[2010] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

je ne crois pas que vous ayez déjà parlé de ce documentaire d'une grande beauté. Pour tous ceux qui aiment les oiseaux, les gros, les petits, de la mésange au corbeau en passant par les vautours, pour tous ceux qui aiment les belles forêts d'automne et la montagne, pour tous ceux qu'une fleur émeut, ou des marmottes ou encore des chamois jouant dans la neige comme s'il surfaient sur des vagues, ce documentaire est pour vous...

j'en sors heureuse...

Le réalisateur Jean Miche Bertrand a passé trois ans dans les Alpes à attendre l'aigle royal, le jour où il le trouve il en donne des images éblouissantes, renversantes, viscérales. Il parle d'un rêve et il nous le fait partager avec pudeur, avec ferveur, avec intelligence.

un très très beau moment passé à planer...

Encore un point marqué par le cinéma argentin. Joli film sur l'adolescence (j'en dirais pas plus),
sur la virilité, et le choc entre les milieux sociaux.
Le tout de façon sensible (et modeste).

Bon moment de cinéma.

shanidar ça a l'air magnifique

Maryvonne a écrit:

Bon moment de cinéma.

Cool , je vais le guetter
j'espère qu'il en sera de même avec

Belle épine

Oui bof, c'est pas mal mais vu les critiques élogieuses et pratiquement unanimes vu sur allociné, je m'attendais à mieux
le film aborde le sujet du passage difficile de l'adolescence à travers le personnage de Prudence ( incarné par Léa Seydoux qui fait la gueule du début à la fin, mais en un certain sens on peut la comprendre)
Elle fait face à la disparition de sa mère, à l'absence de son père et à l'éloignement de sa soeur ainée incapable de partager son chagrin,
se lie plus ou moins et maladroitement avec une bande de jeunes motards, par l'intermédiaire d'une ado un peu rebelle qui finalement se révélera bien moins rebelle qu'elle.

Thème du deuil, du désir, tout cela est abordé, mais je suis restée en surface malgré quelques moments assez émouvants.

Dans Le nom des gens (sortie le 24 novembre), Sara Forestier couche avec des mecs de droite pour les convertir. Jusqu'ici j'en ai lu que du bien.

traversay a écrit:

Un homme qui crie de Mahamat Saleh Haroun
Le sujet, celui d'une tragédie personnelle au milieu d'un drame collectif, est traité avec sobriété et douceur, certains diront avec austérité. L'analyse, très fine, de la psychologie de cet ancien champion de natation à qui il ne reste que la dignité fait tout le prix de ce récit à la sensibilité rare. Les rapports entre père et fils, complexes, sont une fois de plus au coeur du film d'Haroun. La scène finale, au bord du fleuve, est magnifique et poignante.

« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... » Aimé Césaire

J'ai moi aussi été touché par ce film malgré quelques défauts qui l'empêchent d'être le grand film qu'il pourrait être. L'austérité n'est pas un problème. J'ai aimé cette atmosphère languide, calmement bien que violemment douloureuse (le cri du père et de ce peuple est effectivement intérieur) dans une lumière éclatante qui surexpose l'image, l'immersion dans ce petit village tchadien qui semble sortir d'une douce torpeur pour s'éveiller brutalement d'effroi, le contexte de guerre civile amené par petites touches pas trop démonstratives mais suffisamment explicites, l'absence de manichéisme et la vraie présence de ces personnages, l'émotion surtout dans quelques scènes splendides.

Par contre, alors que les moments de silence, de non-dit, de regards, d'attente, sont superbement observés et décrits, j'ai trouvé le jeu des acteurs emprunté et maladroit, récitant un texte trop lourdement signifiant et sentencieux (un cuisinier de l'hôtel qui vient de se faire licencier dira par exemple: "David ne peut rien contre Goliath" ou "Notre malheur est d'avoir remis notre destin entre les mains de Dieu", "Notre coeur nous lâche au moment où nous en avons le plus besoin"...). C'est un travers - ou la caractéristique poétique, je ne tranche pas - du cinéma africain que de dépeindre des situations hautement morales ou symboliques avec hiératisme et une sorte d'emphase qui a l'apparence de la retenue la plus digne. Je trouve ça souvent trop lourd et démonstratif, avec une philosophie peut-être un peu naïve bien qu'ancestrale, d'autant que ce n'est pas toujours très bien joué. Mais c'est surtout le noeud dramatique qui me semble un peu artificiel et difficilement crédible (ce sacrifice du fils).

