Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Michel Houellebecq

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Ouliposuccion
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyMer 14 Déc 2011 - 15:02

Les particules élémentaires

J’ai retrouvé dès le prologue mon petit rictus « Houellebecquien », ce qui s’annonçait plutôt bien :

« Ce livre est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe Occidentale, durant la seconde moitié du 20e siècle. Généralement seul, il fut cependant, de loin en loin, en relation avec d’autres hommes.il vécut en des temps malheureux et troublés. Le pays qui lui avait donné naissance basculait lentement, mais inéluctablement dans la zone économique des pays moyen-pauvres ; fréquemment guettés par la misère, les hommes de sa génération passèrent en outre leur vie dans la solitude et l’amertume .Les sentiments d’amour, de tendresse et de fraternité humaine avaient dans une large mesure disparus ; Dans leurs rapports mutuels ses contemporains faisaient le plus souvent preuve d’indifférence, voire de cruauté (…) »

Mutation métaphysique d’une époque, la génération désenchantée renverse la vision du monde adoptée depuis les romains : le christianisme.

Et je glorifie cette image ! Le ton donné est provocateur d’entrée de jeu, une vérité bien amenée montre du doigt la tartuferie (j’emploie ce terme sciemment bien entendu) d’une société se voulant encore sur la voie du seigneur en prônant la morale alors qu’elle évolue dans un égocentrisme rutilant. Amer constat pour ceux qui pensent encore que l’ultime vision du monde reste divine…

Je ne vais pas faire de résumé du livre, j’imagine que tout a déjà été dit sur le sujet, aussi je me contente juste d’émettre mon ressenti :

Il y a des moments où l’on voudrait être misanthrope juste pour se ranger du côté de Houellebecq, c’est à se demander parfois en le lisant s’il ne flirte pas avec l’héboidophrène et là alors, je pourrais dire que les déments le sont uniquement par une clairvoyance d’esprit bien plus éclairée que la moyenne.
Parce que voilà lorsque je lis les particules je me dis
- Quel talent réside dans la folie.
- L’aliénation méthodique et acérée de sa description sociétaire de par ses personnages dans laquelle il puise son cynisme est juste un constat incontestable.
- Puisqu’on ne peut pas vivre dans un monde détraqué qui n’est pas le sien et qui ne l’a jamais été, on ne peut effectivement que le calomnier et lui expectorer dessus.
- Des personnages forcenés ? non juste un peu plus humains que la moyenne, on ne nait pas asocial, ni désenchanté et désillusionné, on le devient par la force des choses, à chacun son extrême.

En bref élémentaire mon cher Houellebecq, j’ai eu les particules en connivence avec cette lucidité aiguisée.

Je cite un homologue américain à qui j’ai pensé durant toute cette lecture :
« Je n'ai jamais aimé personne et j'ai peur des gens » Bret Eston Ellis « Suites Impériales »



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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyMer 14 Déc 2011 - 21:27

Commentaire très intéressant et dont je partage l'essentiel du ressenti. Mais pourquoi le compares-tu à un héboïdophréne (forme sociopathique de la schizophrénie)? C'est quand même très différent de la misanthropie ...
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyMer 14 Déc 2011 - 21:54

Pareil, je trouve ton commentaire très enrichissant Oulipo.
Et merci à Marko également qui m'a évité de devoir chercher le sens du terme "héboïdophrène"...
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 5:11

J'ai employé le terme "héboidophrène" de façon imagée pour deux raisons , je m'en explique :

-L'héboidophrène est un anti-social apathique ayant des comportements violents , ce que fait Houellebecq en assassinant la société à coup de plume de manière indolente.C'est une forme de violence de vouloir en finir avec l'humanité.
-Michel Houellebecq se met toujours en scène dans ses livres , dont celui-ci , un des personnages s'appelle Michel et ressemble de près à la philosophie de l'auteur , c'est un peu un côté schizophrénique.
L'écrivain l'est sans doute toujours un peu.

