Abandonnez-vous des lectures ?

Aucune fidélité aux livres, aucun respect envers leurs auteurs, je n'ai aucun remord à abandonner un livre. Si il y a bien un domaine dans lequel je ne m'impose aucune contrainte, c'est celui de la lecture. Lire, c'est ma bulle d'air, mon temps privilégié, mon espace de liberté. J'abandonne les livres qui me gonflent et comme Marko, je mets souvent des livres qui me plaisent de côté parce que je sens que ce n'est pas le moment, que je ne suis pas assez disponible, que ça colle pas avec mon humeur ou qu'un autre livre me tente d'avantage. Et puis j'y reviens plus tard. le seul truc qui me guide en matière de lecture, c'est l'envie.

Abandonner, jamais. Lire en accéléré, en revanche oui, en sautant des paragraphes, voire des pages. Et en lisant les toutes dernières pages. J'ai l'impression d'en être venu à bout. C'est parfois un combat, pour moi, la littérature. Et souvent une joute amoureuse, avec caresses réciproques, et là je m'en voudrais de sauter ne serait-ce qu'une ligne. Ce serait comme une infidélité. Je suis un peu niais, je sais

J'abandonne très rarement des bouquins, parce que quand c'est un livre japonais, même nul, c'est japonais donc intéressant (pour moi), et puis je sais que je vais pouvoir me défouler après avec une critique acerbe.
Et pour le reste, je choisis généralement je crois assez bien, et quand j'ai un doute sur un auteur, je commence par un livre tout mince, au cas où.
Ces derniers temps, je n'ai guère abandonné que Les Moralités Légendaires (Jules Laforgue), je trouvais ça insupportable de bêtise et d'humour facile (désolé pour les admirateurs de Laforgue, je dirai pour ma défense que je n'ai pas compris, que je n'étais pas dans l'état d'esprit, ou bien que je n'ai pas la capacité ou l'intelligence de comprendre cet auteur admirable). Bref, quand lire devient une lutte qui n'apporte rien (car parfois la lecture n'est pas facile, mais elle apporte quelque chose), je laisse tomber. Mais laisser tomber tout de suite, sans lutter, non.
Car si on lit uniquement ce qui est "facile", c'est comme lorsqu'on veut aller en haut d'un sommet mais qu'on s'arrête dès qu'on a à faire un petit effort : on n'y arrivera jamais.

Queenie a écrit:

Moi quand un livre m'ennuie, je l'abandonne sur une table de librairies au milieu de best-seller ou de chick-litt.

C'est très méchant ça !

Pour ma part, je n'arrive pas à abandonner un livre qui ne me plaît pas... Je pousse même le vice jusqu'à le relire une 2e fois, pour être sûre de n'avoir rien loupé
Un peu comme traversay, lors de ma relecture, je lis en diagonale, en travers, sautant un paragraphe voire plusieurs pages.

Après avoir lu vos commentaires, je me demande si je ne me donne pas trop de mal C'est vrai qu'il existe tant de livres qu'il serait peut-être dommage de s'acharner sur ceux qui ont eu le malheur de passer entre nos mains sans nous plaire.

Allez-vous me faire changer mes habitudes de lecture ? A confirmer...

Il y a tant de livres à lire, qu'il est en effet inutile de perdre son temps sur un livre qui ne nous parle pas. L'essentiel est d'essayer.
On ne peut pas tout aimer
on ne peut pas être sensible à tout

La vie est trop courte que pour se la pourrir, même avec un livre ( qui ne plait pas bien entendu)
Dire que lire un livre jusqu'au bout c'est respecter son auteur......................Un auteur, en écrivant devait toujours penser à son lecteur, et quand un lecteur n'accroche pas, c'est que son auteur n'a pas suffisamment pensé à lui.....

mimi54 a écrit:

Il y a tant de livres à lire, qu'il est en effet inutile de perdre son temps sur un livre qui ne nous parle pas. L'essentiel est d'essayer.
On ne peut pas tout aimer
on ne peut pas être sensible à tout

C'est ma conduite depuis quelques mois.
Ma liste est tellement longue, que je m'accroche mais sans m'obstiner.
Je m'accroche davantage si le bouquin est un classique aux critiques dythirambiques. L'exemple qui me vient à l'esprit, ce sont les Mémoires d'Hadrien de Yourcenar. Que j'ai eu du mal à entrer dasn ce livre. Mais je me suis accroché et j'ai réellement bien fait, car j'en garde finalement un très bon souvenir.

eXPie a écrit:

Car si on lit uniquement ce qui est "facile", c'est comme lorsqu'on veut aller en haut d'un sommet mais qu'on s'arrête dès qu'on a à faire un petit effort : on n'y arrivera jamais.