Il reste à l'arrivée un beau personnage de père qui émeut sans appuyer le trait, son regard est très expressif. La dernière séquence au bord du fleuve bien sûr et aussi ce chant de l'amie du fils qui est peut-être le vrai cri de douleur de ce peuple en guerre.

darkanny a écrit:

Oui bof, c'est pas mal mais vu les critiques élogieuses et pratiquement unanimes vu sur allociné, je m'attendais à mieux
.Thème du deuil, du désir, tout cela est abordé, mais je suis restée en surface malgré quelques moments assez émouvants.

darkanny, j'ai franchement détesté. Je n'aurai pas d'indulgence pour ce brouillon de film qui ressasse des thèmes mille fois vus ailleurs, mis en scène à la truelle, éclairé à la bougie défaillante et monté en dépit du bon sens. Un seul qualificatif : sinistre. Un autre ? Opaque.

Prudence, jouée par une Léa Seydoux boudeuse jusqu'au bout des ongles (elle sourit une fois dans le film, j'ai adoré ce moment) vient de perdre sa mère. Son père est absent, sa soeur ne se montre guère, bref elle est solitaire et s'ennuie un peu (nous aussi, qu'elle se rassure). Elle pique dans les magasins, traîne avec des motards que jamais, couche mollement avec un type sans intérêt, marche sous la pluie... et, surtout, elle boude. Voilà, c'est à peu près tout. Les dialogues sont assez souvent inaudibles et quand ils ne le sont pas, on le regrette.

Certains critiques citent Pialat. J'hallucine ! On est plus proche de l'esthétique d'un téléfilm des années 80. Quand je vois les louanges tressés au film par certains journaux, je me pose des questions. La réalisatrice, Rebecca Zlotowski, sort de la Femis. Son essai est censé être un film d'auteur. Fait pour les critiques du microcosme parisien ? Je soupçonne une consanguinité dans ces éloges. N'étant pas du sérail, moi, spectateur lambda, je laisse Belle épine à ses thuriféraires et je repense à Des filles en noir. Pas un film parfait, avec des actrices qui boudent (encore !), mais au moins il y a un scénario, des idées de mise en scène, une certaine poésie...

Ben dis donc! Pour une fois que Traversay est révolté par un film! Vous ne donnez pas envie en tout cas... Mission accomplie!

Ca fait du bien de se défouler.
Au fait Marko, comptes-tu voir ce film russe ? Il passe chez moi la semaine prochaine.



Et demain sort un film ukrainien furieusement lynchien. Tu devrais aimer. C'est puissant, même si je n'ai pas tout compris.

traversay a écrit:

Ca fait du bien de se défouler.
Au fait Marko, comptes-tu voir ce film russe ? Il passe chez moi la semaine prochaine.

Je voulais le voir aujourd'hui à 19h15 mais je n'ai pas pu malheureusement. Il me fait énormément envie mais j'ai peur de ne plus l'avoir demain... Je croise les doigts. J'irai aussi voir "My Joy".

Les corps des femmes sont aussi des fleuves capable d'emporter les chagrins. Dommage qu'on ne puisse pas s'y noyer.

Citation :

A la mort de son épouse Tanya, Miron aspire à un dernier voyage avec sa bien-aimée respectant le rituel des Méria, une ancienne tribu russe dont les traditions perdurent.
Accompagné de son meilleur ami Aist, ils sillonnent la Russie. Comme le veut la coutume, Miron partage avec son ami les souvenirs les plus intimes de sa vie conjugale.
Mais au bord du lac sacré sur les berges duquel ils font leurs adieux à Tanya, Miron se rend compte qu'il n'était pas le seul à l’aimer...

Le dernier voyage de Tanya d'Aleksei Fedorchenko est un film splendide et particulièrement original qui bénéficie d'une photographie très travaillée (c'est le chef op de Zvianguintsev!!) dans un format scope qui nous immerge complètement. Le choix des musiques plus ou moins ethniques est aussi très réussi, mélange de tradition et de modernité.

Les Méria sont une ancienne ethnie russe presque éteinte, probablement originaire de Finlande, et ayant laissé une tradition, des rituels, une poésie. L'histoire à la frontière du documentaire, mais qui construit une véritable fiction, s'inspire de leur mythologie pour raconter le dernier voyage de Tanya et nous faire ressentir l'âme de ce peuple et leur rapport à la vie et aux morts.