D'autre part , je suis une lectrice et amatrice de Robert Alexis , philosophe et écrivain , qui prétend que c'est sans doute dans la folie que l'homme est le plus humain , "être" ne serait-ce pas se défaire les limites sociétaires pour mieux exister soi même?

D'où la phrase de mon post "(...) c’est à se demander parfois en le lisant s’il ne flirte pas avec l’héboidophrène et là alors, je pourrais dire que les déments le sont uniquement par une clairvoyance d’esprit bien plus éclairée que la moyenne."

Je mettais donc en évidence un Houellebecq brillant en lui accordant le fait d'être intellectuellement au dessus d'une société , le génie est une forme de folie pour certains.



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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 9:43

Ouliposuccion a écrit:

-Michel Houellebecq se met toujours en scène dans ses livres , dont celui-ci , un des personnages s'appelle Michel et ressemble de près à la philosophie de l'auteur , c'est un peu un côté schizophrénique.
L'écrivain l'est sans doute toujours un peu.

Je comprends ta métaphore et elle est intéressante. On y retrouve juste à mon sens ce malentendu qui a fait passer dans le langage courant (et notamment journalistique, au cinéma aussi) le mot "schizophrénie" comme synonyme de "dédoublement de la personnalité"et par extension d'ambivalence, de dualité... Comme si être schizophrène c'était être habité par une autre identité, se dédoubler. C'est pourtant à la limite du contre sens car la schizophrénie c'est autre chose, une désorganisation, un trouble du traitement de l'information qui diminue les capacités d'interaction avec le monde extérieur, qui altère aussi les perceptions internes. Et on peut être halluciné, se sentir possédé ou dédoublé par une autre présence dans d'autres pathologies que la schizophrénie. Je me suis toujours demandé ce qui avait alimenté ce malentendu. Peut-être le cliché du fou qui se prend pour Napoléon? Reste que je vois bien ce que tu as voulu exprimer sur Houellebecq et qui me semble juste par ailleurs. Etrange comme des mots se transforment progressivement dans l'imaginaire collectif.

Citation :
Le terme « schizophrénie » provient du grec « σχίζειν » (schizein) signifiant fractionnement et « φρήν » (phrèn) désignant l’esprit et doit être compris au sens de fractionnement de l'esprit avec le réel et non pas comme une dissociation de l'esprit en plusieurs entités. Ainsi, la schizophrénie ne doit pas être confondue avec le phénomène de personnalités multiples, qui concernent les troubles dissociatifs de l'identité. L'amalgame est pourtant courant et le terme schizophrénie (ou ses dérivés) est souvent utilisé, notamment dans la presse ou le cinéma, pour désigner une entité aux facettes multiples ou antagonistes, ou des propos contradictoires.
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 10:30

Oui je suis assez d'accord avec toi sur le fait sociétaire de soustraire un mot de sa signification principale.

Disons que dans ma démarche concernant le mot " schizophrénique ", je faisais plus référence à certains symptômes de cette maladie , comme le désintéressement et perte de toute motivation , en évitant le contact avec les autres, le repli sur soi-même, une sorte d'isolement sociétaire, la déprime , l'envie de suicide concernant Houellebecq ce qu'il revendique dans "la carte et le territoire" dans son propre personnage.
Dans ce côté schizophrène de se mettre en scène , j'y vois plus une sorte d'hallucination aigue controlée de l'auteur sur sa propre personne en créant des bouts de lui dans chaque roman.
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 12:16

Oulipo, je ne sais pas si tu connais déjà Chloé Delaume mais je pense qu'elle pourrait fortement t'intéresser Wink . Pour poursuivre sur Houellebecq, je le trouve toujours un peu trop mou, je trouve qu'il ne va pas assez dans le dégoût, que son écriture ne reflète pas suffisamment la hargne de sa pensée contre l'humanité, contre soi-même, il faudrait qu'il y mette un peu de Lautréamont ou de Guyotat pour me plaire. Le côté désabusé (que l'on retrouve quand il chante) me donne envie de le secouer... Je trouve sa prose trop convenue par rapport au message qu'elle véhicule. Et je n'ai pas l'impression que ses derniers opus soient plus vifs...
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyJeu 15 Déc 2011 - 12:45

