Abandonnez-vous des lectures ?

pas la lutte avec la lecture hein, juste la lutte avec la partie panda de la lecture !

c'est un peu s'attaquer à soi même, parfois pour y voir plus clair, ses ressources de cerveau disponible ou ... des tournures d'idées à ouvrir ?

animal a écrit:

pas la lutte avec la lecture hein, juste la lutte avec la partie panda de la lecture !

c'est un peu s'attaquer à soi même, parfois pour y voir plus clair, ses ressources de cerveau disponible ou ... des tournures d'idées à ouvrir ?

Je comprends tout à fait, c'est ce que je voulais faire auparavant, relever le défi que pose une lecture ardue. Mais est-ce du à l'âge, ou la réalisation que le temps passe ou aux neurones qui se font la malle, si au bout du compte le plaisir et l'intérêt de la lecture ne priment pas sur cette "lutte" je laisse tomber.

Le noeud du problème semble être surtout une question de temps, si je vais au bout de mes lectures c'est aussi parce que je ne cours pas après le temps, j'ai toute la vie devant moi pour découvrir de nouveaux auteurs, je suis très lente pour absolument tout et j'aime beaucoup ma lenteur... elle me préserve.

Je suis heureuse aussi d'avoir pris le temps d'aller au bout de ma lecture de Dürrenmatt (La Mission) et pourtant c'était un peu éprouvant d'avoir le sentiment de se retrouver dans une histoire à tiroirs, dans un film de David Lynch, dans un univers dépourvu des repères habituels, et puis maintenant, avec le recul, je suis contente d'avoir été au bout.

Je suis heureuse d'avoir lu Passage de Connie Willis (en deux tomes), que j'ai détesté, dans lequel je me suis ennuyée à mourir, parce que ce livre m'a permis de réfléchir longuement sur les raisons qui me l'avaient fait détesté et sur les raisons qui me font aimé la littérature...

shanidar a écrit:

Le noeud du problème semble être surtout une question de temps, si je vais au bout de mes lectures c'est aussi parce que je ne cours pas après le temps, j'ai toute la vie devant moi pour découvrir de nouveaux auteurs, je suis très lente pour absolument tout et j'aime beaucoup ma lenteur... elle me préserve.

Tu as super bien identifié le fond du problème en effet. Comme toi je suis lente en tout, mais c'est justement le fait que le temps nous est compté qui m'a fait décider de lire autrement et profiter de ce qui me plaisait vraiment (et un peu brainwashée dans ce sens par C.Bretécher) .(désolée de plomber l'ambiance par cette belle journée ensoleillée...).

Et bien moi je dirais que ce n'est pas qu'une question de temps. je suis lente aussi (très lente) mais ce n'est pas ce qui me pousse à abandonner un livre. J'ai effectivement toute la vie pour découvrir de nouveau auteurs et même en ne faisant que lire, j'en râterai quand même. Je suis comme tout le monde, un boulot qui n'est pas forcément celui de mes rêves, une vie privée qui va pas toujours comme je voudrais, je suis parfois fatiguée, déprimée, en colère, malade, pas de fric, pas de vacances, pas de week-end... et le seul moment où ce qui prime c'est mon plaisir, c'est quand je lis. Mais le plaisir ne doit pas forcément être immédiat. je suis même prête à fournir beaucoup d'effort si j'ai l'impression d'y gagner quelque chose. Mais pas tout le temps. Quelle que soit la difficulté de la lecture, il faut qu'elle me sorte de mon quotidien, des petits et gros tracas de la vie. Si quand je lis, j'ai l'esprit qui part ailleurs, que je pense au ménage à faire, à la machine à laver que j'ai oublié de lancer ce matin ou à comment je vais payer la taxe d'habitation mais que je me contrefous de savoir si le héro va s'en sortir, c'est mort. Le livre dégage. Et ce n'est pas grave. Je passe à autre chose.

odrey a écrit:

Et bien moi je dirais que ce n'est pas qu'une question de temps. je suis lente aussi (très lente) mais ce n'est pas ce qui me pousse à abandonner un livre. J'ai effectivement toute la vie pour découvrir de nouveau auteurs et même en ne faisant que lire, j'en râterai quand même. Je suis comme tout le monde, un boulot qui n'est pas forcément celui de mes rêves, une vie privée qui va pas toujours comme je voudrais, je suis parfois fatiguée, déprimée, en colère, malade, pas de fric, pas de vacances, pas de week-end... et le seul moment où ce qui prime c'est mon plaisir, c'est quand je lis. Mais le plaisir ne doit pas forcément être immédiat. je suis même prête à fournir beaucoup d'effort si j'ai l'impression d'y gagner quelque chose. Mais pas tout le temps. Quelle que soit la difficulté de la lecture, il faut qu'elle me sorte de mon quotidien, des petits et gros tracas de la vie. Si quand je lis, j'ai l'esprit qui part ailleurs, que je pense au ménage à faire, à la machine à laver que j'ai oublié de lancer ce matin ou à comment je vais payer la taxe d'habitation mais que je me contrefous de savoir si le héro va s'en sortir, c'est mort. Le livre dégage. Et ce n'est pas grave. Je passe à autre chose.

Très touchant et personnel ce que tu exprimes là. Lire comme une bulle de respiration dans le quotidien et sans renoncer à l'effort s'il en vaut la peine.

