Lorrie Moore

Lorrie Moore est née en 1957.Elle est professeur à l'université du Wisconsin.Nouvelliste et romancière reconnue dans son pays, elle suscite l'admiration de nombreux auteurs anglo-saxons comme Jay McInerney ou Alison Lurie.Son dernier roman "La passerelle"(ed.de l'Olivier-2010)sorti aux EU en octobre 2009, s'est classé plusieurs semaines dans la liste des meilleures ventes du New York Times .

Bibliographie

Citation :

Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)

1989 Des histoires pour rien, Page 1,
1991 Vies cruelles,
1993 Anagrammes,
1995 Que vont devenir les grenouilles?,
2003 Déroutes, Page 1, 7
2010 La passerelle, Pages 1, 3, 4, 5, 6, 7

Citation :

mise à jour le 09/03/2013, page 7

J'ai lu



et je lis



Difficile de la caractériser , elle dissèque sans en avoir l'air les absurdités de toute existence , c'est finement écrit avec un style bien à elle.
Je ne vais pas poster d'extraits car chaque nouvelle est unique et l'effet risque d'êre voisin de zéro si volontairement comme cela je retire des phrases de leur contexte.
Féministe dans l'âme , mais tellement loin d'un militantisme barbant , elle arrive à faire passer une quantité de messages politiques et sociaux à travers des fragments de vie où les rapports humains et leurs petites hypocrisies apparaissent au grand jour.
Elle est capable de parler de tout : d'un voyage en Irlande d'une fille et de sa mère , d'un deuil impossible après la mort d'un chat , de la souffrance de parents devant la maladie de leur bébé , du voyage d'un aveugle avec son compagnon ....
C'est jamais très gai , assez cruel mais drôle aussi , carrément émouvant par moments , bref , moi ça me parle beaucoup.

Voilà , ça me ferait plaisir que d'autres la lisent et rebondissent sur ce fil , vraiment ça me réjouirait .

Merci pour ce fil
Comme je l'ai déjà dit, j'en ai lu tout un tas de livres d'elle, roman et nouvelles, mais cela fait un bon moment.
J'étais agréablement étonnée de voir un nouveau roman d'elle récemment en librairie.. je l'avais perdu un peu de vue mais cela me tente de renouer avec elle
J'ai commandé le livre en anglais et vais revenir après ma lecture

J'ai prévu depuis un moment de lire La passerelle très bientôt, ce fil ne restera pas vide

Je note également !

C'est encore mieux que "Déroutes"
Même si les sujets abordés sont plutôt tristes (comme souvent dans la vie en fait) , elle a vraiment un humour décalé qui en fait évite tout mélo ou larmoiement , c'est très fort.
Elle n'a pas énormément publié (6 livres en tout ) , mais c'est normal , il faut du temps pour écrire aussi intelligemment .
Bon , il me reste "Anagrammes", "Vies cruelles","Que vont devenir les grenouilles" et "La passerelle" , je tiendrai pas 2010 avec ça .

darkanny a écrit:

Elle n'a pas énormément publié (6 livres en tout )

pas étonnant alors que je ne l'ai pas 'vu' ces dernières années en librairies..
j'ai lu Self-Help (1985), Anagrams (1986), Like Life (1990), Who will run the Frog Hospital (1994), Birds of America (1999), il me reste donc son dernier, A gate at the stairs

Darkanny, tu nous l'as bien vendue cette Lorrie Moore. Je me suis offert La passerelle samedi (vivement incitée aussi par ma libraire)
Je le commence très bientôt et aux vues de tes posts j'ai bien hâte

Oui Aeriale , sachant que ce ne sont pas des nouvelles "La passerelle" donc ça peut être un peu différent de ce que j'ai lu , mais tu nous diras .

Kenavo , tu as tout lu en fait ou presque , c'est bien , tu n'as plus qu'à TOUT relire pour apporter du grain au moulin héhéhé !

darkanny a écrit:

tu n'as plus qu'à TOUT relire pour apporter du grain au moulin héhéhé !

depuis la première fois que tu as mentionné son nom, j'en ai l'envie..
je vais d'abord lire son nouveau roman, mais par après certeinament revenir aussi vers un de ses recueils de nouvelles..
quand tu as posté les images des sculptures de Claes Oldenburg je me suis dit, oui.. cela colle avec les histoires qu'elle écrit (ben, quelques unes)
et aussi avec le monde littéraire de Joy Williams.. autre auteure qui devrait te plaire

J'ai lu "des histoires pour rien", et j'ai eu au début un blocage au niveau du style;.. sur les 10 nouvelles, 9 (je crois) sont écrites à la deuxième personne du pluriel. Pour moi, c'est une réelle difficulté, c'est comme si on me forçait à l'identification. TU TE RECONNAIS, HEING, DIS LE QUE TU TE RECONNAIS DANS LE PERSONNAGE.

Malgré cela, j'ai été entraînée, je me suis faite adoptée par le recueil, et ce n'est pas plus mal. J'ai trouvé ça modérement drôle. La plupart des nouvelles font le portrait d'une femme, rarement épanouie dans sa vie. Les nouvelles se font écho dans le sens où l'on a le point de vue d'une femme adultère, puis celui d'une femme trompée. L'une d'entre elle est touchée par une maladie grave et songe au suicide, une autre ne peut quitter son conjoint qu'elle n'aime plus étant donné qu'il est touché d'un mal inconnu.