Je ne connais pas Cloé Delaume mais je vais aller me documenter sur cette personne si elle peut m'interesser ^^

Oui il est vrai que Houellebecq a cette sorte de nonchalance , je dirais qu'elle reflète sa désillusion , mais contrairement à toi , c'est ce désenchantement qui me charme , ce retrait prouvant son dégoût que je trouve bien plus fort qu'une rhétorique hargneuse.
C'est un peu , à mon sens , une sorte d'arrogance dédaigneuse de l'espèce humaine , un constat qui je crois le rend à fleur de peau et écorché.
Au fond , mais ce n'est que mon humble avis , il me semble que les plus grands cyniques , provocateurs sont les plus sensibles...

Je ressens beaucoup de sensibilité chez Houellebecq , la désillusion et les blessures en font un auteur admirable , mais je peux comprendre qu'il laisse perplexe^^
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyMar 25 Sep 2012 - 21:51

La Carte et le territoire (2010)


Michel Houellebecq - Page 14 La-car10

Houellebecq se met en scène… mais il ne sera pas le personnage le plus intéressant de la Carte et le territoire. A la limite, on peut même douter de sa vraisemblance autobiographique. Si Houellebecq, le vrai, devait s’identifier à un seul personnage de son livre, se serait peut-être Jed.

Jed est un artiste, passé dans une école des beaux-arts, mais qui semble toutefois désabusé par la valeur du travail photographique qu’il effectue. Traînant à ses chevilles une maladresse sociale qui l’empêche de se mêler aux ressortissants de l’espèce humaine, ses contacts avec autrui se limitent au strict minimum de la sphère familiale –un père aigri- et quelques femmes moins dépendantes de lui qu’il ne l’est d’elles.

La révélation de son nom au grand public se fera suite à une révélation d’un autre ordre –pour ainsi dire métaphysique- : celle de l’harmonie que dissimulent les cartes Michelin. Personne n’y avait jamais pensé avant Jed, et sa reconnaissance artistique est largement imputable à cette marque d’originalité.

Houellebecq lâche les brides de la vraisemblance et constitue son livre est à l’image de cette idée saugrenue et surgie de nulle part –critique à peine cachée du milieu artistique. Alors que les personnages décrivent un monde terne dans lequel les émotions positives comme les émotions négatives sont aplanies et ramenées au même niveau, soudain, un rien les emballe et les extirpe de leur routine monotone. Le moindre prétexte est suffisant à déclencher une ébullition émotionnelle d’autant plus surprenante qu’elle prend sa source dans la banalité du quotidien. La parodie n’est jamais bien loin, et derrière cet emballement apparent, le cynisme se fait sentir avec plus de virulence que dans le reste du texte.

D’un côté, la lucidité des propos et la vision cruellement terre-à-terre des personnages, qui ramènent chaque évènement de leur existence à la triste réalité physiques des corps en décomposition, donnent au texte une tonalité dépressive. De l’autre côté, la désinvolture avec laquelle ces mêmes sujets sont évoqués nous fait prendre conscience de l’insignifiance qu’ils revêtent lorsqu’on les considère avec davantage de recul. La Carte et le territoire ne nie pas le désenchantement de nos vies mais nous montre qu’il est parfaitement possible de bien vivre en le ressentant quotidiennement.

Houellebecq n’est pas le seul à avoir cette vision des choses. D’ailleurs, son livre ressemble à certains niveaux aux plus grands titres de Bret Easton Ellis : même références aux personnalités contemporaines, même fixation sur les détails de la vie quotidienne –qu’il s’agisse des menus de restaurant, des marques de gadgets électroniques ou des tenues arborées par les mondains- et même dualité entre l’homme public et l’homme privé, qui se définit à la limite de la schizophrénie. Houellebecq ne va cependant jamais aussi loin que Bret Easton Ellis, bien qu’il compose un roman qui s’en approche.