Oui j'abandonne des lectures et parfois je ressens cela comme un échec : j'ai abandonné "Belle du Seigneur" après plus de 150 pages , je m'accrochais mais j'ai vraiment trouvé ce livre terriblement inintéressant (pour moi) : je constate que je ne suis pas la seule...
"En bas, les nuages" de Marc : je l'ai abandonné aussi, mais sans sentiment d'échec. (j'ai lu 183 pages sur 423) : je m'accroche puis je lâche prise mais pas après 5 pages...
Je me dis qu'il y a tant de livres à lire...donc ne perds pas de temps...

Arabella a écrit:

IzaBzh a écrit:

Avant d'être bibliothécaire, je n'aurais pas osé abandonner un livre, un préjugé idiot, comme si un livre était sacré.
Depuis que je le suis et que je balance régulièrement des bouquins à la poubelle et que j'en ai des milliers à ma disposition, j'ose m'arrêter sans problème au bout d'une trentaine ou cinquantaine de pages si je n'accroche pas. C'est qu'il y en a plein d'autres qui attendent !

L'oeil professionnel en quelque sorte.

Alors que d'adore les livres et la littérature depuis toujours, je n'aurais jamais voulu travailler dans ce domaine, de peur justement que cela transforme mon rapport avec ce qui j'aime.

En fait, c'est surtout que j'ai évolué en général et que comme je pense que la vie est courte et qu'on fait tellement de choses qui ne nous plaisent pas, pourquoi m'obstiner à lire des livres qui ne me plaisent pas ?

Nezumi a écrit:

je ne veux pas rentrer dans un débat hein, tu as ton avis et j'ai le mien. Mais ta remarque m'a permis d'éclaircir mieux ce qu'ici et là sur ce fil on désigne comme sentiment d"échec". Merci donc.

Je comprends tout à fait ce que tu veux dire. Mais disons que parfois, l'effort permet de contempler un beau paysage, tout en haut, qu'on n'aurait pas vu et apprécié si on n'avait pas fait l'effort d'aller jusqu'en haut. Alors, évidemment, ça n'en vaut pas toujours la peine, il faut être en haut pour voir si le paysage est vraiment beau ou pas.
Et puis, je ne lis pas que des trucs où il faut lutter, bien sûr, mais je me dis que si je suis une certaine pente, je risque de rester dans un petit confort, un terrain balisé ; c'est bien, le confort, mais j'alterne, disons.
Je ne veux rien prouver à personne ni à moi-même. N'importe qui, avec du temps, peut lire n'importe quel livre.
La lecture, c'est comme le cinéma pour moi, il y a le plaisir tout court, et puis le plaisir plus "intellectuel" ou "esthétique", les deux pouvant aller de pair dans un livre, ou bien je ne trouve qu'un de ces deux aspects. Le tout (pour moi), c'est d'alterner. Et de lire le bon livre au bon moment, oui.
Mais on a tous des motivations différentes, ou des façons de lire différentes...

il y a une possibilité de plaisir dans la lutte, aussi, des fois.

et puis j'ai un Clive Cussler jusqu'au bout alors je peux faire plein d'efforts pour plein d'auteurs...

Plaisir de lutter, des fois c'est impossible pour les Bienveillantes de Littell après 150 pages ça devient un suplice.
C'est à ce stade que j'ai abandonné

rivela a écrit:

Plaisir de lutter, des fois c'est impossible pour les Bienveillantes de Littell après 150 pages ça devient un suplice.
C'est à ce stade que j'ai abandonné

Ah oui, quand on sent que ça ne nous apporte rien et qu'on souffre, il ne faut vraiment pas hésiter !

Je trouve que ce débat est faussé car selon certains on abandonne une lecture parce qu'elle n'est pas immédiatement compréhensible ou qu'elle demande un effort.
Ce n'est pas du tout ça , en tous cas en ce qui me concerne , c'est parce que ça me rase , que c'est mal écrit , que le sujet est bateau , bref pour toutes ces raisons et d'autres MAIS en aucun cas parce que c'est une lecture "difficile " (encore faut-il s'entendre sur ce qu'est une lecture difficile , dans mon cas une lecture difficile c'est par ex. une BD , c'est dire ! parce que j'y suis moins habituée , parce qu'il y a des codes , etc....donc c'est vrai que ça me demande un effort que je produis quand le jeu en vaut la chandelle)

Non , les lecteurs qui abandonnent ne sont pas des frileux qui abandonnent toute idée de lutte-obstination -persévérance , mais que leur lecture en cours rase , ennuie, endort , c'est comme ça que je le vois.

Je ne sais pas si certains pensent vraiment ainsi (du moins sur ce fil).

Je crois au contraire que finalement qu'on se rejoint tous sur ce point, et c'est rassurant : si l'effort n'est pas récompensé par quelque chose d'agréable ou d'intéressant au bout d'un certain temps (et là, la durée dépend de chacun), la lecture n'a plus grand intérêt.
J'en étais pas convaincue au départ (j'avoue que le terme de "facilité" employé par Expie m'a fait réagir ! ) mais là si.

bon je vous l'accorde c'est un humour spécial... mais je crois que Nezumi a raison, le seuil de tolérance pour chacun est différent. A nous de savoir pourquoi nous continuons à lire (ce qui n'a rien d'héroïque quand il s'agit d'un livre 'mauvais') ou pourquoi nous arrêtons (sans qu'il s'agisse d'un acte déloyal ou de lâcheté).

L'important est de prendre du plaisir, quoi qu'il en soit.