Le texte en voix off du narrateur est très littéraire et poétique, nous commentant les différents rituels et accompagnant l'action. On suit le parcours de ces deux hommes dont on comprend progressivement le lien étrange et trouble mais à l'arrivée si naturel et un peu douloureux. Le récit alterne les étapes du rite mortuaire et les flashbacks nous permettant de mieux découvrir les personnages avant la mort de Tanya.



Des gestes qui pourraient sembler dérangeants deviennent beaux et émouvants au fur et à mesure qu'on en perçoit le sens. On prépare l'épouse morte comme au jour de son mariage en lui attachant des fils de couleurs au pubis, le mari purifie sa femme dans l'intimité en la lavant avec de la vodka comme il le fera au moment de l'immolation, l'érotisme est partagé et source de vie comme dans la séquence très touchante avec les deux prostituées...



Mais au-delà de la beauté et de la simplicité de ces rituels et de ce mode de vie, la douleur de l'absence n'est pas éludée et la tentation du suicide n'est jamais loin. Il y a l'appel de ce fleuve (La Volga) qui promet l'immortalité et la fin du chagrin. Et le cinéaste choisit de terminer son histoire par une séquence étonnante et un peu maladroite mais qui garde sa cohérence. Ne le manquez pas!

traversay a écrit:

L"homme qui voulait vivre sa vie d'Eric Lartigau

Deux parties distinctes : la française, popote, aligne les clichés sans conviction sur l'existence aisée d'un type qui n'a pas réalisé ses rêves et voit son couple battre sérieusement de l'aile. Deneuve et Foïs font de la figuration intelligente, on attend la suite. La partie monténégrine commence sous de meilleurs auspices, le film se fait plus rugueux, Arestrup apporte enfin une vraie épaisseur. Las, il ne fait que passer et voici le thriller qui reprend le dessus sur la psychologie. A partir de là, avec la fuite éperdue du héros, c'est du grand n'importe quoi jusqu'à la fin la plus abrupte et ridicule qu'on puisse voir cette année au cinéma.

J'y suis allée sans conviction, en accompagnant une amie qui voulait le voir (elle a aimé le roman que je n'ai pas lu et qui ne me dit rien de toutes façons) et bof voilà...

Un peu moins convenu que ce que j'ai craint d'emblée (une histoire d'adultère, d'insatisfaction, le couple vu comme l'aliénation de l'épanouissement personnel et les sempiternelles remises en question) avec ce retournement inattendu (en tout cas je ne m'y attendais pas) qui oblige le héros (Romain Duris donc) à remettre sa vie à plat et repartir à zéro. On voyage un peu et ça permet d'espérer autre chose quant à la suite...Mais cela tourne vite en rond et le personnage de Duris piégé tout seul dans sa recherche d'une autre identité, se retrouve ainsi que le metteur en scène sur une voie sans issue dont ce dernier se tire par une dernière pirouette plutôt ratée, bien d'accord Traversay, en moralisant le tout par une pseudo rédemption du héros en sauveur des opprimés.

Oui euh...et alors? On est sorties de là plutôt bredouilles et interloquées. Cet homme ne choisit pas sa seconde vie, il est contraint de l'inventer et ce n'est pas la même chose, bien différent en tout cas de ce que le titre laissait envisager. Je ne peux comparer avec le roman mais finalement quel est le but? s'il est existenciel il rate sa cible, si c'est un thriller, comme traversay le dit plus haut, il fait un flop.
Heureusement que j'aime bien Duris, c'était le seul point qui m'incitait un peu là dedans. Maintenant je me dis que c'est sans doute aussi celui du metteur en scène qui n'a pas l'air de croire du tout à son sujet et qui se borne à filmer son acteur.

Pas pour vous les Parfumés, vous pouvez passer...

aeriale a écrit:

L"homme qui voulait vivre sa vie d'Eric Lartigau
Pas pour vous les Parfumés, vous pouvez passer...

Tu exagères ! Ce serait triste s'il y avait un goût unique parmi les parfumés.

traversay a écrit:

Tu exagères ! Ce serait triste s'il y avait un goût unique parmi les parfumés.

Surement que j'exagère. Mais les Parf qui suivent ce fil sont plus exigeants que ça je pense, non?


En tout cas je devais voir Belle épine avec une amie demain et tu m'as sacrément cassé l'envie traversay