« Le lendemain du jour où il obtint son diplôme, il se rendit compte qu’il allait maintenant être assez seul. Son travail des six dernières années avait abouti à un peu plus de onze mille photos. Stockées en format TIFF, avec une copie JPEG de plus basse résolution, elles tenaient aisément sur un disque dur de 640 Go, de marque Western Digital, qui pesait un peu plus de 200 grammes. »


Peut-être pas aussi cynique et désespéré que Particules élémentaires, on retrouve toutefois dans ce livre le ton particulièrement désenchanté propre à Houllebecq. Pas de quoi se remettre en question, même si le livre apporte un réconfort indéniable face à la lassitude que le quotidien peut nous faire éprouver.


Attention, on s'attaque vraiment aux grandes figures du quotidien :

Citation :
« […] sa principale distraction quotidienne devint le visionnage de Questions pour un champion, une émission animée par Julien Lepers. Par son acharnement, son effarante capacité de travail, cet animateur initialement peu doué, un peu stupide, au visage et aux appétits de bélier, qui envisageait plutôt, à ses débuts, une carrière de chanteur de variétés, et en gardait sans doute une nostalgie secrète, était peu à peu devenu une figure incontournable du paysage médiatique français. Les gens se reconnaissaient en lui, les élèves de première année de Polytechnique comme les institutrices à la retraite du Pas-de-Calais, les bikers du Limousin comme les restaurateurs du Var, il n’était ni impressionnant ni lointain, il se dégageait de lui une image moyenne, et presque sympathique, de la France des années 2010. »


Avec plaisir, on retrouve le cynisme habituel de Houellebecq concernant les relations humaines :

Citation :
« Dès lors qu’elle se conclut par une transaction financière, toute activité sexuelle est excusée, rendue inoffensive, et en quelque sanctifiée par l’antique malédiction du travail. Suivant les mois Geneviève gagnait entre cinq et dix mille euros, sans y consacrer davantage que quelques heures par semaine. Elle l’en faisait profiter en l’incitant à « ne pas faire d’histoires », et plusieurs fois ils prirent ensemble des vacances d’hiver, à l’île Maurice ou aux Maldives, qu’elle avait intégralement payées. Elle était si naturelle, si enjouée que jamais il n’en ressentit aucune gêne, jamais il ne se sentit, si peu que ce soit, dans la peau d’un maquereau. »


A côté de ça, une ode lyrique aux biens de consommation :

Citation :
« Dans ma vie de consommateur », dit-il, « j’aurai connu trois produits parfaits : les chaussures Paraboot Marche, le combiné ordinateur portable –imprimante Canon Libris, la parka Camel Legend. Ces produits je les ai aimés, passionnément, j’aurais passé ma vie en leur présence, rachetant régulièrement, à mesure de l’usure naturelle, des produits identiques. Une relation parfaite et fidèle s’était établie, faisant de moi un consommateur heureux. Je n’étais pas absolument heureux, à tous de points de vue, dans la vie, mais au moins j’avais cela : je pouvais, à intervalles réguliers, racheter une paire de mes chaussures préférées. C’est peu mais c’est beaucoup surtout quand on a une vie intime assez pauvre. Eh bien cette joie, cette joie simple, ne m’a pas été laissée. Mes produits favoris, au bout de quelques années, ont disparu des rayonnages, leur fabrication a purement et simplement été stoppée –et dans le cas de ma pauvre parka Camel Legend, sans doute la plus belle parka jamais fabriquée, elle n’aura vécue qu’une seule saison… »


Malgré des traits appuyés, finalement, Houellebecq n'est jamais bien loin de la réalité... Il fréquente le train-train quotidien dans ses aspects les plus effrayants. Avec une petite note d'espoir quand même, pour cette fois...
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyMar 25 Sep 2012 - 22:00

traversay a écrit:

Foin des controverses et des scandales passés, n'est-il pas temps de considérer Houellebecq pour ce qu'il est : un auteur majeur de la littérature française du du début du XXIème siècle. On verra bien ce que la postérité décidera mais des livres aussi lucides et profonds sur l'évolution d'une civilisation en pleine mutation, telle que la nôtre, il ne s'en écrit pas deux par an.