Des portraits croisés de femmes qui nous poussent à nous interroger sur le bonheur de notre quotidien.
Sur la difficulté de ne pas subir notre existence et de la prendre en main.
De beaux écrits sur les relations (ô combien complexes) humaines, qu'elles soient amoureuses, familiales ou amicales.

A lire.

Déroutes

Des nouvelles difficiles, désolantes, douloureuses, en souffrance, des sujets abordés qui ne peuvent laisser personne indifférent (un bébé atteint d'un cancer, des hommes et des femmes qui se croisent sans jamais se toucher vraiment, des erreurs de parcours qui s'effritent lentement...) et tout cela bien secoué par une narration dense, drôle, déambulatoire. Les personnages sont déprimés et déprimants, ils sont tous au-delà de la rage, de la colère ou du désespoir. Ils semblent se tenir au bord d'un précipice sans avoir ni le courage, ni le désarroi de sauter ou de s'éloigner. Des personnages qui donnent envie d'être parfois secourus et parfois pas, des personnages enfoncés dans des gouffres et qui s'abiment dans une atonie étrange, envahissante, pleine de réflexions denses, d'ironie glaçante, mordante mais sans effet sur leur infirmité à prendre la vie à bras-le-corps.
Difficile d'échapper à des nouvelles aussi fortes, aussi troublantes mais tristes, tellement tristes. Heureusement l'humour noir laisse parfois échapper un rire grinçant mais douloureux, un frisson de compassion, un soulagement dans la lecture qui se veut resserrée, écrasante, martelante.
Je suis très curieuse de lire le dernier roman de Moore, voir comment elle a pu écrire tout un livre avec les mêmes personnages, curieuse de savoir si elle a gardé les mêmes thèmes, lentement disséqués : ceux du corps toujours différent de ce que l'on voudrait qu'il soit, qu'il fasse; ceux de l'altérité brisée, impossible, chacun semblant vivre derrière une vitre impossible à casser, chacun pleurant dans sa bulle sans pouvoir atteindre l'autre...; ceux du couple exilé, silencieux, sarcastique, où les différences sont telles qu'elles empêchent tout contact réel, malgré l'amour, malgré le désir, malgré l'empathie.
Evidemment après de tels textes, on a envie d'un peu d'air, mais tout de même il est parfois stimulant de se confronter au désespoir en chantant, au désarroi silencieux, au sourire gris de panique de certains personnages extrêmement bien campés et qui restent dans l'esprit comme une trainée de larmes.

Joli commentaire et comme toi , j'ai la même curiosité au sujet de son roman "La passerelle".

C'est une histoire à l'apparence simple , celle d'une jeune fille de 20 ans , Tassie , élévée dans le Midwest (la ferme de ses parents) à Dellacrosse , étudiante à Troie et qui se trouve un job de baby sitter auprès d'un couple tentant d'adopter un enfant .
Les parents adoptifs sont d'un niveau social aisé , Edward fait de la recherche (assez vague) et Sarah dirige le "Moulin rouge" un restaurant bobo où l'on mange des plats très sophistiqués et très chers.

Dit comme ça , on n'est pas transporté , et pourtant c'est un livre qui m'a ébloui , par sa finesse , sa gravité , sa capacité à émouvoir, sa multitude de thèmes en évitant habilement la sensation de fourre-tout .
On est assez loin des nouvelles courtes et grinçantes de Lorrie Moore , j'ai l'impression (et ce n'est pas seulement une impression puisqu'elle est restée muette pendant 10 ans avant de réaliser "La passerelle") qu'elle a pris énormément de temps pour écrire ce livre.
Tout est travaillé , Tassie occupe évidemment le devant de la scène , ses émotions et ses joies si minimes soient-elles sont les notres , mais aucun des personnages n'est bâclé , leur étrangeté nous habite jusqu'à la fin , jusqu'à la dernière ligne , pas une fausse note , un vrai travail d'orfèvre.

C'est bien simple , je n'ai même pas envie de rouvrir un livre , je veux rester sur cette impression .
Et je n'ai pas envie de disséquer cette lecture et d'en dire trop , car chacun la percevra à sa façon , juste une chose : Lorrie Moore se réfère souvent à des livres , morceaux de musique ou films , je me sens très proche d'elle et de sa pensée , donc cela ajouté à son talent naturel m'ont permis d'avoir probablement un des meilleurs moments de lecture de ma vie , d'une richesse infinie.

Je sais que c'est con mais la converture avec son titre en rose me rebute. J'ai l'impression que je vais lire un truc sirupeux.

odrey a écrit:

Je sais que c'est con mais la converture avec son titre en rose me rebute. J'ai l'impression que je vais lire un truc sirupeux.

oulà , sirupeux ?
s'il y a bien un qualificatif qui ne s'accorde pas avec ce livre et tout ce qu'écrit Lorrie Moore , c'est bien celui-là