Ta remarque m'interpelle car je me tenais à près le même genre de raisonnement et je suis très soulagée de l'avoir laissé tomber, et le sentiment de culpabilité qui va avec.
Il n'est pas forcément question de facilité ou de difficulté, mais de trouver un tant soit peu de plaisir, d'intérêt et d'enrichissement dans la lecture (non?) Pourquoi et à qui prouver qu'on est capable de venir à bout de tout et d' "entrer" dans un livre coûte que coûte ? c'est un peu de l'orgueil quelque part.
On le sait qu'on est capable, puisqu'on sait lire et qu'on a dépassé le stade des Babar...Parfois l'intérêt et le plaisir sont en effet au bout de l'effort, mais souvent aussi ils n'y sont pas. Parce que ce livre n'était pas pour nous, pas au bon moment, ou simplement qu'il était mauvais. Et alors on se demande si cet effort auto-gratifiant a mérité tout ce temps perdu qui aurait pu être consacré à des livres qui en valaient la peine, eux. Je n'ai donc plus aucun scrupule à abandonner, même au bout de quelques pages.
Pour reprendre ta métaphore grimpeuse, quand je fais une marche, ce n'est pas uniquement transpirer et sentir mes muscles travailler qui m'intéresse, mais apprécier chaque moment de la balade, le paysage. Sinon tu prends les escaliers pour monter un immeuble de 50 étages, c'est le même résultat.

je ne veux pas rentrer dans un débat hein, tu as ton avis et j'ai le mien. Mais ta remarque m'a permis d'éclaircir mieux ce qu'ici et là sur ce fil on désigne comme sentiment d"échec". Merci donc.

Oui , la notion d'effort en lecture , je ne veux même pas en entendre parler , c'est un loisir mais cela ne signifie pas pour autant qu'on tombe dans la lecture "facile " , celle-là oui j'ai tendance à l'abandonner si en plus elle n'a pas de sens .
Au lycée ou en fac un certain nombres de livres nous était imposé ou vivement conseillé , j'avoue avoir fait des efforts pour venir à bout de certains , maintenant c'est fini , il faut que la notion de plaisir l'emporte , et ça ne rime pas avec phrases bébétes , texte court ,vocabulaire avec 100 mots au plus etc...

A chacun de placer ses limites entre persévérance et obstination.
En fonction de ses goûts, de ses humeurs du moment.
De sa fatigue.
Et de ses attentes.

darkanny a écrit:

Oui , la notion d'effort en lecture , je ne veux même pas en entendre parler , c'est un loisir mais cela ne signifie pas pour autant qu'on tombe dans la lecture "facile " , celle-là oui j'ai tendance à l'abandonner si en plus elle n'a pas de sens .
Au lycée ou en fac un certain nombres de livres nous était imposé ou vivement conseillé , j'avoue avoir fait des efforts pour venir à bout de certains , maintenant c'est fini , il faut que la notion de plaisir l'emporte , et ça ne rime pas avec phrases bébétes , texte court ,vocabulaire avec 100 mots au plus etc...

Oui, c'est tout à fait ça. En fait ça nous vient de nos études ce truc culpabilisant.

"Lecture facile" n'est pas un gros mot, et ça ne veut pas forcément dire bébête et simpliste, ça veut simplement dire qu'on accroche aisément, selon nos gouts, nos attentes et notre humeur du moment, comme le dit bien Harelde. Et que demander de mieux ?
C'est faire rimer livre rébarbatif avec qualité qui est simpliste pour le coup.

Et la notion de lutte , quel rapport avec la lecture ?
je lutte contre la fatigue , la maladie mais pas en lisant , ça non.

D'accord avec Darkanny... dans notre monde, il y a déjà tellement de motif de lutter... que je ne vois pas l'utilité de lutter aussi pour lire...

Bon, pour ceux qui en font leur métier, c'est autre chose...
mais personnellement, il m'est arrivé d'abandonner au bout de 50 pages les livres du Dalaï-Lama lui-même, entre autre... et puis j'ai lu aussi en diagonal certains passages d'Anna Karénine et j'avoue avoir "sauté allègrement" le récit de la bataille dans Les Misérables de Victor Hugo... et portant, là, ce sont des grands...

Pour les auteurs actuels, j'aime les "bonnes histoires" pas trop sordides... et j'ai du mal à trouver parfois... Mais dans ces cas là, je n'ai aucun scrupule à abandonner le livre.

darkanny a écrit:

Et la notion de lutte , quel rapport avec la lecture ?
je lutte contre la fatigue , la maladie mais pas en lisant , ça non.

y a des auteurs pas complètement clairs mais qui intéressent... c'est un peu une lutte ou la lutte.. pour (tenter de) comprendre. sorte de lutte avec des barrières plus ou moins variées parce qu'on a envie de comprendre. mais lutte.

Le terme lutte me paraît peu approprié alors , je préfère alors ce que mentionne harelde : persévérance , obstination
La lutte pour moi c'est un combat , donc ça ne colle pas avec ma conception de la lecture.

animal a écrit:

darkanny a écrit:

Et la notion de lutte , quel rapport avec la lecture ?
je lutte contre la fatigue , la maladie mais pas en lisant , ça non.

y a des auteurs pas complètement clairs mais qui intéressent... c'est un peu une lutte ou la lutte.. pour (tenter de) comprendre. sorte de lutte avec des barrières plus ou moins variées parce qu'on a envie de comprendre. mais lutte.

Pareil que Darkanny.
Si comme tu le dis si ça nous intéresse même un peu, alors ça ne mérite pas vraiment le terme de lutte, c'est juste une lecture plus exigeante. Par exemple le style de Gracq nécessite qu'on s'accroche plus qu'avec d'autres auteurs, je ne t'apprends rien.
Je ne pense pas qu'il faille abandonner tout livre dont le style n'est pas limpide, n'exagérons rien, juste qu'il est inutile de s'accrocher pour rien en espérant qu'il va se passer quelque chose au bout du compte .