J'aime beaucoup ton commentaire Traversay, et notamment ta conclusion. Je me suis dit la même chose que toi en lisant le livre, j'ai ressenti cette même impression de pertinence quant à la description des modes de pensée qui peuvent régir l'homme d'aujourd'hui, tel qu'il est soumis à l'évolution de la civilisation.
Bref, si les hommes lisent la Carte dans deux ou trois siècles, je pense qu'ils pourront se faire une idée assez juste de ce qu'est le début du 21e siècle.
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyMar 25 Sep 2012 - 22:15

Merci colimasson. J'aime ton commentaire aussi !
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyLun 8 Avr 2013 - 22:41

J'en suis venue à bout de ce fil interminable ! cheers

Mais ça valait le coup, c'était passionnant.


Queenie a écrit:
Nils a écrit:
Bazac et Zola avaient, et ont toujours un style puissant et des histoires à reconter, qui forment un tout structuré qui transcende le temps. Ils n'écrivaient pas sur les people à la mode de leur époque.
Quand un peintre inspire Zola, il écrit l'Oeuvre, pas des opinions à l'emporte pièce.

Penses et dis ce que tu veux.
De toute façon, pour toi, Houellebecq n'a aucun style.


Juste.
Si, ici, des "vrais lecteurs" (Merci Nancy Huston) trouvent un intérêt à cet auteur, je pense, en toute logique, que tu ne peux pas dire qu'il
Citation :
attire et retient des lecteurs peu exigeants sur la qualité de l'écrit.

Notre monde, c'est aussi, justement les People. ce n'est plus la mine. Quoique Zola écrivait sur les célébrités de son temps si je ne m'abuse.
Bref.
Ce débat ne mènera nulle part.

Houellebecq est bon.
Houellebecq est du vingtième siècle (à voir pour le vingt et unième).
Houellebecq n'est pas un effet de mode.

Tu peux ne pas aimer, et penser qu'il "t'arnaque". C'est aussi un des côtés de notre époque : où se situe le vrai du faux, le clinquant du sincère, la provocation de l'idée.
respect


traversay a écrit:
Foin des controverses et des scandales passés, n'est-il pas temps de considérer Houellebecq pour ce qu'il est : un auteur majeur de la littérature française du début du XXIème siècle. On verra bien ce que la postérité décidera mais des livres aussi lucides et profonds sur l'évolution d'une civilisation en pleine mutation, telle que la nôtre, il ne s'en écrit pas deux par an.
En effet. Je serais tentée de croire, ou plutôt d'espérer, qu'il passera à la postérité.


darkanny a écrit:
Je ne comprends pas trop tout ce discours sur ses soi-disant intentions , ses calculs etc..
pourquoi lui fait-on ce procès ? pourquoi pas à d'autres ? parce qu'il est un peu plus médiatique ? et alors, c'est ce qu'il écrit qui compte, il faut commencer par là .
Arabella a écrit:
Je pense aussi personnellement qu'il vaut mieux séparer l'homme et l'oeuvre, que la perception de l'oeuvre, qui est en effet la plus importante, est souvent faussée par la personne de l'écrivain. C'est pour cela que je n'ai aucune tentation pour aller à des salons.
Je suis bien d'accord avec vous deux et dans un sens, vos remarques se rejoignent. L'absence de différenciation entre l'homme et l'écrivain, que tu évoques Arabella, est - à mon sens - ce qui provoque ce rejet quasi épidermique de certaines personnes envers les livres de Houellebecq. Les affres de sa personnalité agissent comme une barrière qui empêche carrément la lecture parfois et qui réveille même cette animosité brutale assez singulière. Pas mal de commentaires révèlent une aversion pour l'auteur plus qu'un jugement juste de son oeuvre (par "juste" j'entends un jugement libéré du jugement de l'homme, et non dans le sens "vérité"). Je le comprends tout à fait car il est extrêmement difficile de lutter contre un ressentiment (qu'il soit justifié ou non d'ailleurs) même si je ne peux m'empêcher de trouver ça un peu dommage.


