que tu dis Ariane : en quoi trouves-tu les films de Resnais subtiles ? J'avais l'impression qu'il y allait plutôt franchement. Et ... encore plus troublant de lire que tu trouves que les films japonais manquent de cette subtilité. Je les trouve (ceux que j'ai vu) très sobres, sincères et intéressants.

Cela dit, je trouve que Resnais représente assez bien un certain cinéma français (dont Christophe Honoré ne pourrait nier l'influence je pense), mais Bix a un petit peu raison lorsqu'il dit qu'en France, il avait connu son heure de gloire il y a longtemps.

Pour Queenie.
En effet je comprends tout à fait ton avis sur Resnais.
Je n'ai pas du tout aimé tous les trois films après "On connaît la chanson".
c'est-à-dire, "Pas sur la bouche", "Coeurs" et "Les Herbes folles".
Comme j'étais très déçue, je ne suis même pas allée regarder "Vous n'avez encore rien vu".
Je pense que c'est très difficile de faire une bonne oeuvre dans n'importe quel domaine quand quelqu'un a déjà dépassé 80 ans.
Je me souviens aussi d'être très déçue du dernier Fellini.

Quant à "On connaît la chanson", j'étais déjà émue avant d'aller au cinéma par le fait de pouvoir regarder le nouveau Resnais en France. Imagine qu'au Japon tu rencontres brusquement des choses que tu rêvais depuis longtemps. Je ne sais pas ce que tu aimes. Par exemple, tu tournes le coin d'un gros bâtiment, et soudain tu trouves un gros Mont Fuji juste devant tes yeux avec le beau ciel bleu sans aucun nuage. C'était un peu ça pour moi.

Et puis je crois que le couple Jaoui-Bacri lui a apporté beaucoup de fraîcheur.
Et aussi il y a déjà plein de films musicaux comme "Les parapluies de Cherbourg" où les acteurs chantent eux-même. Mais l'utilisation directe des tubes est quand même très originale et inventive. Personne n'a jamais fait ça au cinéma. Un vieux de 75 ans peut faire quelque chose tout à fait nouveau. C'est incroyable.

En ce qui concerne la subtilité, je ne te comprends pas car je n'ai rien écrit sur les films japonais, ni Kurosawa, ni Ozu, ni Mizoguchi, ni Naruse, ni Kitano, ni Kore-Eda non plus.
Je n'ai pas dit que les films japonais étaient tous nuls vis-à-vis des films européens. Je n'ai pas comparé Resnais et Ozu.

Quand j'étais étudiante, j'ai discuté sur ce sujet (?) avec un copain suédois. J'ai admiré les films d'Ingmar Bergman devant lui. Il a fait la grimace et m'a dit, "je n'aime pas du tout les films de Bergman". J'ai vraiment été surprise car je croyais très fortement que ce réalisateur avait apporté beaucoup de nouveaux éléments dans le monde de cinéma. Je lui ai donc protesté.
Et il m'a répondu, "je vois trop de défauts quand je regarde ses films. Toi aussi, bien que plein d'étrangers admirent Kurosawa, tu trouves beaucoup de défauts dans ses films, n'est-ce pas ?"
C'était exact. C'est vrai que on comprends tous les détails de scénario dans les films de son propre pays car c'est sa langue.
Par contre quand on regarde les films étrangers, on ne comprend pas tout à cause de sous-titrage. Et ça ajoute un peu de mystère (profondeur ?) aux films, à mon avis.
Et puis la langue étrangère est très jolie à écouter. Ça nous fait déjà rêver. Quand je regarde les films de Tarkovski, je veux brusquement apprendre le russe.
Et puis on connaît aussi presque tous les acteurs de son pays. C'est moins exotique. On sait très bien "cet acteur a divorcé récemment et commencé à sortir avec une chanteuse très bête" etc. Cela gâche beaucoup de plaisir. Alors qu'il ne faut pas voir, on voit trop de choses derrière le film. On ne peut pas apprécier juste le film.
Je suis sûre que les italiens trouvent des défauts dans les films de Fellini, Antonioni, Rossellini beaucoup plus que nous.

Bien sûr que moi aussi, il y a des films japonais que j'adore. J'en parlerai petit à petit dans ce forum. Tu n'as encore rien lu. Si je commence à parler des films d'Imamura, je peux parler pendant trois jours sans arrêt. 

Ariane SHOYUSKI a écrit:

Quant à "On connaît la chanson", j'étais déjà émue avant d'aller au cinéma par le fait de pouvoir regarder le nouveau Resnais en France. Imagine qu'au Japon tu rencontres brusquement des choses que tu rêvais depuis longtemps. Je ne sais pas ce que tu aimes. Par exemple, tu tournes le coin d'un gros bâtiment, et soudain tu trouves un gros Mont Fuji juste devant tes yeux avec le beau ciel bleu sans aucun nuage. C'était un peu ça pour moi.

J'imagine très bien !

Citation :

Et puis je crois que le couple Jaoui-Bacri lui a apporté beaucoup de fraîcheur.

Le duo Baja comme on les appelle a beaucoup de perles derrière lui.

Citation :

Et aussi il y a déjà plein de films musicales comme "Les parapluies de Cherbourg" où les acteurs chantent eux-même. Mais l'utilisation directe des tubes est quand même très originale et inventive. Personne n'a jamais fait ça au cinéma. Un vieux de 75 ans peut faire quelque chose tout à fait nouveau. C'est incroyable.

T'as vu 8 femmes de Ozon ? Il reprend en hommage ce type de film. Je suis une fan inconditionnelle, mais je reconnais qu'on peut le trouver très artificiel.

Citation :

En ce qui concerne la subtilité, je ne te comprends pas car je n'ai rien écrit sur les films japonais, ni Kurosawa, ni Ozu, ni Mizoguchi, ni Naruse, ni Kitano, ni Kore-Eda non plus.
Je n'ai pas dit que les films japonais étaient tous nuls vis-à-vis des films européens. Je n'ai pas comparé Resnais et Ozu.

C'était par rapport à cette phrase que tu avais dite : Chaque fois qu'un bon film m'impressionnait, je me suis dit, "je dois absolument aller en Europe ! en France ! Ils sont beaucoup plus subtiles que nous !".

Mais c'est vrai que j'ai extrapolé et j'ai du mal la comprendre. Mea Culpa !

Citation :

Tu n'as encore rien lu. Si je commence à parler des films d'Imamura, je peux parler pendant trois jours sans arrêt. 

Vivement !