Marko a écrit:
Il a l'art des phrases dérangeantes qui soulèvent immanquablement les polémiques auprès de ceux qui ne voient pas le second degré ou la dérision. Ceux qui n'acceptent pas non plus que ces remarques cinglantes puissent être parfois des vérités qu'on se refuse d'entendre ou d'exprimer.
Après ce premier pas dans l'univers de Houellebecq, je dois avouer que je rejoins ton analyse Marko. Auparavant, je ne me prononçais pas concernant les polémiques et les débats brûlants qu'il provoque puisque je n'avais aucune matière à juger mais en un livre, mon opinion est faite. Elle restera à confirmer évidemment mais cette lecture m'a percutée et je pense pouvoir supputer qu'elle s'inscrira en moi dans la durée.

Michel Houellebecq - Page 14 32792510

Marko a écrit:
L’Extension du domaine de la lutte
Houellebecq est un écrivain de la souffrance humaine et de ses frustrations qui n'est jamais dans le misérabilisme mais dans la lucidité caustique et douce-amère. On rit beaucoup mais on rit jaune.
Marko me facilite grandement les choses, je n'ai même pas à me gratter la tête en cherchant à formuler mon ressenti de façon intelligible, il est tout entier contenu dans cette phrase. Cette alliance douce-amère est fabuleuse. La douceur est amenée par touches grâce à l'humour, un humour politiquement très incorrect, parfois cru mais perspicace. L'amertume, quant à elle, est diffuse et généralisée, dans chaque idée, chaque mot du livre. Elle est concrètement évoquée par l'auteur :


« Ainsi, peu à peu, s’établit la certitude de la limitation du monde. Le désir lui-même disparaît ; il ne reste que l’amertume, la jalousie et la peur. Surtout il reste l’amertume ; une immense, une inconcevable amertume. Aucune civilisation, aucune époque n’ont été capables de développer chez leurs sujets une telle quantité d’amertume. De ce point de vue-là, nous vivons des moments sans précédent. S’il fallait résumer l’état mental contemporain par un mot, c’est sans aucun doute celui que je choisirais : l’amertume. »


Marko a écrit:
Biographie de Houellebecq : A la suite de son divorce, une dépression le conduit à faire plusieurs séjours en milieu psychiatrique.
C'est intéressant, en lisant L'Extension du domaine de la lutte, je me suis dit qu'il retranscrivait très justement les pensées et la vision pessimiste d'une personne souffrant de dépression. Je sais d'où ça vient maintenant.


« Sans doute est-ce qu'aujourd'hui je poursuis une vague existence dans une thèse de troisième cycle, au milieu d'autres cas concrets. Cette impression d'être devenu l'élément d'un dossier m'apaise. J'imagine le volume, sa reliure collée, sa couverture un peu triste ; doucement, je m'aplatis entre les pages ; je m'écrase. »


1 lecture = 1 coup de coeur.
Je vais continuer mon immersion dans l'univers Houellebecq. drunken


Dernière édition par Kannskia le Jeu 11 Avr 2013 - 8:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyLun 8 Avr 2013 - 23:21

Il faudra vraiment que je me mette à Houellebecq (mais je ne sais pas trop par quel livre commencer).
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyLun 8 Avr 2013 - 23:37

eXPie a écrit:
Il faudra vraiment que je me mette à Houellebecq (mais je ne sais pas trop par quel livre commencer).
T'as qu'à faire comme moi dentsblanches
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MessageSujet: Re: Michel Houellebecq   Michel Houellebecq - Page 14 EmptyLun 8 Avr 2013 - 23:41

Kannskia a écrit:
eXPie a écrit:
Il faudra vraiment que je me mette à Houellebecq (mais je ne sais pas trop par quel livre commencer).
T'as qu'à faire comme moi dentsblanches

Arf... J'ai déjà vu le film de Philippe Harel.

(il me fait un peu penser à Jean-Pierre Léaud)

Par contre, j'ai raté l'adaptation des Particules élémentaires, du coup, ça peut être un candidat...
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